Assassin's Creed Unity - Arno & Elise

Assassin’s Creed Unity : Elise et le Roy

Pour faire le grand saut vers les consoles dites « next gen », Assassin’s Creed Unity a opté pour un cadre historique pour le moins ambitieux : Paris en pleine Révolution Française. Un pari réussi ?

Assassin’s Creed Unity : Le Roy est mort, vive le Roy !

Initié fin 2007, soit quelques mois après l’arrivée de la PlayStation 3, la saga Assassin’s Creed a exploré moult périodes de l’Histoire : les Croisades (XIIe siècle), la Renaissance italienne (XVe siècle), la Révolution américaine (XVIIe siècle), la piraterie (XVIIe siècle) et rencontré au fil des ans un succès jamais démenti, chaque épisode se vendant à une dizaine de millions d’exemplaires en moyenne. Preuve s’il en est de l’intérêt du grand public pour les fictions dites « en costumes », qu’il s’agisse de gamers ou bien de cinéphiles. Pour ne citer que quelques exemples dont l’action se déroule aux mêmes époques, Kingdom of heaven (1,2M d’entrées France / $211M de recettes mondiales), The Patriot (1,1M d’entrées France / $215M de recettes mondiales) ou encore Pirates des Caraïbes (5M d’entrées France en moyenne / un milliard de dollars de recettes mondiales en moyenne) ont tous connus eux aussi le succès à plus ou moins grande échelle. En France, sur les terres du vieux continent, de tels longs-métrages sont légions depuis des décennies et certains acteurs / réalisateurs pourraient même être perçus comme les porte-étendards du genre. Exemples parmi tant d’autres : la filmographie de Jean Marais ou encore la récente sortie du coffret Blu-ray d’Angélique Marquise des Anges dont l’action se déroule sous le règne de Louis XIV. Le cinquième opus d’Assassin’s Creed (si l’on ne décompte pas les épisodes Brotherhood et Revelations) baptisé Assassin’s Creed Unity, prend lui aussi place au temps de la royauté… ou plus précisément à la fin de celle-ci, à l’époque de la Révolution.

Assassin's Creed Unity

Tout un symbole, tant dans l’Histoire de France que pour la saga vidéoludique qui profite de l’occasion, un an après l’arrivée de la PlayStation 4 et de la Xbox One, pour sortir ce nouvel opus exclusivement sur les consoles next gen. Une décision justifiée par le fait que « La Révolution symbolise la naissance du monde moderne » dixit Alexandre Amancio, directeur créatif et artistique du jeu dans une interview accordée au magazine Historia du mois de novembre / décembre 2014. Car oui, Assassin’s Creed Unity a eut les honneurs de la couverture d’un mensuel dédié à l’Histoire. Mais il faut bien dire qu’à l’écran, la reconstitution du Paris de l’époque est pour le moins époustouflante et fait honneur au support, donnant lieu à une véritable visite interactive de hauts lieux historiques du patrimoine hexagonal : la cathédrale Notre-Dame, la Bastille, le Louvre, le Château de Versailles, etc. On sera alors bien indulgent face aux différentes failles techniques observables ici et là (des chutes de framerate lorsque la foule se densifie) et qu’Ubisoft tend à corriger au fil des patchs. Le dernier en date, le troisième, sorti la semaine passée (2,76Go tout de même !) a même été l’occasion d’un mea culpa de la part de l’éditeur accompagné de futur contenu gratuit. Un geste noble s’il en est pour un jeu ayant pour toile de fond la chute de la royauté.

Assassin's Creed Unity

Assassin’s Creed Unity : Arno & Elise, toute une histoire

Car, comme le rappelait Antoine Vimal du Monteil, un des producteurs du jeu, dans une interview accordée au journal Le Monde, « Assassin’s Creed Unity est un jeu grand public, pas une leçon d’histoire […] L’histoire du jeu est avant tout une histoire d’amour et un dilemme cornélien. La Révolution n’est qu’une toile de fond ». Ce point important étant rappelé à l’attention de certains de nos élus qui, fustigeant le jeu en question, déclaraient qu’il s’agissait là d’un « dénigrement de la grande Révolution […] une sale besogne pour instiller davantage de dégoût de soi et de déclinisme aux Français » (mieux vaut en rire), Assassin’s Creed Unity s’inscrit donc à la perfection dans cette catégorie d’œuvres où la petite histoire s’immisce dans la grande.

L’une des fictions les plus connues du grand public en la matière est sans doute Forrest Gump dans laquelle le héros (un simple d’esprit interprété par Tom Hanks) va prendre part à la guerre du Vietnam ou encore à l’affaire du Watergate et croiser des figures historiques tels que Elvis Presley, John Lennon, JFK, Richard Nixon, etc. Autre fiction, autre médium et autre époque, la fulgurante série de HBO, Rome, où deux personnages imaginaires, le légionnaire Titus Pullo et le centurion Lucius Vorenus, vont croiser sur leur route rien moins que Jules César, Marc Antoine, Octave ou encore Cléopâtre. À chaque fois, il n’y est pourtant nullement question d’altérer le cours de l’Histoire pour aboutir à une éventuelle uchronie mais bel et bien de laisser des personnages fictifs vivre leur vie tout en en côtoyant d’autres, bien réels ceux-là. Dans le cas d’Assassin’s Creed Unity, le héros, Arno, puise sa quête personnelle dans sa petite enfance, entre premiers émois sentimentaux (Elise) et trauma familial qui vont l’amener à rejoindre la fameuse guilde d’assassins tout en croisant sur sa route de hautes figures historiques tels que Louis XVI, Mirabeau, Robespierre, le Marquis de Sade ou encore Napoléon Bonaparte. Tout ceci au gré de pérégrinations à la prise en main inversement proportionnelle à la difficulté (dont le niveau est indiqué sur la carte) de certaines missions au cours de la bonne vingtaine d’heures que dure le jeu. Un conseil : discrétion, finesse et subtilité seront les meilleurs atouts.

Assassin's Creed Unity

À l’image de l’humour omniprésent et parfois un peu pesant dans la base de données historique mais à la pédagogie plutôt bien sentie malgré tout, ces deux fils rouges narratifs ne sont toutefois pas toujours très finement exploités. Et l’utilisation abondante de ralentis n’est pas toujours le gage d’une finalité dramaturgique réussie (cf. ce plan hautement symbolique d’une montre brisée au cours du prologue dans l’enfance du héros). La contribution d’un auteur chevronné aurait été un plus indéniable, au hasard, John Milius, co-créateur de Rome mais aussi scénariste du chef d’œuvre de Francis Ford Coppola, Apocalypse Now, et dont la seule expérience vidéoludique à ce jour s’est soldée par un échec artistique : Homefront. Preuve qu’un bon scénario ne fait pas tout. Dans le cas d’Assassin’s Creed Unity, la sainte trinité « histoire / technique / durée de vie » n’est certes pas atteinte mais le jeu s’en rapproche néanmoins. L’expérience est captivante dans sa propension à plonger le joueur au cœur d’un univers techniquement très aboutie, sans pour autant être exempt de petits défauts, et visant à recréer l’une des pages les plus marquantes de l’Histoire de France. Ce n’est certes pas la grande révolution mais les prémices sont là et l’on attend désormais de pied ferme de connaître l’époque à laquelle nous conviera le prochain opus et en compagnie de qui…

Assassin’s Creed Unity est disponible depuis le 13 novembre 2014 sur PS4, Xbox One et PC.

De plus amples informations sur Assassin’s Creed Unity sont disponibles sur le site officiel http://assassinscreed.ubi.com/fr-FR/home/index.aspx

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version éditeur.
Testé en version : 01.03
Taille occupée sur le disque dur : 43,83Go

 

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