Far Cry 4

Far Cry 4 : Very bad trip himalayesque

Après deux virées dans des îles aussi paradisiaques en apparence que mystérieuses et mortellement dangereuses (Far Cry 1 et 3) entrecoupé d’un petit détour par l’Afrique Noire (Far Cry 2), Far Cry 4 nous entraîne cette fois dans l’Himalaya. Un trekking réussi ?

Far Cry 4 : Un bad guy réussi mais…

Alors que Ajay Ghale, le héros (donc le joueur) se rend au Kyrat (un nom fictif, inutile de chercher sur une carte) pour y apporter les cendres de sa mère Ishwari, respectant ainsi les dernières volontés de la défunte, le bus qui le transporte est attaqué par des militaires qui déciment tous ses occupants (sauf notre héros bien sûr !). Entre alors en scène le dirigeant auto-proclamé de cette région de l’Himalaya, un dénommé Pagan Min, qui commence par trucider joyeusement le chef du commando au motif qu’il n’a pas respecté ses consignes. Un petit tube des Clash plus tard et voilà à nouveau notre tyran autour d’une table donnant une toute autre fonctionnalité à une fourchette. Pas de doute, l’entrée en matière du bad guy de Far Cry 4 est aussi détonante que flippante et ne sera pas sans rappeler les déliriums d’un certain Jack Nicholson dans le Batman de Tim Burton ou encore du regretté Heath Ledger dans The Dark Knight de Christopher Nolan.

Far Cry 4

Car c’est bien connu, une fiction n’est jamais aussi réussie que lorsque l’antagoniste du héros l’est aussi. Ce n’est donc pas un hasard si les plus grandes réussites du Septième Art dévoilent à l’écran des bad guy iconiques où les noms de Dark Vador, Hannibal Lecter, Norman Bates, Freddy Krueger, le Terminator ou encore le Joker reviennent systématiquement dans les classements des meilleurs méchants de l’histoire du cinéma, comme par exemple celui de l’American Film Institute ou encore celui de Ranker. Oui mais voilà, après pareille entrée en matière, encore faut-il creuser plus avant pareil « monstre ». Et c’est là la première faiblesse de Far Cry 4. L’avancée dans le jeu nous apprendra bien quelques bribes d’infos entre la mère de notre héros et ce fameux Pagan Min mais jamais suffisamment pour que cela décolle franchement. Un constat d’autant plus regrettable que ce n’est autre que Troy Baker (le Joel du chef d’œuvre vidéoludique The Last of Us) qui campe le personnage.

Alors certes, les scénarios n’ont jamais été le point fort des FPS, pas plus d’ailleurs que leurs transpositions cinématographiques. Que dire du Doom avec Dwayne Johnson ? Et ne parlons même pas du Far Cry de Uwe Boll, grand pourfendeur du genre ! C’est que les adaptations de jeux vidéo au cinéma ont systématiquement abouti, à ce jour, à des films au mieux regardable au pire indigent. Le meilleur reste finalement à chercher du côté de District 9, véritable bijou de SF bâti sur une métaphore de l’apartheid qui allait jusqu’au bout de son propos et s’achevait par une apothéose de gunfights s’autorisant des plans en vues subjectives des plus réussis. Certes la visite historico-touriste n’est pas un élément clé de Far Cry 4 comme elle peut l’être dans un Assassin’s Creed Unity. Mais puisque Ubisoft s’est donné la peine de créer toute une région imaginaire de l’Himalaya avec sa propre culture et sa propre religion pour y opposer une dictature à des forces rebelles, pourquoi ne pas creuser la métaphore géo-politico-militaire jusqu’au bout et peut-être amener ainsi le joueur, par-delà le simple divertissement vidéoludique, à se pencher plus avant sur le sujet. Après tout, les chiffres ne démontrent-ils pas que la moyenne d’âge des gamers va bien au-delà de la trentaine aujourd’hui. Rien n’interdit donc de proposer à ces derniers (et par extension aux plus jeunes) des jeux plus « exigeants », comme était si brillamment parvenu à le faire le long-métrage de Neill Blomkamp, qui devait par ailleurs adapter sur grand écran un certain Halo avant de se fourvoyer dans Elysium.

Far Cry 4

Far Cry 4 : Un trip bis repetita non placent

Qu’a cela ne tienne. Au diable l’allégorie et le bad guy, sortons les guns et en avant pour le jeu de massacre. Et là, à l’image de l’introduction de Pagan Min, force est de constater que le joueur en prend plein les mirettes et les esgourdes avec une réalisation époustouflante (enfin) digne des consoles next gen et une bande son (bruitages et autres musiques composées par Cliff Martinez) des plus soignée. Tout juste pourra-t-on à nouveau regretter un framerate limité à 30fps, comme pour Assassin’s Creed Unity. Un an seulement après leur sortie, les consoles next gen auraient-elles déjà atteint leurs limites ? Ou bien les développeurs vont-ils parvenir à dépasser ce score dans les mois qui viennent ? À cette réussite technique s’ajoute une aire de jeu à la superficie conséquente, des moyens de locomotions grisant (quad, deltaplane, tyroliennes, etc.), un arsenal ultra fournis et personnalisable à souhait, tout comme les caractéristiques du héros, plaisantes à défaut d’être aussi poussées qu’un véritable RPG. Celles-ci sont symbolisées d’un côté par un tigre pour les améliorations offensives, et de l’autre par un éléphant pour les power-ups purement capacitaires du personnage. Des compétences et perfectionnements qui ne seront pas inutiles pour faire face à l’I.A. assez pugnace de vos adversaires.

Far Cry 4

Oui mais voilà, pour aussi engageant que soit là encore les premières heures de Far Cry 4, l’intérêt s’étiole quelque peu par la suite. La faute à une double répétition. D’une part, pour aussi vaste que soit la carte, in fine, le joueur se retrouve assez vite avec les mêmes types de missions à remplir. Ce n’est pas tant la diversité des objectifs qui fait défaut (assassinat, libération d’otages, récupération d’artefacts divers et variés, etc.) que le modus operandi pour y parvenir qui reste peu ou prou invariablement identique : s’approcher le plus discrètement possible des lieux, dézynguer les troupes en faction dans le plus grand silence possible et hop, le tour est joué. Quelques missions annexes en haute montagne tirent toutefois leur épingle du jeu au milieu de ce schéma répétitif. D’autre part, le scénario de Far Cry 4 prend un malin plaisir à dépouiller notre héros de tout son arsenal à intervalle plus ou moins régulier. Après une petite piquouse de tranquillisant, notre gaillard se réveille donc avec une belle gueule de bois, la langue pâteuse et surtout cul nu (exit donc tout votre attirail si chèrement acquis jusque-là). Un Very bad trip dans l’Himalaya en quelque sorte. Si le principe est louable et très souvent exploité, comme par exemple avec ce retour aux sources de Bruce Wayne dans The Dark Knight rises, troisième et dernier opus de la trilogie consacrée au Chevalier noir et réalisée par Christopher Nolan, pour mieux affronter ensuite son nemesis, Bane, il tombe cependant quelque peu à plat à force de répétitions.

Far Cry 4

À l’arrivée, le trekking himalayesque de Far Cry 4 démarre fort, très fort, trop fort sans doute en faisant montre de qualités techniques indéniables et de possibilités (arsenal, personnalisation, surface de jeu, etc.) enthousiasmantes de prime abord. Mais l’intérêt s’étiole ensuite après quelques heures de jeu, la faute à l’absence de véritables enjeux scénaristiques, un bad guy sous-exploité et des missions trop répétitives.

Far Cry 4 est disponible depuis le 18 novembre 2014 sur PlayStation 4, PlayStation 3, Xbox 360, Xbox One et PC.

De plus amples informations sur Far Cry 4 sont disponibles sur le site officiel.

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version éditeur
Testé en version : 01.02
Taille occupée sur le disque dur : 27,18Go

 

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