L'ennemi de la classe-Une

Box Office France du 4 au 10 mars 2015 : Class 2015

Cette semaine c’est simple, le box office accuse la dépression de la fin des vacances et n’enregistre au sein de son top 10 qu’une malheureuse entrée. En chiffre, cela donne un cumul à 3 205 947 entrées (2M de moins que la semaine dernière) et une moyenne de baisse de fréquentation par film se situant aux alentours des 40%.

Box Office France du 04 au 10 mars 2015
Avec un tel faux rythme, c’est encore American Sniper qui tire le mieux son épingle du jeu en préservant sa 1ère place pour la troisième semaine d’affilée. Et ce  n’est pas avec les nouveautés de ce mercredi que son leadership risque de souffrir : On y trouve en effet Night Run que Warner France a depuis longtemps sacrifié sur l’autel de l’absence de promo. The Voices de Marjane Satrapi. Heu, qui a entendu parler de ce film à part le critique de cinéma avisé ? Ou encore Lazarus Effect distribué par Metropolitan – est-il besoin d’en dire plus – FilmExport.

Pour en revenir à la semaine écoulée, seul Chappie a donc trouvé la clé du top en venant directement se loger à la 2ème place. Compte tenu du nombre de copies mises en circulation, il est évident que Sony Pictures France en attendait beaucoup mieux. C’est à dire au moins le double du résultat actuel. On peut d’ailleurs d’ores et déjà affirmer que pour Blomkamp, il s’agit de son plus mauvais départ en France avec pour perspective un troisième long qui n’atteindra même pas le million d’entrées. Ce qu’Elysium (1 517 597 entrées sur 450 copies) et District 9 (1 110 097 entrées sur 446 copies) avaient atteint et allègrement dépassé. Il faut tout de même noter dans cette histoire que Sony France a, à l’évidence, eu les mains liées par une campagne promo téléguidée depuis les States pour le moins discrète pour ne pas dire peu claire dans son positionnement marketing (film d’action, film de robot, film centré sur l’intelligence artificielle ?). Sans oublier des retours presses puis du public plutôt mitigés et en tout cas moins compréhensifs que sur Elysium qui bénéficiait encore de la côte de popularité initiée par District 9.

Hors top 10, il faut descendre à la 15ème place pour trouver Inherent Vice qui émarge à 60 642 entrées sur 109 copies. Il va sans dire que là aussi le dernier film signé Paul Thomas Anderson risque de ne même pas atteindre les 209 372 entrées générées par The Master, son précédent et déjà décevant film en termes de box office. Et une fois encore, il faut prendre en compte la campagne un peu hiératique de Warner France qui s’est réveillé au dernier moment pour inonder les bus et métros parisiens d’affiches du film. Comme s’il fallait se dédouaner d’un positionnement marketing inexistant pour un film, il est vrai, totalement en dehors des sentiers battus. Mais n’est-ce point là tout le sel du métier de marketeur ?

En 18ème position s’est calé le film d’auteur français de la semaine qui pue un peu les différends guichets du CNC et cette faculté de s’adosser sur un système français de production de plus en plus en exsangue. Alors certes, avec sa palanquée d’acteurs phares et son budget riquiqui annoncé à 2,7M d’euros, il est évident que tout le monde a fait des efforts… Mais tout comme De Particulier à particulier sorti en 2006 (11 402 entrées), Brice Cauvin ne restera pas dans les annales du cinéma français avec L’Art de la fugue. Personne pour s’en réjouir sauf ceux qui ont vu le film. Ils sont peu nombreux ceci dit (53 388 entrées sur 128 copies).

Pour finir, on aimerait parler de L’Ennemi de la classe réalisé par Rok Bicek dont c’est ici le premier long. Distribué en France sur 29 copies par Paname Distribution, il ne récolte que 5 307 entrées. Une misère pour ce remarquable film d’origine slovène qui raconte la rébellion d’une classe de lycée après le suicide de l’un de leur camarade attribué à un système scolaire inhumain et surtout à leur prof d’allemand aussi froid que sans compromis quant à l’enseignement qu’il veut prodiguer. La force du film est de dévoiler au fur et à mesure que rien n’est aussi simple que l’on veut bien l’imaginer. Tout n’est pas blanc ou noir mais bien situé dans une zone grisâtre qui fait dire au seul étranger de la classe (un asiatique) : « Vous les Slovènes, quand vous ne vous entretuez pas, vous vous suicidez ! ». L’Ennemi de la classe permet ainsi de mettre en perspective un autre film marquant que fut Entre les murs de Laurent Cantet avec ce constat que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs.

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