Pompoko

Pompoko en Blu-ray : Takahata et ses tanukis en HD

Pompoko désigne le son supposément produit par les mythologiques Tanukis lorsqu’ils frappent la nuit sur leur ventre gonflé. En 1994, vingt ans avant Les Contes de la Princesse Kaguya (Voir test ici), Isao Takahata réalisait avec Pompoko une œuvre importante à plusieurs titres pour Ghibli.

Revoir Pompoko aujourd’hui…

D’une part, parce qu’une fois encore le public visé n’était pas juste les enfants comme c’est trop souvent le cas des longs animés en occident. Le cinéaste ne se penche pas sur ce genre de question et s’attache simplement à faire le film qu’il désire sans considérations extérieures. Les références sexuelles sont nombreuses (même si elles font partie intégrante de l’univers nippon du tanuki), des humains sont tués et la violence n’est guère cachée. Ce vers quoi tend Takahata dans Pompoko c’est une forme de réalisme magique.

Pompoko

Alors que la patte graphique est similaire à celle des nombreux films du studio japonais, avec aplats de couleurs, lignes très arrondies et une animation fluide mais surtout dynamique, l’histoire diffère quelque peu, interrompant la linéarité habituelle des récits pour enfants pour proposer quelque chose de plus complexe. De plus, l’aspect légendaire se pare d’une conscience critique et politique actuelle forte : ce qui est vivement discuté c’est l’expansion des villes, l’amoindrissement de la nature et le peu de respect pour les traditions ancestrales qui s’évanouissent. D’où l’idée d’animaux qui ne peuvent que mourir ou bien se fondre dans une humanité qui ne leur sied pas, en s’oubliant en route. Et si dans Pompoko, les tanukis sont bien des de divinités de la nature dotées de pouvoirs et d’un très grand âge, on les montre beaucoup sous la forme originelle de chiens viverrins, de simples animaux qui pourraient disparaître d’une nature devenue vulnérable suite à l’urbanisation croissante. Certes, le magique et le surnaturel prennent une place importante, mais ils sont gobés par une civilisation qui fait de la technologie sa nouvelle magie – un parc d’attraction reprend à son compte la sortie féérique des tanukis. Et le réalisme est là, brutal et fatal lorsque l’un des vénérables meurt, tué par un chasseur lambda.

D’autre part, Pompoko est un film sur l’animation. L’idée de choisir le tanuki plus que n’importe quel autre animal permet certes une confrontation avec la nature et la ville bien plus forte, mais il permet également de jouer sur la métamorphose, à la base de toute idée de mouvement. La transformation est double. D’abord interne puisque le chien viverrin se transforme en tanuki et lui-même possède une troisième forme bien plus esquissée et grossière comme si plusieurs formes du dessin cohabitaient ensemble. Et les tanukis peuvent prendre n’importe quelle apparence, même celle d’humains ou celle d’objets immenses et imposants. Leur taille n’est pas une donnée à prendre en considération et ils font fi de toute loi physique. En faisant de cet être mythologique une divinité ancestrale (l’un d’eux a 999 ans), l’un des fondements d’une société vouée à disparaître dans une réalité trop brute, Takahata remet aussi le principe du cinéma d’animation à l’origine même du dispositif cinématographique.

On a avec Pompoko un manifeste en faveur de l’animation. Si nous pouvons encore être impressionnés par ce qu’on nous montre, dans le film les habitants et ouvriers de la cité en train de se construire se détachent de plus en plus de la révolte en images et en mouvement des tanukis. Comme si la magie se fondait dans le réel et disparaissait. Si la lutte semble impossible désormais, c’est un appel au souvenir et à la croyance que nous offre Takahata comme si la magie et l’étonnement devaient perdurer.

… En Blu-ray

Le Blu-ray de Pompoko est à l’image de la plupart des disques du studio Ghibli. Si on est heureux de voir la bonne qualité technique perdurer, on est toujours circonspect devant leurs suppléments trop maigres. Même vingt ans après sa sortie, le master est propre et sans aucun défaut. L’image est nette et lisse et n’a pas du tout souffert du temps. La mise aux normes HD a été faite sans soucis avec une définition générale excellente et un niveau de détail correct. De plus, le format est respecté, le rendu des couleurs également. En bref, c’est un bon disque. Côté son, c’est un peu la même chose.

Cliquez sur les captures Blu-ray de Pompoko pour les visualiser au format HD natif

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Pompoko est proposé dans un DTS HD-MA 2.0 en japonais et en français. On préfèrera le doublage japonais avec les intonations de voix si caractéristiques et qui collent bien mieux à l’univers très nippon mais la VF reste agréable. Les deux pistes se valent presque, plutôt ample avec un accent porté sur les sons ambiants et les voix qu’on apprécie. Certes, on n’est pas en face d’une piste 5.1 mais au moins le 2.0 respecte le mix sonore d’origine.

Les suppléments sont, comme on l’a dit, faméliques entre les bandes annonces et teaser habituels et le story-board du film. Il est toujours intéressant de voir ce dernier, mais on aurait tellement apprécié un making-of ou au moins un entretien avec le réalisateur…

Image : 4,5/5
Son : 4,5/5
Suppléments : 1,5/5

 

Pompoko - Blu-ray

Pompoko d’Isao Takahata (Studio Ghibli) – En DVD et Blu-ray le 4 mars 2015

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES
BD 50 • 1080/23.98p
ENCODAGE AVC
Version Originale et Française DTS-HD Master Audio 2.0  • Sous-Titres Français • Format 1.85 respecté • Couleurs et N&B • Durée du Film : 119min
Inclus Storyboard intégral du film en mode image dans l’image (PiP), Bandes-annonces et spots TV

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