Zabriskie Point

Antonioni s’expose à la Cinémathèque

Depuis le 9 avril et jusqu’au 19 juillet, se tient à la Cinémathèque française une exposition consacrée au cinéaste Michelangelo Antonioni. Créée pour le centenaire du réalisateur en 2012 à Ferrare, sa ville natale dans le delta du Pô, cette exposition a été conçue par Dominique Païni, ancien directeur de la Cinémathèque française et directeur du développement du centre Pompidou. Ce dernier, déjà commissaire de l’exposition Henri Langlois l’année passée et de celle consacrée aux 120 ans de la Gaumont qui se tient en ce moment au 104 à Paris, a dû composer avec les 47 000 pièces des archives Antonioni acquises par la ville italienne et qui devraient bientôt donner lieu à un Musée Antonioni.

Exposition Antonioni

Sous-titrée « Aux origines du pop », l’exposition permet de déambuler dans un large espace où se croisent les différents films de l’auteur de Le Cri, L’Éclipse et Zabriskie point. Cinéaste moderne par excellence, il est d’abord passé par une période néoréaliste dès la fin des années 40, découvrant Lucia Bosé, avant de plonger toujours davantage dans l’abstraction. La première rupture vient avec L’Avventura, grand film sur une disparition qui hante les imaginaires cinéphiles au point d’être une des grandes références des cinéastes contemporains. Et alors que l’Italie est aux prises avec un engagement politique fort, toujours plus radical et extrême, Antonioni ne fait figurer cela qu’à petites touches dans des films qui vont devenir de véritables laboratoires esthétiques et dont le point culminant est peut-être Le Désert rouge.

La Nuit Antonioni

Vient ensuite son départ et une troisième période à l’étranger, arpentant l’Angleterre, la Chine ou les États-Unis. C’est là qu’il tourne Blow-up dans lequel un photographe est perturbé par un détail sur un de ses clichés au point de vouloir l’analyser et comprendre son mystère. C’est à partir de ce moment qu’on voit vraiment surgir son côté « pop » accompagné d’une réelle réflexion sur les images et le monde qui l’entoure. Après Profession Reporter, il revient en Italie pour y tourner ses derniers films, de manière bien plus sporadique qu’auparavant, et peindre.

Exposition Antonioni - Blow Up

Pour l’exposition, qui est une belle introduction à la genèse des œuvres d’Antonioni, Dominique Païni a choisi un chemin chronologique à défaut d’être thématique. Mais l’ensemble tient bien la route tant la progression est évidente. Et autre point intéressant, la scénographie est simple mais en misant sur le lieu ouvert au lieu des multiples couloirs et dédales incessants, on a l’impression que finalement toutes les périodes se détachent et se rejoignent en même temps, créant un effet intéressant de mise en relief et en contrepoint des œuvres exposées. On se promènera donc au gré des archives : album photos de stars qu’il collectionnait, lettres diverses, scénario et documents de tournage. L’ensemble est également accompagné de nombreuses toiles d’Antonioni et d’autres artistes, mettant l’accent sur des motifs essentiels du cinéaste comme les couleurs rouge ou verte, créant des liens nouveaux avec ses films et permettant de cerner davantage encore son esprit créatif. Si on peut regretter qu’elle soit un peu courte et qu’elle donne une impression de survol, on appréciera la dimension analytique qu’elle entrouvre.

Exposition Antonioni - Le Désert rouge

Le spectateur curieux qui viendrait sans jamais avoir vu de films d’Antonioni découvrira un monde dans lequel il pourra ensuite se plonger. L’autre y aura la confirmation de certaines de ses idées et n’aura qu’une seule envie : continuer le voyage. On aura le choix entre la rétrospective intégrale qui accompagne l’exposition (mais pourquoi Blow up et Le Désert rouge, Le Cri et Zabriskie Point en DCP ?!), plusieurs conférences et un catalogue d’exposition très riche édité par Flammarion.

Dommage qu’on ne puisse pas avoir accès au reste des archives et vivement le musée !

Catalogue d'exposition Antonioni

Pour plus d’information en cliquant ici.

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