A la poursuite de demain - Une

À la poursuite de demain : L’eugénisme selon Disney

On précisera pour commencer que Tomorrowland c’est une des sections à thème commune aux parcs Disneyland pour laquelle le réalisateur Brad Bird a clairement revendiqué les origines du film. On s’en voudrait dès lors de ne pas rappeler que la franchise Pirates des Caraïbes a eu pour inspiration « originale » l’attraction du même nom. Il est tentant bien entendu d’effectuer un raccourci facile à ce stade très développé de ce papier. Et bien au risque d’en décevoir quelques uns, on va le prendre ce raccourci mais en utilisant quelques détours tout de même pour expliquer pourquoi À la poursuite de demain, sous ses aspects de grand film de divertissement comme seul Disney en a la recette, se cache en fait une vision du présent nostalgique d’un certain passé que l’on a bien du mal à justifier.

 A La Poursuite de demain - Affiche France
L’idée n’est point de partir en croisade mais juste d’attirer l’attention et pourquoi pas de faire réagir. Qu’est-ce que raconte À la poursuite de demain ? La perte d’une certaine naïveté et d’une confiance sans limite quant au futur de l’Humanité. Jusque là tout va bien. À l’image cela prend la forme d’un garçon d’à peine dix ans qui s’invite à l’ouverture de la Foire internationale de New York en 1964 afin d’y présenter son invention futuriste. Là, il est repéré par une mystérieuse fille de son âge qui va lui ouvrir les portes d’un monde insoupçonnable et merveilleux. Sans rien dévoiler de plus, on peut dire que l’on est clairement ici dans le conte à la Disney tel que certainement Brad Bird le conçoit. Et cela marche à 100%. On en prend plein les mirettes et le merveilleux est bien là.

Flashforward. L’action se déroule de nos jours. Une jeune ado se fait prendre à saboter le pas de tir de fusées qui sont mises au rebut. La conquête spatiale est en effet derrière nous. Les rêves d’un monde meilleur grâce à la science n’ont plus lieu d’être. Pourtant, certains luttent encore contre cette désaffection ambiante plutôt agressive. C’est alors qu’elle aussi entrevoit autre chose, un autre futur. Le même que celui qui nous a été donné de voir au début. Dès lors, À la poursuite de demain va s’employer à réunir ces deux visions par l’intermédiaire de ces deux personnages en une course assez folle de plans spectaculaires, de sauts temporels, d’une Tour Eiffel dont on ne se doutait absolument pas qu’elle puisse recéler en son sein un tel secret et de discours scientifiques aussi oiseux que ce que nous avions entendu dans le Interstellar de Nolan. Mais au moins c’est fun grâce au tempo incroyable asséné par un Brad Bird qui à l’évidence se régale à nous trimballer ainsi d’un lieu à un autre tel justement un ride de fête foraine ultime. Pour cela, un grand merci.

Mais tout cela se gâte quand il faut finir l’histoire. Quand tous les protagonistes se retrouvent au même endroit et quand la sempiternelle lutte entre le bien et le mal passe par une vision de notre futur proche pour le moins maladroite pour ne pas dire d’une bêtise confondante. Un futur qu’il faut donc corriger en choisissant des élues d’aujourd’hui. En dire plus serait criminel mais cela nous permet tout de même de lever un lièvre. Celui d’une certaine forme d’eugénisme que Disney insuffle en sous-message. Qu’en gros, notre avenir autre que celui du bout de notre nez, ne peut être assuré que par une sélection d’hommes et de femmes triés sur le volet. Rien que cela. Hitler, que l’on sait cinéphile, aurait adoré.

Sans vouloir faire du mauvais esprit, À la poursuite de demain respecte en effet parfaitement cette tradition d’un film Disney initiée du temps où son géniteur un brin nazi friendly était encore vivant (1). C’est en tout cas ce que clame haut et fort Brad Bird dont on ne se permettra pas de remettre en doute la joie enfantine évidente à avoir réalisé ce film. On ira plutôt chercher des poux du côté du co-scénariste Damon Lindelof (Lost c’était lui. En tout cas les dernières saisons) qui a décidément bien du mal à clore ses histoires sans se prendre les pieds dans le tapis. Au-delà, À la poursuite de demain a pour lui de n’être ni une préquelle, ni une franchise et encore moins un produit Marvel. Mais on lui préférera sans l’ombre d’un doute la fureur jubilatoirement réac d’un Mad Max qui ne s’embarrasse d’aucune considération quant au futur de l’Homme, que ce Tomorrowland qui n’a même pas l’honnêteté intellectuelle d’assumer notre présent tout en se permettant une nostalgie un peu rance. Pour le moins.

(1) on vous invite à lire le formidable bouquin signé Ben Urwand intitulé Collaboration : Le pacte d’Hollywood avec Hitler pour s’en convaincre

À la poursuite de demain – de Brad Bird – 20 mai 2015 (The Walt Disney Company France).

Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d’une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland, un endroit situé quelque part dans le temps et l’espace, qui ne semble exister que dans leur mémoire commune… Ce qu’ils y feront changera à jamais la face du monde… et leur propre destin !

Note : 2/5

2 réflexions sur « À la poursuite de demain : L’eugénisme selon Disney »

  1. C’est un peux débile de comparer ce film la a Mad Max (qui n’ont RIEN a voir), dans le fond comme dans la forme.

    Ce film la, se veut remplit d’espoir (qu’on adhére ou pas).

    Bref pour ma part, le film est vraiment bon, quel que petites choses ici et la dans le récit qui peine le rythme du film, mais sinon je me suis éclater…comme dans les films Amblin.

  Lâchez-vous !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *