The Witcher 3 : Wild Hunt

The Witcher 3 : L’heroic fantasy à son firmament

Attendu tel le Messie par les joueurs du monde entier après deux reports successifs (de fin 2014 à février 2015 puis au mois de mai), The Witcher 3 se devait d’être à la hauteur des attentes placées en lui. À l’arrivée, le titre de CD Projekt Red va bien au-delà du simple microcosme des gamers biberonnés à l’heroic fantasy.

The Witcher 3 : Wild Hunt

The Witcher 3 ou la démocratisation de l’heroic fantasy

On ne se hasardera pas ici même à se livrer au moindre historique d’un genre qui a depuis bien longtemps dépassé le cadre de ses origines littéraires sinon pour rappeler, comme nous le signalions dans notre article consacré à Dragon Age : Inquisition en décembre dernier, que le sacre de la trilogie du Seigneur des anneaux sur grand écran, adoubée tout à la fois par le public, la critique et par ses pairs, scella définitivement la notoriété de l’heroic fantasy auprès du grand public au tournant du millénaire. Une popularité qui se retrouve aujourd’hui dans le triomphe de la série Game of Thrones, aux qualités au moins aussi méritantes que les longs-métrages de Peter Jackson. Soit deux joyaux, l’un télévisé l’autre cinématographique, adaptés d’œuvres littéraires. N’était-il donc pas tout naturel que The Witcher (Le Sorceleur en français), également tiré de romans, remporta à son tour un succès idoine dès sa première incursion sur un autre medium (le jeu vidéo) en 2007 ? Pas nécessairement puisqu’aux côtés des mythes du genre que sont les sagas Final Fantasy et autres Zelda qui virent le jour voilà déjà près de 30 ans, les jeux d’heroic fantasy sont légions. Mais tous n’atteignent assurément pas le niveau d’excellence d’un The Witcher 3.

The Witcher 3 : Wild Hunt

The Witcher 3 : plus qu’un simple jeu d’heroic fantasy

Dès les premières minutes de The Witcher 3 (qui deviendront bien vite des heures), on reste instantanément pantois d’admiration à plus d’un titre. Les premières scènes font montre d’une maestria non pas tant technique que dans l’art de combiner présents et flashbacks, scènes épiques et intimistes, tout ceci dans une succession de cinématiques et de séquences de gameplay qui s’enchaînent avec une fluidité peu commune, conduisant aussi lentement que sûrement le joueur à se retrouver aspiré au cœur de cette histoire, de ce monde, envoûtant à souhait. Néophyte, n’ayez crainte et ne fuyez point car si, tel votre humble serviteur, vous n’aviez jamais mis les pieds dans l’univers de The Witcher, les différentes possibilités offertes par ce troisième opus le rendent totalement abordable aux novices. Outre le choix du niveau de difficulté (le niveau normal permettant, entre autres, de régénérer sa santé après quelques heures de repos), c’est surtout l’activation des différents didacticiels qui permettra de se familiariser très rapidement avec toutes les richesses que The Witcher 3 a à nous offrir.

The Witcher 3 : Wild Hunt

Et Dieu sait qu’elles sont nombreuses. Depuis l’apprentissage du maniement des armes et autres sortilèges où vous devrez appréhender les forces et faiblesses de chaque adversaire / créature en passant par les interactions possibles avec les éléments du décor ou encore le chevauchement de votre fidèle destrier, toutes ces aides, dont n’auront que faire les joueurs aguerris qui pourront de facto les écarter d’un simple revers de la main, seront en revanche les bienvenues pour la bleusaille, lui permettant ainsi d’appréhender à son tour toutes les subtilités d’un gameplay riche et varié. Pour autant, là où The Witcher 3 parvient définitivement à nous séduire, c’est bel et bien au niveau de sa richesse scénaristique. Peuplé d’une quantité plus que conséquente d’autochtones dans chacune des bourgades visitées, le joueur aura tout loisir, non seulement de choisir sa future destination, qu’il s’agisse de celle qui suit la trame principale ou bien d’une quelconque quête annexe, mais également d’opter parmi plusieurs questions / réponses possibles, influant ainsi le comportement de son interlocuteur et de facto de l’histoire toute entière. Une histoire qui se permet même le luxe d’aborder tout en finesse des thématiques d’une maturité peu commune : sexualité, racisme, etc. Ou quand un « simple jeu vidéo » se meut en œuvre de réflexion sociale ?

The Witcher 3 : Wild Hunt

Face à de telles qualités narratives, on en viendrait presque à oublier l’apanage technique tout bonnement fulgurant que déploie The Witcher 3, aussi bien sur le plan acoustique avec une bande son riche en effets multicanaux et un remarquable mixage entre ces derniers, les musiques et les dialogues (à privilégier en VOSTF pour leurs accents plus en phase avec l’esprit du jeu) mais aussi sur le plan graphique avec une richesse visuelle tout bonnement remarquable, y compris pour de « simples consoles next gen » telle notre PlayStation 4 de test. Dans The Witcher 3, la forme n’est donc qu’un prolongement du fond, balayant de facto le pseudo procès intenté par les intégristes PC quant aux supposés downgrades de leur Messie. Dans une interview parue au moment de la sortie du jeu, Marcin Iwinski, co-fondateur du studio CD Projekt, déclarait : « Sans les consoles, The Witcher 3 n’existerait pas en l’état actuel. C’est aussi simple que ça. Nous n’aurions tout simplement pas pu l’envisager et les consoles nous permettent d’escompter des ventes plus importantes et d’avoir un budget plus élevé à investir dans la création de ce monde gigantesque. Oui, développer uniquement sur PC ou sur une console unique nous aurait probablement permis d’aller plus loin en termes de graphismes, mais nous ne pourrions pas nous permettre un tel jeu ».

The Witcher 3 : Wild Hunt

Deux semaines après le début de sa commercialisation, The Witcher 3 s’était déjà écoulé à 4 millions d’exemplaires dans le monde dont près des deux tiers sur consoles next gen (PlayStation 4 et Xbox One). Un succès qui non seulement confirme les dires d’Iwinski mais tend également à infirmer la démocratisation d’une franchise jusque-là dévolue aux joueurs PC et in extenso d’un genre, l’heroic fantasy, et dont les mérites techniques ne sauraient expliquer à eux seuls pareil engouement. Henri-Georges Clouzot disait « Pour faire un film, premièrement, une bonne histoire, deuxièmement, une bonne histoire, troisièmement, une bonne histoire ». Désormais, après le magistral The Last Of Us et aujourd’hui avec The Witcher 3, on pourra (bientôt) remplacer le mot « film » par celui de « jeu vidéo » dans la déclaration du cinéaste tant le jeu de CD Projekt Red, au même titre que celui de Naughty Dog, se révèle être bien davantage qu’un simple jeu vidéo d’heroic fantasy destiné aux hardcore gamers, c’est une œuvre d’une maturité fulgurante doublée d’une prodigieuse invitation à l’évasion.

The Witcher 3 est disponible depuis le 19 mai 2015 sur PlayStation 4, Xbox One et PC.

Pour plus d’informations sur The Witcher 3, rendez-vous sur le site officiel http://thewitcher.com/witcher3/

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version éditeur
Testé en version : 01.05
Taille occupée sur le disque dur : 31,57Go

  Lâchez-vous !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *