Uncharted : The Nathan Drake Collection

Uncharted : Nathan Drake, le digne héritier d’Indiana Jones

Nombre de joueurs pestent à chaque nouvelle annonce d’un titre et/ou d’une compilation dite « remastered » tant il est vrai que les jeux vidéo n’ont jamais connu pareille déferlante à l’aune des consoles next gen que sont la PlayStation 4 et la Xbox One. Toutes ces ressorties upgradées ne sont pas à jeter aux orties pour autant. La preuve avec Uncharted : The Nathan Drake Collection.

Nathan Drake : Aux origines du mythe

Petit rappel des faits : en mars 2007 (novembre 2006 au Japon et aux États-Unis) sort en Europe, et in extenso en France, une PlayStation 3 au tarif qui fait s’étrangler plus d’un joueur : 600€ ! Soit le double du modèle de base de sa concurrente directe, la Xbox 360, sortie un an plus tôt. Un prix que beaucoup jugent prohibitif et qui s’explique par les nombreuses technologies, que d’aucuns qualifièrent à l’époque d’avant-gardistes et/ou d’hasardeuses, qu’embarquent la console de Sony. À commencer par son très onéreux (à l’époque) lecteur Blu-ray, un tout nouveau support audio-vidéo haute définition dont le lancement commercial en vue de remplacer le support DVD, alors en perte de vitesse, vient tout juste d’avoir lieu mi-2006. Conséquence directe d’un tel tarif : les ventes de la PlayStation 3 peinent à décoller. En parallèle de son usage premier (les jeux vidéo), Sony tente alors d’imposer sa machine comme un lecteur Blu-ray auprès du grand public « non joueur » en vue d’occire son concurrent d’alors : le HD-DVD. Une victoire que Sony remportera début 2008 suite à la décision de Warner Home Vidéo d’abandonner le format HD-DVD ; décision que la rumeur incombe à un bon gros chèque en coulisses de la part de Sony envers la major américaine en vue d’obtenir son ralliement définitif au camp Blu-ray. Mais l’argument ne convainc que très moyennement la communauté des joueurs qui n’attend qu’une chose du monolithe noir : des killers app à même de démontrer tout le potentiel de la bête.

Uncharted : The Nathan Drake Collection

Partenaire privilégié de Sony depuis déjà plus de dix ans avec la série des Crash Bandicoot sur la PlayStation première du nom puis avec la série des Jak and Daxter sur PlayStation 2, Naughty Dog est donc appelé en renfort pour initier une toute nouvelle saga et (tenter de) booster les ventes de la troisième console de salon du constructeur nippon. Ce croiseur de guerre aura pour nom Uncharted et son héros Nathan Drake. Un aventurier / explorateur dont le charisme, la cool attitude et les innombrables péripéties consistant à partir à la chasse aux trésors aux quatre coins du globe ne sera pas sans rappeler un certain Indiana Jones. Mais le personnage de Nathan Drake c’est aussi, quelque part, la réponse du berger à la bergère, dix ans après la naissance d’une certaine Lara Croft, elle-même souvent qualifiée de « déclinaison au féminin » du célèbre personnage imaginé par George Lucas. Indiana Jones, Lara Croft, Nathan Drake : la boucle est bouclée si l’on peut dire. De prime abord pourtant, la physionomie des deux aventuriers diffère quelque peu. Dès ses premiers exploits en 1981, Les Aventuriers de l’Arche perdue, Indiana Jones en a certes encore sous le pied mais confesse bien volontiers à Marion (Karen Allen) : « Le temps ne fait rien à l’affaire, c’est le kilométrage » en référence à ses nombreuses douleurs suite à une nième équipée mouvementée. Apparu pour la première fois en 2007 dans Uncharted : Drake’s fortune, t-shirt à manches longues et pistolet en bandoulière en toutes circonstances (aussi bien sous la chaleur écrasante du désert que dans les hauteurs enneigées), Nathan Drake affiche quant à lui des qualités physiques nettement plus fringantes, à la limite du surhomme.

Uncharted : The Nathan Drake Collection

Pour autant, au fil de ce premier opus et de ses suites, Uncharted : Among Thieves en 2009 et Uncharted : L’Illusion de Drake en 2011, la filiation entre Indy et son homologue de pixels devient de plus en plus manifeste à chaque nouvelle scène influencée par (pour ne pas dire « reprise de ») la saga Indiana Jones : un U-boot (« Des nazis. Je hais ces types-là » dira Indy dans le troisième volet), un avion en perdition, un train en marche, une bâtisse en flammes, des courses-poursuites à dos de cheval et/ou contre des tanks, etc. Les exemples sont légions. Ajoutez-y un sens certain de la répartie, une décontraction naturelle, des acolytes féminins (et plus si affinités), des mercenaires aux intentions forcément belliqueuses à la solde d’un bad guy ou encore un petit flashback dans l’adolescence du héros pour le troisième volet, à l’image du prologue de La Dernière Croisade et les similitudes entre les deux aventuriers deviennent dès lors bien plus que de simples coïncidences. Ce qui ne constitue aucunement un reproche en soit tant les (més)aventures de Nathan Drake se révèlent au moins aussi jubilatoires, manette en mains, que celles d’Indiana Jones avec là encore un deuxième opus qu’une large majorité de joueurs considère, à juste-titre et jusqu’à présent, comme le meilleur de la saga ; tout comme Le Temple Maudit est considéré par beaucoup comme le meilleur Indiana Jones.

Uncharted : The Nathan Drake Collection

The Nathan Drake Collection : une trilogie d’excellence

Une réussite que l’on doit donc à Naughty Dog, studio qui, en l’espace de quelques années seulement, est passé maître dans l’art de produire du blockbuster de très haute volée sur les consoles de Sony. Et si d’aucuns reprochent souvent aux aventures de Nathan Drake une trop grande linéarité, celle-ci découle tout naturellement des obligations scénaristiques de chaque jeu qui fait montre de la part de Naughty Dog d’une grande maestria dans l’art de conjuguer les avancées (cinématiques) de l’intrigue avec les différents passages d’un gameplay basé sur la triangulaire « énigmes / plateformes / gunfights ». Scénar bien ficelé et punchlines bien senties ne sont que le pendant non interactif des Uncharted là où le reste des exploits de Nathan Drake laissent éclater l’autre grande force des titres signés Naughty Dog : une maestria technique sans pareille. Aussi bien en termes de modélisation, d’animation, d’éclairages que d’effets en tous genres (eau, fumée, explosion, déflagration, etc.), leurs titres régalent les rétines des joueurs quel que soit la direction où se pose le regard tant les moyens visuels mis en œuvre tendent à crédibiliser le monde au sein duquel évolue les personnages. Un constat d’autant plus manifeste avec cette compilation Uncharted : The Nathan Drake Collection confiée aux bons soins du studio Bluepoint Games, à qui l’on doit déjà des remasterisations de (très) hautes volées telles que Metal Gear Solid ou encore le duo ICO / Shadow of the Colossus. Certes, le contenu n’a pas bougé d’un iota pour les trois titres mais le contenant lui a très fière allure du haut de son 1080/60p nouvellement acquis auquel s’ajoutent quantités d’améliorations graphiques plus que significatives. Sur ce point, le site Digital Foundry a ainsi mis en ligne deux vidéos très détaillées : la première compare les versions PS3 et PS4 du tout premier volet, Drake’s Fortune, démontrant si besoin était que l’upgrade va bien au-delà du simple lifting de base tandis que la seconde confirme à quel point les 60fps annoncées tiennent constamment la route.

Uncharted : The Nathan Drake Collection

Autre point qui, quant à lui, n’a pas bougé d’un iota mais demeure là aussi une marque de fabrique de très grande qualité de la part de Naughty Dog : la bande son. Outre les différentes réparties des personnages, Nathan Drake en tête, celle-ci fait également la part belle à des musiques toujours en phase avec l’action mais aussi et surtout à une foultitude de bruitages qui viennent se nicher dans toutes les voix disponibles pour peu que vous disposiez d’une installation home-cinéma ad hoc. De toutes nouvelles options de configuration acoustique ont ainsi fait leur apparition au sein des menus, depuis le bon vieux stéréo jusqu’au système 7.1 avec possibilité d’ajuster dans une certaine mesure le positionnement des enceintes. La config par défaut en 7.1 que nous avons testé laissait entendre un résultat aussi convaincant que sur les versions PS3 (qui proposaient déjà des options 7.1) avec une spatialisation des effets tout autour de Nathan Drake bluffante à plus d’un titre.

Uncharted : The Nathan Drake Collection

La question qui se pose alors légitimement est de savoir si l’achat (ou bien le rachat) s’impose. Si vous êtes amateur d’aventures « à la Indiana Jones » et êtes à la recherche de trois jeux pour le prix d’un à même de vous occuper une bonne trentaine d’heures au total, la question ne se pose pas. Si vous possédiez déjà les titres sur PlayStation 3, l’upgrade vaut le détour et, comme le dit le dicton : « vous en aurez pour votre argent ». Vous aurez alors la possibilité de passer d’un jeu à l’autre sans même avoir le temps de vous lever pour aller chercher un coca au frigo, les temps de chargement étant virtuellement inexistants sitôt la toute première installation terminée. Seul petit regret : l’impossibilité de réutiliser ses anciennes sauvegardes PS3, obligeant de facto à refaire l’intégralité des jeux afin de débloquer l’ensemble des bonus ainsi que le tout nouveau niveau de difficulté « Brutal ». De même, on aurait volontiers apprécié un beau et long making of à l’image de celui, passionnant, présent sur The Last of us, autre titre signé Naughty Dog et qui constitue, à date, le chef d’œuvre du studio (et par ailleurs également disponible en édition Remastered sur PlayStation 4). C’est dire si l’on attend désormais de pied ferme le quatrième volet des aventures de Nathan Drake, Uncharted 4 : A thief’s end. En espérant que ce nouvel opus ne sera pas celui de trop, à l’image d’un certain Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal. Réponse le 18 mars 2016.

Uncharted : The Nathan Drake Collection est disponible depuis le 7 octobre 2015 sur PlayStation 4.

Testé sur PlayStation 4 à partir d’une version éditeur
Testé en version : 01.00
Taille occupée sur le disque dur : 44,46Go

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