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Au cœur de l’océan : Horizons Lointains

Le nouveau Ron Howard ne dépareillera pas au sein de sa désormais conséquente filmo. On est en effet en terrain connu entre une intrigue qui s’appuie sur des faits réels et une propension à gonfler plus que de raison les voiles d’une mise en scène qui peut donc craquer à tout moment. Au cœur de l’océan adapte le roman In the Heart of the Sea rédigé à la fin du siècle dernier par Nathaniel Philbrick. L’écrivain s’était basé sur les mésaventures du baleinier Essex affrété en 1819 pour une campagne qui va tourner à la tragédie. Celui-ci va en effet se frotter à un gigantesque cachalot qui inspirera à Herman Mellville son célèbre roman Moby Dick

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C’est d’ailleurs par lui que le récit débute. Lui qui vient à la rencontre du dernier rescapé de l’Essex alors tout jeune mousse d’à peine 14 ans devenu une trentaine d’années plus tard une sorte d’épave alcoolique qui en a gros sur le cœur. Ron Howard adopte donc d’entrée la pose du flash-back et un récit en deux parties distinctes. Le première ressemble aux prémisses des Révoltés du Bounty où l’entente entre le capitaine et son second est loin d’être au beau fixe, où l’équipage  se méfie du premier car occupant ce poste de part le privilège de sa naissance alors que le second, joué par Chris « Thor » Hemsworth, ne le doit qu’à ses qualités intrinsèques maintes fois éprouvées de par le passé. Des thématiques passionnantes qui ne sont qu’effleurées. Ron Howard portant plutôt son attention sur sa mise en image pour le moins classieuse mais que l’on ne goûte finalement que très modérément. La faute à cette impression formelle d’un environnement où le tout numérique semble avoir pris définitivement le pas sur quelque chose d’organique. On est alors très loin de la leçon de cinéma et de vie sur un rafiot assénée par un certain Peter Weir dans  Master and Commander.

Ceci étant dit, Au cœur de l’océan n’a rien d’un vaisseau fantôme. Le climax central qui voit l’affrontement entre ce grand bestiau marin tout droit sorti des récits de l’Iliade et ces hommes pourtant rompus aux joutes maritimes les plus extrêmes est de toute beauté. Ron Howard fait là des merveilles de pyrotechnies visuelles. Sa caméra virevolte. Ses marins souffrent. Le baleinier coule. Inexorablement. Intervient alors une deuxième partie où le réalisateur laisse un peu tomber certains tics de mise en scène comme cette caméra au plus près de l’action qui ne fait le point que sur un détail en usant d’un objectif grand angle tout en laissant dans le flou le reste du plan. Un peu comme si Ron Howard regrettait de ne pas tourner en 3D. Du coup, les corps reprennent chair et les survivants qui dérivent sur leurs embarcations de fortune redeviennent crédibles. Un paradoxe savoureux d’un film à la vie retrouvée quand celle de ses protagonistes est à l’agonie.

Ron Howard n’a plus alors qu’à dérouler tout en se permettant quelques coquetteries scénaristiques finalement bienvenues étant donné que la fin est entendue. Ce qui nous fait dire qu’il manque in fine à toute cette vaste entreprise maritime une gniak et un second degré qui lui aurait permis de définitivement décoller. Ce que Ron Howard avait su insuffler sur Rush, son précédent long, que l’on espérait comme le début d’un deuxième acte au sein d’une carrière pas mal embourbée dans des films pour la plupart difficilement regardables aujourd’hui (quand ce n’était déjà pas le cas lors de leur sortie). Là, il semble retomber dans certains travers comme celui d’être un brin poseur sans que pour autant il faille jeter Au cœur de l’océan avec l’eau du bain. Disons qu’une fois surmontée la barrière souvent pataude de la grammaire cinématographique howardienne, on peut passer un très bon moment et même ressentir de temps à autre sur sa nuque glabre le souffle épique d’une aventure qui ne laissera assurément personne insensible.

Au cœur de l’océan (In The Heart of the Sea) de Ron Howard – 9 décembre 2015 (Warner Bros. France)

RésuméHiver 1820. Le baleinier Essex quitte la Nouvelle-Angleterre et met le cap sur le Pacifique. Il est alors attaqué par une baleine gigantesque qui provoque le naufrage de l’embarcation. À bord, le capitaine George Pollard, inexpérimenté, et son second plus aguerri, Owen Chase, tentent de maîtriser la situation.

Note : 3/5

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