Les Visiteurs - Blu-ray

Les Visiteurs en Blu-ray : Ils sont revenus les malades !

Le mois dernier, La Boum de Claude Pinoteau avait eu les honneurs d’une réédition Blu-ray dans le cadre de la collection Gaumont Découverte. Ce mois-ci, c’est au tour des Visiteurs de Jean-Marie Poiré d’avoir droit à pareils égards en même temps que la parution, pour la première fois sur le support, de sa suite, Les Visiteurs II : Les couloirs du temps. Des (res)sorties qui coïncident comme il se doit avec l’arrivée dans les salles du troisième opus et qui, bien entendu, conduisent à l’inévitable question : les (r)achats sont-ils indispensables ?

Les Visiteurs : Un classique de la comédie populaire française

Comme le veut l’adage, la notoriété d’une œuvre et à fortiori d’une comédie populaire en matière de Septième Art peut se mesurer, en partie, à ses scènes et ses répliques dites « cultes ». Depuis 1993, année de sortie du tout premier Visiteurs, il n’est point rare d’ouïr autour de soi différents béotiens balancer des « Okaaaaay !!! » et autres « Qu’est-ce que c’est qu’ce binz ??? ». Des réparties venues s’ajouter à d’autres et qui font aujourd’hui le bonheur de Youtube (autre époque, autres mœurs) : « Si j’avais su, j’aurais pas venu ! », « Elle va marcher beaucoup moins bien forcément ! », « C’est le nooooord ! » et autres « Pas de bras, pas de chocolat ! ».

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Comme le précise Christian Clavier dans le documentaire Les Visiteurs revisités repris de l’édition DVD parue en 2005 et par ailleurs déjà présent au sein du premier Blu-ray des Visiteurs paru en 2008 : « Le succès qui devient un gros succès et qui devient un triomphe, vous ne le dominez plus, vous êtes pris dans une vague ». Et dire qu’au départ, ce script écrit par Jean-Marie Poiré pour Robert Hossein et Robert Dalban avant d’être repris et co-écrit par Poiré et Clavier n’inspirait guère le producteur Alain Terzian ; ce dernier arguant que les films de moyen-âge coûtent chers, ne marchent plus et que, par-dessus le marché, les personnages s’expriment en vieux françois. Bref, ça n’attirerait pas grand monde. Les résultats en salles lui donneront tort. Les Visiteurs terminera à la première place du box-office français en 1993 avec 13,6M d’entrées assurant à Reno et à Clavier un statut définitivement à part (et l’option levée sur une maison de campagne chacun) dans le cinéma français.

On notera que Les Visiteurs occupe encore aujourd’hui la 14ème place du box-office français de tous les temps. Est-il nécessaire d’en dire davantage sinon de profiter de l’occasion pour dresser ci-dessous la liste des comédies françaises ayant engrangées plus de 10M d’entrées, seuil symbolique s’il en est car très rarement atteint (une petite trentaine de longs-métrages à ce jour). Entre parenthèses, à date, la place occupée au sein du classement des meilleurs scores au Box-office français de tous les temps (source : CBO).

Bienvenue chez les Ch’tis (2008) : 20,4M (2e)
Intouchables (2011) : 19,4M (3e)
La Grande Vadrouille (1966) : 17,2M (5e)
Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre (2002) : 14,4M (11e)
Les Visiteurs (1993) : 13,6M (14e)
Le Petit monde de Don Camillo (1952) : 12,7M (17e)
Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? (2014) : 12,3M (19e)
Le Corniaud (1965) : 11,7M (21e)
Taxi 2 (2000) : 10,3M (26e)
3 hommes et un couffin (1985) : 10,2M (27e)
Les Bronzés 3 amis pour la vie (2006) : 10,2M (28e)
La Guerre des boutons (1962) : 10M (30e)

Les Visiteurs II : Un autre genre de « classique »

Dans Les Visiteurs revisités – 2e partie, documentaire proposé en bonus sur le Blu-ray des Visiteurs II : Les Couloirs du temps et là encore repris de l’édition DVD parue en 2005, Jean Reno se demande pourquoi les deux films n’ont pas été tournés en même temps tandis que le trio Clavier – Reno – Poiré justifie ce 2e opus par une « nécessité » liée au succès du n°1 : le succès appelle forcément une suite de par la demande du public, des financiers, etc. Dont acte ! Suite il y aura. En 1998, toute la joyeuse troupe des Visiteurs se retrouve donc avec une histoire qui embraye directement là où s’arrêtait le premier film. Toute la joyeuse troupe ? Non, pas tout à fait car Valérie Lemercier sera en effet remplacée par Muriel Robin. Seule récompense glanée (celle de meilleure actrice dans un second rôle) sur les neuf nominations décrochées par Les Visiteurs à la cérémonie des César 1994, Mme Lemercier aura eu de toute évidence le nez creux en déclinant la proposition de rempiler pour une suite à l’intérêt plus que discutable. Demandez au premier quidam venu s’il se rappelle de scènes ou de répliques cultes des Visiteurs II ? Il y a fort à parier que la réponse soit négative tant le résultat, aussi hystérique que décevant car sentant le réchauffé (à ce niveau-là, on pourrait même parler de « cramé ») s’apparente bel et bien à un ratage dans les grandes largeurs.

Et le résultat au Box office dans tout cela nous direz-vous ? Ce à quoi nous rétorquerons que le film a bel et bien été un nouveau triomphe avec plus de 8M d’entrées. Avec toutefois un bémol à y regarder de plus près. Sorti dans les salles le 27 janvier 1993 sur 223 copies (une combinaison qui grimpera jusqu’à 450 copies au plus fort de l’exploitation du film), Les Visiteurs engrangera entre 500 000 et 750 000 entrées hebdomadaires au cours des sept premières semaines. De la 8e à la 17e semaine, ce chiffre tournera autour des 300 000 avant d’osciller entre 100 000 et 200 000 entrées hebdomadaires de la 18e semaine à la 41e ! Oui, vous avez bien lu, Les Visiteurs premier du nom sera resté à l’affiche plus de neuf mois au total avec une vitesse de croisière en terme d’entrées digne d’un marathonien du rire. Penchons-nous à présent sur le cas des Visiteurs II. Sorti dans les salles le 11 février 1998 sur 550 copies (un chiffre qui montera à 650 la semaine suivante), les entrées s’échelonneront de la sorte au cours des cinq premières semaines d’exploitation : 2,6M puis 2,1M (-21%), 1,3M (-35%), 800 000 (-40%) et 400 000 (-50%) avant de terminer sa course aux 8M d’entrées suscitées au bout de 8 semaines. Deux mois et puis s’en va. Les triomphes évoqués dans le listing ci-dessus se sont construits sur la durée, au fil de plusieurs mois d’exploitation en salles. Un phénomène que ne réitérera pas Les Visiteurs II. D’aucuns argueront qu’un certain paquebot est la cause principale du trépas de Godefroy de Montmirail et de son fidèle écuyer Jacquoille la Fripouille. Et pour cause, Titanic sorti un mois plus tôt (le 7 janvier 1998 pour être exact) enregistrera entre 1,5 et 2 millions d’entrées hebdomadaires au cours de ses deux premiers mois d’exploitation. Un véritable rouleau-compresseur à l’époque pour une trajectoire que bien peu avaient anticipé. Faut-il au demeurant rappeler que le chef d’œuvre (n’ayons pas peur des mots) de James Cameron reste à l’heure actuelle insubmersible à la première place du classement du BO français de tous les temps avec 21,7M d’entrées. Les Visiteurs II terminera néanmoins à la troisième place du classement hexagonal de 2008 derrière Titanic et Le Diner de cons (9,2M d’entrées).

Les Visiteurs III : DigitalCiné fait sa révolution

Si la conclusion des Visiteurs I présupposait l’éventualité d’une suite avec son personnage de Jacquouille la Fripouille resté (volontairement) au 20e siècle tandis que son descendant, Jacques-Henri Jacquart, se retrouvait parachuté à son insu au moyen-âge, que dire alors de l’épilogue des Visiteurs II qui laissait pour le coup toute grande ouverte la porte à un troisième opus. À la différence près que cette fois-ci, ce ne sont pas cinq mais dix-huit ans qu’il aura fallu patienter avant que ces Visiteurs III : La Révolution ne débarquent dans les salles. Jean-Marie Poiré et toute sa clique escomptent-ils réitérer le coup des Bronzés 3 (2006) sorti vingt-sept ans après Les Bronzés font du ski (1979) pour le résultat que l’on sait (cf. le listing en début d’article) ? Le public répondra-t-il présent ou bien est-il passé à autre chose ? Comme par exemple relayé à grand renfort de ce magnifique instrument de communication du 21e siècle que sont les réseaux sociaux l’omission du nom du seul comédien « de couleurs » présent sur l’affiche du film ? Le genre de futilités numériques qui polluent le quotidien de beaucoup de gens mais en intéressent visiblement beaucoup d’autres dès qu’il s’agit de brandir haut et fort la bannière de « l’égalité des chances » autour de personnages homos et/ou de couleurs et qui se dressent vent debout dès que ces mêmes personnages ont droit à un temps de présence jugé insuffisant à l’écran ou bien pire, ultime sacrilège, trépassant (cf. les cas récents de la mort d’un personnage gay dans la sixième saison de The Walking Dead ou encore les annonces faites par J.J. Abrams autour de personnages homosexuels dans le prochain épisode de Star Wars). Autant de battages médiatico-numérico-sociaux qui en oublient bien souvent l’essentiel : au-delà du dictat de certains « quotas » (les fictions qui parviennent à caser un noir, un arabe, un asiatique, un hispanique, un homo et une lesbienne avec interdiction de les faire crever avant la toute dernière minute remportent le prix d’excellence), tout ceci entraîne-t-il une réelle plus-value artistique des œuvres concernées ?

Pour en revenir au cas des Visiteurs III, en ce qui nous concerne, voici un petit extrait des échanges entendus au détour de la machine à café de la rédac de DigitalCiné quelques jours avant la sortie en salles de ce troisième opus.

Julio : Tu vas y aller Stf ? J’attends ta critique de pied ferme. Je ne sais même pas si je le rattraperais en accéléré (Julio est un grand spécialiste des rattrapages de films en vidéo en accéléré). Faudrait vraiment un bouche à oreille qui tue. Je me rappelle, Les Visiteurs 1, séance du soir le mercredi de la sortie sur les Champs… Les gens se pissaient dessus de rire. J’avais aussi aimé. Mais le 2 est l’une des pires merdes de l’histoire. Et le remake américain, au secours !!!

Sandy : Tout ce truc autour des Visiteurs 3 me donnerait presque envie d’aller le voir dès mercredi histoire de… Mais en fait non, j’ai un film de Grangier avec Gabin que je veux rattraper à la Cinémathèque. Je n’ai jamais vu un seul Visiteurs en salles. Déjà en 93, je me la pétais un peu oui.

Stf (parce qu’il est l’auteur de ses lignes et que par conséquent, c’est lui qui aura le mot de la fin) : Moi j’avais découvert Les Visiteurs dans le home sweet home familial. J’avais trouvé ça bien fendard. Ces personnages du moyen-âge qui débarquent au 20e siècle donnent lieu à des scènes et des répliques vraiment tordantes et qui aujourd’hui encore me font beaucoup rire. Pas de la trempe des « classiques » d’Oury sus-cités par exemple mais bien poilant quand même. On s’était bien marré en famille, même si ma maman n’est pas très friande de ce genre d’humour un peu « gras / lourdingue ». Pour elle, le vrai bon humour à la française, c’est Fernandel, Bourvil et consorts. Le 2, je l’avais découvert en salles et trouvé très décevant. En redécouvrant les deux films en Blu-ray, ça ne m’a pas plus donné envie que ça d’aller voir le 3 en salles. Il y a donc 99% de chance que ce soit du rattrapage vidéo, comme Julio, mais sans l’accéléré.

Voilà, vous savez tout. En dehors des sorties ciné de la semaine et du box-office hebdo, on vous donnera notre appréciation des Visiteurs III : La révolution au moment de sa sortie en DVD / Blu-ray d’ici 4 ou 5 mois. On est comme ça à DigitalCiné ! D’ici là, libre à vous de vous refaire les deux premiers opus en Blu-ray à l’aune d’éditions qui valent plus que le coup d’œil, techniquement parlant et à moindre coût (10€ pièce).

Les Visiteurs I&II : Des Blu-ray Okaaaay !!!

Car oui, on en voit certains venir d’ici : c’est bien beau tout ce baratin mais « Et les Blu-ray dans tout ça, ils valent quoi ? ». Réglons d’entrée de jeu et en faisant d’une pierre deux coups le cas du son et des bonus. Ces derniers, comme déjà évoqué, reprennent en effet ceux disponibles sur les éditions DVD parues en 2005 : un petit documentaire, des scènes coupées / bêtisiers / prises alternatives ainsi que la bande-annonce. Quelques nouveautés interactives n’auraient pas été de refus mais on devine que la Gaumont en garde sous le coude pour la suite avec la sortie inévitable d’un coffret réunissant les trois opus. Côté son, les deux films ont droit à des pistes françaises en DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 pour un résultat qui, comme on le dit dans pareille situation « font le job ». Les dialogues, la musique signée Éric Lévi et les innombrables effets en tous genres qui découlent des facéties de notre duo présent à l’image sont restitués avec panache (avec une vitalité et une activité Surround plus prononcées sur Les Visiteurs II). L’image justement, parlons-en pour refermer ce papier. À l’instar de La Boum le mois dernier, Gaumont est reparti là encore de zéro en ce qui concerne Les Visiteurs I avec un nouveau master et un nouvel encodage et à l’arrivée la même valeur ajoutée : un cadrage et une colorimétrie nettement plus en phase avec les désidératas photographiques originelles comme peuvent en attester les différentes captures comparatives entre la première édition parue en 2008 et ce nouveau Blu-ray de 2016 qui illustrent le présent article. Et si la définition profite elle aussi grandement des avancées en matière d’encodage HD, on ne pourra une nouvelle fois s’empêcher de constater que Gaumont, tout comme StudioCanal d’ailleurs, a toujours tendance à nos yeux à dégrainer un chouia trop l’image de ses sorties Blu-ray. Quant au Visiteurs II, inédit pour sa part en Blu-ray, le rendu vidéo est en phase avec celui des Visiteurs I, à savoir un master d’une grande propreté et très bien encodé, voire même un petit cran au-dessus (jeunesse oblige).

Notes :
– Image : 4/5 (Les Visiteurs) – 4,5/5 (Les Visiteurs II)
– Son : 4/5 (Les Visiteurs) – 4,5/5 (Les Visiteurs II)
– Bonus : 2,5/5

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Les Visiteurs (Blu-ray Édition 2016)
Les Visiteurs II : Les Couloirs du temps
Les Visiteurs I & II – Blu-ray Gaumont Découverte (Édition 2016)

Éditeur : Gaumont Vidéo
Date de sortie : 6 avril 2016

Les Visiteurs (1993)
Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD MA 5.1 & 2.0
– Sous-titres : Anglais, Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 46min 44s

Bonus (en SD) :
– Les Visiteurs revisités (28min 10s)
– Bêtisier et prises alternatives (10min 47s)
– Bande-annonce (1min 57s, HD)

Les Visiteurs II : Les Couloirs du temps (1998)
Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD MA 5.1 & 2.0
– Sous-titres : Anglais, Français pour sourds et malentendants
– Durée : 1h 57min 25s

Bonus (en SD) :
– Les Visiteurs revisités – 2ème partie (11min 09s)
– Scènes coupées (17min 33s)
– Bande-annonce (2min 03s, HD)

Les Visiteurs - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

Les Visiteurs II : Les Couloirs du temps - Packshot Blu-ray Gaumont Découverte

4 réflexions sur « Les Visiteurs en Blu-ray : Ils sont revenus les malades ! »

  1. Le drain des couleurs et de la saturation pour arriver à une image métallique aux noirs complètement laiteux semble être devenu une norme chez les restaurateurs cinématographiques.

    Des films des années 50 à ceux (maintenant) des années 90, depuis le Japon jusqu’à la France, en passant par l’Italie et l’Allemagne, tous semblent aujourd’hui en vidéo avoir été tournés avec le même chef op’, la même pellicule et avoir subi le même étalonnage. C’est complètement invraisemblable et ressemble plus à une technique beaucoup trop « hands-on » qu’à quoique ce soit de totalement fidèle.

    L’immagine Ritrovata a du mal à ne pas tomber dans ce travers si la main leur est laissée pour l’étalonnage, mais Digimages (Les demoiselles de Rochefort) et Eclair (les Gaumont et les Pathé) ne semblent pas s’en sortir beaucoup mieux de ce côté-là.

    J’aimerais franchement être une petite souris pour aller voir dans ces laboratoires vidéo comment sont effectuées les calibrations (et maintenances) de leurs moniteurs de contrôle.

  2. J’ai acheté le noël dernier la version HD sur iTunes et j’ai constaté que l’image a été recadrée et des têtes (surtout pendant le générique du début) et le titre du film se retrouvent coupées, j’ai l’impression d’être le seul à l’avoir remarquer ou que cela dérange et je me demandais si c’était la même chose sur la version blu-ray. Je constate dans les captures de l’article que l’image est aussi légèrement décalée verticalement dans l’édition 2016 par rapport à celle de 2008. J’ai fait des captures d’écran comparant avec une versdion DVD, dommage que je ne puisse pas les partager.

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