Coffret Ed Wood - Image Une

Coffret DVD Ed Wood chez Bach Films

Ce coffret Ed Wood (1924-1978) contient au total près de 700 minutes réparties sur 6 DVD. Les films sont classés du DVD 1 au DVD 5 dans leur ordre chronologique de production, le DVD 6 proposant les bonus, notamment des courts et moyens métrages très rares, tous en VF ou en VOSTF et un entretien avec Bela Lugosi. Un indispensable complément au remarquable Ed Wood (USA 1994) de Tim Burton. (1)

Ed WoodEd Wood

Ce coffret contient en effet presque l’intégrale des longs métrages écrits (La Fiancée de la jungle en 1955, The Violent Years en 1956, Orgy of the Dead en 1965, les extraits retrouvés de Take It Out In Trade en 1970) ou réalisés (les autres longs métrages du coffret) par Ed Wood entre 1953 et 1970. Tous les longs métrages présentés sont dotés d’une image au format respecté 1.37 et en mono VOSTF sauf La Fiancée de la jungle qui dispose d’une VF d’époque. Tous sont en N&B sauf Orgy of the Dead qui est en couleurs. Les films majeurs de Wood sont présentés individuellement par Stéphane Bourgouin. La qualité de report de l’image et du son varie considérablement d’un titre à l’autre, l’âge du film n’ayant pas de rapport avec elle. Sans surprise, certains rushes ou courts métrages sont dans un état médiocre. L’image des longs métrages varient du médiocre (La Fiancée de la jungle) au bon (Orgy of the Dead), de même que le report de leurs pistes sonores, au niveau d’enregistrement variable selon les titres.

Glen or Glenda

Mis à part le mythique Glen ou Glenda – film long métrage le plus ancien (1953) du coffret, ceci indiquant l’audace de Wood dans un contexte sociologique encore très conservateur – qui est  un documentaire surréaliste sur la transsexualité (on sait que Wood lui-même aimait, à l’occasion, s’habiller de vêtements féminins bien qu’il ne fût nullement homosexuel), nourris de séquences parfois presque fantastiques (Bela Lugosi contemplant depuis la partie supérieure du plan les piétons marchant dans une avenue de Los Angeles et les comparant à des pantins, les fantasmes mettant en scène un curieux diable ou une belle fille attachée sur un canapé), les autres titres ressortent du fantastique (La Fiancée de la jungle, Night of the Ghouls, Portraits of Terror : Final Curtain), de sa catégorie science-fiction (La Fiancée du monstre, Plan 9 From Outer Space), du film policier (Jail Bait, The Violent Years, The Sinister Urge), enfin l’érotisme fantastique (Orgy of the Dead présenté par le « mage » Criswell de la même manière qu’il avait déjà présenté Night of the Ghouls) ou l’érotisme underground un peu influencé par Andy Wahrol et Paul Morrissey (ce qu’il reste de Take It Out In Trade).

Take it Out in TradeTake it Out in Trade

Wood s’est attaché à rendre hommage à l’âge d’or américain du cinéma fantastique (1931-1945). Il a été influencé, notamment, par Tod Browning. Leurs points communs : une commune affection pour le cinéma fantastique et le cinéma policier, un même intérêt pour la dialectique réel-imaginaire, pour l’ambivalence générique (il y a certains éléments comiques et une ironie noire ou surréaliste récurrente chez Wood comme chez Browning). Contrairement à ce qu’écrivait en 1973 Jean-Marie Sabatier, la pente n’est pas si rude qui mène Bela Lugosi de Tod Browning à Edward D. Wood Jr. : au contraire, il y a continuité thématique et esthétique, maintien d’une vision analogue de l’acteur. Wood dirige Lugosi exactement comme Browning le dirigeait, avec, en outre, une réflexivité supérieure à cause du point de vue historique conscient de lui-même de Wood, qui choisit Lugosi comme référence cinéphile explicite.

Bela Lugosi - Glen or GlendaBela Lugosi dans Glen or Glenda

Il faut d’ailleurs bien prendre la mesure de la situation de Wood durant la période 1950-1960, qui est celle de ce qu’il faut décidément bien qualifier d’âge d’or en ce qui le concerne. Wood est doublement marginal. D’abord en raison de sa mise en scène référentielle, discrètement moderne voire moderniste à l’occasion  mais le plus souvent orientée vers une répétition de l’esthétique du cinéma muet, auquel on aurait simplement rajouté du son. Ensuite en raison de ses budgets qui lui interdisent une science-fiction réaliste ample, la catégorie la plus populaire du fantastique entre 1950 et 1960. Concernant ses contributions au genre policier, les pères esthétiques de Wood ne sont pas du tout ses contemporains Orson Welles ni Don Siegel ni Richard Fleischer : la mise en scène de Wood est bien plus sage et classique que la leur mais c’est aussi qu’elle ne se déroule pas tout à fait sur le même plan que la leur. Il y a une faille, une scission infime mais sensible dans la direction d’acteurs, les scénarios, la mise en scène. Dolorès Fuller est filmée, chez Wood, à la fois comme personnage et comme Dolorès Fuller jouant un rôle, avec le plaisir revendiqué de la montrer comme telle à chaque fois. Le modernisme de Wood réside dans cette légère scission, à peine sensible mais constamment présente à sa mise en scène.

Night of the Ghouls - Ed WoodNight of the Ghouls – Bela Lugosi

D’une manière générale, Wood est à la fois moderne (la poursuite initiale dans la forêt de The Sinister Urge) et antimoderne (les présentations de Criswell au début de Night of the Ghouls, la voix-off commentatrice de Portraits of Terror : Final Curtain). C’est bien plutôt de la simplicité d’un Georges Méliès, d’un D.W. Griffith, d’un Tod Browning qu’il se veut l’héritier que des effets sophistiqués ou efficaces des cinéastes qui lui sont contemporains. Ce n’est pas seulement par manque d’argent qu’il ne tourne pas en écran large : cette contrainte initiale lui convient en profondeur. L’écran académique 1.37 suffit amplement à la démence intrinsèque de ses sujets : elle maintient dans un cadre classique leur modernisme inné, référentiel, conscient de lui-même mais n’insistant jamais sur cette conscience.  Le spectateur ignorant de l’histoire du cinéma peut visionner un film de Wood au premier degré : il en aura pour son argent. Le spectateur cinéphile pénètre dans un film parallèle, voulu tel par son cinéaste. Simplicité qui favorise, au demeurant, une inspiration originale sous des thèmes classiques, bien renouvelés : on visionne d’une traite chaque film de Wood tant son art narratif est à la fois serré et intelligemment désinvolte. L’oscillation permanente entre premier et second degré est surtout visible esthétiquement dans les films qu’il a lui-même réalisés mais elle est également sensible dans ceux qu’il a écrits ou co-écrits. Il y a quelque chose de foncièrement surréaliste chez Wood : raison pour laquelle il pourrait être comparé, dans l’histoire du cinéma, à Willliam Beaudine.

La Fiancée de la jungle (The Bride and the Beast) - Ed Wood

(1) Note additionnelle sur le Ed Wood (USA 1994) de Tim Burton

Selon certains commentateurs américains, Burton (en dépit du fait qu’il se soit basé sur la biographie de Ed Wood Jr. Nightmare of Ecstasy publiée en 1992 par Rudolph Grey)  aurait pris quelques libertés avec la vérité historique dans sa biogrphie-hommage : il n’est ainsi pas certain que Wood ait rencontré Orson Welles ; la première de Plan Nine From Outer Space n’aurait pas eu lieu au cinéma Pantages ; Bela Lugosi s’est remarié avant de mourir ; il n’a pas lui-même combattu une pieuvre dans La Fiancée du monstre, c’est une doublure qui s’en est chargé ; etc. Elle demeure, cependant, remarquable pour bien des raisons : sa valeur d’histoire du cinéma, concernant les faits authentiques, sa photo N&B qui est très belle, la performance de Martin Landau qui interprète admirablement Bela Lugosi. Rien que sa prestation aurait mérité un prix d’interprétation à Cannes 1995 où le film de Burton fut présenté sans obtenir la moindre récompense.

Coffret Ed Wood – DVD

Éditeur : Bach Films
Date de sortie : 13 janvier 2016

Coffret DVD Ed Wood

Spécifications techniques :
– Image : 1.33:1 encodée en MPG2
– Langues : anglais et français (uniquement sur La Fiancée de la jungle)  en DD 2.0 mono
– Sous-titres : Français
– Durée : 11h
– 6 DVD-9

DVD 1 :

Glen or Glenda - Ed Wood - Affiche Glen or Glenda (USA – 1953) écrit et réalisé par Edward D. Wood Jr avec Bela Lugosi, Lyle Talbot, Dolores Fuller, Edward D. Wood Jr.

Un psychologue raconte à un inspecteur de police, troublé par le cas du suicide d’une transsexuelle qui était lassée de se faire arrêter pour travestissement, deux histoires qui lui permettront de se faire une idée plus précise de la sociologie et de la psychologique des transsexuelles, que la société devrait accepter au lieu de les réprimer. La première est celle de Glen, qui s’habille secrètement en femme, mais qui a peur de le révéler à sa fiancée. La seconde histoire parle d’Alan, un « pseudo-hermaphrodite » qui subit une douloureuse opération pour devenir une femme.

Jail Bait - Affiche - Ed WoodJail Bait (USA – 1954) de Edward D. Wood Jr, scénario de Alex Gordon et Ed. Wood, avec Lyle Talbot, Dolores Fuller, Steve Reeves

Le gangster Vic Brady entraîne le fils d’un chirurgien dans un braquage qui finit par la mort d’un vigile. Puis il fait chanter le père pour une opération chirurgicale qui lui permet de changer de visage.

 

DVD 2 :

La Fiancée du monstre - Coffret Ed Wood - Affiche USLa Fiancée du monstre – Bride of the Monster (USA – 1955) de E.D. Wood Jr., scénario de Alex Gordon et Ed Wood avec Bela Lugosi, Tor Johnson, Tony McCoy, Loretta King, Dolores Fuller

La rumeur court qu’un savant fou, le docteur Eric Vornoff, mène des expériences sur des humains, utilisant l’énergie atomique pour les transformer en surhommes. Un commissaire de police s’intéresse aux disparitions qu’il découvre dans la presse. La journaliste Janet Lawton décide d’enquêter, à ses risques et périls.

8 photos d’exploitation US – Collection Francis Moury

The Violent years - Affiche - Coffret Ed WoodThe Violent Years (USA – 1956) de William Morgan, écrit par E.D. Wood Jr. avec Jean Moorhead, Barbara Weeks, Art Millan, I. Stanford Jolley

La jeune et jolie Paula Parkins, à qui ses riches parents ne portent que peu d’attention, est à la tête d’un gang de filles.

 

 

DVD 3

The Bride and the Beast - Affiche USLa Fiancée de la jungle – The Bride and the Beast (USA – 1958) de A. Weiss, écrit par A. Weiss et E.D. Wood Jr. avec Charlotte Austin, Lance Fuller, Johnny Roth, Eve Brent

Laura est mariée à Dan, mais elle semble plus intéressée par son gorille que par son époux. Lors d’une séance d’hypnose, ils découvrent que Laura était la Reine des Gorilles dans une vie antérieure.

(NB malheureusement, le supplément de Christophe Bier sur les acteurs spécialisés dans les rôles de gorille à Hollywood n’est pas repris sur ce DVD mais on le trouve sur l’édition single 2010 sortie chez Artus Films).

Night of the Ghouls - AfficheNight of the Ghouls (USA – 1959) écrit et réalisé par E.D. Wood Jr. avec Kenne Duncan, Duke Moore, Tor Johnson, Valda Hansen

Le Dr. Acula, un faux médium qui promet à de riches familles d’entrer en contact avec leurs proches défunts, parvient accidentellement à ressusciter réellement un groupe de cadavres.

 

DVD 4

Plan 9 From Outer Space - AffichePlan 9 from Outer Space (USA – 1959) écrit et réalisé par E.D. Wood Jr. avec Bela Lugosi, Tor Johnson, Vampira, Tom Keene, Lyle Talbot

Des extraterrestres transforment des êtres humains en zombies et en vampires afin d’empêcher l’humanité de créer une bombe ultra-puissante qui menacerait tout l’univers.

 

The Sinister Urge - AfficheThe Sinister Urge (USA – 1960) écrit et réalisé par E.D. Wood Jr. avec Kenne Duncan, Duke Moore, Jean Fontaine, Carl Anthony

Le Lieutenant Carson enquête sur une série de meurtres survenant dans le milieu interlope du cinéma érotique clandestin.

 


DVD 5

Orgy of the Dead - AfficheOrgy of the Dead (USA – 1965) réalisé par Stephen C. Apostolof (alias « A.C. Stephen »), écrit par E. D.. Wood Jr. avec Criswell, Fawn Silver, Pat Barrington, William Bates

John et sa petite-amie Shirley partent à la recherche d’un cimetière afin que John trouve l’inspiration pour écrire son prochain roman. Alors qu’ils errent parmi les sépultures, ils assistent à un cérémonial  nocturne organisé par de belles fantômes féminines.

Take it Out in Trade (USA – 1970) réalisé par William Morgan, écrit par E.D. Wood Jr. avec Ed Wood, Donna Stanley, Casey Lorraine, Monica Gayle

Un couple embauche un détective privé pour tenter de retrouver leur fille disparue… (rushes retrouvés de ce film : qualité médiocre de l’image)

DVD 6 – Les bonus :

  • Ed Wood par Stéphane Bougoin : environ une demi-heure, informé et précis, constitue une honnête introduction, émaillée de quelques illustrations et documents, mais assez peu.
  • Le Pire bonus de tous les temps :  mini-documentaire réalisé par Carine Bach et Yannick Delhaye, avec Hideo Nakata, Ben Wheatley, Guy Maddin, Marc Caro, Lucile Hadzihalilovic, Douglas Schulze, Yann Gonzalez, Philippe Lux et Alain Burosse. L’opinion de quelques cinéastes (certains bien connus des habitués de l’Étrange Festival)  et cinéphiles sur Ed Wood.
  • Courts métrages réalisés par Ed Wood :
    Crossroad Avenger (USA 1953 western)  24 Minutes – VOSTF – 1.37 4/3 – Couleurs
    Ed Wood Home Movie (3 Minutes – 4/3 – Couleur). Suivi de très courts métrages parfois publicitaires, d’une ou deux minutes, les « sponsor cards ».
    Portrait of Terror : Final Curtain (USA 1957) 22 min 24 sec.. – VOSTF – 1.37 4/3 – Noir & Blanc
    The Sun Was Setting [Le Soleil se couchait]  (USA 1951) court métrage TV de E.D. Wood Jr. : 13 min42 sec. Version Originale Sous-Titrée Français – 4/3 – Noir & Blanc et certaines chutes du montage (dans lesquels on peut occasionnellement entendre les indications de Wood aux acteurs) rassemblés sous le titre Outakes.
  • Entretien avec Bela Lugosi : 4 Minutes. Version Originale Sous-Titrée Français – 4/3 – Noir & Blanc. Tourné à sa sortie d’une cure de désintoxication à l’hôpital.

Une réflexion sur « Coffret DVD Ed Wood chez Bach Films »

  1. Une précision d’histoire du cinéma : ne pas confondre, en France, Orgy of the Dead [Orgie macabre] (USA 1965) de Ed Wood avec La Orgia de los muertros [Les Orgies macabres] (Esp. 1973) de Jose-Luis Merino avec Maria Pia Conte. Le premier titre d’exploitation est au singulier, sans article sur l’affiche Mondial Films qui fut son distributeur français. Le second est au pluriel avec un article.

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