La Tortue Rouge - Image Une pour Sorties Ciné

Sorties ciné du 29 juin 2016 : Grand écart facial

On se calme et on boit frais. Cette semaine dans les sorties ciné on fait en effet le grand écart entre les suites en veux-tu en voilà qui égaieront la masse décérébrée (oui on a le melon à DC) et une pépite déjà qualifiée de chef-d’œuvre par tous ceux qui l’on vu. Entre les deux il y a la ressortie des dix films constituant Le Décalogue d’un certain Krzysztof Kieslowski et la livraison cannoise qui va bien. Pour le coup, on ferait la fine bouche en affirmant que de choix dans vos salles obscures, il n’y a point.

Box office France – Week-end du 29 juin au 3juillet 2016 – Sources CBOBox office France – Week-end du 29 juin au 3 juillet 2016 – Sources CBO

Camping 3 - AfficheCamping 3 de Fabien Onteniente (France) – 1h45 (Pathé)

Comme chaque été, au Camping des Flots Bleus se retrouvent pour leurs vacances nos amis, Les Pic, Jacky et Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac fidèle à ses habitudes. Cette année, Patrick a décidé de tester le co-voiturage…

Pour continuer sur le mode melon, il est inutile de vous préciser que nous n’allons pas voir ce genre de film. Il y a quelques mois de cela, on pouvait encore compter sur notre ami Stéphane qui a été élevé au bon grain du cinéma populaire français. Aucune condescendance ici. Disons que le bougre est plus excité à l’idée d’aller revoir La Grande vadrouille qui ressort en version restaurée 4K le 13 juillet. Comment ne pas le comprendre ? SG

Ninja Turtles 2 - AfficheNinja Turtle 2 de Dave Green (USA) – 1h52 (Paramount Pictures France)

Michelangelo, Donatello, Leonardo et Raphael sont de retour pour affronter des méchants toujours plus forts et impressionnants, aux côtés d’April O’Neil, Vern Fenwick et d’un nouveau venu, le justicier masqué hockeyeur Casey Jones.

On passe bien gentiment la main. On a déjà trop pleuré des larmes de sang cette année. SG

Conjuring 2 - AfficheConjuring 2 : Le Cas Enfield de James Wan (USA) – 2h13 (Warner Bros. France)

Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s’agira d’une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes…

Le premier nous avait laissé dubitatif pour ne pas dire atone. On va donc laisser les suites à ceux qui apprécient la chose à commencer par les ados qui adorent en profiter pour foutre le bordel dans les salles. Nous, on va se refaire Les Innocents de Jack Clayton qui vient de sortir en Blu-ray chez Potemkine. SG

L'Effet aquatique - AfficheL’Effet aquatique de Sólveig Anspach (Islande – France) – 1h25 (Le Pacte)

Samir, grutier à Montreuil, tombe raide dingue d’Agathe. Comme elle est maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez, il décide de prendre des leçons de natation avec elle, alors qu’il sait parfaitement nager. Mais son mensonge ne tient pas trois leçons or Agathe déteste les menteurs !

Lire notre avis cannois par Nicolas Thys

Une comédie romantique pour le moins atypique où l’élément aquatique et a fortiori la piscine fait office de métaphores multiples : sentiments, géopolitique, etc. Dommage que la deuxième partie (islandaise) présente un rythme beaucoup plus hiératique et in extenso un intérêt plus fluctuant. 3/5 – Stéphane Argentin

La Tortue rouge - AfficheLa Tortue rouge de Michael Dudok De Wit (Pays-Bas) – 1h20 (Wild Bunch Distribution)

Les grandes étapes de la vie d’un être humain à travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux.

Lire notre avis cannois par Nicolas Thys

À l’heure où Pixar ne prend plus vraiment de risques artistiques, se contentant de suites plus ou moins calquées sur leurs œuvres originelles, La Tortue Rouge nous offre un long-métrage animé d’un tout autre calibre. Coproduction franco-belgo-japonais (Studio Ghibli) reprenant à son compte le mythe de Robinson Crusoé, La Tortue Rouge nous conte rien moins que le cycle d’une vie entière au travers de multiples métaphores et autres séquences oniriques d’une fulgurance formelle (aucun dialogue, juste de la musique et des sons) qui laisse pantois d’admiration et au comble de l’émotion. En un mot comme en milles : un chef-d’œuvre. 5/5 – SA

Un film épure à la limite de l’abstraction qui narre l’histoire de l’Homme en lui donnant un sens philosophique et existentiel aussi profond qu’exaltant. La forme précède le message ce qui dans l’animation est extrêmement rare et contribue encore plus au côté quasi unique de cette Tortue Rouge qui navigue en des flots aussi merveilleux que la ligne claire de ses lignes de fuite. Une merveille de tous les instants et de tous les plans. 4/5 SG

Le Décalogue - Affiche 1988Le Décalogue de Krzysztof Kieslowski (Pologne) – 9h32 (Diaphana Distribution)

Inspirés des dix commandements de l’Ancien Testament, dix épisodes de moins d’une heure montrent les habitants d’un immeuble de Varsovie confrontés à des choix moraux majeurs. Comment réagir face au mensonge, à l’adultère, au meurtre ?

J’ai découvert Kieslowski en 1988 avec son film Tu ne tueras point qui avait obtenu le Prix du Jury à Cannes cette même année. C’était une version longue (1h24) spécialement prévue pour le cinéma. Le choc fut total et traumatisant. Encore aujourd’hui j’en garde un souvenir prégnant. Quand Le Décalogue sorti deux années plus tard (entre mars et avril 1990 à raison de deux chapitres par mercredi), ce fut moins vif mais cela permettait de comprendre le dessein d’ensemble d’un Kieslowski qui s’essayait alors à une forme d’architecture de l’âme. Tous les épisodes (car il s’agit bien à la base d’une production destinée à la télé d’où la durée de 60 minutes à chaque fois) ne sont pas au même niveau mais pris dans leur globalité, ils forment un écrin vital et toujours aussi moderne. Il faut bien comprendre que la Pologne de cette époque est de l’autre côté du Mur de Berlin pas encore tombé et que faire du cinéma ou de la télé relève d’un luxe et d’une liberté qu’il faut chèrement acquérir. Et ce même si le pays était alors le fer de lance d’une lutte sans merci personnalisée par Lech Wałęsa et le syndicat ouvrier Solidarność, contre le joug soviétique. Il est vrai aussi que si Le Décalogue peut se voir comme une critique en creux d’une société communiste peu conforme à l’image que voulait renvoyer le bloc de l’Est de l’époque, il reste surtout une topographie de l’Humanité prise dans son universalité. Ce qui en fait donc toujours cet objet indispensable qu’il faut prendre la peine de (re)découvrir comme ici en version restaurée 2K. 4/5 – SG

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