2015 sera peut-être la dernière année où le Blu-ray pourra encore se distinguer sur les linéaires de nos échoppes favorites (ou ce qu’il en reste) avec ses coffrets de noël à foison regroupant pour cette période propice aux achats des regroupements de films reposant souvent sur des thématiques douteuses (gros biceps en sueur, gros bisous baveux, gros kikis forcément turgescents – ah non là c’est parait-il réservé aux Dieux du stade – pré-adultes bourgeonnants enfermés derrière un mur, race blanche à l’assaut de barbus…).
On rigole, on rigole mais dans quelques années que tout cela nous manquera bien fort. Le reflux (non gastrique mais c’est pour bientôt) est d’ailleurs déjà à l’œuvre dans beaucoup de domaines. Fox a par exemple décidé l’été dernier de ne plus éditer Les Simpson en Blu-ray. Et ce n’est qu’un début. Quant aux films dits de répertoire, cela fait un bail que plus personne n’y croit. Alors pourquoi continuer à en sortir ? Déjà, il faut distinguer les éditeurs indépendants des Majors qui eux ont quasi définitivement tiré un trait sur cet aspect du bizness préférant justement laisser aux indépendants qui ont la foi de mettre en valeur leurs (trop ?) riches catalogues. Si le constat est encore plus vrai à l’étranger, il est à subtiliser chez nous.
Chez les « Majors »
Ainsi Universal, dans sa grande bonté, ressort la Trilogie Retour Vers le futur (un best-seller s’il en est), certainement une dernière fois, histoire de bien pressuriser le citron. Les éditions en question proposent un nouveau disque de bonus mais aussi de nouveaux packagings et plein de goodies censés faire repasser à la caisse le collectionneur. On ne s’emmerde même plus avec une nouvelle restauration. Un comble tout de même quand on parle de Blu-ray. Non ? Et les films dans tout cela ?
Plus intéressant est le Spartacus de Kubrick qui pour le coup est annoncé via un nouveau Master et de nouveaux bonus. Et là oui, on trépigne d’impatience de redécouvrir le film dans ce nouvel écrin.
Il y a aussi Warner qui, souvenez-vous, nous proposait encore l’année dernière une édition franco-française de Reflets dans un œil d’or réalisé par sieur Huston. L’année d’avant c’était La Nuit américaine de Truffaut et Le Bal des vampires de Polanski. La branche française semble avoir remisé ces belles initiatives au placard et ne propose plus que des localisations. En septembre ce fut Un après-midi de chien expurgé de son disque de bonus inédit en DVD présent sur les éditions 40ème anniversaire US et UK sorties en même temps. Ce fut aussi le coffret Citizen Kane enfin disponible en mai dernier alors qu’il est édité depuis janvier 2012 aux États-Unis, sans oublier L’Aventure intérieure qui pour le coup est sorti en même temps dans son pays natif. En octobre il s’agira cette fois-ci de faire de même avec le King Kong de 1933 que les américains peuvent s’approprier depuis 2010. Vous me direz, mieux vaut tard que jamais. La petite histoire dans tout cela ne dit pas si les bonus sont sous-titrés français, Warner ne daignant quasiment jamais partager avec nous ses trésors quand de surcroît leur site de presse ne dit rien ou presque, nous on préfère alors faire nos acquisitions sans attendre et à la source.
Au-delà, il sera question d’exhumer une nouvelle fois quelques titres forcément bankables (Goonies en septembre / Blade Runner en octobre / Rio Bravo en novembre) ou un inédit comme Deliverance le 10 novembre dans des boîtiers steelbook sans aucune autre valeur ajoutée. Mais de qui se moque-t-on quand on sait par exemple que le chef-d’œuvre de Boorman existe aux États-Unis chez Warner dans une édition digibook dite 40ème anniversaire depuis juin 2012. Quel est l’intérêt de racheter Rio Bravo annoncé avec les mêmes bonus que la précédente et première édition datant de 2008 ? Et que dire de Blade Runner, certainement la poule aux œufs d’or de la Major en matière de film de catalogue… Le pompon est le coffret Dracula (Dracula et les femmes / Une messe pour Dracula) qui ne reprend en fait que la moitié des titres du coffret Hammer Horror Classics, Volume One qui sort en même temps aux States (6 octobre). Des deux côtés de l’Atlantique pas de bonus mais la possibilité quand même de se les procurer à l’unité quand ici il faut en passer obligatoirement par l’achat du coffret vendu à bas prix certes (14,99€). Ps : Mon ami et estimé collègue Stef me souffle dans l’oreillette de ne pas oublier de parler de Mad Max Fury road quand même… Ben vu qu’on l’a déjà chroniqué, on peut passer à autre chose Monsieur.
Même son de cloche chez Sony Pictures France. Mais là ça va aller encore plus vite puisque la seule sortie excitante est l’Édition 40ème Anniversaire de Monty Python sacré Graal (25 novembre) que l’on espérait de pied ferme depuis qu’elle avait été annoncée durant l’été pour le 27 octobre au pays de l’Oncle Sam. Si l’on se base justement sur l’annonce yankee, on devrait retrouver au sein de cette édition tous les bonus déjà présents sur le précédent Blu-ray datant de 2012 (inédit chez nous) et le DVD collector édité en son temps par… StudioCanal. Des bonus inédits sont annoncés. Quant au master, il s’agira de la restauration utilisée pour le premier Blu-ray mais jusqu’ici inconnu chez nous donc. Par contre, il ne semble pas que l’on aura droit au coffret édition limitée en forme de château avec sa catapulte et ses animaux de ferme…
Rapidement, on s’en voudrait de passer sous silence le fait que chez nos amis ricains, Sony va sortir le 17 novembre La Cité des enfants perdus de Caro et Jeunet qui reste inédit chez nous. Mais aussi le 8 décembre prochain You Can’t Take It With You (Vous ne l’emporterez pas avec vous), un nouveau Capra issu lui aussi d’une restauration 4K après Mr. Smith Goes to Washigton sorti en fin d’année 2014 et dont on attend toujours une hypothétique sortie française alors que l’Allemagne et l’Italie ont eu cette chance.
À part ça, toujours du côté des Majors, c’est un peu la dèche. Chez Disney on a repéré Basil Détective Privé prévu pour le 20 octobre sans aucune précision sur la présence ou non des quelques bonus présents sur l’édition US parue en 2012. Chez Paramount on jettera un voile pudique sur Terminator Genisys mais aussi sur un avenir incertain de la branche vidéo en France quand la Maison mère ressort pour la énième fois My Fair Lady dans une édition 50ème anniversaire. Quant à la Fox, c’est un chouï mieux. On ne va pas s’appesantir sur le coffret Die Hard dit Nakatomi Plaza, sorte d’objet phallique qui au moins ne se cache pas derrière son petit doigt pour tenter de nous la mettre bien profond ou encore sur le repackaging obscène de la saga Star Wars alors que l’on attend tous désespérément la sortie en Blu-ray de la trilogie vierge et originelle. Non mais on a les yeux de chimène pour la ressortie de Edward aux mains d’argent qui va se décliner en deux éditions, l’une forcément limitée et l’autre standard que Fox France annonce pour le 2 décembre. Le film a bénéficié d’une restauration 4K à l’occasion de son 25ème anniversaire ce qui devrait faire vite oublier l’image assez terne et délétère de la première édition de 2008. On annonce 30 minutes de bonus inédits. On espère que l’excellent commentaire audio de Burton sera toujours de la partie. Enfin, si aux États-Unis l’édition limitée s’accompagne de goodies de circonstance (une frise de poupées en papier, un moule en forme de cœur et un pendentif que l’on peut accrocher à son rétro de bagnole aux senteurs d’herbe fraîchement tondu – Sic !), la localisation française ne semble proposer qu’un packaging steelbook certainement du plus bel effet mais qui à notre avis ne semble pas justifier les 5 euros supplémentaires par rapport à l’édition standard annoncée à 14,99€.
On précisera enfin que Fox US a sorti le 22 septembre un coffret de la mort qui tue de The Rocky Horror Picture Show à l’occasion de son 40ème anniversaire (oui cela fait beaucoup d’anniversaire tout cela). Pas de nouveau master ici mais des goodies de malade (à l’image du film) et des bonus à l’avenant. Pour qui aime le film et qui a déjà toutes les autres éditions, ce n’est pas forcément un must have. Mais pour le fan invétéré forcément oui.