La filmographie de John Carpenter en Ultra HD s’agrandit lentement mais sûrement, mois après mois, année après année (siècle après siècle aussi non ? / Note du relecteur). Et s’il y a encore un bout de chemin à faire avant de pouvoir (re)voir l’intégralité de ses long-métrages sur le support, la sortie de The Thing en Blu-ray 4K Ultra HD constitue assurément un événement très attendu pour tous les (home)cinéphiles. À défaut d’être parfaite, l’édition UHD de ce huis clos polaire n’en demeure pas moins chaudement recommandable.
The Thing - Édition boîtier SteelBook - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.
Testé à partir de checkdics fournis par l’éditeur et d’une édition définitive achetée dans le commerce.
Est-il vraiment utile de présenter The Thing, ce film culte de Carpenter, pour ne pas dire le joyau de sa filmographie ? Un long-métrage qui éclipsa (je te laisse l’entière paternité de ce début de phrase / Ndr) la version officieusement réalisée par Howard Hawks 30 ans plus tôt grâce à la réunion de talents devant mais aussi et surtout derrière la caméra : Carpenter à la mise en scène, le regretté maestro italien Ennio Morricone à la musique, sans oublier un certain Rob Bottin, jeune padawan de Rick Baker sur Le Loup-Garou de Londres (1981) dont les effets visuels ont fait date dans l’histoire. Et pourtant, en dépit de ses innombrables qualités, The Thing fut un flop à sa sortie en salles en 1982 ($20M de recettes U.S. et 560 000 entrées France), le public de l’époque lui préférant une vision extra-terrestre moins effrayante et plus « chamallow » avec le film de Steven Spielberg qui connaîtra un véritable triomphe au box-office ($360M de recettes U.S. et près de 8M d’entrées France, auxquels s’ajouteront les chiffres des différentes ressorties ultérieures).
Et si le gentil E.T. de tonton Spielberg se revoit toujours avec le même petit pincement au cœur 30 piges plus tard, que dire de la terreur engendrée par l’alien de Big John ? Entre les mains d’artisans talentueux, ce xénomorphe capable d’infecter n’importe quel hôte aboutit à ces 110 minutes de frissons en forme de huit clos parano au climat anxiogène. Pire encore : on a beau connaître le film par cœur, on se cramponne aux accoudoirs et/ou au premier coussin venu (évitez d’agripper le chat ou autre animal de compagnie !) avant même que ne survienne la séquence dite du « test sanguin » au lance-flammes. C’est dire si The Thing exerce aujourd’hui encore son pouvoir de « terreur alien ultime » (comme le vantait l’accroche de l’affiche d’époque) avec toujours la même maestria.
De haut en bas :
- Blu-ray – Édition Universal 2008
- Blu-ray – Édition Shout Factory 2016 (Master 2K)
- Blu-ray – Édition Arrow 2017 (Master 4K)
- Blu-ray 4K UltraHD – Édition Universal 2021 (Master 4K)
Un pouvoir de fascination qui se retrouve jusque dans les multiples (ré)éditions de The Thing sur support home-cinéma, notamment dans les pays anglo-saxons. Si cette frénésie est bien moindre en France avec en tout et pour tout une seule et unique parution Blu-ray en 2008, outre-Manche et outre-Atlantique, les éditions se sont démultipliées au cours de la dernière décennie, tout particulièrement sous l’impulsion de deux éditeurs spécialistes de ce genre de films que sont Arrow et Shout Factory. Special, Deluxe, Collector, Limited, les qualificatifs n’ont cessé de fleurir à l’occasion de chacune de ces rééditions. Alors histoire de faire un peu le tri dans tout ça et de ne pas nous cantonner à un banal comparatif à la va-vite entre les deux galettes présentes au sein de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD, à savoir un Blu-ray 1080p identique à celui de 2008 et un Blu-ray 4K, nous avons retenu deux autres éditions qui nous ont semblé suffisamment majeures pour avoir droit de cité au sein de ce test : les éditions Shout et Arrow parues respectivement en 2016 et 2017. Ce qui au final va donc nous amener à parler des quatre éditions suivantes :
- Le Blu-ray paru en 2008 (en France et un peu partout dans le monde) chez Universal.
- Le Blu-ray paru en 2016 aux U.S. chez Shout Factory et annoncé comme issue d’un scan 2K de l’interpositif supervisé et approuvé par le directeur de la photographie Dean Cundey.
- Le Blu-ray paru en 2017 au Royaume-Uni chez Arrow et annoncé issu d’une nouvelle restauration 4K supervisée et approuvée par John Carpenter et Dean Cundey à partir d’un scan 4K du négatif caméra d’origine.
- Le Blu-ray 4K paru en 2021 chez Universal et pour lequel nous n’avons pas trouvé de détails aussi spécifiques sur le sujet mais sur lequel nous revenons juste après.
Expédions illico le cas du Blu-ray paru en 2008 chez Universal qui « faisait le job » à l’époque mais n’en demeure pas moins maculé par bon nombre de scories de pelloche. L’édition Shout Factory de 2016 gomme en partie ou totalement ces défauts mais avait en son temps suscité moult débat sur le réétalonnage colorimétrique parfois très prononcé de certaines séquences. En résultait alors des plans entiers qui viraient aux teintes bleutées certes plutôt en phase avec le climat polaire de la station antarctique où se déroule l’action de The Thing mais qui tranchaient néanmoins assez « violemment » avec la vision précédente. Difficile toutefois de jeter la pierre sachant que ce nouveau master avait été supervisé et approuvé par le directeur de la photographie. L’édition Arrow de 2018, adoubée par ce dernier accompagné cette fois par John Carpenter en personne, renouait toutefois avec l’approche colorimétrique originelle et plus proche de la vision de 2008. Ajoutez à cela une toute nouvelle restauration 4K issue d’un scan 4K du négatif original et non plus en 2K à partir de l’interpositif et l’on aboutissait alors à un master bien plus propre (même si certaines scories subsistaient) et un niveau de définition plus pointue. Seul ombre au tableau : un recours de toute évidence bien trop appuyé au DNR qui lissait de façon trop prononcé le rendu final.
Place à présent au Blu-ray 4K de 2021 édité par Universal qui nous propose une image au format 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p HDR10 à partir d’un scan 4K du négatif original. Nous pourrions bien volontiers arguer que l’image n’est pas proposée dans son format d’origine 2.39:1 mais ce serait là un maigre pinaillage au regard des autres qualités de ce nouveau master qui selon nos propres constatations, bien que très proche de celui élaboré par Arrow en 2017, n’en demeure pas moins différent. À cela plusieurs constatations : tout d’abord le cadrage qui propose selon les plans un peu plus ou un peu moins d’image de-ci de-là. Des différences à peine perceptibles dans certains cas mais nettement plus prononcés dans d’autres. Quoi qu’il en soit, aucune de ces quatre éditions ne propose le même cadrage d’un plan à l’autre donc bon courage pour faire y retrouver son alien. Ensuite certains défauts de copie qui étaient encore visibles sur le master Arrow de 2017 ont bel et bien été gommés. Comme par exemple cette scorie verticale orangée à 3min 29s sur ce plan du husky en pleine course poursuivi par l’hélicoptère de l’équipe norvégienne au cours de cette mémorable scène d’ouverture. Enfin, l’utilisation intensive du DNR n’est plus que de l’histoire ancienne et ce nouveau master de 2021 renoue avec le grain argentique du tournage pelloche 35mm de l’époque comme on les aime.
Enfin, sur le plan colorimétrique, l’ensemble tend à renouer avec l’approche de 2008 tout en apportant ça et là de subtils renforcements bleutés mais sans pour autant verser dans les excès observés sur le master de 2016 (comme si la présence de Carpenter aux côtés de son DP avait en grande partie modéré les changements chromatiques opérés en 2016). À cela s’ajoute un nouvel étalonnage HDR10 (certains regretteront sans doute l’absence d’un étalonnage Dolby Vision et/ou HDR10+), la précision du master 4K et un encodage sans défaut apparent. En résulte une définition aussi pointue lors des plans larges de l’Antarctique que des gros plans sur les visages (où l’on pourrait presque désormais compter les poils de la barbe hirsute de Kurt Russell), des couleurs richement saturées et contrastées qui offrent une parfaite lisibilité lors des séquences en basse lumière (cf. cette première apparition de la chose lors de la séquence dans l’enclos des chiens à la 30ème minute), sans oublier les nombreux trucages de Rob Bottin qui n’ont jamais paru aussi délicieusement repoussants et vous aboutissez alors à l’image de The Thing la plus pointue qu’il nous ait été donnée de voir à date. Certes, il reste bien ça et là quelques plans moins définis, notamment ceux à base de trucages optiques (on pense par exemple à cette séquence de découverte du vaisseau alien à la 38ème minute) mais il s’agit là des trucages « d’époque » qui seront toujours restitués tel quel, peu importe la résolution de l’image (2K, 4K, 8K). À moins d’opérer un lifting (CGI) complet de ces derniers, ce que les puristes ne sauraient bien entendu tolérer.
Côté son, la VO est désormais proposée en DTS:X sur le Blu-ray 4K tandis que le Blu-ray 1080p propose toujours la VO en DTS-HD Master Audio 5.1. Cette nouvelle piste DTS:X apporte un petit plus même s’il ne faudra pas pour autant s’attendre à une révolution acoustique. La séquence d’ouverture permet ainsi au célèbre thème musical composé par Ennio Morricone de profiter dès les premières minutes d’une très belle présence sur toutes les voies tandis que les tirs de carabine donnent lieu à des déflagrations perceptibles jusque dans les Surrounds au même titre que l’explosion de cette grenade à 7min 38s. Tout au long du film, les effets multicanaux seront ainsi les bienvenus à défaut d’être omniprésents tandis que la dernière partie où les quelques survivants se lancent dans une opération « terre brûlée » se révèlera nettement plus explosive. Plus en retrait même si elle ne s’en sort pas trop mal, la VF doit quant à elle se contenter de la même piste DTS 5.1 mi-débit depuis des lustres quel que soit le support. Les puristes regretteront sans doute l’absence de la piste VO 2.0 stéréo (PCM ou DTS-HD MA) que l’on pouvait trouver sur les éditions Shout et Arrow.
Côté bonus, sachant que le disque Blu-ray 1080p présent au sein de cette édition 4K Ultra HD est identique à celui de l’édition parue en 2008, ce sont donc sans surprise les mêmes suppléments que l’on retrouve ici et notamment l’excellent making of de 84min ainsi que le commentaire audio en compagnie de John Carpenter et Kurt Russell auxquels s’ajoutent les autres bonus d’époque (photos, storyboards, vidéos d’archive, etc.). Dans l’ensemble, l’interactivité est donc plus que convaincante mais loin d’égaler celle que l’on peut trouver sur les éditions Shout et Arrow. On pense notamment à l’édition Arrow dite « Limited » triple disques, désormais introuvable à un tarif « raisonnable » qui contient d’innombrables nouveaux documentaires vidéo ainsi qu’un deuxième commentaire audio (le tout en VO sans le moindre sous-titre bien sûr). La question que certains se poseront alors est de savoir pourquoi Universal n’a pas repris tous ces bonus au sein de cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de The Thing en vue de proposer l’édition Ultime pour tous les aficionados du long-métrage de Carpenter ? Shout / Arrow conservent-ils jalousement leurs précieux bonus dont ils ne veulent céder les droits à personne ? En demandent-ils une somme que Universal a jugé déraisonnable en termes de retour sur investissements. ? Ou bien tout simplement la major à la mappemonde ne s’est-elle même pas donnée la peine de s’enquérir des conditions en vue d’inclure ces nouveaux bonus au sein de sa propre édition 4K ? La réponse se situent peut-être au confluent de ces trois possibilités.
Toujours est-il qu’en l’état actuel, si vous êtes l’heureux possesseur du matos ad hoc, cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de The Thing délivre les meilleures prestations audio-vidéos à date pour (re)découvrir ce chef-d’œuvre de Big John. À condition de pouvoir mettre la main sur l’édition Steelbook parue en France qui se monnaie déjà à prix d’or à l’heure où nous rédigeons ces lignes. Il vous faudra donc soit opter pour une édition import (mais sans boîtier Steelbook), soit patienter jusqu’à un hypothétique réassort dans les mois à venir.
Les plus
- L’un des joyaux de la filmo de Big John, si ce n’est son chef-d’œuvre absolu.
- Le nouveau master 4K de 2021 constitue à date le nec plus ultra pour (re)voir le film.
- Un boîtier Steelbook, c’est toujours plus classe.
- Une interactivité généreuse…
Les moins
- … Même si les éditions Shout / Arrow sont bien plus fournies en la matière.
- Le même Blu-ray qu’en 2008 dépourvu du nouveau master 4K, mais pourquoi donc ?
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
- Packshot absent
The Thing – Édition Blu-ray 4K Ultra HD
Résumé : Une base américaine isolée dans l’Antarctique est attaquée par un hélicoptère cherchant à abattre un chien de traîneau. L’engin neutralisé, les américains découvrent qu’il provient d’une base voisine récemment détruite. Placé dans le chenil, le chien provoque la panique des autres animaux…
Disque 1 : The Thing en Blu-ray 4K Ultra HD
Spécifications techniques :
- Image : 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p HDR10
- Langues : Anglais DTS:X, Français DTS 5.1
- Sous-titres : Français, Anglais
- Durée : 1h 48min 35s
Bonus (HD et VOSTF) :
- Commentaire audio de John Carpenter et Kurt Russell
- La terreur prend forme (83min 53s)
- Scènes coupées (4min 08s)
- Bande-annonce (2min 04s)
Disque 2 : The Thing en Blu-ray
Spécifications techniques :
- Image : 2.35:1 encodée en VC-1 1080/24p
- Langues : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1, Français DTS 5.1
- Sous-titres : Français, Anglais
- Durée : 1h 48min 34s
Bonus (HD et VOSTF) :
- Commentaire audio de John Carpenter et Kurt Russell
- The Thing de John Carpenter : La terreur prend forme (84min, SD)
- Archives du tournage (4min 50s, VO)
- Photos des acteurs (2min 30s, VO)
- Décors et story-boards (8min 40s, VO)
- Dessins des lieux de tournage (11min 20s, VO)
- Archives de production (10min 10s, VO)
- L’ovni :
- Image par image (7min 50s)
- Animation (2min 20s, SD)
- Le monstre de Blair
- Image par image (7min 20s)
- Animation (58s, SD)
- Bêtisier
- Image par image (1min 10s)
- Animation (4min 06s, SD)
- Postproduction (4min 40s, VO)
- Bande-annonce (1min 52s, SD)
Captures Blu-ray – Édition Universal 2008
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Captures Blu-ray – Édition Shout Factory 2016 (Master 2K)
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Captures Blu-ray – Édition Arrow 2017 (Master 4K)
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Captures Blu-ray 4K Ultra HD –Édition Universal 2021 (Master 4K)
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