Le Pacte des loups (2001) de Christophe Gans - Blu-ray 4K Ultra HD

Le Pacte des loups hurle (de bonheur) à la 4K

Sorti en 2001, Le Pacte des loups fit un carton dans les salles obscures avec plus de 5 millions de spectateurs (5 114 200 pour être exact). Une année d’ailleurs faste pour le cinéma hexagonal puisque cinq long-métrages français se hissèrent dans le top 10 annuel pour des scores qui oscillaient entre 4 et 9 millions d’entrées. Vingt ans plus tard, le long-métrage de Christophe Gans fait peau neuve à l’occasion d’une édition Blu-ray 4K Ultra HD Collector qui, comme le veut l’expression, met les petits plats dans les grands et coche (presque) toutes les cases de l’excellence en matière de parution sur le support.

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Le Pacte des loups - 20ème Anniversaire - Édition Collector Limitée Steelbook - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray + 3 DVD bonus + Storyboard

Éditeur :Metropolitan Vidéo
Sortie le :21 octobre 2022  
Catégorie :Collector | Steelbook

Test Blu-ray 4K Ultra Haute Définition
Image (4K) :
Image (2K) :
Son :
Bonus :

Le Pacte des loups en Blu-ray 4K Ultra HD

Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.

Testé à partir de checkdiscs fournis par l’éditeur.

« Le public était prêt à recevoir cette espèce de mixture »

Nous ne reviendrons pas sur Le Pacte des loups, son accueil critique mitigé dans l’ensemble même si avec le recul Christophe Gans relativise au regard de la façon dont Cimino et McTiernan servirent de cible à l’époque à une certaine presse alors qu’aujourd’hui leurs films sont encensés*. Le public quant à lui était fin prêt à accueillir ce « Matrix en costumes » comme le vendait Samuel Hadida, producteur du film, dont le script rédigé au sein de la cellule Canal Plus Écriture fut d’abord envoyé à Laurent Boutonnat (connu entre autre pour avoir réalisé de nombreux clips de Mylène Farmer depuis bientôt 40 ans) puis à Christophe Gans qui fut le premier à y répondre favorablement, grillant ainsi la politesse à Boutonnat. Le cinéaste qui n’avait alors qu’un seul long-métrage à son actif, Crying Freeman (1996), vit là l’occasion rêvée d’insuffler tout son amour du cinéma, depuis le Cartouche (1962) de Philippe de Broca jusqu’au Chien des Baskerville (1959) de Terence Fisher en passant par La Rage du tigre (1971) de Chang Cheh, Le Dernier des Mohicans (1992) de Michael Mann, la série des Angélique sans oublier le western. Bref, une « mixture » improbable mais non moins « généreuse » dixit Gans lui-même que le public était prêt à recevoir.

De haut en bas :

  • Blu-ray – Édition StudioCanal 2008 (idem pour l’édition Shout Factory 2021)
  • Blu-ray – Édition Metropolitan 2022 (Master 4K)
  • Blu-ray 4K UltraHD – Édition Metropolitan 2022 (Master 4K)

Des propos et une analyse fort pertinente que l’on peut découvrir dans une toute nouvelle interview passionnante et passionnée de près de 90 minutes de Christophe Gans par Jean-Baptiste Thoret enregistrée au Musée Fragonard. Et si le succès fut au rendez-vous, le cinéaste, qui n’en revient toujours pas qu’on l’ait laissé faire Le Pacte des loups, l’attribue avant tout à un alignement des astres : le public d’une part, le distributeur (StudioCanal) d’autre part mais aussi et surtout le producteur, Samuel Hadida disparu en 2018, qui n’hésita pas à « mouiller sa jaquette » pour faire aboutir ce film populaire à grand spectacle très onéreux (32 millions d’euros, soit une fortune pour une production française il y a 20 ans de cela. À titre de comparaison, le Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat qui sortira l’année suivante bénéficiera d’un budget de 50 millions d’euros). Quant à savoir pourquoi d’autres films dans la même veine que Le Pacte des loups ne lui emboitèrent pas le pas, le cinéaste répond très sèchement que « beaucoup de producteurs n’ont pas envie de se faire chier. Pour eux, leur fonction consiste à faire des allers-venues entre le distributeur, les télés et la banque et d’escompter du papier ». Voilà qui est dit !

Le Pacte des loups fut un film très difficile à faire, notamment en raison des conditions climatiques. À la fin de sa première journée de tournage, la production avait déjà une semaine de retard sur le planning. À cela s’ajouta le fait que Vincent Cassel était retenu sur le tournage des Rivières pourpres, lui aussi en retard. Pour alléger le plan de travail, Christophe Gans proposa à Samuel Hadida de retirer certaines scènes avec Monica Bellucci qui refusa catégoriquement car le film était déjà vendu en Italie où la comédienne est très populaire. Pour autant, hors de question pour Gans de sacrifier les personnages féminins ou encore celui de Mani qui ont tous droit à un traitement de faveur. Quoi de plus normal après tout puisque d’une part Mark Dacascos, qui tenait le premier rôle de Crying Freeman, est aux yeux de Gans l’incarnation de son héros d’enfance Bruce Lee, et d’autre part car le cinéma est pour lui « une déclaration d’amour aux femmes ». Ce n’est pas un hasard si Gans cite aussi souvent ses trois films favoris que sont Sueurs froides (1958) d’Alfred Hitchcock, Casablanca (1942) de Michael Curtiz et Seuls les anges ont des ailes (1939) de Howard Hawks, des « films sur des hommes qui cherchent des femmes ».

Mais là où cette interview prend véritablement toute son ampleur, c’est lorsque Thoret et Gans prennent de la hauteur pour évoquer le Septième Art dans sa globalité. À commencer par le fait que Le Pacte des loups est aussi un film sur la nostalgie du cinéma d’antan, celui des années 60/70 où celui-ci jouait le rôle d’apprentissage de la vie. Gans cite ainsi James Gunn ou encore Edgar Wright qui font partie de cette génération qui n’a connu que le cinéma, le restitue avec passion et qui, selon ses dires, seront les derniers là où la génération d’avant, les derniers géants du classicisme (Scorsese, Spielberg), sont en train de s’effacer. Gans déclare ainsi ne plus ressentir la même émotion devant les films des jeunes cinéastes contemporains et de déclarer que « le cinéma en tant qu’expérience de la salle était l’art du 20ème siècle ».

Un cinéma dit « populaire » que l’on assimile trop souvent à un cinéma écervelé, lui qui a grandi à une époque où les ados avaient des posters de Bruce Lee et de Shaft accrochés dans leur chambre, donc des héros « de couleurs ». Et Gans de rappeler fort à propos que la thématique sous-jacente de son film reste (hélas) d’actualité avec sa secte aux idéologies (politiques) extrémistes. Quant à la thématique de la bête, les monstres sont des créatures semi-divines très belles aux yeux de Gans et seul l’homme est capable d’engendrer des « bêtes » comme celle du film. D’où l’importance pour lui de cette ultime séquence où l’on découvre l’œil et la langue de la bête du Gévaudan, conçus en animatronique par le mythique studio Jim Henson (Dark Crystal, Labyrinthe).

« Je suis tellement énervé par les réalisateurs qui s’amusent à tripatouiller leur film »

Une autre chose est monstrueusement belle à l’insertion des galettes dans le lecteur, c’est le soin dont a fait l’objet Le Pacte des loups pour cette sortie en Blu-ray 4K Ultra HD. Oubliez la précédente édition Blu-ray sortie chez StudioCanal en 2008, ainsi que celle sortie chez Shout Factory aux États-Unis en 2021 qui repartait du même master. Et pour cause, Christophe Gans précise qu’il s’agissait là « d’un gonflage de la version standard, ce qui explique qu’il est moins beau que le DVD. Il n’y a jamais eu de version haute définition ». Le cinéaste n’a jamais approuvé ces sorties Blu-ray contrairement à cette toute nouvelle restauration image et son qui fut l’occasion pour lui de revoir Le Pacte des loups avec le recul, sans penser au tournage. Un film qu’il n’avait par ailleurs pas revu en entier depuis sa sortie en salles et dont la redécouverte fit avant tout surgir un grand sentiment de tristesse à l’égard des comédiens qui nous ont quitté depuis : Hans Meyer, Jean Yanne, Jean-François Stévenin, Philippe Nahon.

Cette restauration à laquelle Christophe Gans et le monteur Sébastien Prangère (l’autre monteur du film, David Wu, étant bien connu des cinéphiles hongkongais) prirent une part active fut également l’occasion de « rectifier » certains aspects de la post-production de l’époque. À commencer par l’étalonnage numérique puisque, comme nous le rappelle le cinéaste, Le Pacte des loups fut l’un des tous premiers films à « essuyer les plâtres » de ce nouveau procédé (l’autre étant Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet sorti en salles quelques mois plus tard). Le processus de restauration a ainsi permis de faire ressortir une foultitude de détails qui avaient été « enterrés » à l’époque, de refaire certains effets de fondus enchaînés ou encore de « retravailler » certains effets spéciaux comme le stipule l’encart qui apparaît au lancement du film. Mais attention, n’allez pas vous méprendre pour autant car si Christophe Gans précise bien « qu’il y a plein de choses que je ferais autrement aujourd’hui, il y a des plans qui sont en trop dans le film », loin de lui l’idée d’altérer sa création. Et Gans de s’empresser d’ajouter que « le film ne m’appartient plus, je suis tellement énervé par les réalisateurs qui s’amusent à tripatouiller leurs films ». Loin de lui donc l’idée d’imposer une version « révisée » et c’est bien la même version dite longue de 2h30 que celle déjà éditée en DVD et en Blu-ray que l’on retrouve ici, là où la version sortie dans les salles ne devait pas dépasser les 2h20 afin de pouvoir bénéficier d’une séance quotidienne supplémentaire.

Si à l’époque Le Pacte des loups avait fait l’objet d’un travail de post-production 2K, nous sommes désormais en présence d’une toute nouvelle post-production 4K et in fine d’une image au format 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision obtenue à partir d’un scan 4K des négatifs originels (pour plus de détails sur ce process complexe qui va bien au-delà d’une « simple » restauration, on vous invite à cliquer sur la vidéo ci-dessus). À toutes fins utiles rappelons que le directeur de la photo du film n’est autre que Dan Laustsen, le même qui a collaboré à plusieurs reprises avec Guillermo del Toro et notamment ses deux derniers longs à date, La Forme de l’eau (2017) et Nightmare Alley (2021), qui lui vaudront d’ailleurs deux nominations aux Oscars de la meilleure photographie, et qui retravailla avec Christophe Gans sur Silent Hill (2006). Sur Le Pacte des loups, son travail a couvert littéralement toutes les variantes du spectre colorimétrique, depuis les extérieurs sous une pluie battante dans un bleu froid jusqu’aux intérieurs bourgeois cosy faits de boiserie et de tentures rouges (tout comme les costumes des personnages) en passant par la forêt verdoyante, l’hiver et son blanc manteau neigeux (à partir de la 45ème minute), sans oublier les nombreuses séquences en basse luminosité en pleine nuit tel que l’affrontement final entre Fronsac (Samuel Le Bihan) et la secte ou encore ces grottes où la bête est retenue captive, le tout éclairé à la torche.

Le Pacte des loups (2001) de Christophe Gans - Édition Metropolitan 2022 (Master 4K) - Capture Blu-ray 4K Ultra HD

Si les superlatifs sont souvent de mise dès lors qu’un film dit de patrimoine fait l’objet d’une excellente restauration, ils viennent ici rapidement à manquer tant le résultat flatte indubitablement la rétine du (home)cinéphile. (Re)découvrir Le Pacte des loups dans de telles conditions est juste prodigieux. Tout d’abord le master est d’une propreté immaculée là où pas mal de petites scories venaient égratigner l’édition précédente. Le prologue en pleine révolution française en compagnie du regretté Jacques Perrin donne d’ailleurs le LA avec un magnifique rendu jaune et surtout une splendide restitution de la granulosité du tournage 35mm originel. On adore. Lorsque le récit pénètre ensuite sur les terres du Gévaudan (2min) avec ce travelling aérien entre le ciel (bleu clair) et la terre (mélange de boue, d’herbe et de rochers) avant que la caméra ne se fige sur le visage ruisselant de sang de la future victime dans une séquence hommage aux Dents de la mer, tous les indicateurs sont aux verts : la profondeur de champ lors des plans larges, la précision lors des gros plans sur le visage de la bergère. Les mêmes qualités sont de mise lors de la troisième séquence qui introduit le duo Fronsac / Mani (mis en avant sur l’affiche à la façon de Batman & Robin dixit Gans), relecture directe d’un western où la pluie battante et le combat aux poings et aux pieds ont remplacé la chaleur écrasante des déserts et les duels aux colts.

Soit autant de séquences d’une beauté visuelle magistrale, le tout avec une compression qui sait se faire oublier. Pourtant, en regardant les indications fournies par notre Oppo UBD-203 EU au cours de ces premières minutes, on a tout d’abord eu tendance à tiquer un peu puisque le bitrate moyen oscille alors entre 20 et 40Mb/s. Ce qui est somme toute assez peu pour du 2160/24p HEVC Dolby Vision. Pour autant, nous n’avons relevé aucun problème de compression au cours de ces trois séquences ni même sur le reste du film où, selon les plans / scènes, le bitrate revient à des taux nettement plus élevés (aux alentours des 80/90Mb/s). Preuve si besoin était que de simples analyses chiffrées ne font pas tout et qu’il faut aussi et surtout s’en tenir à ce que l’on voit. Et de ce que nous en avons vu, il n’y a rien à redire niveau encodage.

Nous passerons également rapidement sur le gigantesque bond qualitatif qui sépare le précédent master utilisé pour l’édition Blu-ray de 2008 (du SD gonflé faut-il le rappeler) de ce tout nouveau master 4K : cadrage qui laisse apparaître bien plus d’image dans les quatre directions, précision d’un tout autre niveau (entre de la SD et du 4K le contraire eut été étonnant) tandis que les couleurs qui nous semblaient pourtant de bonne tenue jusque-là paraissent désormais bien pâlichonnes face au nouvel étalonnage resplendissant. Nous ne rentrerons pas ici dans le sempiternel débat qui ressurgit à chaque nouvelle restauration 4K à longueur de forums et autres réseaux sociaux de ceux qui, à la simple comparaison des captures qui illustrent les articles, diront une fois encore « préférer l’ancien master (et ses teintes atones) plutôt que ce nouveau master et son image trop jaune ». Nous nous contenterons une fois de plus de rappeler que ces captures ne sauraient restituer le véritable rendu sur un matériel ad hoc, à commencer par celles du Blu-ray 4K certes en résolution native 3840 x 2160 pixels mais qui ne peuvent restituer l’étalonnage HDR et a fortiori Dolby Vision. À bon entendeur !

Pour en revenir à nos moutons (il y en a un en plan serré dans le film dont nous avons d’ailleurs fait une capture), Le Pacte des loups nous a littéralement laissé sur le flanc durant 2h30 : cette scène au coin de la cheminée avec un somptueux travail sur les éclairages et les zones d’ombre, sublimé par l’étalonnage Dolby Vision (9min), cette immense pièce à l’atmosphère feutrée et boisée où se trouvent réunis pour la première fois tous les personnages du récit (15min), cette séquence où Fronsac fait la cour à Marianne (la toute jeune Émilie Dequenne) au bord d’un balcon sur fond de coucher de soleil (17min). Nous pourrions quasiment citer toutes les séquences du film tant le sentiment qui ressort de cet énième visionnage est celui d’une redécouverte totale. L’image est précise (au point que l’on peut enfin distinguer les lentilles de contact de différentes couleurs portées par Monica Belluci que Christophe Gans pointe du doigt dans les suppléments), granuleuse comme on l’aime et les couleurs sont saturées et contrastées à souhait depuis le blanc des décors en marbre jusqu’au noir bien dense de la cape et de la monture de Jean-François de Morangias (Vincent Cassel). Enfin, les séquences où l’on aperçoit la bête tout en CGI de pied en cape (ex : à la 85ème minute lorsque Fronsac et Marianne se retrouvent en secret) n’ont nullement été retouchées, seul l’étalonnage a été retravaillé en vue d’aboutir à des plans plus « soignés ». Tout juste avons-nous décelé çà et là quelques plans moins aboutis, comme par exemple lors de l’intermède versaillais (73min) et notamment ce plan large aérien sur le château et ses jardins qui introduit la séquence. Un plan d’une fraction de seconde qui n’altère en rien la très forte impression générale que nous a laissé cette toute nouvelle restauration 4K jusque dans cet ultime et sublime plan large final de Fronsac et Marianne sur un navire qui vogue en pleine mer.

Le même soin a été apporté au son qui bénéficie désormais d’une toute nouvelle piste française Dolby Atmos là où l’édition Blu-ray précédente proposait du DTS-HD Master Audio 5.1. Précisons avant toute chose que, bien que vendu comme « un blockbuster à la française », Le Pacte des loups ne dispose pas d’une bande-son dévastatrice au sens « hollywoodien » du terme. Entendre par là que tout pète dans toutes les enceintes avec force décibels toutes les 10 minutes. Ce qui ne l’empêche aucunement d’avoir fait l’objet de toutes les attentions en vue d’exploiter l’ensemble des possibilités multicanales. Et la pancarte en ouverture du film de nous préciser que Cyril Holtz, monteur son du film, a pris part à ce nouveau mix Dolby Atmos.

Dire que le résultat est lui aussi enjôleur serait un doux euphémisme puisque les cris de la révolution qui gronde sous les fenêtres se font entendre dans tous les canaux dès la séquence d’ouverture tandis que la voix off claire et limpide de Jacques Perrin, magnifique voix de conteur dixit Gans (on plussoie à 100%), reviendra ponctuer le récit à intervalles réguliers. Les somptueuses compositions signées Joseph LoDuca et notamment ses partitions à cordes façon western bénéficient quant à elles d’une magnifique amplitude dans toutes les voies. Toutes les séquences d’action utilisent elles-aussi tous les canaux disponibles, basses comprises, depuis la toute première sous une pluie battante (4min) jusqu’à l’ultime combat façon duel de jeu vidéo entre Fronsac et Morangias (130min). Sans oublier bien sûr toutes celles en compagnie de la bête depuis son arrivée hors-champ et ses bruits de pas (façon T-Rex de Jurassic Park) qui viennent très légèrement taper dans le caisson de basses (77min) jusqu’au méga affrontement (95min) face au trio Fronsac / Mani / Apcher (Jérémie Renier). Les connaisseurs apprécieront également à leur juste valeur certains passages spécifiques qui savent eux-aussi exploiter tous les canaux disponibles. Comme cette séquence où les voix des différents témoignages tournoient sur toutes les voies lorsque Fronsac se les remémore pour tenter de percer le mystère (62min) ou encore cette scène d’explosion de citrouilles (88min). Une bien délicieuse sensation nous envahit donc là encore tout au long du film à l’écoute de cette bande-son jusqu’à la chanson finale, Once interprétée par Felicia Sorenson, qui emplit une dernière fois toutes les voies autour du home-cinéphile.

Si beaucoup (d’articles) se focalisent (presque) exclusivement sur l’image et le son lorsqu’il s’agit d’édition Blu-ray et a fortiori Blu-ray 4K, il conviendrait de ne pas oublier pour autant que depuis l’avènement du DVD il y a 20 piges (certains remonteront même jusqu’aux éditions LaserDisc dans les années 90, coucou Criterion), une belle édition vidéo ne se cantonne pas à des prestations audio-vidéo de qualité mais que l’interactivité a également son mot à dire (sans oublier le packaging). De ce point de vue, Metropolitan a là aussi fait les choses en grand. Et Le Pacte des loups de bénéficier d’une section interactive de tout premier choix pour cette édition Blu-ray 4K Ultra HD Collector. Pour commencer, l’éditeur s’est fendu d’un véritable nouveau bonus avec cette interview très chaudement recommandable de Christophe Gans par Jean-Baptiste Thoret. Soit le genre de supplément comme on aimerait en voir plus souvent dans sa propension à prendre du recul sur un film et la place qu’il occupe au sein du paysage cinématographique dans son ensemble contrairement aux simples « documentaires rétrospectifs » qui recyclent le plus souvent des anecdotes déjà entendues mille fois ailleurs. Et si au départ nous avions quelques craintes sur le fait que cette nouvelle interview de 90 minutes présente sur le même disque que le film (qui dure tout de même 2h30 faut-il le rappeler) ne vienne compromettre la qualité de l’image du film, il n’en est rien, fort heureusement. À noter également que l’interview en question est proposée au format d’image Ultra HD sur le disque 4K et au format HD sur le disque Blu-ray. Un disque Blu-ray qui bénéficie lui aussi du nouveau master 4K et de la nouvelle piste audio Dolby Atmos. Un point que l’on sait très cher aux yeux de certains. Le résultat est là encore en tous points remarquable en termes de prestations audio-vidéos et les possesseurs de la précédente édition Blu-ray StudioCanal de 2008 peuvent désormais la jeter à la poubelle (ou bien s’en servir pour caler les meubles). D’autant plus que cette dernière était dépourvue du moindre bonus.

Le reste de l’interactivité est une reprise (presque) intégrale des suppléments présents au sein de l’édition DVD Ultimate sortie en 2002 qui elle-même reprenait ceux de l’édition DVD Collector parue un an plus tôt en y ajoutant un nouveau disque de bonus. C’est ainsi que sur les deux premiers disques (Blu-ray 4K et Blu-ray), on retrouve les deux commentaires audios. Le premier en compagnie de Christophe Gans est d’une richesse et d’une générosité remarquable. Le cinéaste y décortique absolument chaque séquence de son film et nous gratifie d’une foultitude de références cinéphiliques. Ce commentaire est sans l’ombre d’un doute l’un des tous meilleurs jamais entendu et fit même dire aux mauvaises langues de l’époque que Gans était bien plus talentueux pour parler de films que pour les réaliser, fin de la parenthèse. Le second commentaire en compagnie de Samuel Le Bihan et Vincent Cassel est certes un peu moins dense en comparaison mais n’en est pas moins intéressant pour autant car les deux comédiens nous gratifient de nombreuses anecdotes de tournage complémentaires des informations délivrées par Gans, le tout dans une ambiance « bon enfant » pleine d’humour.

Les trois autres disques sont des DVD exclusivement dévolus aux bonus, tous repris des éditions DVD de 2001 / 2002. Là encore, il ne s’agit pas de simples featurettes superficielles mais de véritables suppléments approfondis. Sur le premier DVD on trouve Les Entrailles de la bête, un making of ultra complet et chapitré de près de 80 minutes qui revient sur la genèse du projet, le casting, la direction artistique, les combats confiés aux bons soins de Philip Kwok (personnalité bien connue là encore des amateurs de cinoche hongkongais et notamment des productions Shaw Brothers), la bête et les effets numériques. Sur le même disque se trouvent également une interview de Michel Louis, auteur d’un roman sur la bête du Gévaudan, ainsi que 8 modules internet de 2 minutes chacun en moyenne. Ces modules sont une excellente initiative en soi puisque le site internet dédié au film au moment de sa sortie en salles n’existe plus aujourd’hui. Sur le second DVD, on trouve Les Coulisses du tournage, un film de Pascal Laugier, futur réalisateur de Saint Ange (2004), Martyrs (2008), The Secret (2012) ou encore Ghostland (2018), qui comme son nom l’indique se focalise sur le tournage à proprement parler et notamment ses nombreux aléas (le doc s’ouvre sur un échange téléphonique pour le moins tendu de Christophe Gans sur les retards accumulés en raison d’une météo capricieuse). On trouve également 5 scènes coupées toutes commentées par Christophe Gans qui explique avec moult détails les intentions originelles de la séquence et les raisons de son retrait du montage final. Il précise également que toutes ces scènes ne sont pas achevées en termes d’étalonnage et de trucages. Le troisième DVD, celui qui fut ajouté au sein de l’édition DVD Ultimate de 2002, contient La bête du Gévaudan, un téléfilm tourné en 16mm en 1967 dans le cadre de l’émission de Michel Subiela, Le tribunal de l’impossible. On trouve également deux autres interviews avec Christophe Gans : la première (en noir et blanc) en compagnie de Michel Subiela et la seconde (au restaurant en janvier 2001, soit au moment de la sortie en salles du film) en compagnie de Jean-Pierre Jackson.

Comme si tout ceci ne suffisait pas, Metropolitan propose également, au format papier, l’intégralité du storyboard. L’éditeur nous a fait parvenir un extrait au format PDF (d’une quarantaine de pages tout de même) correspondant aux scènes 2A (l’attaque de la première bergère) et aux scènes 134 à 140 (l’épilogue). Comme le précise l’auteur de ces planches en introduction, Thierry Ségur, celles-ci ont été conçues à la demande de Christophe Gans sur la base du script afin de proposer un « découpage à partir duquel chaque plan est décrit en termes de positions et mouvements de caméra, actions des comédiens, cadrages, etc. ». Le résultat est juste magnifique et ultra-proche du résultat final à l’écran une fois filmée.

Il est à noter que les trois DVD de bonus ne sont pas une copie carbone de ceux que l’on trouvait dans les éditions DVD Collector / Ultimate parues en 2001 / 2002 mais ont été entièrement refaits : les menus sont différents et les bonus ne sont pas répartis de la même façon sur les trois disques. De même, les sections DVD-ROM ont disparu. Ce qui nous conduit tout naturellement aux quelques reproches que nous adresserons à cette édition (parce qu’il fallait bien que l’on gratte un peu pour en trouver quelques-uns). Tout d’abord, les sous-titres français pour sourds et malentendants (présents sur les éditions DVD mais absents de l’édition Blu-ray de 2008) ont disparu sur le film. Ça n’a l’air de rien comme ça mais étant donné que les éditions vidéo des films, a fortiori français, ont pris pour (excellente) habitude d’en proposer, leur disparition va sans doute manquer aux acheteurs potentiels qui y ont recours. Du côté des bonus à proprement parler, différentes petites choses sont également passées à l’as : les deux teasers, les cinq galeries photos (la bête, les portraits, les carnets de Fronsac, les photos de plateau, les affiches), les filmographies (qui de toute façon seraient totalement désuètes aujourd’hui) les deux séquences storyboardées (remplacées par l’exemplaire papier nettement plus conséquent pour le coup), ainsi que les dossiers de presse en français et en anglais (au format PDF) et le scénario original annoté comprenant des scènes supprimées avant le tournage (au format PDF et Word). De tous les bonus qui ont disparu, c’est assurément ce dernier qui nous attriste le plus.

D’un autre côté ces changements peuvent sans doute s’expliquer en grande partie pour deux raisons. La première est que les DVD de bonus conçus à l’époque étaient des disques « hybrides » avec une section DVD-Vidéo et une section DVD-ROM (sur laquelle se trouvaient les différents fichiers informatiques type PDF, Word, html pour rediriger vers le site web officiel). Des disques assurément complexes à concevoir et qui n’ont sûrement pas été sans poser quelques soucis de compatibilité avec certaines platines. En plus de cela, qui dispose encore aujourd’hui d’un lecteur de DVD-ROM sur son ordinateur pour lire de tels contenus ? La seconde est à chercher du côté des ayants-droits. Il ne faut pas oublier en effet que les éditions DVD Collector / Ultimate de 2001 / 2002 l’ont été sous l’égide de StudioCanal (idem pour l’édition Blu-ray de 2008) et qu’en reprenant les rênes du projet, Metropolitan a très certainement dû reconduire les droits d’une bonne partie de tous ces contenus, à commencer par le téléfilm de 1967. Au final, on devine bien volontiers qu’il a fallu faire des choix (sans doute cornéliens) lors de la conception de cette gigantesque édition Blu-ray 4K Ultra HD Collector entre la fastueuse restauration de l’image et du son, la (re)négociation des droits des bonus, sans compter l’authoring de ces cinq disques. Et que dans l’entrefaite, certains bonus que nous qualifierons bien volontiers de « non essentiels » n’ont pas été retenus. Les complétistes quant à eux conserveront précieusement leur édition DVD Collector / Ultimate de l’époque.

Pour être parfaitement complet signalons qu’une édition Blu-ray 4K simple disque est prévue pour le 9 décembre 2022 au prix public conseillé de 24,99€ TTC. Pour ceux qui n’auraient pas forcément envie de débourser 49,99€ dans l’édition Collector ou bien qui n’auraient pas réussi à mettre la main dessus. À la même date, une édition Blu-ray, reprenant donc le même disque Blu-ray présent dans l’édition collector, sera également disponible au prix public conseillé de 14,99€ TTC. Pour ceux qui n’auraient que faire du support Ultra HD.

Pour l’heure et pour célébrer (à un an près) le 20ème anniversaire du film, Le Pacte des loups se voient donc doté d’une édition Blu-ray 4K Ultra HD Collector qui frise la perfection absolue et se pose en candidat très sérieux au titre de meilleure édition Blu-ray 4K de l’année.

Les plus

  • Une toute nouvelle restauration 4K de bout en bout à tomber à la renverse.
  • Une toute nouvelle piste Dolby Atmos délicieuse.
  • Un Blu-ray bénéficiant de cette toute nouvelle restauration.
  • Une édition Collector Steelbook somptueuse.
  • Une interactivité gargantuesque…

Les moins

  • … même si quelques bricoles sont passées à l’as.

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Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Sortie le : 02 novembre 2022  
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  • Le Pacte des loups (2001) de Christophe Gans - Packshot Blu-ray 4K Ultra HD
Blu-ray 4K Ultra HD
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Sortie le : 09 décembre 2022  
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Le Pacte des loups – Édition Blu-ray 4K Ultra HD – 20ème Anniversaire – Collector Limitée Steelbook

Résumé : En 1766, une bête mystérieuse sévit dans les montagnes du Gévaudan et fait de nombreuses victimes, sans que quiconque puisse l’identifier ou la tuer. Les gens ont peur. C’est un monstre surgi de l’enfer ou une punition de Dieu. L’affaire prend rapidement une dimension nationale et porte atteinte à l’autorité du Roi. Le chevalier Grégoire De Fronsac, naturaliste de surcroît, est alors envoyé dans la région du Gévaudan pour dresser le portrait de la bête…

Disque 1 : Le Pacte des loups en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
  • Langues : Français Dolby Atmos
  • Sous-titres : Aucun
  • Durée : 2h 31min 06s

Bonus (Ultra HD et VF) :

  • Commentaire audio de Christophe Gans
  • Commentaire audio de Samuel Le Bihan et Vincent Cassel
  • Conversation entre Christophe Gans et Jean-Baptiste Thoret (88min 52s)
  • Bande-annonce originale restaurée (2min 10s)

Disque 2 : Le Pacte des loups en Blu-ray

Spécifications techniques :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langues : Français Dolby Atmos
  • Sous-titres : Aucun
  • Durée : 2h 31min 06s

Bonus (HD et VF) :

  • Commentaire audio de Christophe Gans
  • Commentaire audio de Samuel Le Bihan et Vincent Cassel
  • Conversation entre Christophe Gans et Jean-Baptiste Thoret (88min 52s)
  • Bande-annonce originale restaurée (2min 10s)

Disque 3 (DVD) : Les entrailles de la bête en DVD (SD)

  • Les entrailles de la bête (78min 13s)
  • Modules internet :
    • Les figurants (1min 26s)
    • Les carnets de Fronsac (1min 47s)
    • La mise en scène (1min 24s)
    • Émilie et son walkman (1min 24s)
    • Thomas d’Apcher (2min 04s)
    • Jérémie Rénier et les chevaux (1min 40s)
    • Neige et effets spéciaux (1min 38s)
    • Masques et cascadeurs (1min 22s)
  • L’interview de Michel Louis (17min 52s)

Disque 4 (DVD) : Les coulisses du tournage (SD)

  • Les coulisses du tournage (77min 56s)
  • Les scènes coupées :
    • Le combat (10min 55s)
    • Le corbeau (4min 10s)
    • Fronsac et Sardis (2min 43s)
    • L’étang gelé (6min 30s)
    • La maison Tessier (10min 04s)
    • Les clips des plans coupés (5min 51s)

Disque 5 (DVD) : La bête du Gévaudan (SD)

  • La bête du Gévaudan (100min 23s)
  • Entretien Christophe Gans et Michel Subiela (23min 37s)
  • Rencontre Christophe Gans et Jean-Pierre Jackson (17min 28s)

Captures Blu-ray – Édition StudioCanal 2008
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray – Édition Metropolitan 2022 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray 4K Ultra HD – Édition Metropolitan 2022 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 3840×2160

* À la différence notable que Le Pacte des loups ne sera jamais l’égal de classiques du cinéma tels que Voyage au bout de l’enfer ou Predator. Note de Sandy Gillet

4 réflexions sur « Le Pacte des loups hurle (de bonheur) à la 4K »

  1. Un très bon film, en effet. Le hic, c’est que cette édition « anniversaire » à peine sortie est déjà pratiquement introuvable.

  2. Globalement le travail est au petits oignons coté définition / préservation du grain cinéma / compression / dépetouillage et pour le son un grand « WoW » . Par contre sur la colorimetrie de quelques plans , là ça passe mal …. Des solarisations, des plans cyannés ou pisseux dans les ciels , les blancs et les tons clairs … parfois c’est le magenta qui s’invite et joue les troubles fêtes … hiventy au manette pour l’a colorimètrie, c’est l’assurance d’avoir des teintes parfois anachroniques… je ne comprends pas l’étalonnage de ce labo . Déjà sur basic instinct , kalidor, le contrat … Là signature ✍ maison, vraiment pas fan . Je suis sur un oled sony qui gère le Dolby vision . Ok il n’est pas calibré avec une sonde Pro , mais franchement, même si il l’était , comment expliquer que les autres restaurations par exemple chez Warner pour la ligne verte , ou orange mécanique ou lost boys soit magnifiques et semblent naturelles, là où on arrive (malheureusement) à percevoir le travail d’hiventy sur tous les films qu’ils touchent ?? Quoi nos écrans seraient bien pour tous le reste des films et des autres maisons d’éditions que canal , mais mal calibrés pour ceux gérés par ce labo ?
    Nos yeux de simples amateurs , ne savent pas apprécier un blanc blanc , des ciels bleus et pas cyan ?

  3. Quelle article !!! Si je n’avais précommandé ce coffret, je me serais jeté dessus après la lecture ! Et pour l’avoir vu hier, je peux confirmer que tout ce qui est dans cet article est véridique. Achetez-le les yeux bandés, c’est une merveille.
    Et je me joint à Stéphane, l’auteur de cet article, je ne critiquerais pas les teintes « à la Hiventy », le résultat est juste stupéfiant. On est loin du désastre Kalidor quand même.

  4. Bon, bah, à défaut de grives, on se contente de merles… On se rabat donc sur le simple blu-ray 4k. Et, grosse surprise, sur cette version longue, environ à la moitié du film, c’est un autre film que l’on visionne, rien à voir avec la version sortie en salle, ou en dvd. Ce n’est pas la première fois qu’une version longue diffère beaucoup de la version initiale. Et, même, fait repentir certains critiques grincheux (suivez mon regard) qui descendirent en flammes la version « courte », exemple entre autres « Kingdom of Heaven ».
    Un film culte, en effet …

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