La sortie à quelques semaines d’intervalle de Dr Who contre les Daleks (1965) et Les Daleks envahissent la Terre (1966) sur support Ultra HD sera l’occasion rêvée pour tous les Whovians de se délecter de ces deux longs-métrages de leur personnage favori par l’entremise d’éditions Blu-ray 4K très réussies. Quant aux autres, ce sera peut-être l’occasion de découvrir les exploits de l’un des personnages de fiction les plus connus du petit écran (anglais).

Testé à partir d’une édition française définitive fournie par l’éditeur.

L’auteur de ces lignes se classe pour sa part dans la deuxième catégorie. À savoir ceux qui ont déjà un peu (souvent) entendu parler du Dr Who, personnage dont la longévité et la célébrité font quasiment jeu égal au pays de sa très Gracieuse Majesté avec un certain James Bond, mais sans jamais avoir vu le moindre épisode de ses très nombreuses aventures dont les premières péripéties remontent à 1963. Le visionnage de Les Daleks envahissent la Terre (sans passer par la case Dr Who contre les Daleks car le service de presse de StudioCanal n’en avait plus en stock) fut donc une découverte en mode néophyte total. Dixit l’interview de Gareth Owen, auteur du livre The Shepperton Story, le succès du premier long-métrage de 1965 fut à l’origine de la mise en chantier de ce deuxième opus cinématographique dans la foulée en réappliquant « la même formule » avec à l’arrivée un succès moindre et des critiques assassines.

De haut en bas :

• Blu-ray – Édition StudioCanal 2013 (UK)
• Blu-ray – Édition StudioCanal 2022 (Master 4K)
• Blu-ray 4K UltraHD – Édition StudioCanal 2022 (Master 4K)

Mais qu’en est-il depuis le regard d’un béotien ? Les Daleks envahissent la Terre se classe indéniablement dans cette catégorie de long-métrages que l’on qualifiera, avec le recul et toute la bienveillance qu’un tel qualificatif peut revêtir, de spectacle « kitsch ». Il y a en effet un certain charme à voir cette production aux allures artisanales avec ses scènes d’action digne d’une production sentai (ce qui vaudra tout de même une jambe dans le plâtre à l’un des comédiens dixit les bonus), ses trucages d’un autre temps (les câbles bien visibles qui soutiennent la soucoupe volante) ou encore ses petits « couacs » de tournage (ce soubresaut de la caméra à 14min 55s comme si celle-ci avait par inadvertance cogné dans quelque chose). Sans compter les Daleks eux-mêmes, ces envahisseurs en forme de cônes à glace géant à roulettes, au poison mortel et à la voie robotique (dont s’amuse d’ailleurs Nicholas Briggs qui prête justement sa voix aux envahisseurs).

La trame de fond est quant à elle beaucoup plus sérieuse. Il sera en effet difficile de nier l’analogie entre ce Londres futuriste dévasté par l’invasion alien et les bombardements dévastateurs de la Luftwaffe sur la capitale britannique au cours de la Seconde Guerre Mondiale, obligeant sa population à trouver refuge dans les métros souterrains tandis qu’en surface la résistance s’organisait tout en devant se méfier d’éventuels collabos. Sans compter la « solution finale » des Daleks qui ne sera pas sans rappeler là encore la bombe atomique. En découle un long-métrage bancal où la gravité de fond se traduit en images par des situations souvent mièvres pour ne pas dire (un brin) nunuches. En atteste cette scène du repas à bord du vaisseau où le bobby se fait passer pour un robotisé et que les fans eux-mêmes ont bien du mal à cautionner dans les bonus. Pour autant, à en croire son interprète Tom Campbell, Peter Cushing et lui se payaient de bonnes tranches de rigolades sur le tournage, ce qui avait le don d’énerver le réalisateur.

Si l’accueil fut mitigé jusque dans le cœur des fans, cela n’empêche nullement Les Daleks envahissent la Terre d’avoir droit à une édition Blu-ray 4K Ultra HD de tout premier choix. Il suffit d’aller jeter un rapide coup d’œil à la bande-annonce non restaurée pour prendre la mesure du travail effectué sur la restauration. Cette dernière a d’ailleurs droit à un petit reportage dédié qui revient sur les grandes étapes, à savoir une restauration à partir du négatif originel au studio Silver Salt (la précédente restauration en HD était issue d’un interpositif) tout en pointant du doigt les limites du support. À savoir un tournage en Techniscope, alternative moins couteuse que le Cinémascope 4 perfos qui comprime l’image par opposition au Techniscope 2 perfos qui occupe donc deux fois moins de place et aboutit de facto à une image de moins bonne qualité. Ce qui n’a pas empêché le studio en question de s’atteler à la tâche avec diligence comme en atteste les 18 heures de correction par bobine de 18 minutes via le procédé dit du Wet Gate, la numérisation en 4K 16 bits, le gommage de tous les défauts de pelloche ou encore l’étalonnage en vue de retrouver l’éclat du Technicolor originel.

En découle une image au format 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un master 4K de toute beauté. Bien malins ceux qui pourront dire à la vue de cette image restaurée que Les Daleks envahissent la Terre approche les 60 printemps. La séquence pré-générique qui se déroule de nuit dans le Londres « contemporain » laisse en effet apparaître une copie d’une grande propreté et d’une lisibilité parfaite en dépit de la pénombre ambiante, le tout arborant un joli grain argentique. Le générique d’ouverture très « psychédélique » avec sa myriade de couleurs laisse ensuite place à un Londres de 2150 en ruine aux teintes grises et un dernier acte à la campagne dans des teintes davantage terreuses et verdoyantes. Soit les grands actes du récit qui permettent d’apprécier le travail d’étalonnage effectué où saturations et contrastes sont les maîtres mots jusque dans ces petites touches de couleurs à la limite de la suggestion : le bleu ciel de la chemise du bobby et de l’écharpe du Dr Who ou encore les Daleks multicolores : bleus, rouges, jaunes. La précision de l’image est également au rendez-vous tant et si bien que, comme évoqué précédemment, on perçoit très distinctement les câbles qui soutiennent la soucoupe volante chaque fois que celle-ci se déplace dans le ciel. Mais cela fait en quelque sorte partie du « charme » du film et l’on saura gré aux responsables de la restauration de ne pas avoir tenté de les gommer.

Le son n’est pas en reste avec un « simple » PCM 2.0 monophonique qui fait des merveilles. La musique est ainsi aux premières loges dès le générique d’ouverture très punchy ou encore au cours de cet assaut de la soucoupe Dalek à la 26ème minute où elle est omniprésente durant presque 10 minutes. De manière plus générale, toutes les scènes d’action font preuve d’une belle générosité acoustique avec des explosions qui « claquent » bien (cf. la méga explosion finale) tandis que les dialogues sont limpides en toutes circonstances. Bien qu’un peu moins percutante que la VO, la VF n’en propose pas moins un rendu très proche. On ne perçoit par ailleurs aucune aspérité inhérente aux outrages du temps.

Côté bonus, outre les différentes interviews déjà évoquées précédemment et le petit reportage consacré à la restauration, deux autres compléments de choix sont également de la partie. Le premier est un documentaire de près d’une heure datant de 1995 qui revient sur les deux longs-métrages en compagnie de certains comédiens (Roberta Tovey et Jill Curzon, les interprètes respectives de Susan et Louise) et de « connaisseurs » de la série Dr Who qui évoquent cette Dalekmania qui entoura la sortie des deux films avec quantité de produits dérivés. Le second est un commentaire audio collégial bon enfant en compagnie de trois critiques / scénaristes qui se remémorent des souvenirs d’enfance quand ils ont découvert le film même si dans l’ensemble, on en apprend très peu sur la production du film en elle-même. À noter que sur le disque 4K, tous les suppléments vidéo sont proposés au format d’image Ultra HD.

Précisons pour finir que, fidèle à ses bonnes habitudes, l’éditeur StudioCanal propose cette édition Blu-ray 4K de Les Daleks envahissent la Terre sous forme de combo avec une galette Blu-ray 100% identique à la galette 4K. À savoir les mêmes bonus (en résolution 1080p bien sûr) et la même restauration image et son. On dit ça au cas où d’autres auraient envie de s’inspirer de cette excellente politique éditoriale.

Les plus

• Une restauration 4K remarquable.
• Une interactivité plus que généreuse (de surcroît proposée en Ultra HD).
• Un boîtier Steelbook, c’est toujours plus classe.
• Un Blu-ray qui reprend la nouvelle restauration image et son

Les moins

• Un spectacle kitsch qui pourra laisser de marbre les néophytes du Dr Who.

Les Daleks envahissent la Terre – Édition Blu-ray 4K Ultra HD

Résumé : Le Docteur entraîne sa nièce, sa petite-fille ainsi qu’un policier entré par mégarde dans son vaisseau, camouflé en une cabine téléphonique british, dans des aventures temporelles. Ils se retrouvent à Londres en l’an 2150, la ville est quasi détruite, les quelques survivants sont sous le joug des Daleks, terribles robots extraterrestres ennemis du Docteur Who. Les humains sont peu à peu faits prisonniers et deviennent des miliciens « décérébrés » à la solde des robots. Le Docteur doit alors combattre les Daleks afin de libérer habitants.

Disque 1 : Les Daleks envahissent la Terre en Blu-ray 4K Ultra HD

Spécifications techniques :

• Image : 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
• Langues : Anglais, Français & Allemand PCM 2.0
• Sous-titres : Français, Allemands, Anglais pour sourds et malentendants
• Durée : 1h 24min 11s

Bonus (Ultra HD et VOSTF) :

• Commentaire audio de Kim Newman (critique), Robert Shearman (écrivain et scénariste) et Mark Gatiss (acteur et écrivain)
• L’héritage des Daleks : L’invasion de la terre (15min 44s)
• Dalekmania (57min 30s)
• Interview de Gareth Owen (4min 08s)
• Interview de Bernard Cribbins (4min 02s)
• La restauration 4K du film Dr. Who (10min 54s)
• Bande-annonce originale (2min 37s)

Disque 2 : Les Daleks envahissent la Terre en Blu-ray

Spécifications techniques :

• Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
• Langues : Anglais, Français & Allemand PCM 2.0
• Sous-titres : Français, Allemands, Anglais pour sourds et malentendants
• Durée : 1h 24min 11s

Bonus (HD et VOSTF) :

• Commentaire audio de Kim Newman (critique), Robert Shearman (écrivain et scénariste) et Mark Gatiss (acteur et écrivain)
• L’héritage des Daleks : L’invasion de la terre (15min 44s)
• Dalekmania (57min 30s)
• Interview de Gareth Owen (4min 08s)
• Interview de Bernard Cribbins (4min 02s)
• La restauration 4K du film Dr. Who (10min 54s)
• Bande-annonce originale (2min 37s)

Captures Blu-ray – Édition StudioCanal 2013 (UK)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray – Édition StudioCanal 2022 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Captures Blu-ray 4K Ultra HD – Édition StudioCanal 2022 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 3840×2160