Walter Hill est à l’honneur en Ultra HD en cette fin d’année 2022 puisqu’en l’espace d’une semaine pas moins de trois longs-métrages réalisés par le bonhomme vont sortir sur le support. À commencer par l’un des plus réussis, de la bouche même du cinéaste, 48 heures, qui débarque dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD de bonne tenue sur le plan technique mais qui déçoit sur d’autres aspects.
48 heures - Blu-ray 4K Ultra HD
Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.
Testé à partir d’un checkdisc 4K fourni par l’éditeur.
Détails techniques :
- Taille du disque : 55,92 Go
- Taille du film : 55,44 Go
- Bitrate vidéo moyen : 56,24 Mb/s (surcouche Dolby Vision : + 14,13 Mb/s)
- VO Dolby TrueHD 5.1 (24-bit) : 3,78 Mb/s
- VF Dolby Digital 2.0 : 224 Kb/s
« En termes de divertissement, c’est certainement mon meilleur film »
Tout est dit ou presque avec cette déclaration de Walter Hill dans l’interview (en visio-conférence) présente au sein des bonus sur l’édition Blu-ray sortie en 2021. C’est peu dire que l’on plussoie à 100% tant son 48 heures demeure 40 piges plus tard l’un des tout meilleur buddy movie jamais réalisé. Comme le rappelle Hill, le rôle de Jack devait à l’origine être tenu par Clint Eastwood. Mais lorsque ce dernier opta pour L’Évadé d’Alcatraz (1979) de Don Siegel, le projet se retrouva au point-mort pendant quelque temps. Jusqu’au jour où Hill reçu un coup de fil lui demandant s’il était toujours intéressé pour faire le film avec Nick Nolte. C’est le regretté Richard Prior qui devait à ce moment-là lui donner la réplique mais ce dernier préféra tourner Le Joujou (1982) de Richard Donner, remake du Jouet (1976) de Francis Veber. Compagne à la ville du réalisateur et célèbre agente de stars à Hollywood, Hildy Gottlieb suggéra à Walter Hill de regarder les numéros du Saturday Night Live de l’un de ses clients, un certain Eddie Murphy. Bingo !
Tout n’était pas gagné pour autant car sitôt le tournage de la fusillade dans l’hôtel au tout début du récit achevé, la Paramount craignait que Hill, qui s’était illustré jusque-là avec des longs-métrages plutôt « rugueux », ne leur serve un film beaucoup trop axé sur l’action et la violence alors que le studio envisageait 48 heures à mi-chemin entre polar et comédie. Un numéro d’équilibriste auquel se prêta de bonne grâce Walter Hill. L’interview bifurque ensuite sur les autres membres du casting. À commencer par James Remar que Walter Hill avait déjà dirigé dans Les Guerriers de la nuit (1979) et Le Gang des frères James (1980) ou encore Sonny Landham qui avait tendance à déclencher des rixes pour un oui pour un non dès lors qu’il avait un peu trop picolé et qui se retrouva au poste la veille de ses scènes. À l’opposé de ces petites anicroches de tournage, lorsque la scène du bar où Reggie se fait passer pour un flic fut mise en boîte (et filmée en tout dernier), Walter Hill s’exclama « Nous sommes riches ! » au vue de la performance d’Eddie Murphy. Avant de rectifier « Eddie va être riche ». Car avec cette scène et avec 48 heures, Murphy allait casser la baraque et devenir une véritable star du cinéma d’action / comédie pour les (nombreuses) années à venir.
De haut en bas :
- Blu-ray – Édition 2011 (USA)
- Blu-ray – Édition 2021 (Master 4K) (USA)
- Blu-ray 4K UltraHD – Édition 2022 (Master 4K)
Pour autant, réduire 48 heures à la seule gouaille de Murphy (et de son inénarrable doubleur français, on y revient juste après) serait passer à côté de tout ce qui fait la réussite du film. À commencer par cette mise en scène sèche et nerveuse de Hill, héritée des polars 70s tout en lorgnant du côté du western : les chapeaux de cowboy, la scène d’ouverture façon shérif contre hors-la-loi au milieu de nulle part et jusqu’à ce duel final au revolver dans une ruelle. Et que dire de l’inoubliable duo formé à l’écran par Nick Nolte et Eddie Murphy ? Qu’il s’agisse de se coller des bourres-pifs lors d’un combat à mains nues en pleine rue que Hill voulait le moins « chorégraphié » possible, ou se balancer des vannes à longueur de temps, c’est à un jeu de ping-pong aussi mémorable que délectable auquel se livre le duo durant 90 minutes. Quant aux connotations racistes de ces truculentes répliques, plutôt que de tenter de les justifier ou bien d’expliquer à quel point elles doivent être prises avec recul dans la bouche d’un duo blanc / noir à l’écran, Walter Hill préfère comme il le dit si bien laisser de telles considérations à des « gens plus sages ». Que voilà une formulation fort habile que l’on pourrait tout aussi bien traduire par « Allez vous faire voir ! » (pour rester poli).
Une interview fort sympathique donc enregistrée en 2021 qu’il sera toutefois impossible de (re)voir sur l’édition Blu-ray 4K Ultra HD de 48 heures pour la simple et bonne raison que celle-ci ne comporte qu’un seul et unique disque, le Blu-ray 4K, et que les bonus sont aux abonnés absents sur celui-ci. De second disque Blu-ray repris de l’édition sortie en 2021 il n’y a point ici car il ne s’agit pas, contrairement à d’habitude, d’une édition combo « Blu-ray 4K + Blu-ray ». Le site internet du distributeur français l’indique d’ailleurs très distinctement : « Contenu : 1 Blu-ray UHD 4K ». Un choix éditorial spécifique à la France qui nous laisse doublement dubitatif puisqu’en jetant un coup d’œil aux éditions dans les autres pays (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Italie), celles-ci proposent bel et bien deux disques (Blu-ray 4K + Blu-ray), de surcroît peu ou prou au même tarif que l’édition française. Lorsque l’on sait de surcroît que Paramount propose (presque) systématiquement les mêmes pistes et sous-titres français sur les éditions qui sortent dans ces pays, il y a vraiment de quoi s’interroger. Avis donc aux amateurs d’imports !
Pour être complet, rappelons que 48 heures avait eu droit à une première édition Blu-ray aux Etats-Unis en 2011, inédite en France, avant de faire l’objet d’une édition Blu-ray restaurée à partir d’un nouveau master 4K en 2021, cette fois-ci des deux côtés de l’Atlantique. Un disque que nous aurions donc grandement apprécié de retrouver au sein de l’édition Blu-ray 4K qui sort cette année.
Pour résumer, la situation est la suivante :
- Édition Blu-ray sortie aux États-Unis en 2011 => inédite en France.
- Édition Blu-ray sortie aux États-Unis en 2021 (avec une image restaurée) => sortie en France en 2021.
- Édition Blu-ray 4K Ultra HD sortie aux États-Unis et en France en 2022 => En France, cette édition ne contient que le seul et unique disque 4K.
Les curiosités ne s’arrêtent toutefois pas là. En effet, dixit le communiqué officiel de Paramount annonçant la sortie du Blu-ray 4K de 48 heures, il y est question d’une « restauration 4K ». Nous sommes donc en présence d’une image au format 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un master 4K. En revanche, nous n’avons trouvé aucune précision quant à la source utilisée pour ce master : s’agit-il du négatif original ou bien d’un interpositif ? Par ailleurs, et étant donné que la précédente restauration 4K remonte à l’an passé pour la sortie de l’édition Blu-ray 2021, on aurait pu croire, en toute logique, que le même master 4K serait réutilisé pour l’édition Blu-ray 4K de 2022. Or, d’après nos constatations, cela ne semble pas être le cas. En comparant les deux, nous avons en effet constaté deux différences majeures :
- D’une part le cadrage du Blu-ray 4K est significativement « zoomé » par rapport au Blu-ray de 2021 qui proposait quant à lui beaucoup plus d’image dans les quatre directions par rapport au Blu-ray de 2011.
- D’autre part, selon les scènes, des défauts de copie sont parfois présents sur le Blu-ray de 2021 mais pas sur le Blu-ray 4K de 2022, parfois l’inverse.
Ces constatations laisseraient donc supposer que le master 4K utilisé pour l’édition 4K qui sort en 2022 est différent du master (4K lui aussi) utilisé pour l’édition Blu-ray sortie en 2021. Interrogé à ce sujet, le distributeur français nous a indiqué « n’avoir aucune information sur le sujet ». Ne boudons pas notre plaisir pour autant car sitôt le générique d’ouverture achevé où l’image est de toute évidence « fatiguée », le rendu retrouve son aplomb et réunit tout ce que l’on aime voir dans un rendu vidéo, a fortiori 4K : un master globalement propre (hormis donc quelques petzouilles de copie qui trainent encore de ci de là), une image granuleuse (on craignait un dégrainage à la Liaison fatale) et une belle restitution des couleurs. Il convient toutefois de rappeler deux choses concernant 48 heures. D’une part, une partie non négligeable du film se déroule de nuit et d’autre part la photographie est globalement assez sombre. Ce qui sied à ravir à l’atmosphère très « polar » (cf. toute la séquence à l’intérieur de l’hôtel au début du film, celle là-même qui fera lever les sourcils du studio quant à la violence du film).
Quel que soit la scène, le rendu vidéo laisse place à une image joliment définie et contrastée qui permettra, entre autres, d’apprécier tout au long du film le bleu sale de la vieille Cadillac conduite par Nick Nolte ou encore les carreaux du costard Giorgio Armani porté par Eddie Murphy. L’apport de l’étalonnage Dolby Vision permet quant à lui de renforcer les intentions photographiques tout en apportant une saturation et des contrastes rehaussés lors des séquences nocturnes : la scène dans le bar plongé dans une ambiance rouge (39min), celle dans la boîte pour « blacks » avec ses éclairages bleus / rouges et son atmosphère très enfumée (65min) ou encore ce mano à mano final dans les ruelles de Chinatown aux couleurs très diversifiées et plongées dans la fumée (87min).
Les plans larges offrent une belle profondeur de champ comme par exemple ce plan du trio de flics qui pénètre dans l’hôtel (12min) ou encore la scène de filature automobile (60min). À ce sujet, nous avons constaté une incongruité entre le master de 2011 et les masters de 2021 et 2022. À 30min 00s, on voit très distinctement la Porsche toute poussiéreuse (appartenant à Eddie Murphy) qui circule devant la Cadillac de Nick Nolte sur les masters de 2021 et 2022 alors qu’elle est absente du master de 2011 ! Nos recherches sur le net ne nous ont pas permis d’en apprendre davantage quant à la raison d’un tel changement.
Côté son, rien n’a bougé par rapport au Blu-ray de 2011 puisqu’on retrouve les mêmes pistes VO Dolby TrueHD 5.1 et VF Dolby Digital 2.0. Le générique d’ouverture et la musique de James Horner – qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Commando (1985) – claque mieux en VO qu’en VF au rendu plus plat. Le constat est identique pour toutes les scènes d’actions telles que les fusillades avec des détonations dans toutes les enceintes en VO (celle en ouverture à 4min, celle dans l’hôtel à 15min) ou encore cette course-poursuite entre la Cadillac et le bus (76min). La VF perd également différents bruits ambiants comme par exemple à l’intérieur du commissariat (20min) ou encore ce coup de klaxon que l’on n’entend plus du tout en VF (37min 29s). Pour autant et histoire de tordre le cou (pour une fois) à la règle qui veut qu’un film s’apprécie avant tout en VO, force est de reconnaître que le doublage français de 48 heures est d’une qualité plus qu’exceptionnelle. D’aucuns iraient même jusqu’à dire que la VF est supérieure à la VO. Entendre les comédiens Alain Dorval (bien connu pour prêter sa voix à Sly en plus de Nick Nolte) et le regretté Med Hondo (doubleur entre autres de Eddie Murphy ou encore Morgan Freeman) s’en donner à cœur joie à se balancer vanne sur vanne, entre bons mots grivois et autres réparties racistes, est tout simplement du caviar à se repasser en boucle. À tel point que pour les besoins de cette chronique, l’auteur de ces lignes a revu tout le film en français, ne basculant qu’occasionnellement sur la piste anglaise (notamment lors des scènes d’action sus-citées).
Les plus
- L’un des tous meilleurs buddy movie, si ce n’est le meilleur.
- Un doublage français magistral (supérieure à la VO ?).
- Une restauration 4K très réussie…
Les moins
- … même si le cadrage nous laisse quelque peu perplexe.
- Une édition sans disque Blu-ray… au même tarif qu’une édition combo 4K + Blu-ray !
- Zéro bonus.
48 heures – Édition Blu-ray 4K Ultra HD
Résumé : Deux meurtriers sont pourchassés par la police, alors qu’ils recherchent le butin d’un casse commis par Reggie Hammond, un de leurs anciens complices actuellement emprisonné. Pour les retrouver, l’inspecteur de police Jack Cates a besoin de l’aide de Reggie. Il va le voir en prison pour solliciter sa collaboration mais Hammond négocie son aide contre une permission de sortie. Jack va donc faire en sorte que Reggie soit en liberté surveillée pendant 48 heures, durant lesquelles il va l’aider à retrouver ses anciens complices.
Disque 1 : 48 heures en Blu-ray 4K Ultra HD
Spécifications techniques :
- Image : 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
- Langues : Anglais Dolby TrueHD 5.1, Français Dolby Digital 2.0
- Sous-titres : Français, Anglais
- Durée : 1h 36min 35s
Bonus :
- Aucun
Captures Blu-ray – Édition Paramount 2011
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Captures Blu-ray – Édition Paramount 2021 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Captures Blu-ray 4K Ultra HD – Édition Paramount 2022 (Master 4K)
Cliquez pour les visualiser au format HD natif 3840×2160
Pour l’histoire de la Porsche qui apparait dans la version la plus récente, l’image semble identique, j’opterais pour une incrustation numérique. Quelqu’un a-t-il une autre idée ? En tout cas, bravo pour cette découverte.