Après Le Pianiste et Rosemary’s Baby à la rentrée 2023, c’est à présent au tour de Chinatown, autre joyau réalisé par Roman Polanski, d’avoir les honneurs d’une parution sur support Ultra HD dans une édition Blu-ray 4K magistrale.
Chinatown - Blu ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.
Testé à partir d’une édition définitive (FNAC) fournie par l’éditeur.
Chinatown – Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Synopsis : Gittes, détective privé, reçoit la visite de Mme Mulwray, qui lui demande de filer son mari, ingénieur des eaux à Los Angeles. Celui‐ci est retrouvé mort, noyé. Gittes s’obstine dans son enquête, malgré les menaces de tueurs professionnels.
Disque 1 : Chinatown en Blu-ray 4K Ultra HD
Spécifications techniques :
- Image : 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
- Langues : Anglais Dolby TrueHD 5.1 & Dolby Digital 2.0 mono restauré, Français Dolby Digital 2.0
- Sous-titres : Français, Anglais
- Durée : 2h 10min 29s
Bonus (HD & VOSTF) :
- Commentaire du scénariste Robert Towne avec David Fincher
- Un état d’esprit : L’auteur Sam Wasson parle de Chinatown (15min 57s, 2024)
- Souvenirs de Chinatown (5min 43s, 2024)
- La trilogie qui n’existe pas (2min 07s, 2024)
- Eau et pouvoir (77min 45s, 2009)
- L’aqueduc (29min 31s)
- Les séquelles (26min 07s)
- Le fleuve et au-delà (22min 07s)
- Chinatown : Un commentaire (26min 13s, 2009)
- Chinatown : Début et fin (19min 26s, 2007)
- Chinatown : Le tournage (25min 33s, 2007)
- Chinatown : L’héritage (9min 36s, 2007)
- Bande-annonce cinéma (3min 17s, VO)
Disque 2 : Chinatown en Blu-ray
Spécifications techniques :
- Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Anglais Dolby TrueHD 5.1 & Dolby Digital 2.0 mono restauré, Français Dolby Digital 2.0
- Sous-titres : Français, Anglais
- Durée : 2h 10min 31s
Bonus :
- Aucun
Détails techniques :
- Taille du disque : 89,54 Go
- Taille du film : 75,82 Go
- Bitrate vidéo moyen : 69,17 Mb/s (surcouche Dolby Vision : + 4,00 Mb/s)
- Maximum CLL (Content Light Level) : 1269 nits
- Maximum FALL (Frame-Average Light Level) : 52 nits
- VO Dolby TrueHD 5.1 (16-bit) : 1,64 Mb/s
- VF Dolby Digital 2.0 : 224 Kb/s
« Je ne connais personne qui ne pense pas que c’est un chef-d’œuvre, un film parfait. »
Tout est dit ou presque dans cette déclaration de Steven Soderbergh au sein du supplément intitulé Chinatown : Un commentaire datant de 2009. Et le cinéaste de préciser que la réussite du film tient à la présence des « bonnes personnes au bon endroit au bon moment ». À commencer par le scénariste Robert Towne, qui nous a quitté il y a quelques jours à peine, et se remémore dans le documentaire réalisé par un certain Laurent Bouzereau comment lui est venu l’idée du film, à savoir la convergence de plusieurs éléments : un projet immobilier démesuré, une virée en bord de mer et une discussion avec un flic qui bossait précisément à Chinatown. S’ensuivront le soutien du producteur Robert Evans, à la tête de la Paramount à l’époque, et l’entrée en scène du comédien Jack Nicholson. Ce sont ces deux derniers qui convaincront Roman Polanski, à Rome à l’époque et peu enclin à remettre les pieds à Los Angeles après le meurtre de son épouse Sharon Tate en 1969, de réaliser le film.
Le documentaire en question qui date de 2007 et découpé en trois parties, Début et fin, Le tournage et L’héritage, revient sur les coulisses de la production (scénario, casting, tournage, etc.) en présence des principaux concernés (à l’exception de Faye Dunaway) avec moult détails et anecdotes. On y apprend parexemple que Stanley Cortez, qui prenait énormément de temps pour éclairer chaque scène, fut remercié par Robert Evans qui demanda alors à Polanski de trouver un autre directeur de la photographie. Même son de cloche du côté du premier score du film qui ne convainquit pas et à la suite de quoi Jerry Goldsmith fut appelé à la rescousse pour composer en un temps records de 9 jours la partition que l’on connait. Le documentaire revient bien entendu sur les 11 nominations aux Oscars et une seule récompense pour le scénario de Robert Towne avant de se conclure sur cette déclaration de Roman Polanski, à laquelle nous plussoyons à 100% : « Je crois que mon meilleur film est Le Pianiste. Si on me demandait quel film je choisirais pour mettre dans ma tombe, je dirais Le Pianiste. Chinatown viendrait juste après, je pense ».
Et le meilleur moyen de (re)découvrir ce joyau de Polanski sera une fois n’est pas coutume par l’entremise de cette édition Blu-ray 4K qui réalise un sans-faute (ou presque). On ne vous cachera pas qu’à la rédac le visuel très « moderne » et lissé du packshot (que l’on retrouve d’ailleurs sur le menu principal) nous avait quelque peu fait sourciller. Un visuel sur lequel le nom de Polanski n’apparaît d’ailleurs nulle part, pas plus que sur l’édition Blu-ray de 2012 (big up à la cancel culture). À ce visuel sont venues s’ajouter nos réserves vis-à-vis du 4K d’Il était une fois dans l’Ouest. Des doutes qui s’envoleront toutefois sitôt les premières minutes de Chinatown défilants à l’écran.
Le communiqué de presse officiel anglo-saxon précise ainsi que pour l’occasion, un nouveau scan 4K du négatif original a été effectué ainsi qu’une restauration en bonne et due forme afin de nettoyer tous les dommages encore visibles précédemment (entendre par là sur la précédente édition Blu-ray datant de 2012). Nous sommes donc ici en présence d’une image au format 2.35:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un nouveau master 4K obtenu à partir du négatif originel 35mm. Les différences avec le précédent master utilisé pour l’édition Blu-ray de 2012 sont prégnantes à plus d’un titre. Certes la nouvelle fenêtre de scan réduit légèrement le cadre à gauche et à droite de l’image mais en contrepartie le résultat final après restauration est bien supérieur. Déjà, on ne trouve plus trace de toutes les petites scories de pelloche que l’on pouvait encore observer et la copie est désormais nickel. Dès la scène d’ouverture dans le bureau de Gittes, le grain répond bel et bien présent pour le plus grand bonheur des amateurs de rendu argentique. Les séquences qui suivent nous en mettent, elles aussi, plein la vue. L’audience (5min) où le piqué et la précision de l’image (entre autres lors des plans à double focale) sont à tomber à la renverse. Ce panoramique (8min) qui suit une berline se garant dans le canal avant de s’arrêter sur Gittes et ses jumelles fait montre d’une profondeur de champ magnifique. Et que dire de la précision du rendu, elle aussi au rendez-vous et permettant d’apercevoir mieux que jamais la sueur sur les visages, conséquence de cet été caniculaire.
Le reste du métrage est à l’avenant de ses 10 premières minutes somptueuses. Et le meilleur reste encore à venir avec le nouvel étalonnage HDR Dolby Vision qui restitue mieux que jamais le style visuel Technicolor années 30/40 recherché. Et pour une fois, les réfractaires aux teintes jaunâtres en seront pour leurs frais puisque dans le cas présent cela sied à la perfection à la chaleur écrasante de l’été californien durant lequel se déroule l’action du film. Les teintes sont de facto chaleureuses et renforcées par le HDR sans pour autant tomber dans l’excès et respectent ainsi pleinement le style visuel en hommage au polar noir des années 30 / 40 avec de très nombreuses séquences de nuit ou bien en basse lumière qui restent parfaitement lisibles (cf. cette scène où Gittes suit Evelyn à 90min). Les noirs sont bien denses (cf. la voiture de Gittes), les pelouses verdoyantes au possible (cf. celle de la résidence des Mulwray) et les intérieurs boisés et feutrés (la scène du restaurant).
Côté son, rien ne change pas rapport au précédent Blu-ray de 2012. La VO est proposée en Dolby TrueHD 5.1 et Dolby Digital 2.0 mono restauré et la VF en Dolby Digital 2.0. Les dialogues sont clairs et limpides sur les trois pistes mais la VO 5.1 l’emporte (sans surprise) dans la restitution des musiques composées par Jerry Goldsmith, d’une amplitude délicieuse dès le générique d’ouverture, et de tous les bruits ambiants qui viennent se nicher avec précision dans les surrounds, aussi bien lors des séquences urbaines qu’en bord de mer : bruit des vagues, des mouettes, du vent. Certaines séquences bien spécifiques tirent également leur épingle du jeu en 5.1 : la course-poursuite dans l’orangeraie (68min) ou encore les ultimes coups de feu qui se réverbèrent sur toutes les enceintes (126min). La VF nous est apparue légèrement nasillarde et atténue grandement de nombreux bruits ambiants comme par exemple le vent que l’on entend pas du tout lors de cette scène où l’on retrouve le cadavre dans le canal (32min) tandis qu’on l’entend à peine sur la piste VO monophonique. La piste à privilégier sera donc la VO 5.1.
Côté bonus, trois nouveaux suppléments sont venus s’ajouter à ceux repris de l’édition Blu-ray 2012. Les deux premiers en compagnie de Sam Wasson, historien du cinéma, où il revient tout d’abord sur la genèse du projet (mais ne nous apprend rien de plus que le doc de Bouzereau) puis sur la trilogie en devenir centrée sur l’eau / la terre / l’air : Chinatown, The Two Jakes que réalisera Nicholson en personne en 1990, et un troisième opus qui ne verra donc jamais le jour dont l’action devait se dérouler dans les années 60. Le troisième supplément inédit cède la parole à Hawk Koch, assistant réalisateur, qui se remémore les deux engueulades sur le plateau, relatées ici avec moult détails et une certaine délectation, celles là-même déjà évoquées là encore dans le documentaire de Laurent Bouzereau. Un doc déjà présent sur le Blu-ray de 2012 donc, tout comme le supplément en compagnie de Steven Soderbergh, Kimberly Peirce, Roger Deakins et James Newton Howard qui ne tarissent pas d’éloges sur le film. Le commentaire audio de Robert Towne en compagnie de David Fincher nous est apparu quelque peu décousu mais Fincher pose des questions très pertinentes sur la production et Towne se remémore alors quantité de petits détails. Enfin, impossible de passer sous silence l’excellent documentaire Eau et pouvoir de près d’1h20 découpé en trois parties qui revient sur la conception des deux aqueducs, le premier achevé en 1913 et le second conçu au cours de la seconde moitié des années 60, et les impacts considérables de ces deux infrastructures de plusieurs centaines de kilomètres de long sur les populations locales, l’économie mais aussi et surtout l’écologie. Avec pour conséquence et sous la pression de différentes associations et autres élus locaux, une amorce de rétropédalage de la part de la célèbre LADWP (Los Angeles Department of Water and Power), celle là-même qui est au cœur du récit de Chinatown, qui tente désormais de réparer les torts commis tout en répétant à qui veut bien l’entendre qu’ils ignoraient les conséquences de ces aqueducs et de ce célèbre fleuve bétonné qui serpente en plein cœur de L.A. et que l’on peut apercevoir dans moult longs-métrages. Cerise sur le gâteau : tous ces bonus (à l’exception de la bande-annonce) sont proposés avec des sous-titres français.
Le disque Blu-ray inclus au sein de cette édition combo Blu-ray 4K + Blu-ray est stricto sensu identique à celui de l’édition 2012, à savoir dépourvu de bonus et issu de l’ancien master. À noter pour finir qu’en France, une édition Collector exclusive FNAC (celle que nous a fait parvenir l’éditeur pour cette chronique) est également de la partie avec un certain nombre de goodies : artcards, affiche du film, etc. À noter pour être complet qu’aux États-Unis, l’édition Blu-ray 4K est elle aussi un combo mais significativement différent de celui qui sort en France puisqu’il propose le Blu-ray 4K de Chinatown et le Blu-ray de The Two Jakes. En France, ce dernier est sorti à l’unité en 2021.
Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu une édition (presque) parfaite à tous points de vue de la part de Paramount. Et le Blu-ray 4K de Chinatown en est la plus belle démonstration : une image somptueuse, une VO (5.1) délicieuse et des bonus passionnants. Alors vous attendez quoi pour (re)découvrir ce chef-d’œuvre signé Roman Polanski ?
Les plus
- Une restauration 4K remarquable.
- Une VO 5.1 pour les fins mélomanes.
- Des bonus passionnants.
- Une édition spéciale FNAC (un peu plus chère) pour les collectionneurs.
Les moins
- L’ancien Blu-ray dépourvu du nouveau master 4K.
De haut en bas :
- Blu-ray – Édition 2012
- Blu-ray 4K UltraHD – Édition 2024