Alors que les films les plus populaires de Walter Hill étaient déjà disponibles sur support Ultra HD : 48 heures (1982) et sa suite 48 heures de plus (1990) ou encore Double détente (1988), il manquait pourtant quelques-unes de ses œuvres les plus emblématiques. Un tort aujourd’hui en partie réparé avec la sortie de Sans retour (1981) dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD chaudement recommandée.
Sans retour - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.
Sans retour – Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Synopsis : Neuf soldats Américains de la garde Nationale partent effectuer une marche de reconnaissance dans une région sauvage et marécageuse de la Louisiane. Perdus dans les dédales d’un labyrinthe oppressant, ils deviennent tour à tour la proie des étranges et invisibles habitants de ces marais (les Cajuns) qui leur livrent une cruelle chasse à l’homme.
Disque 1 : Sans retour en Blu-ray 4K Ultra HD
Spécifications techniques :
- Image : 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p HDR10
- Langues : Anglais & Français DTS-HD Master Audio 2.0
- Sous-titres : Français
- Durée : 1h 45min 48s
Bonus (HD & VOSTF) :
- Introduction par Philippe Guedj (5min 52s, VF)
- Bande-annonce (2min 03s)
Disque 2 : Sans retour en Blu-ray
Spécifications techniques :
- Image : 1.85:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Anglais & Français DTS-HD Master Audio 2.0
- Sous-titres : Français
- Durée : 1h 45min 48s
Bonus (HD & VOSTF) :
- Introduction par Philippe Guedj (5min 52s, VF)
- Bataille dans le Bayou, entretien avec Walter Hill (17min 26s)
- Rencontre avec Keith Carradine (40min 34s)
- Stéroïdes, le podcast de l’équipe de Capture Mag (27min 09s, VF)
- Bande-annonce (2min 03s)
Détails techniques :
- Taille du disque : 52,99 Go
- Taille du film : 51,09 Go
- Bitrate vidéo moyen : 60,52 Mb/s
- VO DTS-HD Master Audio 2.0 (24-bit) : 1,94 Mb/s
- VF DTS-HD Master Audio 2.0 (24-bit) : 1,89 Mb/s
Le film
Un chef-d’œuvre trop longtemps incompris
Lors de sa sortie en 1981 aux États-Unis, Sans retour (Southern Comfort en VO) n’a guère rencontré l’accueil escompté. Boudé à la fois par la critique et le public sur ses terres natales, il subit un sort sans appel, contrairement à l’Europe, et notamment la France, qui lui réserve un accueil déjà plus chaleureux. Plus de quarante ans après, le constat est sans appel : Sans retour est un joyau cinématographique et probablement le film le plus abouti de la carrière de Walter Hill.
Une allégorie évidente de la guerre du Vietnam
« C’est une histoire, pas une métaphore » déclare encore aujourd’hui le cinéaste dans l’interview disponible en bonus. Walter Hill a toujours nié que Sans retour soit une métaphore de la guerre du Vietnam. Pour autant, dans ce même entretien, il reconnaît bien volontiers qu’il « était conscient que les gens penseraient que le film était une allégorie du Vietnam ». Et ce dernier de semer encore davantage le doute en déclarant non sans un humour bien tranchant « Qu’il ne faut jamais croire les interviews des réalisateurs. Ce sont tous des artistes à la con ! ». Quoi qu’il en soit, difficile de ne pas voir dans cette troupe de soldats de la Garde Nationale perdue en plein bayou un écho évident au plus grand marasme militaire de l’histoire des États-Unis. À mesure que ces hommes s’enfoncent dans un territoire hostile, où chaque pas devient une menace et où la survie dépend d’une compréhension du terrain qu’ils n’ont pas, l’ombre du Vietnam plane sur chaque plan. Opposés à des Cajuns insaisissables et invisibles, qui connaissent les marais comme les vietcongs connaissaient leur jungle, ces soldats s’enfoncent inexorablement dans un piège qui ne leur laisse aucune échappatoire.
Un survival viscéral et implacable
Ce qui frappe avant tout dans Sans retour, c’est l’âpreté de son récit. Walter Hill, fidèle à son style épuré et à sa mise en scène sèche et brutale, ne laisse aucune place au superflu. Les dialogues sont minimaux, la tension omniprésente, et chaque confrontation devient une question de vie ou de mort. Ici, l’ennemi est partout et nulle part à la fois, réduisant progressivement les soldats à l’état de proies traquées dans un environnement qu’ils ne maîtrisent pas. La violence, crue et inéluctable, est sublimée par la réalisation nerveuse de Hill, qui magnifie chaque instant de chaos. Difficile de ne pas voir l’influence de son travail avec Sam Peckinpah (Guet-Apens, 1972), tant la brutalité est chorégraphiée avec un sens du tragique implacable. Chaque mort est une étape de plus vers la désintégration totale du groupe, et, par extension, vers l’effondrement de toute illusion de contrôle.
Un casting habité et un final d’anthologie
Le film bénéficie également d’un casting impeccable. Keith Carradine et Powers Boothe, en figures de proue d’un groupe de soldats en déroute, livrent des performances habitées, oscillant entre résignation et instinct de survie. Leur lente descente aux enfers culmine dans un final aussi anxiogène qu’inoubliable, où la tension atteint son paroxysme. La dernière séquence, magistrale, où les survivants trouvent refuge dans un village cajun en pleine fête, est un modèle de suspense. Entre convivialité trompeuse et menace sous-jacente, Walter Hill orchestre un final d’une intensité suffocante qui reste gravé dans les mémoires. Les musiques de Ry Cooder, collaborateurs récurrents du cinéaste, avec ses notes lancinantes de slide guitar, vient parfaire cette atmosphère poisseuse et désespérée.
Une réhabilitation méritée
Si le public américain de 1981 est passé à côté, la postérité a su rendre justice à Sans retour. Aujourd’hui considéré comme un incontournable, il incarne l’essence même du survival : un voyage éprouvant et hypnotique au cœur de l’enfer. Rarement un film n’aura aussi bien retranscrit la déshumanisation progressive des soldats face à un ennemi invisible et omniprésent. Walter Hill, en maître du récit brut et intense, livre ici son œuvre la plus aboutie, un condensé de tension et de violence à la beauté mortifère. Injustement sous-estimé à sa sortie, Sans retour est aujourd’hui réhabilité comme un classique absolu, comme le déclare lui-même le cinéaste dans cette interview incontournable à qui nous laisserons donc le mot de la fin : « Il faut environ 25 ans pour savoir si un film est bon… le temps permet de révéler les choses ».
Les éditions vidéo
Sans retour sort en France chez L’Atelier d’Images dans une édition Blu-ray 4K sous la forme d’un boîtier Amaray avec fourreau renfermant deux disques : un Blu-ray 4K UHD-66 (double couche) et un Blu-ray 1080p BD-50. Le disque 4K propose deux bonus : une introduction vidéo ainsi que la bande-annonce que l’on retrouve tous deux sur le disque Blu-ray, accompagnés de nombreux autres suppléments. Avant cela, Sans retour était sorti en janvier 2024 en Blu-ray 4K aux États-Unis chez Vinegar Syndrome mais sans la plus petite trace de français aussi bien parlé que sous-titré. En France, il fallait remonter à 2005 pour trouver la précédente édition DVD tandis qu’aucune édition Blu-ray n’a jamais vu le jour dans l’Hexagone.
Notre test a été effectué à partir d’une édition définitive fournie par l’éditeur.
L’image
Sans retour a été tourné à l’aide de caméras et d’objectifs Panavision Panaflex dixit la fiche IMDb. Le directeur de la photographie est le hongrois Andrew Laszlo qui travailla à deux autres reprises avec Walter Hill, sur Les Guerriers de la nuit (1979) et Les Rues de feu (1984). Lazlo est également connu pour son travail sur Massacres dans le train fantôme (1981) de Tobe Hooper, Rambo (1982) de Ted Kotcheff, L’Aventure intérieure (1987) de Joe Dante ou encore Star Trek V : L’Ultime Frontière (1989) de William Shatner.
Sur le site de Vinegar Syndrome, on peut lire que le film a fait l’objet d’un nouveau scan et d’une restauration 4K à partir d’un interpositif 35 mm. C’est ce nouveau master 4K qu’a repris L’Atelier d’Images aussi bien pour le disque 4K que pour le disque Blu-ray. Nous sommes donc ici en présence d’une image au format 1.85:1 encodée en HEVC 2160/24p HDR10 à partir d’un master 4K obtenu à partir d’un interpositif 35 mm. S’il reste encore pas mal de petits défauts de copie de-ci de-là, ne boudons pas pour autant notre plaisir de (re)découvrir le film dans une telle qualité d’image, toutes ces petites scories étant le plus souvent fugaces et n’entachant en rien le plaisir de visionnage. La définition est au rendez-vous, tant sur les gros plans des soldats que lors des plans larges sur le bayou, exception faite de quelques plans flous imputables à la captation originelle. Mais le plus réussi à nos yeux est à chercher du côté de la granulosité très prononcée du rendu qui restitue à merveille le tournage argentique. À bon entendeur pour tous ceux qui dénigrent les images granuleuses des Blu-ray et a fortiori des Blu-ray 4K.
Quant aux couleurs, Walter Hill précise dans son interview proposée en bonus que Andrew Laszlo et lui ont voulu faire une version couleur désaturée des photos de la Guerre de Corée que le directeur de la photographie lui apporta et qui serviront donc de modèle à l’identité visuelle du film. Par conséquent et exception faite du dernier quart d’heure dans le village Cajun qui laisse apparaître quelques nuances plus colorées, le reste du film est baigné dans des teintes marron et verte idéalement renforcées par l’étalonnage HDR10.
Le son
Les musiques de Sans retour sont composées par Ry Cooder qui collabora sur près de dix longs-métrages de Walter Hill depuis Le Gang des frères James (1980) jusqu’à Dernier recours (1996). Il est également connu pour ses compositions sur Paris, Texas (1984) de Wim Wenders et My Blueberry Nights (2007) de Wong Kar-Wai.
VO et VF sont toutes deux proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 sur les deux supports (Blu-ray 4K et Blu-ray 1080p). Pour du « simple 2.0 », la bande-son ne manque pas de panache, aussi bien dans la restitution des musiques de Ry Cooder que lors des scènes d’action entre tirs d’armes à feu, explosions (à la grenade ou bien à la dynamite), attaque de molosses et autres chutes d’arbres (à 71min), avec de jolies basses, suivie de la scène du survol d’un hélicoptère. Sans compter tous les petits bruitages ambiants de la faune du bayou. Quant aux dialogues, ils sont parfaitement audibles en toutes circonstances.
Moins pêchue, la VF présente un rendu plus plat qui atténue également différents bruits ambiants, comme par exemple les moteurs des véhicules que l’on perçoit à peine lors de la séquence d’ouverture. À noter une curiosité : la VF 2.0 est mixée sur le canal central et avant gauche sur le disque Blu-ray 4K mais pas sur le disque Blu-ray. Une curiosité qui n’aura toutefois que peu d’incidence si vous forcez votre ampli en mode monophonique. Malgré ces réserves sur le plan purement technique, impossible de passer sous silence la qualité du doublage de cette version française. Et pour cause, elle aligne une impressionnante quantité de comédiens bien connus des amateurs de doublage. Citons, entre autres :
- Jean Lagache qui double ici Keith Carradine mais qui a également doublé Clint Eastwood sur plusieurs films dans les 70s : L’Homme des hautes plaines, Le Canardeur, L’Évadé d’Alcatraz, etc.
- Pierre Hatet qui a doublé Christopher Lloyd dans une vingtaine de films.
- Marc de Georgi qui a doublé David Carradine, Bruce Dern, Robert Redford, etc.
- Sans oublier l’immense et incontournable Alain Dorval, que l’on ne présente plus.
Traitez-nous de vieux cons si vous voulez mais il faut bien reconnaître que les doublages français de l’époque, et a fortiori celui de Sans retour, avaient une sacrée gueule !
Les bonus
Côté bonus, on trouve en guise de mise-en-bouche pour ainsi dire une introduction en compagnie de Philippe Guedj qui ne tarit pas d’éloges sur le film tout en revenant sur le tournage laborieux et la maestria de la mise en scène de Walter Hill. Reprise de l’édition américaine, on trouve ensuite une interview de Walter Hill (en visioconférence) dont nous avons déjà cité quelques-unes des saillies au sein des paragraphes précédents et qui vaut son pesant de cacahuètes à elle seule. Mais ce n’est pas tout car en exclusivité pour cette édition française, ce même Philippe Guedj a eu l’immense plaisir d’interviewer Keith Carradine en novembre 2024 (en visioconférence). Une interview au cours de laquelle l’acteur revient longuement sur le casting du film, lui-même ne passa pas d’audition, sur sa relation avec les autres comédiens sur le tournage mais aussi sur les difficultés de ce dernier (en hiver dans le froid et la boue). Outre la bande-annonce, le dernier supplément est le podcast (en français) de l’équipe de Capture Mag intitulé Stéroïdes que l’on peut par ailleurs retrouver sur leur chaîne YouTube.
L’édition américaine pousse l’interactivité un cran plus loin en proposant deux interviews, les monteurs d’un côté et le responsable des costumes de l’autre, ainsi qu’un making of d’une demi-heure compilant des interventions de plusieurs comédiens, du réalisateur et du producteur. Des suppléments que l’on aurait bien aimé retrouver ici mais dont on devine bien volontiers le coût très élevé pour en acquérir les droits et y adjoindre des sous-titres.
Conclusion
Si vous cherchez à compléter votre vidéothèque 4K consacrée à Walter Hill, il n’y a pas à hésiter, vous pouvez vous jeter les yeux fermés sur cette édition Blu-ray 4K de Sans retour proposée par L’Atelier d’images qui propose un trio « image / son / bonus » de grande qualité et que vous pourrez (re)découvrir dans le confort douillet de votre home-cinéma 4K. En espérant que les autres perles du cinéaste suivront en 4K en France : Les Guerriers de la nuit (1979) et Les Rues de feu (1984), uniquement disponibles en import à ce jour.
Les plus
- Une restauration 4K très réussie et granuleuse à souhait comme on les aime.
- Le Blu-ray bénéficie du nouveau master 4K.
- Une bande-son tout aussi réussie avec un doublage VF de grande qualité.
- Des bonus excellents…
Les moins
- … même si l’on aurait bien aimé retrouver les autres suppléments présents sur l’édition 4K américaine.
De haut en bas :
- Blu-ray
- Blu-ray 4K UltraHD