Sans conteste l’un des fleurons du cinéma populaire français dit « en costumes », La Tulipe noire sort dans une édition Blu-ray 4K Ultra HD haute en couleurs, aussi bien sur le plan technique qu’au niveau des suppléments.
La Tulipe noire - Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Retrouvez les informations concernant nos captures et notre matériel de test sur cette page.
La Tulipe noire – Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray
Synopsis : En juin 1789, la France ne le sait pas encore, mais de grands jours s’annoncent. Guillaume de Saint-Preux, un jeune aristocrate aventureux, devance résolument l’Histoire. Sous un masque noir et précédé d’une réputation de valeureux bretteur, il s’en prend aux fermiers généraux et aux nobles du Roussillon, qu’il dépouille dans son intérêt le plus personnel. Marqué au visage au cours d’une escarmouche par un lieutenant de police qui le soupçonne, le baron La Mouche, Guillaume n’a pas d’autre choix que de demander à son frère jumeau, Julien, dont tous en Roussillon ignorent l’existence, de le rejoindre et de venir tenir sa place dans la société…
Disque 1 : La Tulipe noire en Blu-ray 4K Ultra HD
Spécifications techniques :
- Image : 2.25:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision
- Langues : Français DTS-HD Master Audio 5.0 & 2.0, Français audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
- Durée : 1h 53min 32s
Bonus (HD) :
- L’histoire de la tulipe (18min, 2018)
- La restauration du film (4min 45s, 2018)
- Autour de La Tulipe noire (30min 45s, 2004)
- Entretien avec Philippe Lombard (14min 12s, 2024)
Disque 2 : La Tulipe noire en Blu-ray
Spécifications techniques :
- Image : 2.25:1 encodée en AVC 1080/24p
- Langues : Français DTS-HD Master Audio 5.0 & 2.0, Français audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0
- Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
- Durée : 1h 53min 32s
Bonus (HD) :
- L’histoire de la tulipe (18min, 2018)
- La restauration du film (4min 45s, 2018)
- Autour de La Tulipe noire (30min 45s, 2004)
- Entretien avec Philippe Lombard (14min 12s, 2024)
Détails techniques :
- Taille du disque : 90,00 Go
- Taille du film : 78,78 Go
- Bitrate vidéo moyen : 85,28 Mb/s (surcouche Dolby Vision : + 0,10 Mb/s)
- Maximum CLL (Content Light Level) : 798 nits
- Maximum FALL (Frame-Average Light Level) : 192 nits
- VF DTS-HD Master Audio 5.0 (24-bit) : 3,95 Mb/s
Le film
Dans les années 50 et 60, le cinéma français raffolait des films de cape et d’épée, ces fresques d’aventure rythmées où des héros virevoltants se battaient pour la justice, l’amour et l’honneur. André Hunebelle en était l’un des porte-étendards avec des longs-métrages à succès tels que Cadet Rousselle (1954), Le Bossu (1959) ou encore Le Capitan (1960) qui attireront chacun entre 4 et 6 millions de spectateurs dans les salles obscures. Christian-Jaque avait lui aussi déjà enchanté le public dans ce registre avec Fanfan la Tulipe (1952), porté par l’inoubliable Gérard Philipe, tandis que dix ans plus tard, Philippe de Broca triomphait à son tour avec Cartouche (1962), mené tambour battant par Jean-Paul Belmondo. Ces deux longs-métrages enregistrèrent respectivement 6,7 et 3,6 millions d’entrées.
La Tulipe noire (1964) s’inscrit dans c’est cette lignée. Bien que reprenant le titre du roman d’Alexandre Dumas, il s’en éloigne totalement pour tisser une intrigue originale taillée sur mesure pour son interprète principal, Alain Delon, jaloux du succès de Fanfan la Tulipe comme le rappellent les suppléments présents dans cette édition Blu-ray 4K. Car au début des années 60, Delon lorgne déjà vers les sommets. Après avoir illuminé Le Guépard (1963) de Visconti et tenu tête à Gabin dans Mélodie en sous-sol (1963), deux films qu’il nous tarde par ailleurs de redécouvrir en Blu-ray 4K, il s’offre ici une récréation où il incarne non pas un, mais deux rôles : Guillaume et Julien de Saint-Preux, deux frères jumeaux aux caractères opposés, pris dans les remous de la Révolution française. Ce double-rôle lui permet de jongler entre le charme insolent et l’héroïsme romantique, prouvant une fois de plus l’étendue de son charisme.
La sortie du film coïncide avec un événement cinématographique marquant : le même jour, Jean-Paul Belmondo envahit les écrans dans L’Homme de Rio de Philippe de Broca. Ce duel indirect entre les deux icônes du cinéma français marque le début d’une rivalité amicale qui enflammera les décennies suivantes. Et si Belmondo l’emporte au box-office avec 4,8 millions d’entrées contre 3,1 millions pour La Tulipe noire, les deux films partagent un même souffle d’aventure, un humour pétillant et une énergie débordante qui captiveront les spectateurs. Dans La Tulipe noire, chaque comédien s’en donne à cœur joie : Adolfo Marsillach en baron La Mouche, Francis Blanche en révolutionnaire exubérant, Robert Manuel en prince grotesque… Tous rivalisent de panache et de cabotinage savoureux. La somptueuse Virna Lisi apporte quant à elle une touche de romantisme face à un Delon éclatant de malice et d’élégance. Peu importe si l’histoire prend des libertés avec la grande Histoire, l’essentiel est ailleurs : dans le rythme enlevé, les combats chorégraphiés avec maestria et les dialogues ciselés qui font de ce film un divertissement de haute volée.
Aujourd’hui, alors qu’un nouveau Comte de Monte-Cristo (2024) a conquis plus de 9 millions de spectateurs, La Tulipe noire rappelle que le film de cape et d’épée, loin d’être désuet, possède toujours ce pouvoir enchanteur. Une fois encore, l’aventure et le grand spectacle prouvent qu’ils ne se démodent jamais.
Les éditions vidéo
La Tulipe noire sort en France dans une édition Blu-ray 4K co-éditée par Seven7 et L’Atelier d’Images qui se présente sous la forme d’un boîtier Digipack trois volets avec étui renfermant deux disques : un Blu-ray 4K UHD-100 (triple couche) et un Blu-ray 1080p BD-50. Les deux disques proposent les mêmes suppléments tandis que l’image est issue dans les deux cas du master 4K élaboré en 2014 et utilisé par TF1 Studio pour son édition Blu-ray parue en 2018 qui se présentait sous la forme d’un boîtier Amaray avec fourreau renfermant deux disques : un Blu-ray double couche et un DVD. Une édition sortie au sein de la « Collection Cinéma » dont on retrouve d’ailleurs le sigle sur les menus de cette nouvelle édition Blu-ray 4K. Pour être complet, signalons qu’une édition Blu-ray était sortie en Allemagne chez Concorde Video en 2015 sans autre supplément qu’une poignée de bandes-annonces et utilisait le même master 4K que l’édition de TF1 Studio.
À noter que pour les besoins de ce test, nous avons eu accès à un checkdisc 4K mais pas au disque Blu-ray, l’éditeur nous ayant toutefois précisé qu’il s’agissait d’un « nouveau Blu-ray par rapport au précédent commercialisé ». De fait, notre chronique est basée sur le disque Blu-ray présent au sein de l’édition TF1 Studio sortie en 2018.
Notre test a été effectué à partir d’un checkdisc 4K fourni par l’éditeur.
L’image
La Tulipe noire a été tourné en 65 mm sur pellicule Estmancolor avec des caméras MCS-70 (Modern Cinema Systems) à l’aide du procédé baptisé Superpanorama 70 comme nous le rappelle par ailleurs le générique d’ouverture. Le directeur de la photographie est Henri Decaë (1915 – 1987). Et si ce nom vous dit quelque chose, rien d’étonnant à cela puisqu’il s’agit d’une des sommités dans le domaine qui a travaillé à ce poste sur plus d’une centaine de longs-métrages au cours de sa carrière et pris part à quelques-unes des œuvres phares du Septième Art aux côtés des plus grands cinéastes. Alors plutôt que de vous réciter son impressionnante filmographie en tant que directeur de la photographie, nous allons nous contenter de citer quelques-uns de ses films les plus mémorables :
- Il prit part à la plupart des films de Jean-Pierre Melville tels que Le Samouraï (1967) et Le Cercle rouge (1970) pour ne citer que deux des plus connus
- Ascenseur pour l’échafaud (1958) de Louis Malle
- Les Quatre cents coups (1959) de François Truffaut
- Plein soleil (1960) et Les Félins (1964) de René Clément
- Le Corniaud (1965), La Folie des grandeurs (1971) et Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) de Gérard Oury
- Week-end à Zuydcoote (1964) et Le Clan des Siciliens (1969) de Henri Verneuil
- Mort d’un pourri (1977), Flic ou voyou (1979), Le Guignolo (1980) et Le Professionnel (1981) de Georges Lautner
Un carton en ouverture du film rappelle que la restauration a été effectuée par le laboratoire Arcane en 2014. Il s’agit d’une restauration 4K 16 bits à partir du négatif image original 65 mm et du magnétique son français 6 pistes. Pour être encore plus complet, nous ne saurions que trop vous conseiller d’aller jeter un coup d’œil du côté de La Restauration du film, un petit module présent dans les suppléments qui rappelle que La Tulipe noire fut le premier film français tourné en Superpanorama 70. Le module en question précise par ailleurs que le scan du négatif original a été effectué en 6,5K 16 bits tandis que la restauration ainsi que l’étalonnage ont été effectués en 4K 16 bits. L’ensemble de ce travail de restauration a par ailleurs été validé par Michel Wyn, assistant réalisateur sur le film. Il y est également rappelé que le négatif original 65 mm propose 5 perforations et un ratio d’image 2.20 contre 4 perforations pour le 35 mm traditionnel.
Nous sommes donc ici en présence d’une image au format 2.25:1 encodée en HEVC 2160/24p Dolby Vision à partir d’un master 4K issu du négatif original 65 mm. À noter que d’après nos mesures, l’image est proposée dans un ratio 2.25:1 tandis que le ratio d’origine est du 2.20:1. Trois points ont tout particulièrement attiré notre regard émerveillé. Le premier concerne la précision de l’image, tout simplement remarquable, aussi bien lors des plans larges sur ce petit coin du Roussillon (le tournage s’étant en réalité déroulé en Espagne) que lors des très gros plans sur les visages où l’on n’a jamais pu admirer la superbe cicatrice d’Alain Delon avec un tel niveau de détails, le tout bien aidé par un bitrate vidéo particulièrement élevé (85 Mb/s en moyenne). Le deuxième point concerne les couleurs, tout simplement somptueuses que l’on pourrait même qualifier de chatoyantes, bien aidées par le nouvel étalonnage HDR10 / Dolby Vision qui rehausse sensiblement les teintes. Des fastueux intérieurs (ah le petit salon rouge de la marquise !) aux extérieurs sous un soleil radieux le jour et plongés dans des teintes bleutées la nuit, l’image brille par sa richesse chromatique. Le troisième et dernier point concerne le rendu argentique qui laisse apparaître un grain comme on les aime de bout en bout.
En dépit de toutes ces louanges, un aspect nous a toutefois quelque peu chagriné : la propreté du master. Il ne fait aucun doute qu’un travail long et minutieux a été mené afin de gommer un maximum de défauts de copie lors de cette restauration faite en 2014. Pour autant, il reste un certain nombre de défauts plus ou moins visibles et en quantité plus ou moins grandes selon les passages : des petites taches, traces et autres stries verticales de ci de là. L’escarmouche dans la scierie (à la 88ème minute) est l’une des scènes les plus abîmées à nos yeux. Sans doute que la sciure de bois présente à l’image dans une grande partie de cette séquence n’a pas dû faciliter le travail de restauration, tout comme le rythme endiablé de l’action à l’écran sur une grande partie du long-métrage. Certains plans bien spécifiques présentent également une définition plus faible comme ce plan de La Mouche qui se fait balafrer par la Tulipe noire (43min 38s).
Pour être complet, précisons qu’en comparant le Blu-ray de 2018 et le Blu-ray 4K de 2025, on retrouve la même fenêtre de scan et les mêmes défauts de copie aux mêmes endroits. L’étalonnage demeure lui aussi identique.
Le son
Les musiques de La Tulipe noire sont composées par Gérard Calvi (1922 – 2015) qui avait déjà travaillé aux côtés de Christian-Jaque sur Barbe-Bleue (1951) et à qui l’on doit également les musiques de plusieurs aventures d’un célèbre petit gaulois, Astérix le Gaulois (1967), Astérix et Cléopâtre (1968) et Les 12 Travaux d’Astérix (1976), ainsi que Le Petit Baigneur (1968). Du côté de l’équipe sonore, on trouve un certain William Robert Sivel (1907 – 1982) qui a travaillé, entre autres, sur Le Salaire de la peur (1953) et Les Diaboliques (1955) de Henri-Georges Clouzot, Le Mépris (1963) de Jean-Luc Godard, Soleil rouge (1971) de Terence Young ou encore Le Jour le plus long (1962).
Trois pistes sonores sont proposées aussi bien sur le disque 4K que sur le disque Blu-ray : la VF en DTS-HD Master Audio 2.0 et 5.0 (pas de 5.1) ainsi qu’une piste française audiodescription en DTS-HD Master Audio 2.0, le tout accompagné de sourds-titres français pour sourds et malentendants. Comme indiqué précédemment, la restauration sonore a été effectuée à partir du magnétique son français 6 pistes par le laboratoire L.E. Diapason. Le petit module consacré à la restauration précise par ailleurs que le film a été enregistré à l’aide du procédé Western Electric Sound System et mixé en 6 pistes : 5 pistes avant et 1 piste arrière. Il y est également précisé que les bandes matrices magnétiques originales du mixage 6 pistes ont assez mal résisté aux outrages du temps et plus d’un tiers était inutilisable. Pour ces passages-là, il a donc fallu se rabattre sur des copies d’exploitation 70mm.
Pour autant, le rendu sonore est exempt de toutes défaillances audibles (distorsions, souffle, craquements) et constitue un véritable régal pour les oreilles. Les dialogues sont restitués de façon parfaitement clairs et limpides tandis que l’ensemble de la bande-son ne manque aucunement de panache lors des envolées musicales ou bien lors des différentes scènes d’action. Fin du fin, les duels à l’épée sont eux aussi de petites merveilles. Le mix 5.0 apporte un petit surplus de peps et d’amplitude sans pour autant verser, comme ce fut le cas de par le passé, dans une spatialisation acoustique trop artificielle.
Les bonus
Les suppléments déjà présents sur l’édition Blu-ray TF1 Studios sortie en 2018 ont été repris ici, à savoir le module consacré à la restauration du film ainsi que deux interviews croisées. La première en compagnie de la scripte Denise Morlot et du journaliste Olivier Rachjman qui revient dans les grandes lignes sur la production du film : les carrières respectives de Christian Jacques et d’Alain Delon en amont de ce projet en commun, une coproduction franco-italo-espagnole, les chorégraphies ainsi que le succès en salles. La seconde cède la parole à Claude Carliez (1925 – 2015), maîtres d’armes et responsable des cascades, sommité en la matière que l’on ne présente plus, et Michel Wyn, assistant réalisateur. Sans hésitation, c’est cette seconde interview que l’on vous recommande chaudement. Michel Wyn n’a pas son pareil pour raconter des anecdotes de tournage savoureuses, notamment celles où Alain Delon et Francis Blanche finirent au poste de police, nécessitant l’intervention de l’ambassadeur de France pour permettre la reprise du tournage dès le lendemain. C’est si bon que l’on aurait adoré entendre le bonhomme dans l’exercice du commentaire audio. Un tout nouvel entretien d’un quart d’heure avec Philippe Lombard est également de la partie pour cette nouvelle édition Blu-ray 4K même si la plupart des informations ont déjà été divulguées par Olivier Rachjman dans l’autre interview.
Conclusion
Spectacle haut en couleurs, rythmé et amusant, La Tulipe noire demeure l’un des fleurons du cinéma populaire français. Il bénéficie aujourd’hui du plus beau des écrins : une édition Blu-ray 4K Ultra HD aux qualités techniques excellentes, le tout accompagné par des bonus de qualité.
Les plus
- Des bonus de qualité, tantôt instructifs, tantôt hilarants.
- Une piste 5.0 magnifique.
- Blu-ray et Blu-ray 4K reprennent tous deux le master 4K de 2014.
- Une restauration de l’image haute en couleurs, en précision et en rendu granuleux comme on les aime…
Les moins
- … mais où de nombreux défauts de copie demeurent hélas encore visibles.
De haut en bas :
- Blu-ray – Édition 2018 (TF1 Studio)
- Blu-ray 4K UltraHD