À l’occasion de la sortie en salles, le 7 septembre 2016, d’une nouvelle version de Ben-Hur réalisée par Timur Bekmambetov (Wanted, 2008), retour sur un chef d’œuvre du Septième Art : le Ben-Hur de William Wyler datant de 1959 et qui bénéficia en 2011 d’une édition Blu-ray à la hauteur de ce véritable monument cinématographique.
Jésus Marie Joseph ! Voilà à peu de choses près les premiers mots que l’on pourra prononcer à la découverte de cette édition 50ème anniversaire de Ben-Hur tant sa déclinaison Blu-ray laisse pantois de bonheur.
Doux Jésus, bénie soit cette image !
Amen ! Difficile en effet de ne pas louer la magnificence du rendu vidéo HD délivré ici. Dès le prologue (la venue au monde du Christ avec Marie, Joseph et les trois Rois Mages), on reste littéralement sur le cul (béni) devant la qualité du master proposé au format respecté 2.76 :1 encodé en AVC 1080/24p. Warner n’a pas pour habitude de torcher ses joyaux (cf. Autant en emporte le vent, Le Magicien d’Oz, La Mort aux trousses, etc.) et force est de constater qu’avec Ben-Hur, l’éditeur le prouve à nouveau. Les superlatifs viennent bien vite à manquer à mesure que les images défilent : les couleurs sont à tomber à la renverse (cf. les tuniques romaines pourpres et rouges ou encore le bleu des yeux de Charlton Heston), le niveau de définition est prodigieux et surtout le DNR a su être employé avec parcimonie, entraînant tout au long du film un magnifique grain pellicule. Et ne parlons même pas de la profondeur de champ, juste H.A.L.L.U.C.I.N.A.N.T.E. Pour s’en convaincre, allez donc jeter un coup d’œil à 90min 45s (disque 1) et cette vision à perte de vue sur la cité romaine ou encore la grande parade avant la course de chars à la 15ème minute (disque 2), visuellement époustouflante, soutenue par une musique à l’amplitude prodigieuse.
Marie, Sainte Vierge du son
Le boulot de restauration sur le son s’avère en effet tout aussi magistral avec un rendu clair et limpide, sans le moindre souffle, craquement ou distorsion d’aucune sorte. Le recours aux Surround sait se faire apprécier c’est-à-dire sans donner l’impression de verser dans la surenchère multicanale artificielle. Outre la musique (cf. l’ouverture), trois séquences phares sont à même de faire valoir la supériorité écrasante de la VO DTS-HD Master Audio 5.1 sur ce Blu-ray de Ben-Hur : la bataille navale, la course de chars et, peut-être la plus impressionnante que toutes, la tempête finale en clôture du film, prodigieuse à tous les niveaux : puissance déployée, amplitude 5.1, descentes dans le bas du spectre. Soit en définitive une piste HD flambant neuve et méchamment efficace.
Joseph, charpentier des bonus
Que serait la sainte trinité d’une sortie Blu-ray aussi majeure que Ben-Hur sans le troisième pilier qu’est l’interactivité ? En la matière, Warner n’a, là encore, pas fait les choses à moitié en reprenant pour commencer l’intégralité des bonus présents sur la précédente édition prestige 4 DVD sortie à noël 2005. Le tout est empaqueté au sein d’un magnifique boîtier métallique qui renferme les six disques de cette édition : deux pour le film en Blu-ray, deux pour le film en DVD (le film étant coupé fort judicieusement à son entracte), un Blu-ray pour les bonus (dont la version muette de 1925 encodée en SD) et un CD-Audio renfermant la B.O. auquel s’ajoute un somptueux livret d’une soixantaine de pages. Soit un contenu et un contenant de très haute qualité.
On commence, en accompagnement du film, par un tout nouveau commentaire audio de T. Gene Hatcher, historien du cinéma, et de Charlton Heston, alors que sur l’édition précédente, ce dernier intervenait seul et uniquement sur certaines scènes (mais là encore sans sous-titres français). Si les interventions des deux hommes ne couvrent pas l’intégralité du long-métrage (difficile de parler durant 3h40 de film !), leurs remarques ont néanmoins le mérite d’être systématiquement pertinentes, Charlton Heston n’étant pas en reste avec quelques belles anecdotes d’époque, tout en pointant parfois du doigt certains petits détails (ex : l’ombre de la caméra sur la manche de Jésus-Christ lors du travelling avant à 62min).
On poursuit avec le Ben-Hur de 1925. Cette première version (si l’on fait abstraction de celle de 1907 que personne n’a vu et qui ne peut donc qu’être citée) est avec Naissance d’une nation (1915) ou encore Intolérance (1916), le film le plus célèbre du cinéma muet. On reste surpris par la puissance des deux séquences clés que sont la bataille navale beaucoup plus sauvage et acharnée que celle du remake de Wyler (Brion parle d’un possible antagonisme entre partisans ou non de Mussolini au sein des figurants car faut-il le rappeler, ce Ben-Hur là fut tourné d’abord en Italie puis à Los Angeles et fut un gouffre financier pour la toute nouvelle MGM) et celle de la course de chars qui elle non plus n’a pas à rougir de la comparaison. Si l’on peut ainsi louer Warner Home video de nous gratifier en bonus de ce morceau de bravoure cinématographique qui a aussi valeur de document historique et cinéphile, on aurait tout de même aimé pouvoir bénéficier en sus d’un documentaire qui se serait penché exclusivement sur l’étonnante aventure qu’aura constitué ce film tourné en 214 jours sur deux continents, ayant coûté la bagatelle de 4 millions de dollars (une somme énorme pour l’époque) mais qui sera aussi au final l’acte de naissance véritable de la MGM. Un documentaire qui aurait pu aussi confirmer ou infirmer l’information qui veut que Wyler fut l’un des assistants réalisateurs pour la course de chars.
On poursuit avec le disque dédié aux bonus, comme précisé ci-dessous, tous repris de l’édition prestige 4 DVD parue en 2005. Pour débuter, on trouve Ben-Hur : Le film épique qui a changé le cinéma. Ce documentaire datant de 2005, cède essentiellement la parole à des personnalités contemporaines du Septième Art qui évoquent les influences que le Ben-Hur de 1959 a eues sur les longs-métrages qui ont vu le jour depuis (La Liste de Schindler, Gladiator, etc.). Si les aspects intimistes et religieux du récit sont tout d’abord évoqués au travers des méthodes de travail de William Wyler, les défis techniques que représenta le film constituent ensuite le cœur du documentaire : photographie 70mm, décors, costumes, musique avec, dans chacun des cas, des interventions de personnalités directement liées au domaine traité : Janusz Kaminski (le directeur photo attitré de Steven Spielberg), Ben Burtt (le designer son de la saga Star Wars), Don Davis (compositeur, entre autres, des musiques de la trilogie Matrix) mais aussi le propre fils de Charlton Heston, Fraser, ainsi que plusieurs cinéastes tels que Irvin Kershner (L’Empire contre-attaque) ou encore George Lucas qui ne cache nullement l’influence de la course de chars sur sa propre course de Pods dans La Menace fantôme.
Le Making of du film est un documentaire datant de 1993 qui revient tout d’abord sur le roman de Lew Wallace, Ben-Hur : A tale of the Christ, puis sur le succès de la pièce de théâtre avant d’évoquer la première version filmée (un court-métrage de 15 minutes datant de 1907) puis sur le long-métrage muet de 1925 qui comporta lui aussi bon nombre de défis techniques. Le documentaire s’attarde ensuite pour les 40 minutes restantes sur le Ben-Hur de 1959 pour nous délivrer une quantité conséquente de renseignements plus ou moins connus du grand public : la MGM au bord de la faillite avait déjà épuisé 40 scénarios différents du film et tenta le tout pour le tout en investissant pas moins de 15 millions de dollars dans la production (le film en rapportera 80). Outre les innombrables défis techniques que représenta ce projet (la course de chars en étant bien entendu le point d’orgue), plusieurs anecdotes croustillantes sont également de la partie telles que le défilé des stars de l’époque (Bette Davis, Kirk Douglas, etc.) qui cherchaient tous à effectuer un petit tour de char. Les techniciens apprécieront également les quelques révélations, images à l’appui, sur les trucages visuels de l’époque, notamment pour la multiplication des figurants lors des scènes de foule.
Ben-Hur : À travers les images est une succession d’images du film et de photos de production accompagnées par la musique de Miklos Rozsa et quelques dialogues tandis que la section Essais des acteurs permet d’assister, comme son nom l’indique, à plusieurs duos de comédiens envisagés pour tenir les rôles de Ben-Hur et de Messala mais aussi à des essais de coiffure et de maquillage pour l’actrice Haya Harareet. Les vidéos aussi rares que précieuses se poursuivent ensuite avec les Ciné-journaux d’époque, soit six mini journaux télévisés autour du phénomène cinématographique que représenta Ben-Hur au moment de sa sortie en 1959 tandis que Les grands moments de la cérémonie des Oscars de 1960 est une mise bout à bout d’images filmées au cours la 32ème cérémonie des Oscars où Ben-Hur remporta 11 statuettes (un record égalé depuis par Titanic et Le retour du Roi, mais jamais dépassé). Pour finir, on trouve 5 bandes-annonces.
Mais comme si tout ceci ne suffisait pas, Warner s’est fendu d’un tout nouveau supplément pour cette édition Blu-ray 50ème anniversaire, Charlton Heston & Ben-Hur : Une vie épique, à la durée plus que conséquente : près de 80 minutes. Soit un documentaire inédit datant de 2011 et signé Laurent Bouzereau, qui n’a décidément jamais été aussi doué que lorsqu’il s’attaque à des films dits de patrimoine. Étayé d’interviews des membres de la famille Heston (sa fille, son fils, son petit-fils, son épouse), de vidéos et photos de famille et d’extraits du journal que l’acteur commença à rédiger en 1958, ce tout nouveau bonus revient sur le tournage épique du film (des débuts difficiles avec le réalisateur William Wyler, très exigeant) tout en dressant en parallèle le portrait du comédien, personnage bon vivant et aimant avec sa famille et les gens qu’il rencontrait et qui prenait son métier d’acteur très au sérieux.
Judas et ses petites traîtrises
Pour aussi grand que soit le sérieux avec lequel Warner a traité cette sortie Blu-ray de Ben-Hur, tout n’est pas paradisiaque pour autant au sein de cette édition et quelques petites faiblesses viennent s’immiscer dans cet apparent Jardin d’Éden HD. Sur l’image pour commencer où réside une ou deux petzouilles à peine perceptibles puisque n’excédant que rarement le temps d’une image. De petits écarts passagers qui n’entament en rien le plaisir de la (re)découverte d’une œuvre qui vient de franchir le cap du demi-siècle faut-il tout de même le rappeler. La deuxième réserve concerne la VF qui hérite du simple Dolby Digital 5.1 déjà présent sur le DVD et qui ne peut, à aucun moment, rivaliser avec la VO DTS-HD. La troisième réserve concerne le tout nouveau documentaire qui dresse un portrait un peu trop idyllique pour être honnête de Charlton Heston, même s’il semblait assez difficile de souiller la mémoire de cet immense comédien disparu peu de temps avant la sortie de ce coffret (pour rappel, Charlton Heston est décédé en 2008). La quatrième réserve concerne le CD-Audio qui ne contient que cinq pistes pour un petit quart d’heure de musique. Quitte à se fendre d’un disque renfermant la B.O. du film, pourquoi ne pas la proposer en intégralité ? Enfin, dernier reproche, imputable cette fois à toutes les éditions DVD et Blu-ray de Warner depuis des lustres : le commentaire audio est proposé uniquement en VO sans le moindre sous-titres. À ce niveau d’entêtement, même les plus croyants ont abandonné depuis bien longtemps la possibilité d’un miracle.
Pour aussi complète que soit cette édition Blu-ray 50ème anniversaire de Ben-Hur, la note maximale n’est pas atteinte pour deux raisons : tout d’abord l’absence de sous-titres sur le commentaire audio (une lacune systématique de la part de l’éditeur en France) mais aussi l’absence donc d’un véritable documentaire dédié pour la version de 1925 au tournage aussi riche et passionnant que fut celui de Cléopâtre (1963) par exemple. En dépit de toutes ces (menues) réserves, cette édition Blu-ray 50ème anniversaire de Ben-Hur se pose sans conteste comme un (r)achat I.N.D.I.S.P.E.N.S.A.B.L.E. ! Et accessoirement, vous pourrez revendre toutes vos précédentes éditions : VHS, LD, DVD, etc. En attendant une hypothétique édition en Blu-ray 4K Ultra HD car, faut-il le rappeler, pour les besoins de cette édition Blu-ray 50ème anniversaire, Warner avait investi dans une restauration à grand frais avec à la clé un tout nouveau master 6K !
Notes :
– Image : 5/5
– Son : 5/5
– Bonus : 4,5/5
Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080
Ben-Hur – Ultimate Edition 50ème anniversaire Blu-ray
Éditeur : Warner Home Video
Date de sortie : 26 octobre 2011
Spécifications techniques :
– Image : 2.76:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Anglais DTS-HD MA 5.1, Français DD 5.1
– Sous-titres : Français, Anglais
– Durée : 3h 42min 28s
Bonus (en SD et VOSTF) :
DISQUE 1 & 2 : Ben-Hur (1959) en Blu-ray
– Commentaire audio de T. Gene Hatcher et Charlton Heston (VO)
– Piste musicale seule (DD 2.0 192Kb/s)
DISQUE 3 : Les bonus (Blu-ray)
– Charlton Heston & Ben-Hur : Une vie épique (78min 06s, HD)
– Ben-Hur : le film épique qui a changé le cinéma (57min 46s)
– Documentaire : Le making of du film (58min 15s)
– Ben-Hur : À travers les images (5min 09s)
– Essais des acteurs (29min 18s)
– Ciné-journaux d’époque (9min 45s)
– Les grands moments de la cérémonie des Oscars de 1960 (9min 47s)
– Ben-Hur : La version muette de 1925 (143min 06s, DD 2.0)
DISQUE 4 & 5 : Ben-Hur (1959) en DVD
– Image : 2.76:1 encodée en MPEG-2
– Langues : Anglais & Français DD 5.1 (384Kb/s)
– Sous-titres : Français, Anglais
– Durée : 3h 33min 20s
– Commentaire audio de T. Gene Hatcher et Charlton Heston (VO)
– Piste musicale seule (DD 2.0 192Kb/s)
DISQUE 6 : CD de la bande originale du film
– 5 pistes (15min 47s)
– Livret de photos et de notes de production (64 pages)
– Boitier métal
Bonjour, je voudrais savoir pourquoi le film Ben Hur en DVD fait 9 minutes de moins que le Blu-Ray, est-ce qu’il manque des scènes? Je ne possède pas de lecteur Blu Ray et regarde tous mes DVD sur moniteur grand écran à partir de mon PC. J’hésite à acheter ce coffret à cause de ce détail. Je vais finir par acheter un lecteur Blu Ray (pour faire comme tout le monde…) mais franchement, ça m’ennuie. Pouvez-vous me renseigner. Merci.
PS: c’est bien joli toutes ces rééditions, mais j’aimerais bien que les éditeurs fournissent dès le départ une copie intégrale de l’image restaurée et pas une copie « tronquée » recadrée, car avec ces procédés, j’ai du ces dernières années racheter: Le guépard, La chute de l’empire romain, Spartacus, Les dix commandements, Cléopatre, Valdez, Fureur Apache,L’homme de Rio, Les tribulations d’un chinois en Chine, etc etc… Il y des abus inadmissibles de la part de certains éditeurs vraiment… et pendant qu’on ressort en France sans arrêt les mêmes films sous de nouvelles éditions, on laisse « pourrir » des chefs d’oeuvres comme Alamo de John Wayne dont nous ne verrons jamais la version longue.
Pour Ben Hur (j’attends votre conseil…),
Bonjour, la raison en est simple. Le Blu-ray propose le vrai défilement 24 images par seconde. C’est d’ailleurs l’un des intérêts essentiels du Blu-ray au-delà de l’aspect image et son grandement améliorés. Le DVD propose quant à lui un défilement vidéo de 25 images par seconde. De fait la durée des films s’en trouve toujours raccourci. Et pour ceux dont le boulot comme nous, cela finit par insupporter car on ressent bien au son que la musique des films par exemple montent plus facilement dans les aigus (exemple parmi tant d’autres).
Bref on ne saurait trop vous conseiller de vous équiper en lecteur Blu-ray et de faire l’acquisition de cette magnifique édition.
Ps : cela a été malheureusement toujours le cas. Et cela continuera ne serait-ce que par l’aspect amélioration sans cesse des restaurations qui maintenant se font en 8K (le 4K étant devenu la norme). Mais les éditeurs ne sont pas forcément à toujours mettre en cause. Au début de l’ère de la vidéo quand on est passé du VHS au DVD, oui on peut dire que les éditeurs mettaient en vente leurs films le plus rapidement possibles sans vraiment se demander si ce qu’ils proposaient étaient corrects ou respectaient les intentions initiales. Cela a quand même beaucoup évolué depuis et dans le bon sens.
Maintenant, le marché de la vidéo physique n’étant plus clairement le futur du marché (les acteurs allant se concentrer de plus en plus sur la VOD et autres solutions dématérialisées), il ne faut plus s’attendre à ce que des films non porteurs sortent en Blu-ray ou DVD. Et les films dits de catalogue en font partie. Heureusement des éditeurs indépendants reprennent le flambeau mais c’est forcément frustrant comme vous le suggérez. Pour info j’ai revu Alamo version longue sur la chaîne TCM dernièrement (en mars je crois). J’en ai profité pour l’enregistrer car il s’agissait d’une version restaurée et diffusée en HD. Ce qui veut dire que le master existe mais de là à le sortir en Blu-ray il y a un pas économique que l’ayant droit (Warner si je ne me trompe) ne fera pas ou plus. C’est en effet bien plus intéressant de vendre le film pour une diff en TV (ce qui aide à financer la restauration).
Un grand merci pour cette excellente et utile analyse. Je viens de l’acquérir. Petite mise en garde pour les éventuels futurs acheteurs : le livret étant broché, prenez garde à ne pas l’ouvrir largement, les feuilles ne semblent pas collées très solidement…
Je crois que les essais de la merveilleuse Haya Harareet concernent le film ‘L’Atlantide’, et non pas ‘Ben-Hur’. ‘L’Atlantide’ était un film assez croquignolet, mais comme elle y était très sexy, j’aimerais beaucoup le voir un jour édité. Guère d’espoir que ça arrive, hélas