Terreur sur la ville (1976) - Image une test BD

Terreur sur la ville (1976) en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret chez Rimini

Il était temps. Terreur sur la ville, une des perles du cinéma indépendant US des années 70, s’arroge enfin une édition Blu-ray (et DVD) digne de ce nom en nos contrées. C’est que seule une VHS chez RCV (Régie Cassette Vidéo) avait vu le jour jusqu’ici. Et encore il faut remonter à 1985 où cela se monnayait aux alentours de 799 francs (120 euros, une bagatelle). Alors bien entendu on pouvait toujours fureter vers l’import où Shout Factory, l’éditeur yankee bien connu de ceux qui savent, l’avait sorti en 2013 ou encore Eureka en Angleterre en 2015. Mais il ne fallait pas alors compter sur une quelconque présence de VF ou de sous-titres français. L’attente fut donc longue mais la récompense est là puisque Rimini propose une édition aux prestations techniques plutôt honorables tout en reprenant les compléments produits en leur temps par Shout Factory.

Terreur sur la ville - Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Rimini Editions
Sortie le :17 février 2022  

Ah oui sinon pour ceux qui douteraient encore, Terreur sur la ville est un film que l’on peut ranger dans les précurseurs d’un genre qui fera florès deux ans plus tard avec le Halloween d’un certain Carpenter. Comme le précise avec beaucoup d’acuité Marc Toullec au sein du livret accompagnant cette édition, il s’agit en fait d’un polar rural en mode slasher qui s’appuie sur des faits authentiques. Nous sommes en 1946 dans la petite ville de Texarkana au Texas où un tueur encagoulé d’un sac de toile de jute grossièrement percé au niveau des yeux commence à sévir selon une méthode qui s’affine de victime en victime (des jeunes couples isolés). L’affaire va mettre en émoi tout le pays d’autant que du jour au lendemain le tueur ne va plus donner signe de vie laissant derrière lui cinq cadavres ainsi que trois blessés aux séquelles psychologiques et physiques incurables. Sans parler d’un mystère qui reste entier encore aujourd’hui. C’est ce matériau brut que Charles B. Pierce va s’employer à développer pour nous pondre The Town That Dreaded Sundown (« La Ville qui craignait le crépuscule »), un film qui tout en utilisant les leviers du documentaire ne se prive pas pour jouer avec certaines de nos peurs primales mais aussi avec ce besoin de voyeurisme consubstantiel propre à tout spectateur qui se respecte.

Terreur sur la ville - Cover VHSCover VHS d’époque

Ne pas chercher pour autant une mise en scène avec effets de manche. Dans Terreur sur la ville, on prend son temps pour faire monter la tension sans jamais se dépareiller de cet humour « sudiste » que la série Duke of Hazzard (Shérif, fais-moi peur pour ceux qui l’avaient découverte en France sur feu La Cinq) avait porté jusqu’au-boutiste caricatural. Certains pourront même être déstabilisés par un tel tempo. Pourtant, il sied à merveille à l’environnement et aux ambitions d’un film qui aujourd’hui encore marque la rétine de par son naturalisme bluffant. Et puis il y a Ben Johnson, cet acteur chevronné qui fit ses premiers pas et une grande partie de sa carrière dans les westerns de John Ford, qui au début des années 70 fut récompensé d’un Oscar dans le brillant La Dernière Séance de Peter Bogdanovich et qui joue le rôle ici d’un capitaine des Texas Rangers en charge de l’enquête. Sa simple présence assure au film une crédibilité remarquable que Charles B. Pierce, un réalisateur du cru uniquement connu en France par certains Happy Few mais dont la carrière est excellemment mise en avant au sein du livret, finit d’emballer jusqu’à cette fin qui si elle dévie de la réalité historique lui prodigue une moelle et une assise définitive à même de transcender la patine du temps.

Terreur sur la ville - Affiche US

Ce que rend compte à sa manière l’image que nous propose cette édition. S’il va sans dire que nous sommes à des années lumières de la copie VHS, il n’en demeure pas moins que ce Blu-ray met en avant un master loin d’être exemplaire. On en veut pour preuve les nombreuses imperfections (tâches et points blancs) visibles à l’œil nu qui remontent d’une copie à l’évidence non passée par la case restauration. Pour autant, cela ne dénature pas la vision du film. Au contraire même. On pousserait même le vice en affirmant que Terreur sur la ville est proposé dans son jus d’époque mais ce serait de la mauvaise foi tant l’encodage s’en sort merveilleusement bien pour mettre en valeur colorimétrie, contrastes et définition pour un résultat d’ensemble qui flatte la rétine. Ne pas oublier qu’il s’agit là d’un film à petit budget destiné à une exploitation d’abord locale et Drive-In dont le négatif d’origine n’existe peut-être même plus. Rimini a bien entendu utilisé le même master que Shout Factory et Eureka mais s’est empressé de retrouver la VF d’époque à l’évidence conçue pour la sortie du film en VHS. Elle est de qualité et on y retrouve par exemple la voix de Raymond Loyer qui a été associée pendant très longtemps par le public français à celle de John Wayne. C’est dire si l’on a affaire à du travail de pro d’autant que le mono proposé via un encodage en DTS-HD MA tient plus que bien la route. À noter qu’entre 1min55s et 2min10s, le film repasse en VO. On n’a pas repéré cela ailleurs. On en déduit qu’il s’agissait là d’un passage non doublé que la VHS ne proposait pas sans que nous puissions en donner la raison.  Quoi qu’il en soit, on lui préférera la VO aux techniques d’encodage idoines ne serait-ce que pour l’environnement sonore ambiant qui ouvre sans conteste la scène et crédibilise encore plus l’action.

Terreur sur la ville - Extrait livretExtrait livret rédigé par Marc Toullec

Enfin, Rimini s’est donc arrangé pour proposer la plupart des bonus produits en leur temps par Shout Factory. Ils sont tous proposés avec des STF et font intervenir deux acteurs (le shérif joué par Andrew Prine et une des victimes interprétée par Dawn Wells). Plus intéressantes sont les anecdotes et révélations sur la méthodologie de travail du réalisateur faites par Jim Roberson, le chef opérateur. Mais ce qui emporte le morceau, on l’a déjà dit, c’est le livret rédigé par Marc Toullec. Un remarquable texte qui surprend tant il nous avait habitué jusqu’ici à une certaine zone de confort où prédominait un enthousiasme mesuré et une paresse d’écriture patente. On sent ici que le sujet l’intéresse grandement. C’est ainsi qu’il retrace avec force et détails la carrière de ce cinéaste méconnu en France tout en le contextualisant au sein d’une production cinématographique locale dont il nous donne quelques clés de compréhension historique plus que bienvenues. Une fois la lecture terminée, on n’a qu’une envie, se jeter sur les autres films de Charles B. Pierce, se replonger dans l’histoire du fameux « Zodiac » qui s’est à l’évidence inspiré de ce Phantom Killer auquel David Fincher s’était attaqué dans son film au titre éponyme et par extension sur ces « Redneck movies » encore peu très peu connus et traités en nos vertes prairies.

Inédit au cinéma

Résumé : Texakarna, Texas, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les derniers soldats sont rentrés, les années de rationnement et de pénurie s’éloignent. La ville s’apprête à retrouver calme et prospérité mais un mystérieux tueur va s’en prendre aux habitants de la ville.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Anglais et Français en DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français
  • Durée : 1h30min 07s
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus (en HD) :

  • Policier de campagne : Entretien avec Andrew Prine (9min 41s – VOST – 2013)
  • Dans l’œil de celui qui regarde : Entretien avec Jim Roberson, chef opérateur (12min 33s – VOST – 2013)
  • Histoires de survivants : Entretien avec Dawn Wells (5min 17s – VOST – 2013)
  • Bande annonce (2min 17s – VO)
  • Livret rédigé par Marc Toullec (20 pages)

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