Les Grandes manœuvres - Image une test BD

Les Grandes manœuvres (1955) : Coin de Mire Cinéma – Vague 7

Les Grandes manœuvres est devenu avec le temps un classique de notre cinéma bien aidé il est vrai par les multiples diffusions en télé au succès d’audience jamais démenti. Tout du moins au siècle dernier. Car il est évident que depuis une vingtaine d’années le film de René Clair n’a plus les honneurs du prime et ne truste que rarement les chaînes du câble ou de la TNT. Il est vrai aussi que son charme n’agit plus vraiment sinon envers les seniors ou à la limite envers ceux qui l’auraient vu justement lors d’une diff TV étant jeune. Et aujourd’hui cette audience n’a plus vingt ans et/ou peine à se renouveler. Les Grandes manœuvres fait en effet parti de ces films fleurons du cinéma dit de papa que l’on pourrait qualifier diplomatiquement de « vintage » à tendance désuet. Pour autant, il serait dommage de passer à côté de sa (re)découverte. À commencer par les cinéphiles en herbe qui se doivent de connaître ce pan de notre histoire cinématographique ou encore les nostalgiques quelque peu érudits ou non qui ne pourront avoir que la rétine reconnaissante devant un si beau lifting en 4K.

Les Grandes manoeuvres - Digibook - Blu-ray + DVD + Livret

Éditeur :Coin de Mire Cinéma
Sortie le :09 avril 2021  

Au cinéma le : 26 octobre 1955

Résumé :  Armand de La Verne, jeune et beau lieutenant au 33ème Dragons et Don Juan invétéré, a fait le pari devant tout son régiment de séduire à coup sûr la première femme venue… Il tombe sur Marie-Louise à qui il fait une cour empressée. Mais sa proie a appris le pacte grossier dont elle fait l’objet. Elle ferme sa porte, n’ouvre pas ses lettres, refuse ses fleurs. Pour la première fois de sa carrière, Armand est déconcerté par la résistance d’une femme qui semble voir clair dans son jeu. Il tombe amoureux pour la première fois…

Les Grandes manoeuvres - Affiche

À toutes fins utiles, on rappellera que Les Grandes manœuvres était une production d’ampleur à laquelle l’ajout du procédé Eastmancolor est venu saler encore plus la note finale. C’est qu’en 1955 peu de films français passent le rubicond de la couleur. Question de coûts donc mais aussi parce qu’en cette décennie, l’arrivée de jeunes talents à la réalisation se fait au compte-goutte et que ceux qui sont en place rechignent à se lancer dans l’aventure de peur de perdre la maîtrise de leur film au profit des techniciens sur le plateau (un même constat peut se faire au moment du passage du parlant avec les ingénieurs du son). Et de fait, outre Les Grandes manœuvres, on ne trouve que trois autres métrages en couleur cette année-là : French Cancan de Jean Renoir (Technicolor), Lola Montès de Max Ophuls (Eastmancolor) et Nana de Christian-Jaque (Eastmancolor). Quant à René Clair, le défi ne lui fait pas peur. Lui qui réalisa avant-guerre l’un des tout premiers films parlants français (Sous les toits de Paris – 1930), se lance avec envie dans cette aventure nouvelle pour lui avec à ses côtés une flopée d’acteurs de premier plan et pas moins de trois directeurs de la photo déjà extrêmement aguerris à l’époque (Robert Le Febvre, Robert Juillard, Daniel Diot). Il est indéniable qu’encore aujourd’hui Les Grandes manœuvres s’impose naturellement par sa mise en scène ample et soignée. On pourrait même parler d’un ballet permanent entre les mouvements perpétuels des comédiens à l’écran et cette caméra qui parfois les suit et les accompagne et parfois non donnant à l’ensemble une forme de dichotomie visuelle étonnante. On se dit que seuls des décors de studios (à Billancourt pour être précis) pouvaient permettre cela tant les imposantes caméras de l’époque à même d’emporter avec eux de la pellicule couleur ne pouvaient se transporter n’importe où et encore moins en décors naturels.

On sera plus réservé sur cette histoire de Don Juan militaire (Gérard Philipe) habitué aux conquêtes vite oubliées qui finit par tomber amoureux d’un « pari » (Michèle Morgan) effectué un soir de beuverie. Disons que sans avoir vu le film, on devinera d’emblée la fin sans que la façon d’y arriver ne soulève pas plus qu’un ennui poli. On se permet d’avancer cela étant entendu que le même ressenti nous étreignit dès la première vision du film lors d’une séance « Cinéma de minuit » de Brion. Le casting se donne pourtant du mal. On notera ainsi les délicieuses apparitions de Brigitte Bardot et de Dany Carel ou celles marquantes de Jacques François, Jean Desailly, Yves Robert, Claude Rich… toutes censées donner de l’épaisseur à la trajectoire du couple vedette. Las, on tentera de maintenir notre intérêt par la contemplation ébahie de cette image aux couleurs saturées qui est pour le coup une véritable découverte. Jamais en effet dans notre souvenir nous n’avions visionné Les Grandes manœuvres ainsi. La restauration doublée d’un étalonnage très orienté température de couleurs chaudes ravit en effet les yeux et les sens. Sans oublier un grain pellicule qui sied merveilleusement bien à l’ensemble. À tel point que l’on en oublierait qu’il s’agit là d’un film de studio tant tout cela est d’un naturel organique incroyable.

Les Grandes manœuvres - Scénographie Blu-ray

C’est donc peu de dire que voilà une restauration 4K initiée depuis le négatif original par TF1 Studio magnifiquement reportée en Blu-ray. Il s’agit au demeurant du point fort de cette édition auquel on peut associer la piste française elle aussi restaurée avec soin. L’encodage DTS-HD MA 2.0 mono permet du coup une retranscription des voix d’une clarté absolue et d’un dynamisme irréprochable jamais pris en défaut. Il suffit en effet de tendre l’oreille au début et à la fin du film lors des parades à chevaux dans les rues de la petite ville de province rythmées au son de l’orchestre du régiment pour s’en convaincre. On sera nettement moins enthousiaste sur la partie éditoriale de ce combo. Vous allez nous dire qu’il est vain de s’en plaindre étant entendu que la collection dite « La Séance » chez Coin de Mire Cinéma n’a jamais eu véritablement pour ambition de proposer des suppléments autres que les réclames de l’année et les actualités de la semaine de sortie du film que l’on pouvait voir lors des avants-séances. Mais en fait si on a eu raison de s’en plaindre car par la suite l’éditeur a rectifié le tir. Mais à l’époque de cette édition (en 2021), ce n’était pas encore devenu une option récurrente. Et Dieu sait pourtant qu’ici cela n’aurait pas été du luxe de recontextualiser un tantinet Les Grandes manœuvres dans la filmo de René Clair et dans celle du cinéma français de la décennie. D’autant que la petite bio proposée au sein du livret (seul apport éditorial véritablement « inédit ») où l’on trouve des fac-similés du matériel promotionnel de l’époque, une grossière erreur s’est glissée puisque on peut y lire que René Clair a été mobilisé dès 1914 alors qu’en réalité c’était en 1917. Année de ses 19 ans.

Les Grandes manœuvres - Capture Blu-rayFin alternative

Il faut pour autant être juste puisqu’il existe bien un supplément « autre » avec la présence d’une fin alternative dont nous n’avions jamais entendu parler avant sa découverte ici. Une fin bien plus sombre qui a apparemment été abandonnée préférant donc celle plus « solaire » que nous connaissons aujourd’hui. Mais un peu à l’instar de ce qu’avait décidé Julien Duvivier au moment de la sortie de La Belle équipe (1936), on aurait aimé connaître les ramifications d’une telle décision. On se consolera en découvrant ces 56 secondes en version elles aussi restaurée 4K. Pas de jaloux donc impliquant toutefois une chose. Pour cette édition, cette fin alternative est aussi importante que la fin officielle. Si cela ne justifie pas une petite contextualisation en bonne et due forme, on ne comprend plus rien.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.37:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Français DTS-HD MA 2.0 mono / Audio description
  • Sous-titre(s) : Français pour sourds et malentendants débrayables
  • Durée : 1h47min 20s
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus :

  • Journaux des actualités de la 43ème semaine de l’année 1955 (8min 13s – HD)
  • Réclames de l’année 1955 (9min 46s – HD)
  • Fin alternative inédite restaurée (56s – HD)
  • Bandes-annonces :
  • Un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages)
  • 10 reproductions de photos d’exploitations (14,5 x 11,5 cm)
  • La reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm)

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