Alleluia - Capture Blu-ray

Alléluia : Blu-ray Belge Vs DVD WildSide

Alleluia avait fait sensation auprès de ceux qui l’avaient découvert lors de son passage à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2014. Suscitant des réactions passionnées, le film belge de Fabrice Du Welz avait alors trouvé un acquéreur français en la personne de Carlotta pour une distribution dans les salles programmée en novembre de la même année. On était alors plein d’espoir pour un cinéaste qui sortait du cauchemardesque tournage de Colt 45 distribué en catimini par Warner en plein été 2014. Et puis patatras, Alleluia sort sur 10 copies seulement et réalise 4 308 piteuses entrées. On ne sait si c’est Carlotta qui n’a pas su le vendre ou les exploitants qui ont vu ce truc venu de nulle part d’un mauvais œil, le fait est que Du Velz attendra encore pour se faire connaître du grand public. Quant aux fans de la première heure, ils devront boire le calice jusqu’à la lie avec une simple sortie en DVD à se mettre sous la dent. Une décision éditoriale toutefois logique compte tenu des enjeux économiques entre coût de fabrication d’un Blu-ray bien plus élevé que pour un DVD au regard d’un marché de la vidéo en net déclin et des ventes attendues.

Alleluia - Affiche

À moins de se tourner vers la Belgique qui a eu la bonne idée de pallier à cette, malgré tout, déconvenue en proposant Alleluia en Blu-ray. L’occasion alors pour nous de vous présenter les deux éditions d’un film qui reste sans conteste l’une des plus belles pépites découvertes l’année dernière.

Du côté de l’éditeur au chat miaulant, la satisfaction est malgré tout de mise tant le travail effectué sur le DVD est loin d’être bâclé. On précisera de prime abord que si aucune édition Blu-ray n’est prévue en France, les services VOD d’Orange et de Numericable proposent le film en haute définition à la location et/ou à l’achat. Tourné en pellicule comme les précédents longs-métrages de son auteur, Alléluia possède une image granuleuse qui confère une patte visuelle organique limite craspec à cette incandescente virée amoureuse. Le désormais « vieil » encodage MPEG-2 retranscrit sans trop forcer cet aspect et tient plutôt bien la route lorsque l’image est gonflée (upscale) en HD. Technologie SD oblige, certains arrière-plans trahissent toutefois un peu la compression notamment en très basse lumière mais dans l’ensemble la photo de Manuel Dacosse est préservée. De simples ambiances en contre-jour aux bas fonds de boîtes échangistes saturées de vert, de bleu et de rouge, en passant par des chambres de nuit à l’éclairage épuré, toutes les nuances et les saveurs de la rencontre et des pérégrinations de Michel et Gloria sont là, grouillantes de vie… et de morts.

Il va sans dire que tout cela réalise un bond bluffant lors de son passage en 1080p. Le grain est plus fin. La définition est magnifique sans jamais perdre de vue cette sensation argentique à pleurer. Quant aux arrières-plans, on les redécouvre tout bonnement surtout dans les séquences en très basse lumière où les noirs se débouchent comme par magie. Ci-dessous, quelques captures des deux éditions pour comparatif. L’exercice, on le sait, a ses limites mais demeure tout de même assez significatif ici.

Cliquez sur les captures ci-dessous pour les visualiser dans leur format natif

Alleluia - Capture DVDDVD WildSide

Alleluia - Capture Blu-rayBlu-ray

Alleluia - Capture DVDDVD WildSide

Alleluia - Capture Blu-rayBlu-ray

Alleluia - Capture DVDDVD WildSide

Alleluia - Capture Blu-rayBlu-ray

Alleluia - Capture DVDDVD WildSide

Alleluia - Capture Blu-rayBlu-ray

Alleluia - Capture DVDDVD WildSide

Alleluia - Capture Blu-rayBlu-ray

Alleluia - Capture DVDDVD WildSide

Alleluia - Capture Blu-rayBlu-ray

Pour accompagner ces images, le DVD propose deux pistes sonores. L’une est en Dolby Digital 2.0 Stéréo et l’autre en DTS 5.1. Pour les sourds et malentendants, une troisième piste en audio description DD 2.0 est également présente avec un sous-titrage adaptée si besoin est. Les home cinéphiles opteront naturellement pour la piste 5.1 tant le soin apporté au rendu du mixage d’Emmanuel de Boissieu est bien plus prégnant. On pense à la scène de la boîte de nuit, aux extérieurs sous la pluie ou lors des scènes de rêves/cauchemars (mention spéciale pour le réveil douloureux de Gloria vers 1h15). Si globalement, le film est axé sur les dialogues, le mixage sait se faire remarquer grâce à une belle spatialisation et un canal solide dédié aux graves.

L’édition Blu-ray s’octroie une piste DTD-HD MA 5.1 forcément un cran au dessus. Cela se ressent surtout lors des dialogues à la tessiture plus généreuse et au rendu beaucoup plus précis. Les ambiances ne sont pas en reste avec quand cela est utile de belles déflagrations bien circonscrites toujours lors des mêmes séquences citées plus haut (cauchemars, boites de nuit…). Et puis il y a un gain général non négligeable qui permet au spectre sonore de rendre compte de variations bien plus riches et bien mieux tenues.

La section bonus est quant à elle conséquente des deux côtés mais notre préférence va tout de même à l’édition Blu-ray. On s’explique.

Nous trouvons d’abord niveau DVD des rencontres (le réal et les deux acteurs) issues du site belge La Libre.be lors de la promo du film. Elles sont d’un intérêt fort disparate avec de surcroît des problématiques de son fort dommageables. Le Blu-ray ne reprend qu’une interview avec Noguera au montage différent et plus court. On y retrouve le même problème de son ainsi que des propos assez insipides.

Des scènes coupées sont proposées mais malheureusement sans les excellents commentaires audio optionnels du producteur et co-scénariste Vincent Tavier que l’on retrouve sur le Blu-ray belge. On y apprend entre autres que Du Welz aimerait un jour adapter un roman de Simenon ou qu’il adore donner des instructions à ses comédiens durant les prises ce qui constitue par la suite un cauchemar pour les monteurs son et image. Vincent Tavier suit par ailleurs Du Welz depuis ses débuts puisqu’il a produit son court-métrage réalisé en 1999 intitulé Quand on est amoureux c’est merveilleux visible uniquement en Blu-ray et pour la première fois en 1080p (déjà disponible sur le DVD de Calvaire – Merci à Cyril Despontin de nous l’avoir signalé). Celui-ci est savoureux et introduit déjà tout l’univers visuel du cinéaste ainsi que certaines de ses obsessions sur le couple ou la solitude. Il y a aussi dans ce court-métrage beaucoup des influences Caro et Jeunet du temps du Bunker de la dernière rafale et bien entendu de Delicatessen.

Sur le tournage (que l’on trouve aussi sur le Blu-ray) n’est autre que la reprise d’un sujet sur le tournage du film réalisé par le site belge Cinergie.be. Y interviennent face caméra Fabrice Du Weltz puis Laurent Lucas. On y voit un cinéaste apparemment heureux aux antipodes de ce qu’il a pu vivre lors du tournage de Colt 45. Lucas semble lui aussi aux anges et donne quelques infos supplémentaires sur son personnage non redondantes avec l’entretien signalé plus haut.

Exclusive pour l’édition DVD, la belle galerie de photos du tournage signée Kriss Dewitt mérite le détour tant on y retrouve des séquences du film ainsi que des moments off du metteur en scène avec ou sans ses comédiens. Pour finir, la bande-annonce du film est proposée en Dolby 1.0 (en DTD-HD Master Audio 5.1 sur le Blu-ray) ce qui est assez inhabituel pour le signaler.

Le DVD proposé par WildSide est donc loin d’être infâme. Techniquement parlant il est juste à la hauteur de ce que peut retranscrire le médium avec ses qualités et ses limites alors que les bonus présents font le boulot comme on dit. Le comparer au Blu-ray belge ne fait finalement sens que dans sa partie compléments où ceux-ci y sont plus riches et plus intéressants (le commentaire de Tavier sur les scènes coupées et le court-métrage). Le DVD est disponible dans toutes les bonnes crémeries de France alors que le Blu-ray l’est au magasin Metaluna Store où nous en avons fait l’acquisition.

Article co-signé avec Flavien Bellevue

Image DVD : 4/5
Son DVD : 4/5
Bonus DVD : 2,5/5

Cliquez sur les captures DVD ci-dessous pour les visualiser au format natif 1024×576

Alleluia – Édition DVD

Éditeur : WildSide
Date de sortie : 6 mai 2015

Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 compatible 16/9 encodée en MPEG2
– Langues : Français DTS 5.1 et 2.0 Stéréo
– Sous-titres : Sourds et malentendants
– Durée : 1h29
– 1 DVD-9

Alleluia - Jaquette DVD

Bonus :
– Entretien avec Héléna Noguera (6min11s)
– Sur le tournage de Alleluia (10min07s)
– 6 Scènes coupées
– Entretien avec  Lola Dueñas (4min09s)
– Entretien avec Laurent Lucas (5min02s)
– Bande annonce (1min32s)
– Galerie de photos

Image Blu-ray : 4,5/5
Son : 4,5/5
Bonus : 3,5/5

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Alleluia – Édition Blu-ray (Import Belgique)

Éditeur : O’brother
Date de sortie : 8 mai 2015

Spécifications techniques :
– Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
– Langues : Français DTS-HD MA 5.1
– Sous-titres : Hollandais
– Durée : 1h33
– 1 BD-50

Alleluia - Jaquette Blu-ray

Alleluia - Jaquette Blu-ray

Bonus :
– Interview Héléna Noguera (HD, 4min15s)

Alleluia - Bonus BRD - Hélène Noguera
–  Sur le tournage de Alleluia (HD, 10min10s)

Alleluia - Bonus BRD - Du Welz
– Scènes coupées avec commentaire audio optionnel du producteur et co-scénariste Vincent Tavier (HD, 16min47s)
–  Bande annonce (1min43s, 1080p)
– Court-métrage : Quand on est amoureux c’est merveilleux de Fabrice Du Welz (1999, 21min39s, 1080p)

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