Archives de catégorie : Critiques Ciné

Anatomie d’une chute – Une sacrée Palme d’or

Anatomie d’une chute a donc eu les honneurs d’une Palme d’or au dernier Festival de Cannes quand les trois premiers longs de la réalisatrice Justine Triet, tous sélectionnés eux aussi sur la croisette, en sont à chaque fois repartis broucouilles. Il faut croire que le changement radical de style, d’écriture et de mise en situation a su finalement conquérir un jury en adéquation avec cette étude d’un couple à la complexité et à la densité rare pour ne pas dire inédite dans le cinéma. Oui parce que Anatomie d’une chute raconte l’histoire d’un homme et d’une femme par le biais d’un procès. Celui de la femme que l’on soupçonne d’avoir défenestré son mari lors d’une dispute. Entre les deux, un enfant de 11 ans malvoyant qui découvre brutalement une version de ses parents pour le moins sans filtre. Il est donc clair que si le sujet ne vous parle pas ou ne vous attire pas, il vaudrait mieux passer votre chemin car Anatomie d’une chute va très très loin dans cette étude de caractère qui use des codes du film de prétoire (à la française), le tout dans un style quasi documentaire s’étalant sur près de 2h30.

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Oppenheimer – Et Nolan créa la bombe ?

En relisant notre avis sur Interstellar (oui nous cultivons le culte de la personnalité à DC), un bout de phrase nous a frappé : « (…) une sorte de bête de foire en 70MM et IMAX sans fin ». Et de nous dire qu’elle pourrait parfaitement convenir pour Oppenheimer. Est-ce à penser qu’en presque 10 ans le cinéma de Christopher Nolan n’a pas évolué ? Ou plutôt se serait-il obstinément appliqué à creuser ce seul sillon ? Quel que soit le sujet ? On serait tenté de répondre par l’affirmative tout en précisant que le cinéaste a des circonstances atténuantes.

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Le Règne animal – La Planète des Hommes

La première réflexion qui nous vient à l’esprit au moment où le générique de fin remplit son office, c’est la réussite évidente des intentions revendiquées dès les premières images par Le Règne animal. On parle ici de la volonté affichée d’aller chercher dans le cinéma dit de genre un récipiendaire propre à faire évoluer celui dit d’auteur à la française bien trop souvent enfermé dans ses certitudes datées. Il y a en effet dans ce deuxième long de Thomas Cailley un joli mélange des genres (justement) où il use sans en abuser du mode fantastique pour raconter une histoire entre un père et son fils dans un monde en plein bouleversement sociétal et environnemental. On est (enfin) conquis et on va tenter de vous expliquer pourquoi.

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Jeanne du Barry – Mon Roi

Si l’on s’en tient au discours rôdé asséné par Maïwenn durant la promo de Jeanne du Barry, cela faisait un moment qu’elle avait ce film en tête. En fait depuis la découverte en 2006 de Marie-Antoinette de Sofia Coppola où Asia Argento jouait la Comtesse du Barry justement. Fascinée par le personnage, elle s’est depuis énormément documentée tout en ne se disant pas prête pour ce genre d’aventure. C’est à l’issue du tournage d’ADN, son dernier film, qu’apparemment elle s’est sentie légitime (ou peut-être aussi que des producteurs ont « enfin » voulu sauter le pas avec elle). Le temps pour elle aussi d’entamer un nouveau cycle. ADN clôturant certainement celui entamé avec Pardonnez-moi en 2006 où dans le lot on trouve Polisse (2011) qui en fut un phare et un marqueur incontestable.

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Les Passagers de la nuit – Ce sentiment de l’éternité

Ce qui frappe dès les premières images est la sensualité à nul autre pareil du cinéma de Mikhaël Hers. Une sensualité immédiatement palpable à tel point qu’elle embrase littéralement l’écran lui octroyant une vitalité formelle incroyable. Pour caricaturer c’est un peu comme si Rohmer et sa façon de raconter la comédie humaine tout en apesanteur rencontrait Agnès Varda qui elle ne jurait sur le sujet que par un existentialisme organique. Et encore on serait loin du compte tant Les Passagers de la nuit synthétise un idéal inédit de mise en scène et de représentation humaniste qui s’affermit de film en film. Du genre à d’abord vous laisser sans voix, puis à vous assécher le canal lacrymal pour finir par vous mettre littéralement sur le flanc entre tristesse infinie et bonheur indéfectible.

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