Oubliez tout ce que vous savez sur Caligula. Oubliez la version dite intégrale ou longue non censurée caviardée de scènes de culs tournées dans le dos du réalisateur Tinto Brass voulues par le producteur et « accessoirement » fondateur du magazine Penthouse Bob Guccione. Version qui pour la petite histoire avait été diffusée la première fois en France en juillet 1985 sur Canal+ et qui avait eu valeur de « test » pour la chaîne inaugurant depuis la diffusion d’un film pornographique le premier samedi du mois. Oubliez les versions dites censurées qui ont été exploitées en Italie ou en Angleterre. Quant aux « novices » qui ne savent rien ou qui ont toujours voulu éviter la vision d’un film précédé de sa réputation nanardesque, là aussi virez-moi ces a priori et prenez la peine de découvrir ce Caligula – The Ultimate Cut qui ne vole absolument pas son « ultimate » de qualificatif. On vous explique pourquoi.
Le nom de Sébastien Drouin ne vous dit peut-être rien. Dans l’absolu c’est un peu normal, mais on va tenter de vous situer le bonhomme car cela en vaut la peine. Sébastien c’est d’abord une expertise à lui tout seul qui n’a fait que s’étayer depuis 1997 date à laquelle son nom apparaît au générique IMDB de Batman & Robin de Joel Schumacher en tant que « Digital Artist ». À une époque où il travaillait pour la célèbre boîte française d’effets visuels et spéciaux numériques BUF. Sébastien est par la suite devenu une référence en matière de SFX numériques. Nous, on le repère pour la première fois, et comme beaucoup de monde à l’époque d’ailleurs, avec Pièces détachées, un court-métrage qui aura marqué son petit monde par sa virtuosité, son audace et son discours. Un film réalisé avec un nombre de plans en numérique phénoménal que l’on peut (re)découvrir ici. Nous sommes en 2006 et sa carrière semble toute tracée.
Jean-Stéphane Sauvaire est décidément de la race de ces cinéastes qui a de la suite dans les idées et qui pour ce faire construit patiemment une filmographie qui fait sens mais qui avec le temps finit par se nicher à la marge d’une production cinématographique où le « pas de vagues » devient de plus en plus la norme. À ce titre, Black Flies, son dernier né passé par la case sélection officielle au festival de Cannes en 2023, pousse encore plus loin le bouchon d’une captation où le réel traumatique et sans concession infuse au sein d’une fiction à l’écriture blanche rappelant les préceptes du nouveau roman façon Camus. En ce sens que voilà le cinéaste français créchant depuis 2009 dans le quartier de Bushwick à Brooklyn, c’est-à-dire à l’endroit même où l’action de Black Flies se déroule, qui raconte un monde bouffé jusqu’à l’os par la peste de l’indifférence …
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’avec Dune : Deuxième partie (on n’y peut rien c’est la dénomination officielle), Denis Villeneuve lâche quelque peu les chevaux. Les connaisseurs ne seront pas surpris étant entendu que le cinéaste canadien ne fait que suivre à la lettre et depuis le début les aventures du futur Kwisatz Haderach par Franck Herbert. Mais pour les autres qui ont de surcroît eut du mal avec la première partie, ce sera une délicieuse surprise dont nous allons essayer de comprendre en filigranes les implications futures.
Si vous êtes familier avec le travail du scénariste / réalisateur David Oelhoffen, vous avez donc sans doute déjà deviné que Les Derniers hommes, sous ses atours de film de guerre, n’en est pas vraiment un. Tout comme Frères ennemis, son précédent opus, transgressait allègrement les codes du polar et que Loin des hommes adoptait ceux du western pour raconter l’histoire de deux hommes que tout oppose dans l’Atlas algérien de 1954, Les Derniers hommes prend pour cadre historique une colonne de légionnaires obligés de fuir à travers la jungle vers la frontière chinoise dans l’Indochine de 1945 occupé par les japonais. Un prétexte pour une nouvelle fois aborder l’interaction entre les hommes par gros temps et en milieu hostile. Entre les hommes oui car la filmographie d’Oelhoffen ne met jamais en scène la femme (à part quelques plans lors de son premier long Nos retrouvailles) semblant vouloir systématiquement l’expulser de ses récits. Ce qu’il a d’ailleurs fait en adaptant Les Chiens jaunes à l’origine des Derniers hommes puisque dans ce récit écrit par un légionnaire Alain Gandy, il y avait une infirmière qui finissait par provoquer la zizanie au sein de la colonne. Ici, les tensions, les trahisons, les accrochages avec l’ennemi… sont le seul fait des hommes, de leur déchéance physique et morale provoquée par une nature impitoyable et une autorité de plus en plus contestée.