En 10 jours, les films présents aux dix premières places du box office lors de la semaine du 30 septembre au 6 octobre se sont tous fait éjectés manu militari par des spectateurs qui reviennent enfin en nombre dans les salles obscures après plusieurs semaines de disette. En chiffre cela donne un cumul à 6 604 145 entrées (3 371 239 pour la semaine du 7 au 13 octobre et 3 232 906 pour le week-end du 14 au 18 octobre).
Il s’agit non pas d’un vent de fraîcheur mais bien d’une tornade salutaire tant tout cela sentait un peu le renfermé et le entre-soit bien moisi. Bien entendu, il y a à boire et à manger au sein des remplaçants.
À commencer par la suite du Labyrinthe qui en 10 jours d’exploitation fait déjà autant d’entrées que le premier opus sur deux semaines. Alors certes, cette Terre Brulée est distribuée sur plus de 100 copies supplémentaires, mais il est fort à parier que les 3 126 743 entrées du premier volet devraient a minima être atteints. Pour la Fox c’est l’assurance de vacances scolaires réussies en attendant (entre autres) Seul sur Mars de Ridley Scott dès le 21 octobre et Le Pont des espions de Sieur Spielberg prévu pour le 2 décembre.
De l’autre côté du spectre artistique, Metropolitan avait jeté dans l’arène Sicario qui nous arrivait précédé d’un passage à Cannes flatteur et de critiques assez enthousiastes. Peine perdue, le distributeur montre encore un peu plus son énorme potentiel en matière de savoir-faire pour crasher en plein vol des films prometteurs. C’est qu’à recaser toujours les mêmes stratégies de com ou les mêmes formules marketings en faisant juste osciller la voilure budgétaire de l’ensemble en fonction d’un doigt mouillé, forcément on se prend systématiquement les pieds dans le tapis quand par ailleurs l’environnement est de plus en plus concurrentiel. Il suffit juste de comparer avec Prisoners, film au potentiel idoine et distribué sur 258 copies (contre 285 en première semaine ici), que SND avait propulsé en 2013 au-delà du million d’entrées (1 155 295 très exactement) permettant d’ailleurs au passage de faire enfin connaître Denis Villeneuve, ce cinéaste canadien au talent si atypique, du grand public français. Avec moins de 300 000 entrées en 10 jours, Sicario ne devrait même pas aller tutoyer les 450 000 entrées. Une plaisanterie doublée d’une gabegie de fort mauvais goût.
Entre les deux, il y a le dernier M. Night Shyamalan qui sans faire des étincelles, tient tout de même son rang d’outsider bien poussé par Universal qui n’a pas lésiné pour le faire connaître au plus grand nombre. Alors certes, on va être très loin des plus que millionnaires que furent les After Earth (1 276 272 entrées), Le Dernier Maître de l’air ( 1 184 473 entrées) et Phénomènes (1 301 971 entrées), ses trois derniers films, mais The Visit s’adresse plus à une niche de spectateurs en recherche de sensations fortes. Sous cet angle, les 230 169 entrées cumulées en 10 jours sont dans la fourchette haute de ce genre de production et devrait lui permettre d’aller chercher les 400 000 entrées. Un chiffre plus qu’honorable pour un film qui semble signer un nouveau départ pour le réalisateur d’Incassable (3 450 178 entrées).
Pour le reste, notons la déconvenue de L’Étudiante et Monsieur Henri (290 358 entrées en 10 jours sur 344 copies, c’est pas bézef) distribué par un Studio Canal qui espérait bien tenir là sa Famille Bélier. Raté. Le spectateur français est d’une rare versatilité mais c’est ce qui fait aussi son charme. Ou pas.
Le démarrage plutôt moyen de Hôtel Transylvanie 2 pour lequel Sony France n’a pourtant pas ménagé sa monture via une campagne tous azimuts et surtout digitale comme la présence de la bande-annonce au sein de la dernière version du jeu Angry Birds sur smartphone où la pub est devenue le modèle économique à part entière. Précisons à toutes fins utiles que cette suite est distribuée sur une soixantaine de copies de moins que Hôtel Transylvanie et que les vacances scolaires n’ont débuté que depuis le 17 octobre. De quoi voir venir et d’envisager, même si c’est avec un sérieux torticolis pour l’instant, les 1 712 897 entrées cumulées du premier volet. Peut-être aussi que tout le monde s’en fout là-bas avec juste en ligne de mire et grosse pression tout ça tout ça un certain 007 Spectre prévu le 11 novembre prochain. Autant dire demain en timing marketing.
Et enfin la déjà belle histoire de Fatima qui ne sera certainement plus dans le top 10 en deuxième semaine mais qui en dix jours a attiré 106 227 spectateurs sur 136 copies (103 en première semaine). Une moyenne de spectateurs par copie (780) que Metropolitan ne peut qu’envier et un joli pied de nez à cette France qui ne croit plus en l’intégration et dont le communautarisme n’a jamais été aussi acéré. Bravo à Pyramide qui depuis Cannes a su imposer tout en douceur ce nouveau film signé Philippe Faucon qui creuse décidément un sillon très à part au sein de notre cinéma. Par les temps qui courent, on ne va pas s’en plaindre.
Et puis, il y a le film qui va mettre tout le monde d’accord pendant ces vacances. Cela s’appelle Les Nouvelles aventures d’Aladin avec en tête de gondole un Kev Adams qui a plus que jamais le vent en poupe. En cinq jours, le film de Arthur Benzaquen rafle la mise avec plus d’1M d’entrées sur 713 copies. C’est bô… à en pleurer. Mais ne faisons pas comme les « je me la joue au-dessus de la mêlée » façon Le Figaro qui a donc détesté le film. Comme c’est surprenant ! On se demande même ce que leurs journalistes foutaient aux projos de presse. Nan mais franchement y avait pas mieux à aller voir ? Vous êtes payés en plus pour torcher ce genre de papier ? Ni même comme Le Parisien qui a adoré (meuuuuuh non ils ne sont pas partenaires avec un gros chèque à la clé). Et surtout pas comme chez Allo Ciné soupçonné de trollisme exacerbé au sein de sa page critiques spectateurs de la fiche du film. Si c’était le cas, voici donc une belle opération de marketing digital initiée par Pathé. J’aurais fait tout pareil. C’est pas chez Metropolitan que l’on verrait ce genre d’initiatives.
Non à DC, on s’honore de ne pas avoir vu le film et surtout d’être le père d’un mini moi (presque 10 ans quand même, p**** ça pousse trop vite ces trucs) qui n’en a rien à cirer. Là oui c’est bô… à en pleurer !
Faut quand même noter que comme pour Pourquoi j’ai pas mangé mon père (déjà chez Pathé), un paquet de critiques 5 étoiles sont écrites par des gens ayant cette seule critique comme activité sur des profils ayant quelques jours seulement. La répartition des notes ne ressemble, accessoirement, à aucune loi statistique connue, vu qu’on a en gros 2 gros blocs à 0 et 5 étoiles (quasiment 75% des notes à elles 2) et le reste est au milieu. L’anti Gauss, quoi.
C’est ce qu’explique les Inrocks, et c’est effectivement super louche.
Je veux bien croire que ce soit des films à même de faire parler des gens qui d’habitude ne vont pas prendre la plume sur Allociné, admettons, mais cette répartition des notes ne ressemble à aucune autre, et surtout à rien de logique.
Evidemment, ça n’a pas été aidé par une section commentaires qui a originellement été fermée, comme ça c’est fait…