Vous l’aurez remarqué, depuis début juin, voici un box office normalement hebdo qui prend déjà ses quartiers d’été en ne se renouvelant qu’une fois tous les 15 jours. À cela plusieurs raisons et non des moindres. La première c’est que tout naturellement, j’ai un gros poil dans la main. La deuxième c’est que l’actualité est vraiment pas folichonne. Entre des films soit disant porteurs qui en fait ne le sont pas, d’autres tout moisis (et annoncés comme porteurs notez bien) dont on n’a vraiment pas envie de parler ici (et ailleurs au demeurant) et enfin les quelques uns qui méritent plus que le détour mais que personne ne prend la peine d’aller voir y compris les détenteurs d’une carte illimitée. La troisième c’est l’Euro de foot. Ben oui. On peut être cinglé de cinéma et adepte de la lecture de L’Équipe tous les matins. Et je peux vous dire que bien le lire ça prend du temps. Tout comme peuvent être foutrement chronophages de tenter une synthèse des stratégies de l’EDF combinées à la compréhension de ce que raconte un joueur de foot en conf de presse. C’est alors que l’on se rend compte que la journée est terminée et qu’il est temps de mettre la viande dans le torchon.
Top 10 – Box Office France du 15 au 21 juin 2016 – Sources CBO
Top 10 – Box Office France du 22 au 28 juin 2016 – Sources CBO
Et puis quand on voit les cumuls des entrées sur la semaine du 15 juin (1 937 723 entrées, la pire semaine de l’année), il est évident que je ne suis pas le seul à boire une bière bien fraîche sur le canapé en train de mater d’un œil torve un bon vieux Pologne – Portugal de misère qui vous embarque jusqu’au bout de la nuit, de l’ennui et des tirs au but. Même la Fête du cinéma censée booster la fréquentation dans les salles n’a que très moyennement fait son effet de levier avec un chiffre global restant sous la barre des 3M à 2 981 857 entrées. Dans le détail cela donne le communiqué ci-dessous (toujours ça en moins à écrire) :
À l’évidence, les sorties du mercredi 29 juin ont fait enfin leur petit effet entre un Camping 3 des familles, un Conjuring 2 des petits branleurs venus en meute pour foutre le barouf dans quelques salles et des Tortues Ninja 2 (on dit Ninja Turtles) même si pour le coup, pas vraiment attendus comme le Messie (naaaaannn, pas celui qui prend sa retraite internationale) par les spectateurs aux vues des premiers chiffres ci-dessous.
Mais là on anticipe quelque peu puisque notre papier analytique et ultra pertinent s’arrête au mardi 28 juin. On verra cela pour plus tard.
Ceci étant dit, la fête du cinoche a quand même permis un bond de plus d’un million d’entrées sur la semaine du 22 au 28 juin avec un cumul porté à 2 981 857 entrées. Et tout le monde en profite à peu de choses près à commencer par celui de Dory (oui i’m on fire today niveau raccourcis et jeux de mots pourris). Oui donc Le Monde de Dory (la suite de Nemo pour les plus cancres ou plus footeux d’entre vous et accessoirement papas indignes qui ne pensent même plus à emmener leurs progénitures au cinéma) s’adjuge une première semaine honnête. Honnête car on ne peut s’empêcher de la comparer avec les 2 056 621 entrées générées en 2003 (sur 893 copies) par Le Monde de Nemo justement. Soit, il est vrai, le Pixar champion toutes catégories au BO français avec un final à 9 439 076 spectateurs. Très loin devant les 7 712 071 entrées de Ratatouille qui arrive deuxième au sein de ce classement particulier. Juste pour se faire une idée. Les vacances d’été débutant et aidant la petite Dory à la mémoire de poisson rouge devrait tout de même pouvoir nager en eau claire pendant encore quelques semaines avec un cumul éventuel aux alentours de 3 ou 4M d’entrées. C’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite.
Les autres nouveautés de la semaine dernière tirent quant à elles leur épingle du jeu. Sans plus. L’Outsider, le film sur la vie trépidante de Jérôme Kerviel Vs La Société Générale (j’en profite pour faire un petit coucou à ma conseillère qui a la gentillesse de me lire malgré mon découvert abyssal. J’ai bien reçu votre énième recommandée pour info), émerge juste au dessus de la ligne de flottaison qui se situe à partir des 500 spectateurs par copie. Ce sera tout de même le pire score pour le réalisateur Christophe Barratier plus habitué avec sa Nouvelle guerre des boutons et son Faubourg 36 à aller taper au-delà du million d’entrées. Et on ne parle même pas des 8,5M spectateurs qui sont allés voir Les Choristes. C’est ça aussi de changer de registre en voulant faire une sorte de Wall Street à la française quand la réalité va tellement plus loin.
Du côté de Bonitzer et malgré son titre Tout de suite maintenant, le spectateur ne s’est pas précipité en masse pour voir son dernier effort cinématographique comme dirait les ricains (traduction littérale il est vrai). Oh le bougre a encore ses fans mais il est évident qu’il ne retrouvera pas ici les sommets de Rien sur Robert (590 124 entrées) ou même de Cherchez Hortense (508 652 entrées), son dernier film sorti en 2012. Le casting a pourtant de la gueule mais il faut dire que la campagne très discrète s’appuyant de surcroît sur une bande annonce et une affiche peu vendeuses plombaient d’entrée un film qui voulait à l’évidence se positionner en contre programmation ambiante (le foot, la bière tout ça tout ça). Pari déjà perdu.
Les films sortis le 15 juin font aussi un peu grise mine, surtout si l’on prend en compte leur deuxième semaine d’exploitation. C’est le cas de L’Idéal, le nouveau Beigbeder, qui se ramasse dans les grandes largeurs avec seulement 149 838 entrées en 15 jours perdant même plus de 40% de ses maigres spectateurs de la première semaine. Il faut croire que beaucoup avaient repéré dans la bande annonce une sorte d’ersatz / suite un peu faisandée de 99 francs. À noter qu’il s’agissait là du troisième film cornaqué par Légende qui s’est lancé dans l’aventure de la distribution de films (Edit : mais dont l’aventure semble s’arrêter fin 2016) avec La Tour 2 Contrôle Infernale (357 801 entrées), Tout, tout de suite de Richard Berry sur l’affaire Fofana (16 342 entrées). On a connu baptême du feu plus serein. Pour le moins.
Dans les forêts de Sibérie avec Raphaël Personnaz réalise grosso modo le même cumul de spectateurs sur deux semaines. À la différence tout de même que le nouveau film de Safy Nebbou est distribué sur deux fois moins de copies que L’Idéal et semble proposer pour le coup une vraie escapade de cinéma propre à déplacer une frange de spectateurs à la recherche d’évasion. Certes, le réal ne retrouvera pas les sommets de L’Empreinte de l’ange, le film qui le fit connaître du plus grand nombre avec ses 623 958 entrées, mais pour Paname Distribution, son distributeur peu habitué à pareille fête avec un line-up habituellement très auteur et assez niche, on change à l’évidence de braquet (oui on est aussi au taquet niveau Tour de France).
Du côté de Studio Canal, on a tenté le thriller à tendance espionnage familial avec Un traître idéal. Là encore pari largement perdu avec en deuxième semaine une déjà disparition du top 10 pour un total de 96 940 entrées sur 172 copies. L’affiche et la bande annonce annonçaient pourtant le film dans la lignée de La Taupe. On ne l’a pas vu mais bon La Taupe, on en garde un souvenir pour le moins diffus et ce qui est certain c’est qu’avec ses 632 565 entrées, Un traître idéal ne sera pas dans sa roue niveau box office (oui encore un clin d’œil au cyclisme).
Enfin, on terminera sur The Witch qui s’il disparaît des radars des 10 premières places ne perd que 20% de ses spectateurs en deuxième semaine pour cumuler à 105 663 entrées. On ne connaît pas les objectifs d’Universal mais gageons que pour un film multi piraté, atteindre et dépasser la barre des 100 000 spectateurs devait être inespéré. Alors certes l’effet fête du cinéma a certainement super joué car The Witch est un film de genre mais pas façon The Conjuring et consorts. De fait, la troisième semaine devrait être compliquée même s’il n’est pas fou de penser que la belle pépite signée Robert Eggers puisse atteindre les 150 000 entrées, voire plus. De quoi remettre une piécette dans le cochonnet de la rédac quant à notre croyance en l’Humanité… et l’EDF.