Les 7 Mercenaires 2016

Les 7 Mercenaires (2016) : La Chevauchée des 7 bannis

On le sait, Antoine Fuqua n’est pas connu pour faire dans la dentelle mais en jetant un œil à sa filmo, reconnaissons lui une certaine faculté à nous pondre des « actioners » aussi bourrins que funs. Une sorte de Walter Hill des années 2000, le message politique sous-jacent en moins. C’est d’ailleurs quand il s’essaye à quelque chose de moins bourre pif ou de plus « réfléchi » que la machine se grippe. Comme si le bougre rongeait son frein derrière la caméra. C’était le cas de L’Élite de Brooklyn, thriller policier totalement atone, ou encore du Roi Arthur à la mise en scène aussi prétentieuse qu’indéfendable (ce que d’aucuns diraient de tous ses films au demeurant). Avec Les 7 Mercenaires, Fuqua s’arroge le droit d’un remake mais aussi d’une forme de troisième voie qui lui permettrait d’explorer un cinéma moins volatile. Mais le résultat plus qu’anecdotique ne lui apportera rien d’autre qu’une ligne de plus à son CV et pas de celle qui permet de postuler dans la cour des grands.

Les 7 Mercenaires 2016 - Affiche

On ne va pas revenir ici sur la faculté cyclique qu’à Hollywood d’aller chercher dans des « valeurs sûres » pour se donner un minimum d’assurance en matière de rentrées d’argent. Les remakes servent à priori à cela. Ce n’est jamais ou alors très rarement à des fins artistiques. Ce que fut pourtant quelque part l’excellent 1001 Pattes qui à sa manière rendait plus hommage au film matriciel de Kurosawa. Ce que semble vouloir être, tout du moins en partie, une des motivations de ces 7 Mercenaires version 2016. Tout simplement car il y a Fuqua dans le projet. On parle quand même ici d’un cinéaste identifié et non d’un tâcheron, yes man ou autre jeune talent « sundancien » prêt à filmer tout ce que l’on veut bien lui filer. Il y a très clairement des intentions en résonance avec notre époque. La plus évidente mais aussi la plus naïve pour ne pas dire la plus débile est cette volonté de vouloir absolument réunir un « possee » de sept gars aux engeances les plus éloignées possibles. Une sorte de pub pour United Color of Benetton mais qui dure plus de deux heures quand même.

On a ainsi l’indien Comanche qui s’est fait jeter de sa tribu, le trappeur bourru chasseur à ses heures perdues de scalps indiens qui de toute façon sont en voie d’extinction (Vincent D’Onofrio en totale roue libre), l’irlandais forcément alcoolique (Etan Hawke bien imbibé en effet) mais tireur d’élite qui rappelle vaguement le personnage de Robert Vaughn dans la version de Sturges (le côté un peu couard et je prends conscience de ma destiné sans doute), le joueur invétéré interprété par un Chris Pratt convaincant qui aurait dû bénéficier pour le coup d’un personnage mieux écrit, le mexicain forcément recherché par toutes les polices et enfin l’asiatique lanceur de couteaux qui fait bien entendu écho au personnage magnifiquement dégingandé joué par l’extraordinaire James Coburn. Sans oublier la muse de Fuqua en la personne de Denzel Washington qui a juste ici remonté le temps depuis Equalizer en misant sur les mêmes codes et registres tout en bénéficiant des mêmes aptitudes de killer professionnel. Peut-être qu’il aurait été plus couillu d’intégrer une femme au lieu de la laisser plus ou moins maladroitement à la marge entre veuve éplorée et garçon manqué sachant se servir d’une Winchester.

Tout ce beau monde affronte le bad guy en la personne d’un Peter Sarsgaard qui en fait des tonnes pour s’octroyer de gré ou de force les terrains de fermiers l’empêchant pour un temps d’agrandir la superficie de sa mine qui crache au quotidien son lot de pépites et de poudre d’or. Impossible ici de ne pas avoir une pensée pour l’immense Eli Wallach aux répliques en VF aussi jouissives que « J’explique à ce rustre le manque de Religion à notre époque » ou « Il faudra qu’on ait bientôt une autre conversation. Toujours un plaisir d’échanger des idées avec mon ami Sautero ». Il faut dire aussi que la voix du doubleur Jacques Dynam y faisait beaucoup. C’est peu de dire que Sarsgaard ne lui arrive pas à la cheville, bien aidé il est vrai par des dialogues insipides et des traits au manichéisme aussi artificiel que la respiration du film. Il est clair que Calvera, le chef des quarante bandits dans la version de Sturges (ils sont 200 dans celle de Fuqua / Sic) est un archétype sur pattes mais si amoureusement écrit et diabolisé que c’est limite si on n’a pas envie d’embrasser sa « cause » et de trouver à manger pour sa troupe de hors la loi.

Dans la version de Fuqua, on tape sur le capitalisme sauvage (aujourd’hui on dit libéral) qui est l’une des fondations de l’Amérique moderne. On a bien compris le message mais la démonstration est tellement grossière qu’elle perd très vite toute chance de toucher au but. Et d’ailleurs la motivation plutôt humaine que l’on découvre en toute fin de film ne fait que rappeler certains westerns des années 70 (L’Homme des hautes plaines) et début 80 (Pale Rider) de et avec un certain Clint Eastwood. Autant dire que les oripeaux du film à message tombent très vite pour ne laisser paraître qu’un remake un peu vulgaire, un peu inutile et surtout sans lyrisme ou (états) d’âme aucun. Ce que plus de 55 ans après, la version de Sturges propose avec toujours autant de bonheur au détour de chaque morceau de pelloche.

Les 7 Mercenaires (2016) de Antoine Fuqua – 2h13 (Sony) – 28 septembre 2016

Résumé : L’industriel Bartholomew Bogue règne en maître sur la petite ville de Rose Creek. Pour mettre fin au despotisme de l’homme d’affaires, les habitants, désespérés, engagent sept hors-la-loi, chasseurs de primes, joueurs et tueurs à gages.

Note : 2/5

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