Les programmes de courts-métrages de films d’animation destinés aux plus jeunes se font de plus en plus nombreux sur dans les salles de cinéma, à la grande joie de ceux qui ont envie de voir autre chose que les longs Pixney-Disworks habituels. Si certains choisissent des productions récentes, Malavida développe un catalogue de classiques, souvent méconnus en dehors de ceux qui s’intéressent particulièrement au médium animé, et qu’il est toujours bon de découvrir. En attendant La Révolte des jouets qu’ils sortiront le 4 avril 2018 et qui est l’un des chefs-d’œuvre de l’animation pour les plus petits, ils nous proposent d’aller à la rencontre des premières Alice(s) disneyennes des Alice Comedies.
En 1923, alors qu’il débute encore dans le monde du dessin animé, Walt Disney décide de produire une série de films alliant prise de vues continues et animation. Il met en scène une petite fille prénommée Alice, successivement interprétée par quatre enfants : Virginia Davis, Lois Hardwick, Margie Gray et Anne Shirley (qui ne fera qu’un épisode), qui raconte ses aventures et se retrouve intégrée à un univers dessiné. Les Alice remportent un franc succès et deviennent la première série importante et rentable de Disney. Le programme présenté ici – le deuxième de Malavida après un premier en 2016 – nous propose les trois premières fillettes dans quatre courts-métrages.
Le mélange réalité/dessin existe dès les débuts du cinéma d’animation mais Disney s’amuse surtout à répondre aux frères Fleisher qui, plusieurs années auparavant, dans leur série Out of the inkwell, faisaient passer des personnages animés dans le monde réel. Les deux séries fonctionnent un peu en miroir à ceci près qu’on perçoit ici ce qui fera le succès de Disney. Il n’essaye pas de faire prendre part les personnages dessinés à nos aventures quotidiennes, mais il détourne Alice de son existence, souvent banale, pour la faire entrer dans un autre monde où elle est aussi réelle que dans l’autre.
L’univers de la protagoniste repose sur son imaginaire, totalement dessiné et en deux dimensions dans lequel elle s’aventure en racontant par exemple, dans le premier film, comment elle a sauvé les esquimaux. Jusqu’au point où elle n’a même plus besoin de passer par la médiation du monde réel pour se retrouver dans les fantaisies qu’elle s’invente. Le deuxième court la montre participant à un spectacle de cirque, perdue parmi les épreuves endurées aux côtés des toons, mais jamais, même en s’enfuyant, on ne la verra regagner l’autre monde alors même que son corps est en inadéquation avec celui de ses comparses aux mouvements permanents exagérés. Idem pour les autres films où elle évolue dans un ouest américain dessiné et une drôle de chasse aux rats aux allures du Joueur de flûte d’Hamelin. Disney quitte finalement le fantastique de Winsor McCay qui laissait au moins son Little Nemo se réveiller à la fin de chaque nuit et il affuble Alice d’un comparse qui semble plus amical que ses amis réels, Julius le chat, une sorte de doublure de Félix.
L’un des grands intérêts de la série est donc d’abolir la frontière restante entre la prise de vues continues et l’animation, de faire cohabiter les deux formes. Chez les Fleisher, la première frontière était brisée. Ici Disney casse la seconde. Dès lors tous pourront toujours cohabiter – même si cette cohabitation est parfois difficile – à Hollywood. Qui veut la peau de Roger Rabbit ? en sera l’un des exemples ultimes.
Alice comedies Vol. 2 (1924-1926) de Walt Disney – 0h40 (Malavida) – 16 janvier 2018
Résumé : Après le succès du premier volume, retrouvez Alice dans quatre nouvelles aventures, un régal pour petits et grands avec pour ce nouvel opus une bande originale composée par l’Orchestre de Chambre d’Hôte (OCH) et Manu Chao !