La Nuit a dévoré le monde - Image une critique

La Nuit a dévoré le monde (et le cinéma avec)

Bon, on ne va pas se mentir, ce premier long signé Dominique Rocher ne nous a pas mais alors pas du tout convaincu. Et encore, avec cette première phrase, on est loin du compte. On préférait prévenir. Ne serait-ce que pour le lecteur bienveillant qui viendrait juste de découvrir La Nuit a dévoré le monde et qui aurait voulu conforter son enthousiasme en venant ici-bas nous faire l’honneur d’une saine lecture. Bad trip. Désolé tout ça tout ça gentil lecteur mais aussi Monsieur le réal car ça va saigner. En tout cas plus qu’au sein de votre film. Car oui nous étions initialement aussi excités qu’une puce vierge à l’idée de se faire défoncer par le pou du coin malodorant. Et puis, quand les lumières se sont rallumées on était aussi secos que la tantine devenue vieille fille côté belle famille. Pensez donc, un film venu de France qui va nous parler de zombies, de Walking dead, de skin job (naaaaaan, confonds pas tout, ça c’est un Replicant) en plein Paris, dans un immeuble Haussmannien en plus. Le cauchemar éveillé que je fais au quotidien, Dominique Rocher va le mettre en image. Je bande.

La Nuit a dévoré le monde - Affiche

Ben en fait non. Il est vrai aussi que du haut de sa sagesse (comprendre : trop vieux, trop con), le rédacteur de cette fielleuse prose n’a plus sa libido d’antan. Et que donc il lui faut du lourd pour éveiller ses quelques sens restants. Pas de bol tant cette Nuit a dévoré le monde à la formidable affiche il faut bien l’admettre, va plutôt lorgner dans l’épure, le minimalisme et l’entre-soi forcément dégueulasse hérités de la nouvelle vague qui décidément continue, génération après génération, son formidable travail de sape au sein de notre cinéma. Non que l’on attendait un réceptacle à toutes nos envies, tous nos fantasmes, toutes nos déviances, ni même un respect des codes du genre. Non même pas. Mais on attendait au moins un angle, une vision, autre chose que cette chose désincarnée qui déambule d’appartements en appartements en gueulant de temps à autre à sa fenêtre du premier étage pour se savoir toujours vivant. Au hasard, le Je suis une légende de 1964 avec Vincent Price exprimait cette critique des sociétés modernes où la solitude gangrène tout en des contrées bien plus magistrales. Et que dire du Dernier survivant (The Quiet Earth in Inglish – 1981) du néo zélandais Geoff Murphy dont on ne peut s’empêcher de toujours rappeler la simple et éblouissante existence ? Les antécédents sont donc légions et souvent étouffants pour qui veut s’attaquer à la chose aujourd’hui. On est d’accord.

L’idée n’est donc pas de donner ici des pistes de recherches pour les futurs cinéastes en herbe mais au moins de leur dire d’aller voir La Nuit a dévoré le monde pour que déjà ils sachent ce qu’il ne faut pas faire. En gros de se la péter derrière une caméra en nous admonestant de surcroît une philosophie de pacotille et/ou une critique sociale on ne peut plus convenue (pour rester poli). Sans parler de cette mise en scène plagiant des fulgurances façon, là aussi au hasard, Leos Carax qui n’éclaboussent rien sinon une inculture et une morgue crasse à l’attention de son public. Le pire dans tout cela, et ce comme pour Revenge dans un autre registre tout aussi désolant, c’est que La Nuit a dévoré le monde va se planter au box-office drainant une nouvelle fois auprès des décideurs de brouzouf qu’en France on est incapable de faire autre chose que de la comédie. Entendre qui ramène un tant soit peu du public.

Attention, La Nuit a dévoré le monde n’est même pas un film clivant, même pas un film vain, même pas un film vide, même pas… Il se pose juste là comme une affirmation de l’ego d’un soit disant cinéaste qui n’a rien compris au métier (on ne parle même pas ici d’art) vers lequel il se destine. C’est qu’il n’a même pas l’humilité et encore moins le recul d’une éventuelle cinéphilie qu’il veut embrasser. Avec son film poseur il fait chier son monde et lui avec certainement. Au moins quand Godard réalisait A bout de souffle, il avait pour lui la fraîcheur, la candeur, la vitalité de sa jeunesse. Sans parler de l’amour chevillé au corps du cinéma. Ici, on ne ressent absolument rien de tout cela sinon cette volonté de dupliquer mais en momifiant. Son personnage qui se cogne contre les murs de son immeuble prison causant de temps à autre avec son Denis Lavant éructant mollement coincé dans l’ascenseur (oui merci on a compris le clin d’œil lourdeau vers Le Jour des morts-vivants) n’est même pas pathétique, empathique, frigorifique, méphistophélique (oui bon, on passe nos nerfs). Il n’est même pas un gros con de bobo parisien. Et nous de ne même plus rester à la porte du ciné. On ne regarde même plus tout ça d’un air dégoûté ou euthanasié ou stupéfait… Allez peut-être un tantinet anesthésié, à l’image du journaleux avachi à ma droite pionçant sa race et d’un sidekick rédacteur itou de DC à ma gauche me remerciant chaudement de l’avoir embarqué dans cette galère. On vous le dit, le cinéma français qui nous a donné Les Yeux sans visage (oui encore au hasard) se meurt et nous avec.

Ps : sinon y a Rammbock de l’autrichien Marvin Kren. En 63 minutes, ce « petit » film allemand part du même postulat mais se montre bien plus ambitieux en usant pourtant du même procédé de mise en scène que l’on va qualifier là aussi de minimaliste. La comparaison est alors des plus cruelles d’autant que cela date de 2010…

La Nuit a dévoré le monde (2017) de Dominique Rocher– 1h34 d’un ennui mortel (Haut et Court) – 7 mars 2018

Résumé : En se réveillant ce matin dans cet appartement où la veille encore la fête battait son plein Sam doit se rendre à l’évidence : il est tout seul et des morts vivants ont envahi les rues de Paris. Terrorisé, il va devoir se protéger et s’organiser pour continuer à vivre. Mais Sam est-il vraiment le seul survivant ?

Note : 0,5/5 (et encore on est gentil car on pense aux cuistots. Important les cuistots sur un tournage. Pas assez mis en valeur les cuistots sur un film)

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