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Antigang : Bonjour, c’est la police !

Il y avait tout à craindre d’Antigang, le dernier film de Benjamin Rocher. C’est que sans aller chercher très loin, un film de « genre » français qui sort au cœur de l’été sans être montré à la presse rappelle furieusement Colt 45 de Du Welz qui fut caviardé au montage (sans parler d’un tournage épique) pour être immolé le 6 août 2014 par l’équipe marketing de Warner France.

Antigang - Affiche

Il faut dire aussi que le thriller / polar d’action à la française (oui c’est pas terrible comme appellation) ne bénéficie pas d’une très grosse côte ces derniers temps de par chez nous. Les naufrages sont en effet pléthores. On pense au hasard au Dernier diamant d’Eric Barbier, à 96 Heures de Frédéric Schoendoerffer, à Blood Ties de Guillaume Canet, à La Marque des anges de Sylvain White qui a bien fait au passage de signer sous un pseudo, au Guetteur de Michele Placido… (liste non exhaustive). En fait si l’on devait se référer à un film récent un peu dans la même veine, on se rabattrait sur De l’autre côté du Périph de David Charhon avec Omar Sy et Laurent Lafitte. Alors certes, la comparaison est pauvre mais on n’a rien trouvé de mieux pour caractériser un film qui joue avec les références tout en les assumant via un scénario foncièrement caricatural et bourré d’emprunts.

À commencer par le très british The Sweeney réalisé en 2012 par Nick Love lui-même inspiré d’une série anglaise datant des années 70 dont Antigang est le copier coller pour ne pas dire le remake français officieux. Les scénaristes français s’en défendront certainement en précisant qu’Antigang serait un versant moins noir, plus dans la lignée d’un 48 Heures par exemple. Ce qui n’est pas faux. Le climax central fait d’ailleurs penser aussi à Heat de Mann. Référence suprême dans le domaine s’il en est. À l’arrivée, il est indéniable qu’Antigang mange à tous les râteliers jusque dans la série télé façon Braquo et souvent d’une façon éhontée. Mais Benjamin Rocher n’en a foutrement cure et fonce dans le tas sans jamais se prendre au sérieux. Son cinéma en devient énergivore, très pressé et assez casse-gueule, lui donnant une patine d’un autre temps que l’on a envie de défendre.

Ne serait-ce que pour certaines punchlines qui font vraiment mouches (cela ne court pas les rues dans le cinéma français) et un Alban Lenoir qui après Un français, crève une fois encore l’écran. Dire qu’il tient la dragée haute à Reno qui cachetonne une nouvelle fois serait être très en-dessous de la réalité. Il est le fil rouge du film. Celui par qui l’on se raccroche quand l’histoire part en sucette dans les multiples invraisemblances et trous de gruyère. Il est une sorte de petit lutin génial qui sort de sa boîte et cannibalise chacune des scènes qui lui sont attribuées. Avec lui, Antigang vaut plus que son présupposé de départ ultra référentiel largement éculé au sein de la génération actuelle biberonnée au cinéma des années 80 et 90.

Il n’en reste pas moins que l’univers cinématographique de Rocher reste trop peu ambitieux et embourbé dans des conventions qui continuent à le plomber depuis La Horde. S’il y a du mieux avec Antigang, il se caractérise surtout par un second degré maîtrisé et un regard sur le genre à mille lieux de la production ambiante actuelle dont malheureusement Olivier Marchal est le point d’ancrage. Débarrassé de ces oripeaux référentiels et filmiques, cela peut donner quelque chose qui a de la gueule. L’espoir est donc de mise pour la suite. C’est tout le mal que l’on souhaite au cinéaste et quelque part au film de genre totalement moribond en France.

Antigang de Benjamin Rocher – 19 août 2015 (SND)

Serge Buren est un flic de légende, entouré d’une bande de jeunes flics aux méthodes peu conventionnelles. Qu’importe qu’ils utilisent des battes de baseball ou « oublient » le règlement au cours d’arrestations spectaculaires, les résultats sont au rendez-vous !

Note : 2,5/5

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