Image une Cannes 2023 - Tiger Stripes

Cannes 2023 – Journal de bord d’un festivalier jour 1

Alors que l’édition 2023 du festival de Cannes a débuté mardi avec de rares séances non compétitives, quelques scandales destinés à faire parler de Thierry Frémaux et de Maïwenn ainsi qu’une ouverture dont tout le monde se contrefout (si si !), nous sommes arrivés sur place le lendemain après une dizaine d’heures en voiture. Juste le temps de voir le soleil rendre l’âme et Michael Douglas dans les couloirs du palais avant que la pluie, invitée imprévue de la semaine, ne se mette à tomber.

Les bagages posés, les éternels problèmes de billetterie constatés et une invitation obtenue, nous avons pu réaliser que le parapluie acheté la veille était un bel investissement en allant découvrir Tiger stripes d’Amanda Nell Eu présenté à la Semaine de la critique. Cette coproduction Malaisienne + 7 pays était attendue, la réalisatrice ayant bénéficié de soutiens à l’écriture dans la plupart des festivals prestigieux du monde entier. Et le résultat est aussi intriguant que surprenant. Sur un thème déjà rebattu, l’entrée dans la puberté d’une adolescente, la cinéaste renouvelle le genre en allant lorgner du côté de Junior de Julia Ducournau en moins sec, plus mystérieux et tout aussi métamorphique.

Jouant habilement sur la frontière entre le réel et le monstrueux, l’humour et l’horreur et en assumant une part de grotesque dans les effets mis en place, elle place son film dans un entre-deux qui lui sert tant de critique sociale que de réflexion sur le passage vers un nouvel âge. Le film se déroule essentiellement dans une école pour filles et une étrange et impénétrable forêt – sauf pour les trois héroïnes – alors qu’une adolescente banale et quelque peu rebelle a ses premières règles. Elle est alors mise à l’écart par ses camarades qui ne la comprennent pas plus qu’elle ne comprend ce qui lui arrive, pendant que des phénomènes mystiques se produisent autour d’elle. Sa transformation ira moins dans le sens de la femme que de l’animal et du démon, épousant une nature aussi sauvage que ludique. Le tout sans rien cacher puisque la cinéaste n’hésite pas à aller du côté de la monstration, délaissant le hors champ pour afficher ses effets, un côté maquillage peu naturel et le sang.

Ce film aura été le seul d’une journée courte et épuisante, et une bonne manière de débuter le festival. Mais avant de prendre un peu de repos, nous sommes allés vérifier si une invitation reçue quelques joues auparavant n’était pas une erreur. Le Carlton rouvrait, la plage était privatisée et Digital Ciné était convié. Si certaines fêtes cannoises sont indécentes, celle-ci était l’indécence même en termes de parades et de défilés de personnalités uniquement là pour se montrer, de même que le buffet devait couter le prix d’un appartement parisien. Le tout était rythmé par la pluie qui dégringolait sur des parasols avant de tomber tomber sur les costards/robes à un SMIC et dans les coupes de champagne de tout un chacun, cherchant vainement à faire croire que tout était parfait. Après avoir copieusement dévoré tout ce qui se présentait, nous avons fui pour retourner dans un monde plus accessible et réel, mais pas trop quand même.

Vous remarquerez l’évolution (de nette à floue) des trois photos. Comme un symbole d’une soirée que l’on quitte sans plus se souvenir de grand chose (Note de la Rédaction)…

C’est que jeudi 19 mai nous attendent Occupied City, le doc fleuve de 4h15 signé Steve McQueen puis à nouveau 3h30 dans une usine de textile en compagnie de la jeunesse chinoise du côté de Shanghai. On en profitera aussi, si on est pas déjà mort, pour découvrir Linda veut du poulet de Sébastien Laudenbach présenté à l’ACID.

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