Image une - Cannes 2023 - Jour 10

Cannes 2023 – Journal de bord d’un festivalier jour 10 et palmarès

En ce Cannes 2023, le dernier jour du festival est généralement celui des départs et, pour les dernières personnes sur place, le moment du palmarès et des rattrapages avant un film de clôture souvent raté – ce qui n’augure rien de bon pour le Pixar. En effet, il est possible, dès 8h30, de (re)voir les films en compétition officielle joués dans les diverses salles du palais. Malheureusement, ce ne sera pas notre cas puisque nous sommes déjà rentré sur Paris. Adieu pluie mer et petits déjeuner sur la plage…

Mais, avant d’évoquer les lauréats de l’année, quelques mots sur courts-métrages que nous avons pu miraculeusement rattraper. Et que dire sinon que la sélection officielle était de meilleur cru que certaines années. Entre drames sociaux, inquiétudes contemporaines et œuvres plus oniriques, l’ensemble était de bonne tenue avec des sujets variés et surtout des traitements originaux. Citons notamment l’Ukraine vue non plus sous le prisme de la guerre mais d’un retour et de regrets dans As it Was de Damien Kocur et Anastasia Solenevych, la volonté de ne pas avoir d’enfants et la pression sociale et familiale dans le coloré et fantasque film indonésien Basri & Salma in A Never-Ending Comedy de Khozy Rizal ou la pauvreté et l’émigration dans Aunque es de noche de Guillermo Garcia Lopez.

As it Was - CM Cannes 2023As it Was de Damien Kocur et Anastasia Solenevych

Aunque es de Noche - Cannes 2023 - CMAunque es de Noche de Guillermo Garcia Lopez

Cependant, la thématique de l’année reste peut-être la sexualité, sous toutes ses formes, présente dans le solaire et adolescent Tits d’Eiving Landvisk et au cœur de plusieurs courts animés, comme si l’animation tendait à devenir le lieu des fantasmes et des nouvelles représentations corporelles, réalistes ou non. Dans Le Sexe de ma mère, Francis Canitrot évoque l’inceste d’une façon aussi glauque que grotesque pendant que la hongroise Anna Flóra Buda utilise le sexe pour évoquer le phénomène Tanguy dans 27.

S’il fallait retenir deux films parmi les 10 en sélection de ce Cannes 2023 section court-métrage, ce serait La Perra de Carla Mélodie Gampert et Fár de Gunnur Martinsdottit Schlüter. Dans le premier, déclinaison violente du doux et sombre When the Day Breaks d’Amanda Forbis & Wendy Tilby, la réalisatrice s’interroge sur un devenir femme qui passe par une forme d’animalisation avec traits ouverts et métamorphoses brutales subies par les corps. Le second, situé dans un café en Islande, parvient à créer un espace dont on peine à savoir s’il est réel ou intime en moins de 5 minutes et à évoquer un trouble, une angoisse sourde avec trois fois rien. Belle leçon de mise en scène.

Quelques mots maintenant du palmarès de ce Festival de Cannes 2023 qui semble suivre en partie les attentes de certains et au sein duquel nous n’avons vu que The Zone of Interest. Si la Palme d’or semble faire l’unanimité, La Passion de Dodin Bouffant, le film de Tran Anh Hung, a déjà provoqué dans la presse des réactions plus que mitigées. Nous ne reviendrons pas sur le discours tenu par la réalisatrice Justine Triet, beaucoup s’en chargeront dans les prochains jours/semaines/mois… Par contre il serait fort dommage de ne pas souligner qu’avec Anatomie d’une chute, Jean Labadie qui est à la tête de la société de distribution Le Pacte, décroche là sa onzième Palme d’or. La première ce fut en 1990 avec Sailor et Lula de David Lynch qu’il accompagnait alors avec sa toute jeune société Bac Films. La suite c’est 7 autres Palmes d’or glanées jusqu’en 2007 avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu, date à laquelle il quitte Bac Films pour fonder Le Pacte qui vient donc de décrocher une troisième Palme d’or après Moi, Daniel Blake de Ken Loach en 2016 et Une affaire de famille de Kore-eda en 2018. Chapeau-bas comme on dit.

Pour les parisiens (et provinciaux) qui souhaiteraient en juger par eux-mêmes, Pathé/Gaumont & le MK2 Bibliothèque reprennent la sélection officielle ce week-end de ce Cannes 2023. Signalons également que Le Reflet Médicis diffusera du 7 au 18 juin les films de la Quinzaine des cinéastes pendant que L’Arlequin se chargera du 31 mai au 6 juin d’Un certain regard. Enfin, ceux qui aimerait voir Tiger Stripes et les autres programmes de la Semaine de la critique pourront rejoindre les salles de la Cinémathèque française du 7 au 12 juin.

Et vivement l’année prochaine !

Justine Triet - Palme d'or Cannes 2023

Palmarès

Palme d’or
Anatomie d’une chute réalisé par Justine Triet – (23 août 2023 – Le Pacte)

Grand Prix
The Zone of Interest réalisé par Jonathan Glazer – (Bac Films)

The Zone of Interest

Prix de la Mise en Scène
Tran Anh Hung pour La Passion de Dodin Bouffant – (8 novembre 2023 – Gaumont)

La Passion de Dodin Bouffant

Prix du Jury
Les Feuilles mortes réalisé par Aki Kaurismaki – (20 septembre 2023 – Diaphana Distribution)

Prix du Scénario
Yuji Sakamoto pour Monster d’Hirokazu Kore-eda

Prix d’Interprétation féminine
Merve Dizdar dans Les Herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan – (12 juillet 2023 – Memento Distribution)

Les Herbes sèches - Cannes 2023

Prix d’interprétation masculine
Koji Yakusho dans Perfect Days de Wim Wenders – (29 novembre 2023 – Haut et Court)

Perfect Days - Cannes 2023

Caméra d’or pour un premier film
Bên trong vo ken vang (Inside the Yellow Cocoon Shell) réalisé par Thien An Pham – Quinzaine des cinéastes

Courts-métrages

Palme d’or
27 réalisé par Flora Anna Buda

Mention spéciale
Fár réalisé par Gunnur Martinsdottir Schlüter

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