Onoda – 10 000 nuits dans la jungle est indéniablement LE film français de 2021. Tout simplement car il est une proposition de cinéma disparue depuis fort longtemps de par chez nous. En ce sens que voilà un film de guerre tourné en Asie (aux Philippines), en langue japonaise avec des acteurs japonais qui raconte justement une histoire connue de tous au pays du soleil levant mais uniquement de férus d’histoire en France. Un condensé d’ingrédients qui en temps normal ne va attirer aucun producteur sain de corps et d’esprit à part Nicolas Anthomé.
Quand on affirme un cinéma « disparu depuis fort longtemps » on veut donc parler de ce pedigree de films où chaque pixel (ou morceau de pelloche) suinte une prise de risque insensée au service d’une œuvre qui ne peut se réaliser à coup de compromissions ou pour servir la soupe ou pour rassurer les financiers quant aux retours sur investissement attendus. Pour cela il faut être accompagné d’un producteur. Un vrai. De ceux qui ne sont pas là pour vous intimer leur vision (mercantile) des choses sans que pour autant ils ne vous accordent un blanc-seing sur toute la ligne. Quelqu’un à vos côtés pour faire avancer le projet de la manière la plus proche de ses intentions initiales.
Nicolas Anthomé est apparemment de ceux-là. Suffisamment dingue pour donner près de 3 650 jours de sa vie à Onoda et à son réalisateur Arthur Harari dont ce n’était là que le deuxième long après le très remarqué Diamant noir en 2016. Un projet fou et dantesque au budget de près de 6M d’euros qui n’a pourtant pas été couronné de succès. 45 512 entrées alors que le pass sanitaire entrait tout juste en application le mercredi de sa sortie pour un film qui ne rentrera peut-être jamais dans ses fonds.
On a donc voulu revenir avec Nicolas Anthomé sur ce qui restera pour lui une aventure extraordinaire qu’il aura certes du mal à réitérer mais dont il ne regrette absolument rien. On espère quand même que Onoda – 10 000 nuits dans la jungle récompensé du César du scénario original sera découvert par le plus grand nombre dans les prochaines années afin que chacun puisse le réévaluer. D’ici là on vous propose donc notre entretien à découvrir ci-dessous avec cet homme sous influence cinéphile et totalement atypique dans la profession.
- Captation et montage : Flavien Bellevue / Journaleux : Ma pomme
- Un immense merci à Nicolas Anthomé pour sa disponibilité et sa générosité