Image une - Midi-Minuit Fantastique Vol 4

Midi-Minuit Fantastique Volume 4 : Restauration d’un objet mythique

Ce tome 4 tant attendu est enfin arrivé ! C’est le tome final de cette nouvelle édition intégrale 2014-2021. Il comporte les n°18-19 (décembre 1967 – janvier 1968) à n°25-26 (été 1973). Cet ouvrage de 752 pages est, comme les trois premiers volumes, un beau livre (reliure, papier glacé, grand format 26 x 22,5 cm). C’est une version entièrement restaurée et augmentée de l’intégrale de la revue Midi-Minuit Fantastique : texte ressaisi et homogénéisé, éléments graphiques de la maquette d’origine nettoyés (couvertures, titres, publicités d’époque), photos puisées aux meilleures sources HD – le tout dans le respect de la maquette originale.
Il est accompagné d’un DVD de 240 minutes contenant un excellent documentaire sur l’histoire de la revue ainsi que 8 rares courts et moyens métrages français fantastiques, tournés entre 1963 et 1972. Son édition est renforcée par une rétrospective parisienne du 15 décembre 2021 au 09 janvier 2022 au Forum des Images de classiques « midi-minuistes », notamment des films majeurs de Terence Fisher, de Roy Ward Baker, de Henry Cass, de Mario Bava, de Roger Corman, de Robert S. Baker & Monty N. Berman, d’E. B. Schoedsak, de Michael Powell, de Seijun / Kyonori Suzuki, d’Alain Jessua, d’Harry Kümel ainsi que quelques rares courts et moyens-métrages français) sans oublier des expositions et des présentations par Nicolas Stanzick, le jeune maître d’œuvre de cette restauration et de cette programmation.

Midi-Minuit Fantastique - Cover Vol 4

Ce tome 4 achève l’unification en un seul format des numéros de la première période petit format (édités de 1962 à 1966, n°1 au N°13) et des numéros de la seconde période grand format (édités de 1966 à 1971, n°14 au n°24, auquel on rajoute ici le mythique n°25-26 demeuré jusqu’alors inédit mais à présent intégralement reconstitué). Cette séparation de l’édition originale entre deux formats distincts, était assurément gênante pour l’unité d’une bibliothèque : cette nouvelle édition (depuis son tome 1 paru en février 2014 à ce tome 4 paru en décembre 2021) corrige très bien ce défaut de jeunesse auquel bien d’autres revues françaises de cinéma n’ont pas échappé : qu’on se souvienne par exemple des absurdes modifications de format de la Revue du cinéma – Image et son : trois ou quatre formats différents entre 1957 et 1995 ! On y découvre un certain nombre de documents photographiques en couleurs pour la première fois. Les documents photos ont été, pour un grand nombre d’entre eux, photographiés à la source : leur définition et leur précision sont donc nettement supérieures à celles de l’édition originale. Les couvertures originales sont soigneusement reproduites afin que les collectionneurs retrouvent immédiatement l’ordre de chaque numéro et son esthétique initiale au sein du tome, dans leur ordre de parution (en y ajoutant évidemment pour la première fois le n°25-26).

Un point doit être souligné : le passage au grand format en 1966 fut aussi le symbole d’une modification éditoriale à laquelle certains lecteurs furent sensibles en temps réel. La notion de fantastique s’élargissait (cinéma underground, expérimental) et l’érotisme graphique augmentait au fil des pages. Au point que certains enthousiastes du petit format initial se sentaient trahis. C’était le cas du jeune et intransigeant Jean-Pierre Dionnet qui écrivait, dans une savoureuse lettre publiée dans le courrier des lecteurs du n°18-19 (pages 107 et 108) : « Votre évolution constante tendant à vous rapprocher de la maquette des Cahiers du cinéma et de l’esprit de Elle [sic] est sans doute un bien. Nous saurons enfin à quoi nous en tenir. Merci de nous avoir donné trois numéros éblouissant (le 1, le 2 et le 3 !) avant de disparaître. Un ancien lecteur ! ».

En réalité, on s’en rend mieux compte avec le recul, in medio stat virtus : il y avait certes une ouverture à autre chose mais évidemment pas de fermeture à ce qui avait fait le cœur des premiers numéros puisque le cinéma fantastique était toujours traité en priorité : simplement, il n’était plus tout à fait seul à l’être ! La notion du fantastique s’élargissait dans ces n° Midi-Minuit Fantastique grand format : on y trouvait aussi des reportages sur des spectacles, des « happenings », des expositions de peinture et de dessins, des fragments de bandes-dessinées. En revanche, on peut ne pas regretter la non-parution des numéros « érotique s» des années 1975 (auxquels Michel Caen songeait très sérieusement : à ses yeux et à cette époque, le fantastique avait fait son temps sur le plan éditorial et l’érotisme devait prendre la relève) lorsqu’on voit leurs projets si hideux de couverture : là, oui, pour le coup, on aurait pu dire que Midi-Minuit Fantastique avait vécu. D’ailleurs chronologiquement et historiquement, Midi-Minuit Fantastique avait vécu dès 1971 même si son numéro fantôme de 1973 enfin révélé en 2021 nous prouve qu’il survécut encore deux ans au moins. Il s’agissait bien de survie puisqu’une partie de la rédaction de Midi-Minuit Fantastique était passée chez les éditions Publicness qui publiaient les versions françaises des revues américaines (bandes-dessinées d’horreur et d’épouvante, actualités et dossiers sur le cinéma fantastique éditées par Warren Publishing) Creepy (30 numéros publiés en France de mars 1969 à  octobre 1976), Eery (11 numéros publiés en France d’avril 1969 à décembre 1970) et Vampirella (25 numéros publiés en France de janvier 1971 à octobre 1976 sans oublier un mythique n°0).

Les critiques publiées dans Midi-Minuit Fantastique permettent de savoir quels titres furent effectivement visibles en exploitation commerciale en France (en reprise ou en exclusivité) et approximativement à quelle période : elles contribuent donc à une histoire de l’exploitation française du cinéma mondial qui ne peut plus être séparée de son histoire générale ; elles révèlent en outre de savoureuses divergences, parfois imputables à l’ignorance, faute d’une information à l’époque insuffisante. Lorsque Michel Caen rend compte de la sortie (tardive : une bonne dizaine d’années après sa sortie américaine) de L’Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers – 1955) dans le n°18-19, Paris décembre 1967-janvier 1968, page 110, il ignore de toute évidence l’histoire du tournage et celle de l’exploitation du film : c’est pourquoi il reproche à Siegel l’ouverture et la fin de son film alors qu’elles lui furent imposées par le distributeur. Et c’est la raison pour laquelle il oppose non moins injustement la fin pessimiste « courageuse » de Les Oiseaux (The Birds – 1963) de Hitchcock à la « lâcheté » de la fin tournée par Siegel en 1955 (et non pas 1956 comme l’indique la fiche technique de Midi-Minuit Fantastique : cette erreur fut une constante des articles publiés en France sur L’Invasion des profanateurs de sépulture). Ce jugement critique de Caen me semble d’ailleurs absurde, quelle que soit la fin (il en existe deux) du film de Siegel qu’on considère. Qu’il s’agisse de la fin voulue par Siegel (McCarthy hurlant aux automobilistes : « You are next !… ») ou de celle imposée par son producteur Walter Wanger, elles sont aussi pessimistes l’une que l’autre. La première maintenait à peine l’ambivalence du cauchemar, la seconde assure sa réalité : en matière de pessimisme, qui dit mieux ? Plus profondes et pertinentes, plus cohérentes aussi (car la critique de Caen oscille d’une manière vraiment gênante concernant le film de Siegel : est-ce un film raté ou bien un chef-d’œuvre ?) me semblent, dans le même numéro 18-19, les critiques du Vaudou (I’ve Walked With a Zombie – 1943) de Jacques Tourneur par Frédéric Vitoux et du Frankenstein créa la femme (Frankenstein Created Woman – 1966) de Terence Fisher par Roland Lethem : tous les deux pointent assez bien certains traits essentiels, thématiques comme esthétiques, de ce Tourneur et de ce Fisher.

Ciné Guide dans Midi-Minuit Fantastique Vol 4

Le « Ciné-guide » (avec étoiles attribuées par la rédaction de  Midi-Minuit Fantastique et par des journalistes de revues et magazines variés couvrant tout le spectre sociologique du lectorat français de l’époque) est encore plus révélateur des variations de goût et de sensibilité : Jean-Louis Bory (qui publiait à l’époque du n°18-19 de  Midi-Minuit Fantastique, donc en 1967-1968, ses critiques dans Le Nouvel observateur) ne s’est pas déplacé pour voir Frankenstein créa la femme de Terence Fisher,  juge nul La Femme reptile (The Reptile – 1966) de John Gilling et tout aussi nul Belle de jour (1966) de Luis Buñuel, mais il attribue trois étoiles à l’expérimental et intellectuel Trans Europ Express d’Alain Robbe-Grillet. C’est dommage pour Buñuel, Fisher et Gilling car je me souviens que Bory avait écrit une assez belle critique du Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death – 1964) de Roger Corman, preuve qu’il savait occasionnellement être sensible voire même attentivement réceptif au cinéma fantastique de l’époque.

À propos de La Femme reptile (que j’avais programmé en deuxième semaine de ma résurrection du cinéma Midi-Minuit au cinéma Le Bergère, devenu le « Midi-Minuit, ex-Bergère » en octobre-novembre 1985), Jean-Claude Romer, dans le même n°18-19, à la page 119, écrivait une chose qui me fait aujourd’hui, rétrospectivement, bien sourire : il considérait que le distributeur (Fox) avait commis « une erreur monumentale » (sic) en intitulant ainsi le film qui, en anglais, se nomme simplement The Reptile. « Dès lors, plus aucune surprise, tout le monde étant averti de ce qui va se passer à l’écran » insistait Romer. Cette assertion ne correspond pas à la réalité des chiffres des recettes et des entrées : le titre français d’exploitation comme les photos d’exploitation choisies par la Fox attiraient le public : dix ans après sa première exclusivité, le film passait encore en reprise à Paris dans les salles doubles-programmes vers 1975 ; vingt ans après, on venait en 1985 encore le voir ou le revoir pour la dernière fois dans une salle double-programme. Romer compense cette étrange naïveté en remarquant que le film comporte une fascinante « séance musicale », ce qui est, en revanche, exact mais qui réduit inexactement le chef-d’œuvre de Gilling à cette seule séquence alors que sa richesse s’étend sur l’ensemble du métrage. Romer est passé à côté de La Femme reptile sans en saisir la richesse.

Jacques Boivin écrit, à propos de l’admirable Invasion planète X (Kaiju dai Senso – 1965) de Inoshiro Honda, que le film ne peut pas être considéré comme bon pour deux raisons : son esthétique serait directement relative à son budget et sa mythologie est nationale. La première remarque est dénuée de sens : il y a autant de beauté dans Godzilla (qui ne comporte qu’un monstre) que dans Rodan (1956 – qui ne comporte qu’un puis deux monstres) que dans Invasion Planète X (qui en comporte au moins trois). La seconde remarque est non moins absurde : en quoi le fait qu’une mythologie soit nationale l’empêcherait-elle d’être universellement reçue comme belle, sur le plan esthétique, une fois intégrée à une œuvre d’art ?

Seijun Suzuki dans Midi-Minuit Fantastique Vol 4

Heureusement, l’admiration du cinéaste et critique belge Roland Lethem pour le cinéaste japonais Seijun / Kyonori Suzuki auteur de La Barrière de chair (Nikutai no mon – 1963, admiration exprimée dans ce même numéro 18-19), compense cette myopie critique et elle est étayée par un savoureux entretien traduit du japonais en français. Il contredit en beauté cette curieuse assertion de Boivin puisque Suzuki revendique le fait que son cinéma soit national et imprégné de culture japonaise traditionnelle qu’il prend soin d’expliquer à Lethem, par exemple concernant le sens symbolique des couleurs.

Les photos d’exploitation (qu’il s’agisse des lobby-cards américaines ou des autres) et les photos de production  (« production stills » américaines qu’il ne faut pas confondre avec les photos de plateau simplement numérotées) sont presque systématiquement détourées mais c’est une plaie générale de l’édition française de livres de cinéma du vingtième siècle et de ce début de vingt et unième siècle tout aussi bien. Cette nouvelle édition ne pouvait pas transformer cela tout du long (l’entreprise eût été techniquement titanesque) mais elle corrige tout de même, à l’occasion, ce défaut. Certains documents publiés en noir et blanc sont, en outre, à présent révélés dans leurs couleurs originales. D’autres, noir et blanc d’origine, disposent d’une définition supérieure grâce à une nouvelle reproduction du document argentique original.

Affiches Barrière de chair dans Midi-Minuit Fantastique Vol 4

Enfin, il y a des inédits : affiches en couleurs (par exemple celles de La Barrière de chair dans le n°18-19), textes (un article de Bernard Charnacé sur le livre de Jean-Marie Sabatier sur le cinéma fantastique, retrouvé manuscrit dans le dossier prévu pour le Midi-Minuit Fantastique n°25-26, dossier archivé dans la bibliothèque de Caen), photos (une photo couleurs de Le Jardin des tortures [Torture Garden – Freddie Francis – 1967] à la page 106 du n°18-19, encore lui, mais il y en a bien sûr d’autres dans les numéros suivants), des fragments de dossiers de presse, dessins qui n’avaient pas trouvé place à l’époque mais qui la trouvent à présent, en raison d’une rationalisation de l’espace, gain d’un travail acharné mené en collaboration entre Nicolas Stanzick (Dans les griffes de la Hammer, éditions BDL revue et mise à jour, Paris 2010), Michel Caen et Jean-Claude Romer, tous deux d’ailleurs décédés pendant cette nouvelle édition. Le dernier mais non le moindre de ces inédits est ce mythique double n° 25-26 daté été 1973, enfin restitué.

John Landis dans Midi-Minuit Fantastique Vol 4John Landis sur le tournage du Loup-garou de Londres (1981) – Illustration présente en page 9 de Midi-Minuit Fantastique Vol 4

Voici à présent une description succincte du contenu du tome 4 comportant 752 pages, 800 photos couleur ainsi que noir et blanc :

  • Une préface du cinéaste américain John Landis qui lisait Midi-Minuit Fantastique sans en comprendre un mot : il aimait les photographies et les affiches publiées dedans.
  • « Inté-Graal », une présentation de Nicolas Stanzick expliquant notamment comment a été menée à bien la restauration et la recréation du numéro inédit 25-26.
  • Les numéros 18-19 à 24 avec une iconographie enrichie + l’inédit n° 25-26 de Midi-Minuit Fantastique, reconstitué et présenté pour la première fois en exclusivité

N° 18-19 (décembre 1967 janvier 1968) : entretien richement illustré de Roland Lethem avec Seijun Suzuki, Barbarella (Roger Vadim – 1968).

N°20 (octobre 1968) : Michael Powell, Roman Polanski, débuts de la programmation MMF au Studio de l’Etoile, très important entretien traduit en français de Roland Lethem avec le grand cinéaste Inoshiro Honda sur sa conception esthétique du cinéma fantastique japonais. Dans l’entretien annexe de Roland Lethem avec l’historien américain Donald Richie sur les monstres japonais, p.175, se trouve l’origine de la célèbre thèse sur la version japonaise ultra-violente des Hammer films anglais, version démentie par Terence Fisher. C’est presque le seul intérêt de ce second entretien (par ailleurs très bien illustré) dans lequel Richie s’avère d’un mépris sidérant pour le fantastique japonais et pour le fantastique anglais tout autant (lire son ahurissante remarque sur Terence Fisher à la p.173).

N°21 (avril 1970) : entretien illustré Caen et Lethem avec Koji Wakamatsu ; Le Studio de l’Etoile programme Roger Corman (florilège de critiques françaises citées, belles photos d’illustration notamment des couleurs inédites), Tod Browning, E.B. Schoedsack, Albert Zugsmith ; HorrorScope, Ciné-guide. Quelques images de films de Michael Reeves, Jean Rollin, Claude Mulot, Vernon Sewell, Yasuzo Masumura. Page 258 deux belles et inédites photos couleurs (de plateau ou exploitation détourées) du Le Baron vampire (La isla de la muerte – 1965) de Mel Welles avec Kai Fisher et Cameron Mitchel qu’il ne faut surtout pas confondre avec le plus récent Baron vampire (Gli orrori del castello di Norimberga – 1972) de Mario Bava. Maquillage de La Planète des singes (version originale 1967). Page 274, Alain Schlokoff félicite Midi-Minuit Fantastique. Page 275, on observe que Pierre Charles était de ceux qui avaient trouvé la réponse à la question relative au film-mystère (ici l’image provenait évidemment d’un film de Freddie Francis). Entretien d’André Ruellan avec lui-même sous le pseudonyme de Kurt Steiner.

N°22 (été 1970) : Science-fiction au cinéma et en littérature, les films fantastiques de Bert I. Gordon, entretiens de Yvette Romi avec Barbara Steele. Stanley Kubrick, Salvador Dali, Rita Renoir ; La Science-fiction au cinéma et en littérature. Ciné-guide.

N°23 : (automne 1970) Gaston Leroux 1 par Jean Rollin avec quelques photos couleurs et N&B de films de Rollin. HorrorScope. Studio de l’Étoile. Extraits du découpage technique de Le Seuil du vide de Jean-François Davy. Le film retrouvé. Festivals. Photo-mystère. Dossiers. Bonnes feuilles (sur le livre de Gérard Lenne sur le cinéma fantastique et ses mythologies) et notes sur quelques livres édités dans les séries « Fantastique » et « Science-fiction » de la Bibliothèque Marabout : Georges Lenglet y justifie assez curieusement l’adaptation contemporaine du livre de Jacques Spitz, La Guerre des mouches, par les éditions Marabout mais cela permet de pouvoir observer l’une des belles illustrations de couvertures qui étaient l’un des charmes de cette si mignonne collection belge.

N°24 (hiver 1970-1971) : une notice nécrologique émue sur la mort de Jean Boullet sous la table des matières de ce numéro qui comporte des articles sur Gaston Leroux 2 avec nombreuses photos de classiques du cinéma fantastique insérées au fil des pages, bibliographie inédite par Jean Rollin et filmographie par Francis Lacassin, une étude bio-filmographique sur Jean Rollin (avec reproduction de l’affiche 1969 de La Vampire nue), un HorrorScope riche (films de Roy Ward Baker, Jimmy Sangster, Freddie Francis, Jesus Franco, etc), des critiques de Gérard Lenne sur Une messe pour Dracula (Taste the Blood of Dracula – 1969) de Peter Sasdy (je l’avais affiché en photocopie agrandie et sur plusieurs pages à l’entrée du Midi-Minuit, ex-Bergère la première semaine d’octobre 1985 car la filiale parisienne de la Warner ne possédait plus aucun jeu de photos d’exploitation du film de Sasdy !) et sur Le Récupérateur de cadavres (Robert Louis Stevenson’s The Body Snatcher – 1945) de Robert Wise. Je le trouve un peu trop sévère pour le Wise mais je relis avec grand plaisir sa riche critique du Sasdy. Suit un article de J.-L. Degaudenzi sur le véritable Dracula historique, avec reproductions de manuscrits et de gravures d’époque. Chroniques de quelques éditions Marabout (Harry Dickson de Jean Ray, Histoires vénéneuses de Claude Seignolles) et aussi de l’édition Christian Bourgeois du classique recueil Dans l’épouvante de Hans-Heinz Ewers, dont le titre est aussi celui de la collection dans laquelle il paraît et qui réédita des textes rares d’auteurs tels que Bram Stoker et Arthur Machen.

Le numéro inédit 25-26 (daté « été 1973 », illustré par une photo de Britt Nichols et Anne Libert dans La Fille de Dracula (A Filha de Dracula – 1971) de Jesus Franco qu’il ne faut évidemment pas confondre avec La Fille de Dracula (Dracula’s Daughter – 1936) de Lambert Hillyer, mérite bien un paragraphe spécial et dédié.

L’introduction générale de Nicolas Stanzick au tome 4 (pp.11-15) détaille précisément son archéologie, sa restauration et, concernant certains aspects techniques, sa recréation. Il s’ouvre par un dossier Hammer Films contenant des entretiens avec les cinéastes Terence Fisher et Peter Sasdy, avec l’acteur Peter Cushing : en dépit du degré inégal d’intérêt des questions posées, c’est la partie historiquement la plus remarquable de ce n° 25-26 car on y trouve des informations de première main sur l’évolution esthétique et thématique des Hammer Films au tournant des années 1970 ; dossier favorisé par le fait que Fisher, Sasdy et Cushing étaient invités cette année-là à la deuxième Convention française du cinéma fantastique, au Palace, rue du Faubourg-Montmartre, (relire aussi, si on veut bien se pénétrer de l’ambiance de l’époque, l’ancien numéro avec pages en relief de L’Écran fantastiquespécial Festivals fantastiques de 1973 qui couvrait les deux premières Conventions et quelques autres festivals et nous en restituait l’ambiance chaleureuse).

On y trouve ensuite un « entretien-monologue » avec le cinéaste underground Paul Morrissey ; des « pleins feux » non pas sur l’assassin comme dans un film de Georges Franju mais sur les œuvres des cinéastes Russ Meyer (par Jean-Pierre Bouyxou) et Jean Rollin. Concernant ce dernier, il s’agit en fait d’une reprise de l’introduction et de quelques photos du livre d’Ado Kyrou, Sex Vampires de Jean Rollin édité par Le Terrain vague, collection Anthologie permanente de l’érotisme au cinéma, Paris 1972 ; on se souvient que le premier livre de Paul-Hervé Mathis et Anna Angel, José Benazeraf, suit peu de temps après dans la même collection chez le même éditeur en 1973. Les couvertures des deux volumes sont photographiées l’une à côté de l’autre à la quasi-dernière page de ce n°25-26 ; une étude littéraire et mythologique sur la saga des Tarzan (par Francis Lacassin) ; entretien avec l’écrivain Pierre MacOrlan sur le cinéma (passionnant d’un bout à l’autre et richement illustré).

Sans oublier les rubriques habituelles de chaque numéro de Midi-Minuit Fantastique,  des critiques de l’actualité cinéma dans l’« HorrorScope » au « Film retrouvé » examinant une rareté : photos et / ou présentations en avant-première de Dr. Jekyll & Sister Hyde (Roy Ward – 1971), La Dernière maison sur la gauche (The Last House on the Left – Wes Craven – 1972), La Nuit des fous vivants (The Crazies – George A. Romero – 1973), The Wicker Man (Robin Hardy – 1973), L’Abominable Dr Phibes (The Abominable Dr. Phibes – Robert Fuest – 1971 qui a droit à une bonne critique de Gérard Lenne qui dévoile certes excessivement le contenu du film mais qui rend parfaitement compte de son esthétique), Les Lèvres rouges (Harry Kümel – 1971), THX 1138 (George Lucas – 1971). Parmi les sorties exclusives de raretés (par la suite vouées inexorablement à la rubrique « reprises » du PariScope), il faut mentionner les trois classiques fantastiques américains réalisés par Mark Robson et produits par Val Lewton, distribués aux USA par la mini-major RKO qui étaient auparavant invisibles en France et furent véritablement découvert durant cette saison cinématographique 1972-1973 : j’ai nommé La Septième victime (The Seventh Victim – 1943), L’île de la mort (Isle of the Dead – 1945), Bedlam (1946). Les critiques de Gérard Lenne me semblent trop courtes et sévères concernant les deux premiers titres de 1943 et 1945 mais la troisième rend davantage justice au film de 1946. Trois magnifiques photos N&B de plateau (ou de photos d’exploitation peut-être détourées) les illustrent. Une assez brève notice (cependant savoureuse) sur le Festival de Cannes par Jean-Pierre Bouyxou est suivie d’une critique par Bernard Charnacé du livre de Jean-Marie Sabatier, Les Classiques du cinéma fantastique, éditions Balland, Paris 1973. Elle est passionnée mais assez fragile et inégale. Je suis tout à fait d’accord concernant les remarques de Charnacé sur la position critique de Sabatier concernant George A. Romero et Roger Corman envers qui Sabatier m’a toujours apparu injuste. Je ne partage pas, en revanche, le jugement négatif de Charnacé sur le dialogue qui constitue la première partie du livre de Sabatier, dialogue qui contient un très remarquable essai de définition philosophique d’une esthétique du fantastique. Je reconnais bien volontiers avec Charnacé que la seconde partie du livre est plus accessible au lecteur de bonne volonté, plus matériellement gratifiante aussi.

L’Entr’acte du Midi-Minuit

Il s’agit là d’un chapitre illustré regroupant textes nouveaux 2021 ou plus anciens mais devenus difficilement accessibles, voire introuvables ou jusqu’à présent inédits :

    • L’actrice de cinéma-bis érotique et fantastique Joëlle Cœur, par Christophe Bier (2021, illustré par de belles photos de plateau des années 1970)
    • Entretien de Jesus Franco avec Michel Caen et Jacques Boivin (réédition, dotée de nouvelles illustrations, de l’entretien paru dans Vampirella n°3 de septembre 1971, donc le premier entretien avec Franco publié en France.
    • Hommage à Jean Rollin, par Nicolas Stanzick, article paru dans L’Écran fantastique n°317, février 2011.
    • Souvenirs sur Barbara Steele, par Geneviève Caen (2021)
    • L’érotisme dans le cinéma fantastique par Jean-Pierre Bouyxou (article paru dans L’Organe n°3, novembre-décembre 1985)
    • Essai de définition des catégories esthétiques du fantastique par Jean-Claude Romer (article paru en 1988 mais je signale à Nicolas qu’il en existe une version antérieure, sur une seule page, parue vers 1970 dans Vampirella n°9 si j’ai bonne mémoire).
    • Les Rescapés du temps, par Raphaël-G. Marongiu (2021 pour la parution) bande-dessinée qui avait stylisé en temps réel les rédacteurs de Midi-Minuit Fantastique, en les intégrant dans une histoire fantastique.
    • Un reportage photo sur Johnny Eck, par Jean-Claude Romer (juin 2020 : un des derniers travaux d’histoire du cinéma de Romer, sur l’un des plus célèbres acteurs du Freaks – 1932 – de Tod Browning).

Le DVD Les Frissons de Midi-Minuit produit par Soft-Prod (242 minutes)

Ce DVD contient un documentaire (environ 50 minutes) et 8 courts et moyens métrages rarissimes :

  • Insomnie de Pierre Étaix (1963 – 15 min) – Restauration HD supervisée par Pierre Étaix (Orange Studio, 2010)

Insomnie - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Maître français du « slapstick », Pierre Étaix s’est vite imposé comme l’un des héritiers de Chaplin et de Keaton. Mais, chose moins connue, il était aussi un fervent amateur de cinéma fantastique, un admirateur du Cauchemar de Dracula, des Proies du vampire, et un assidu des salles de quartier. Une passion partagée avec Jean-Claude Carrière, son coscénariste sur Insomnie, dernier court métrage de l’auteur de Yoyo. Étaix y révèle, quatre ans avant Le Bal des vampires, la réversibilité du rire et de l’horreur, s’autorisant audaces formelles et virtuosité du découpage. Midi-Minuit Fantastique, dans son n° 17, célébra le film pour son refus de toute parodie, et sa filiation évidente avec la grande tradition du genre, de Browning à Fisher : bref, comme une pépite rare dans la filmographie des vampires.

  • La Maison du juge de Serge Fouquet (1963 – 26 min) – Numérisation HD à partir d’une copie 16 mm (Kinographik, 2021)

La Maison du juge - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Le plus obscur de tous les films midi-minuistes, La Maison du juge est une adaptation de la nouvelle homonyme de Bram Stoker (l’auteur du roman Dracula), dont Fiction venait alors d’offrir la toute première traduction en 1963 avant qu’elle soit éditée ensuite par les éditions Opta puis rééditée par la Bibliothèque Marabout en 1974. Sélectionné au Festival du film libre en 1965, ce film, dont le réalisateur de vingt ans avait déjà été défendu par Midi-Minuit Fantastique pour Coq à Sery, enthousiasma Jean Boullet (qui admirait en fin connaisseur l’ensemble de l’œuvre littéraire fantastique de Bram Stoker) et toute la jeune garde midi-minuiste avant de tomber dans l’oubli, des décennies durant. Peut-être en raison même de son tournage amateur et de ses défauts techniques évidents (image sous-exposée, postsynchronisation approximative), La Maison du juge atteint un niveau d’étrangeté assez sidérant. Entre hommage à la Hammer Films et OVNI d’une époque indéfinissable, le film de Serge Fouquet s’impose comme un cauchemar vénéneux.

  • Èves futures de Jacques Baratier (1964 – 16 min) – Numérisation SD d’une copie 35 mm (CNC, 2012)

Eves futures - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

« Un poète ne pense pas, mais s’exprime directement avec des mots, des couleurs, des sons », théorisait le cinéaste Jacques Baratier. Voilà résumé Èves futures qui transcende son propos (la confection des mannequins de vitrine) en un poème fétichiste où se brouille la frontière entre vie et artifice. Èves futures se prête à toutes les lectures : érotomanie, critique du consumérisme, métaphore du travail du cinéaste… « Nous ne sommes rien, tout n’est qu’illusion », précisait Baratier, dont le spleen dû à cette prise de conscience irrigue tout le film, décuplé par la musique de Georges Delerue. Midi-Minuit Fantastique ne ratait jamais une occasion de célébrer le réalisateur pour son art d’un fantastique libéré des contraintes du genre.

  • Noviciat de Noël Burch (1965 – 17 min) – Numérisation HD d’une copie 16 mm (Kinographik, 2021)

Noviciat - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Deuxième prix ex-aequo derrière Scorpio Rising de Kenneth Anger au Festival d’Évian en 1965, rétif à la notion de genre, Noviciat est un sommet d’étrangeté par son traitement singulier d’une obsession : la fascination d’un homme pour une femme qui le voit tomber en son pouvoir jusque dans les derniers retranchements de la servilité. Le film a suscité moult interprétations politiques. Mais Noviciat, c’est sans doute d’abord une déclaration d’amour à une femme aperçue à la dérobée, Frédérique Franchini, qui tenait une école sous les fenêtres de l’appartement du réalisateur Noël Burch à Paris, et à qui il a offert le rôle féminin principal de son film. Un « phantasme » revendiqué, réinventant le thème du voyeur (Peeping Tom de Michael Powell) et celui de la Vamp fantastique.

  • De mes amours décomposées de Jacques Zimmer (1970 – 10 min) – Restauration HD à partir du négatif 35 mm (CNC, 2021)

De mes amours décomposées - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Midi-minuiste de l’extérieur (La Revue du cinéma) — c’est le moins qu’on puisse dire : Jacques Zimmer m’avait gravement soutenu, vers 1988 dans les bureaux de La Revue du cinéma que le succès de Midi-Minuit Fantastique avait reposé sur un « malentendu », (terme également employé par Noël Simsolo, cet autre midi-minuiste sinon de l’extérieur, au moins de la toute dernière dernière heure, lors de son témoignage dans le documentaire vidéo qui permet de comprendre assez bien pourquoi Jean Douchet et une partie de la Cinémathèque française, durant la période 1960-1970, persistèrent à mépriser à la fois le genre et ses meilleurs artisans, notamment Terence Fisher sur lequel Douchet et les Cahiers du cinéma, ainsi que pratiquement toute la presse française généraliste, avait publié quelques lignes assassines reproduites dans Midi-Minuit Fantastique n°1, page 108 du tome 1 de la nouvelle édition Rouge Profond, 2014) — mais contemporain et ami de Caen, Romer, Boullet et de l’éditeur Éric Losfeld, Jacques Zimmer réalise avec De mes amours décomposées un film libre et personnel, uniquement conçu pour évoquer ses auteurs favoris (D.A.F. de Sade, Lautréamont, Charles Baudelaire, H.P. Lovecraft) et la bande dessinée fantastique dont cet amateur de sexe et de sang sait percevoir les beautés (celle des éditions Warren et des éditions du Terrain vague). Un film à la fois sombre et joyeux, sur l’amour et la mort, non narratif, qui s’impose comme un alliage fascinant entre le trivial du moment, l’épouvante Sixties, et ce qu’il y a alors de plus noble dans la culture, la poésie du 19e siècle. Véritable manifeste du midi-minuisme sur grand écran, De mes amours décomposées fut salué, outre par Midi-Minuit Fantastique, par Alain Robbe-Grillet, saisi par l’audace du film.

  • Chronique de voyage de Robert de Laroche  (1971 – 26 min) – Numérisation HD d’une copie 35 mm (Le Chat qui fume, 2021)

Chronique de voyage - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Le passage à l’acte cinématographique d’un jeune lecteur de Midi-Minuit Fantastique, Robert de Laroche. Un peu à la manière de Fantasmagorie qui inventait une Transylvanie vald’oisiennne, le décor naturel d’Hellenvilliers offre ici l’insolite du château, du cimetière et de la brume hivernale qui sied à cette déclaration d’amour aux vampires. Le noir et blanc onirique, le rythme hypnotique, la musique minimaliste autorisent des fulgurances : ainsi  ce travelling arrière quand le voyageur passe les grilles du domaine, plan sublime qui réinvente le célèbre intertitre : « Une fois franchi le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre. » Lotte Eisner, amie de Fritz Lang et contemporaine de Murnau, s’enthousiasma pour ce lointain héritier des cauchemars expressionnistes.

  • Liberta, agent spacial anti-mythe de Jean-Noël Delamarre (1971 – 25 min) – Restauration HD du négatif 35 mm et d’une copie positive (Cinémathèque de Toulouse, 2021)

Liberta, agent spacial anti-mythe - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Réalisé par Jean-Noël Delamarre, un fidèle de Jean Rollin, Liberta documente un trésor perdu inestimable : le décorum éphémère des salles de quartier parisiennes spécialisées dans le fantastique, toiles peintes réalisées par Publi-Décor (dont le chant du cygne fut la réalisation, à ma demande et d’après une photo de plateau que je leur avis faite passer avec l’accord du propriétaire du cinéma, d’une reproduction du visage troué de Barbara Steele dans Le Masque du démon (La maschera del demonio – 1960) de Mario Bava, au fronton du Midi-Minuit, ex-Bergère, en octobre-novembre 1985 : ultime et brève renaissance du cinéma original au cinéma parisien Bergère, rebaptisé pour l’occasion et qui était d’ailleurs assez proche du cinéma original ayant inspiré le titre de la revue, sur le plan géographique). Réalisé en banc-titres, le film transcende son objet en narrant les aventures de Liberta – nom générique de ces belles violentées ou insatiables tigresses récurrentes – confrontée aux grands monstres classiques. Dialogué par Loro et de Beketch (Pilote), le film navigue entre humour libertaire, situationnisme et psychédélisme.

  • Sexana de Hubert Lacoudre, (1972 – 17 min) – Numérisation HD d’une copie Super 8 provenant de la collection de Christophe Bier (Kinographik, 2021)

Sexana - Midi-Minuit Fantastique Vol 4 - DVD

Midi-minuisme tardif, clandestin et ouvertement licencieux ! Sexana, c’est Ellen Earl, prêtresse à la tête d’une armée d’amazones cuissardées et descendante fardée de Gloria Holden, la fille de Dracula. Face à elle, Joëlle Cœur – Tina la naufrageuse chez Rollin – semble une Alice au pays du sado-masochisme.

  • Bonus : MMF, par les midi-minuistes (2021 – 58 min)

Excellent documentaire d’Erwan Le Gac et Nicolas Stanzick avec Michel Caen, Geneviève Colange-Caen, Georges Lenglet, Gérard Lenne, Roland Lethem, Gille Menegaldo, Raphaël G. Marongiu, Jean-Claude Romer et Noël Simsolo. Témoignages de première main, remarques historiques et sociologiques pertinentes, anecdotes peu connues, photos rares ou indispensables car iconiques : à visionner pour avoir une idée de ce que fut la vie et la mort de cette revue.

  • Présentations des 8 courts-métrages et moyens-métrages, par Nicolas Stanzick, montées par Daniel Gouyette, 2021 – 32 min. Elles sont optionnelles au menu.

Midi-Minuit Fantastique, tome 4 (revues n°18-19 à 25-26 + 1 DVD) par Nicolas Stanzick et Michel Caen – Éditions Rouge profond – octobre 2021

Une réflexion sur « Midi-Minuit Fantastique Volume 4 : Restauration d’un objet mythique »

  1. Je viens de commandé le tome 4(assez dispendieux pour fair la route jusqu’au Québec )mais ce n’ai rien comparé au tome 1 que j’ai raté à la sortie et introuvable en bas de 850 euros

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