Aardman - Wallace et Gromit

Aardman, Wallace et Shaun sont à Art Ludique

Les figurines d’Aardman correspondent totalement à la philosophie d’Art ludique. Arludik c’est d’abord une galerie, avec un K au bout, située dans le 4ème arrondissement de Paris et qui se consacre aux artistes graphiques cachés derrière les œuvres finies qu’on lit ou qu’on va voir en salles. Comprendre : à ceux qui signent les documents qui participent à la genèse des films d’animation, des jeux vidéo ou des BD mais qui, trop souvent, disparaissent dans la masse des noms du générique. En ce moment, la galerie organise un focus autour des méchants de chez Disney en montrant et en proposant à la vente, celluloïds et dessins originaux de certains des classiques les plus célèbres : Les 101 dalmatiens, Le Roi lion, Peter Pan, Le Livre de la jungle et bien d’autres…
Aardman à Art ludique
Mais depuis bientôt un an et demi, en plus de leur galerie, ils ont changé le « k » en « que » et ont créé au sein du bâtiment abritant la cité de la mode et du design, sur les quais de Seine, un musée qui sert à l’organisation d’expositions temporaires bien plus vastes. On a pu y voir défiler Pixar, Marvel et Ghibli, mettant en avant croquis et maquettes et surtout les individus derrière tout ça. Et voilà aujourd’hui venu le tour d’Aardman animations. Le studio anglais, créé par Peter Lord et David Proxton en 1972, rejoints en 1985 par Nick Park, est célèbre pour ses séries et courts en pâte à modeler comme Wallace et Gromit ou Shaun le mouton. Si dès les années 80, Morph, petite figurine simple qui passe son temps à se transformer, les a fait connaître en Angleterre, le studio gagne en notoriété internationale en 1990 lorsque Park remporte un Oscar pour le court-métrage Creatures comfort, devenu depuis un classique. Dans ce film, des animaux sont interviewés et répondent sur leur condition de détention dans un zoo. Trois ans après, il remporte sa seconde statuette pour The Wrong Trousers, un épisode de Wallace et Gromit, ce qu’il réitérera deux ans plus tard avec A close shave. Pendant ce temps Peter Lord aura, entre autre, réalisé Adam, nommé aux Oscars, un court autour de la marionnette du premier homme et de son créateur représenté par une main.
Aardman animations - Wallace et Gromit
Ces films, et bien d’autres moins connus, apportent à Aardman un succès autant critique que public et une situation financière plus que favorable. Ils se développent encore et passent au long métrage en 2002 avec Chicken run puis vient Wallace et Gromit et le mystère du Lapin-garou avant un changement de cap inutile et malvenu et des débuts vers l’image de synthèse (Souris city et Mission : Noel). Si les deux films disposent, comme souvent avec Aardman, d’un scénario convaincant voire désopilant, le résultat final est décevant et bien moins bon que les tests en peinture numérique exposés dans l’enceinte du musée. En abandonnant la matière pour l’informatique, ils ont également perdu leur âme. D’où un retour aux sources et à la plasticine avec Pirates ! et surtout avec Shaun le mouton, une jolie réussite adaptée d’une série phare et sortie le 1er avril sur nos écrans.
Aardman animations - Shaun le mouton
C’est l’histoire d’Aardman depuis ses origines qu’on retrouvera exposée chez Art Ludique d’une manière intéressante. Plutôt que de se focaliser sur les produits finis, seules quelques secondes des films sont à chaque fois visible afin de pouvoir apprécier les mécanismes de création, la manière dont la matière passe de son état de mort pour revenir à la vie depuis les premières esquisses jusqu’à la conception des maquettes et des figurines en passant par la mise en place du studio. On  peut apprécier, dans des salles plus thématiques que chronologiques, même si l’un et l’autre sont intelligemment mis en parallèle, tout ce qui prépare l’animation proprement dite et donc la genèse des œuvres. S’il reste un geste insaisissable dans le cadre d’une exposition, en tout cas pour le moment, c’est bien celui de l’animateur à l’œuvre et la naissance du mouvement. On pourra observer les carnets de dessins de Nick Park, les recherches autour des personnages et décors et les story-boards de séries, vidéo clip, courts et longs métrages auxquels Aardman a participé. C’est aussi l’occasion de découvrir des facettes moins connues du studio comme le clip de Sledgehammer commandé par Peter Gabriel en 1986.
 
Après ces croquis, épreuves et tests (voir les premiers visages de Wallace et Gromit, ça n’a pas de prix), on passe au volume avec un grand nombre de maquettes, décors, paysages et accessoires exposés, et souvent pour la première fois, au public. Mais on verra également les personnages et ce qui les composent à la manière d’un Dr Frankenstein aux prises avec une créature qui ressuscitera à l’écran : yeux, bouches, membres et costumes, tout ce qui leur donnera une impression de vie après manipulation. Le point culminant arrive à la fin avec la maquette de plus de 5 mètres, transportée jusqu’à Paris, du galion des pirates, un bateau impressionnant qui a servi de décor du film et qui est l’un des chefs-d’œuvre d’Aardman.
Aardman animations - Galion des pirates
Et si l’on regrettera de ne pas voir davantage mis en valeur les noms secondaires du studio au-delà des trois déjà cités, ceux des artistes et artisans qui ont fabriqué ces dessins et pièces en volume et dont on ne connaîtra rien d’autre que l’identité au hasard d’un regard vers les encarts à côté des dessins, on appréciera le cheminement général des premiers pas aux grandes œuvres. L’ensemble est bien expliqué, avant tout destiné à celui qui découvre l’animation, mais il plaira également à ceux qui aiment Aardman mais n’en connaissaient que les grandes lignes.

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