Avé César - Sorties Ciné

Sorties Ciné du 17 février 2016 : O’Brother(s)

Dans les sorties ciné de cette semaine, il y a de quoi se faire réellement plaisir.  Tout d’abord avec le dernier Disney qui réussit le tour de force d’être aussi drôle que porteur d’une morale moins nunuche que d’habitude, pour ensuite retrouver les cimes enneigées du cinéma des frères Coen toujours aussi inspirés. Après, il y a aussi le moyen de se faire du mal avec notre production hexagonale qui nous balance d’un coup d’un seul du Robinson Suisse avec le très (trop ?) présent Daniel Auteuil, du Kev Adams habillé en schtroumpf et une vache d’origine algérienne même pas invitée au Salon de l’Agriculture. Un triptyque qui permet, comme c’est le cas souvent en ce moment, de redorer le blason de notre cinéma hexagonal qui n’est plus à ça près.

Zootopie
Amis publics
Ave, César!
La Vache
Les Naufragés
Ce sentiment de l’été
Un jour avec, un jour sans
Sleeping Giant

Zootopie - Affiche FRZootopie de Byron Howard et Rich Moore – 1h48 (The Walt Disney Company France)

Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! Lorsque l’adorable lapine Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle s’attaque à une épineuse affaire, l’obligeant à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque…

Petit renvoie qui va bien vers notre critique… 4/5SG

On ne s’ennuie pas une seconde dans ce buddy / cop movie animalier disneyen, aussi drôle que fun où il faudra toutefois faire abstraction d’un message pro « aimons-nous tous les uns les autres quelque soit nos différences » à la finesse toute pachydermique par endroits. 3,5/5Stéphane Argentin

Amis Publics - AfficheAmis publics de Edouard Pluvieux – 1h38 (La Belle Company)

Afin de réaliser le rêve de son jeune frère malade, Léo et leurs meilleurs potes organisent un faux braquage… mais le jour J, ils se trompent de banque. Le faux braquage devient un vrai hold-up. Commence alors l’aventure extraordinaire d’Amis Publics n°1 !

Ne lisez pas le résumé ci-dessus. En fait c’est l’histoire du schtroumpf farceur qui tous les trois mois revient faire des blagues au cinéma. Et le pire c’est que cela marche et que le public adoube. Devant un tel tour de force, on ne peut que s’incliner. Pas de rattrapage dans l’immédiat de prévu. SG

Avé César - AfficheAve, César! de Joel et Ethan Coen – 1h40 (Universal Pictures International France)

La folle journée d’Eddie Mannix va nous entraîner dans les coulisses d’un grand studio Hollywoodien. Une époque où la machine à rêves turbinait sans relâche pour régaler indifféremment ses spectateurs de péplums, de comédies musicales, d’adaptations de pièces de théâtre raffinées…

Au travers de ce vrai/faux enlèvement, lointain cousin du chef d’œuvre qu’est Fargo, c’est tout un pan de l’âge d’or des studios hollywoodiens des années 50 que les frères Coen nous brossent à l’aide d’une galerie de personnages haute en couleur et avec le mordant et la verve qui caractérisent l’ensemble de leur filmographie. Jouissif et toujours d’actualité sur certains aspects plus d’un demi-siècle plus tard même si l’on devine bien volontiers de nombreux clins d’œil qui ne parleront qu’aux plus fins connaisseurs des arcanes d’Hollywood de l’époque. 3,5/5SA

On a connu les frères Coen plus inspirés pour ne pas dire plus incisifs surtout quand il s’est agit de décrire l’envers du décor hollywoodien. Remember Barton Fink. À l’évidence tout le monde s’est fait plaisir ici depuis la multitude de comédiens qui comme pour un Woody Allen se damneraient pour figurer dans un film des Coen, ne serait-ce que pour une scène. Jusqu’à ces plans aux couleurs over saturées et ce glamour volontairement kitchoune qui suinte tel de la guimauve en surchauffe. Le problème c’est qu’en numérique cela ne passe pas. Et puis quid d’une histoire qui tienne un tantinet la route ? Cela sent la commande à plein nez initiée au demeurant par un Clooney qui n’a pas arrêté de mettre la pression pour que ce qui n’était qu’une idée lancée en l’air au cours d’un dîner devienne ce film tiré par les cheveux et à l’évidence écrit totalement en roue libre. On excusera cette petite sucrerie bien anodine et attend le prochain film de pied ferme. 2,5/5SG

La Vache - AfficheLa Vache de Mohamed Hamidi – 1h31 (Pathé Distribution)

Fatah, petit paysan Algérien n’a d’yeux que pour sa vache Jacqueline, qu’il rêve d’emmener à Paris, au salon de l’Agriculture. Ainsi, lorsqu’il reçoit la précieuse invitation devant tout son village ébahi, lui qui n’a jamais quitté sa campagne, prend le bateau direction Marseille pour traverser toute la France à pied, direction Porte de Versailles.

La bande annonce laisse présager une comédie sociale comme notre cinéma sait si bien le faire. On ne veut pas supputer du résultat mais on imagine que la vache arrive bien à destination et que le racisme ordinaire qui pollue de plus en plus notre quotidien est balayé d’un coup de pelloche numérique de bon aloi. Rassérénant (si si). SG

Edit 03/07/2016 : 1 280 887 entrées. Pas mal du tout pour cette comédie qui insuffle comme jamais le credo actuel et bien pensant du vivre ensemble. Et franchement cela marche à tous les étages. Depuis cette histoire dont les ramifications sont à chercher du côté de La Vache et le prisonnier et d’Une histoire vraie de Lynch, jusqu’aux deux acteurs (la vache Jacqueline et son propriétaire algérien invité au salon de l’Agriculture interprété par l’extraordinaire acteur inconnu du grand public Fatsah Bouyahmed). Bien entendu certaines ficelles sont grossières, bien entendu il ne faut pas s’attendre à une mise en scène autre que ce que l’on trouve en production télé… Mais qui pour s’en soucier ou en faire le reproche tant La Vache s’octroie sans coup férir le label rouge 2016 du feel good movie réussi. 3/5SG

Les Naufragés - AfficheLes Naufragés de David Charhon – 1h35 (Wild Bunch Distribution)

Jean-Louis Brochard, escroc de la finance en fuite et William Boulanger, teinturier cocu tout juste quitté par sa femme, échouent sur une île déserte après un crash d’avion. Les deux naufragés, incapable de cohabiter, vont essayer de fuir cet enfer en espérant ne jamais se revoir. 

La bande annonce pique les yeux. L’histoire rappelle tous les poncifs du genre. Si quelqu’un dans l’assistance voit ce truc, il serait bien urbain de nous envoyer une petite bafouille via [email protected]. En cas de publication ici-même, nous lui enverrons une invitation pour le prochain film avec Daniel Auteuil en short de bain. Promis, juré, craché. SG

Ce Sentiment de l'été - AfficheCe sentiment de l’été de Mikhaël Hers – 1h46 (Pyramide Distribution)

Au milieu de l’été, Sasha, 30 ans, décède soudainement. Alors qu’ils se connaissent peu, son compagnon Lawrence et sa sœur Zoé se rapprochent. Ils partagent comme ils peuvent la peine et le poids de l’absence, entre Berlin, Paris et New York.

Le film dépressif de la semaine. On aimerait pouvoir en dire plus mais on a lâchement fuit les invitations aux projections de presse. On réitère du coup notre proposition initiée juste au-dessus à savoir que celui ou celle qui voudra bien nous envoyer une petite bafouille via [email protected] et qui sera publiée ici même, se verra offrir une place de cinéma pour le prochain film qui parlera de deuil avec Stéphanie Déhel et Thibault Vinçon (normalement, cela ne devrait pas arriver de sitôt). SG

Un jour avec, un jour sans - AfficheUn jour avec, un jour sans de Hong Sang-soo – 2h01 (Les Acacias)

Le réalisateur Ham Cheonsoo arrive un jour trop tôt dans la ville de Suwon, où il a été invité à parler de son œuvre. Il profite de cette journée d’attente pour visiter un palais de la ville. Il y rencontre Yoon Heejeong, une artiste locale avec laquelle il va discuter, dîner, boire…

Pour ceux qui connaissent Hong Sang-soo, ce nouvel opus ne devrait pas les surprendre. L’histoire et la bande annonce semblent en effet explorer un univers bien connu et par trop balisé. C’est un peu le problème. De plus, on parle ici d’un réalisateur habitué des festivals. Un jour avec, un jour sans ne fait d’ailleurs pas exception puisqu’il a déjà raflé de nombreuses récompenses, dont le Léopard d’Or et le Prix d’interprétation masculine au Festival de Locarno 2015. Ce que l’on veut dire c’est que s’il n’était pas à Cannes (lieu où nous avons découvert la plupart de ses films), on aura la flemme d’aller juger sur pièce. C’est certainement une posture pour le moins cavalière et un tantinet snob à l’égard d’un cinéaste de cet importance, mais on l’assume. SG

Sleeping Giant - AfficheSleeping Giant de Andrew Cividino – 1h29 (KMBO)

Adam est un adolescent qui passe l’été avec ses parents au bord du vaste Lac Supérieur, à la frontière des États-Unis et du Canada. Sa routine se brise quand il se lie d’amitié avec Riley et Nate, deux cousins qui jouent aux petits malins en passant leur temps libre entre débauche, insouciance et sauts périlleux du haut des falaises. 

Sleeping Giant, une sorte de Stand by me formellement plus abouti mais aux péripéties plus banales, raconte une amitié hors du temps et de l’espace entre trois adolescents soumis à diverses épreuves au cours d’un été. Hors de l’espace à cause du manque de repères géographiques : ils se trouvent au bord d’un lac, non loin d’une petite île que leur imaginaire transforme en un endroit mythique, comme le figurent les premiers plans du film. Hors du temps parce que ces jeunes sont le rêve d’un cinéaste mais ils n’existent plus ; s’ils sont ancrés dans leur époque, ils appartiennent aussi à la génération précédente. Ils jouent aux jeux vidéos mais les bornes d’arcade se transforment en cauchemars et les consoles conduisent à des drames bien réels. Et surtout, ils n’ont pas de téléphone et ils sont plus souvent dehors à sauter d’une falaise et à lancer des œufs sur les fenêtres qu’à être enfermés pour se connecter au monde entier. Le monde, ils le voient, le ressentent et le défient – peut-être un peu trop – et ils ne l’imaginent pas à travers les réseaux sociaux. La dernière fois qu’on avait vu un film ado d’une telle fraîcheur c’était My summer of love de Pawel Pawlikowski. 3,5/5Nicolas Thys

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