Le Retour du héros (2018) de Laurent Tirard

Fiche film : Le Retour du héros

« Patrice Leconte me disait récemment qu’un journaliste lui avait demandé pourquoi plus personne ne faisait de films comme Ridicule, qui a aujourd’hui 20 ans. Je suis d’accord avec ce constat, et c’était sans doute une des raisons pour lesquelles je voulais faire ce film : parce que plus personne n’en fait, et qu’en tant que spectateur, ça me manque. Clouzot (le cinéaste, pas l’inspecteur), disait du réalisateur qu’il est le premier spectateur de son film. Et je pense que ma motivation profonde, quand je m’attaque à un projet, est de faire le film que j’aimerais voir mais que je ne trouve pas au cinéma. Les films en costumes, et surtout les comédies d’aventure, comme celles de Rappeneau ou de De Broca, ont fait le bonheur de générations entières de spectateurs, et ont contribué à mon envie de faire du cinéma. Je ne comprends pas pourquoi elles ont disparu des écrans. Ce qui est sûr, c’est que nous avons eu beaucoup de mal à monter Le Retour du héros. Quand nous sommes allés voir les chaînes de télévision et les financiers, ils nous disaient que le public ne voulait plus voir ce genre de films. C’est un constat qui me laisse sceptique, même si je vois bien que le paysage cinématographique français actuel est surtout rempli de comédies sur des sujets de société très contemporains, avec une approche très réaliste, très terre-à-terre, dans lesquelles l’aspect visuel est généralement relégué au second plan. C’est comme si, au nom d’un supposé modernisme, on ne pouvait parler de problématiques contemporaines qu’en montrant le quotidien. Comme si on pensait que le spectateur n’était pas capable, ou n’avait pas envie, de prendre de la distance avec la réalité. Est-ce vraiment le reflet du goût du public, ou une décision financière (parce que les films en costumes coûtent cher) ? Je ne sais pas. Moi, en tout cas, je suis plutôt défenseur d’un certain classicisme, sur la forme en tout cas, et donc d’une certaine élégance visuelle, ce qui n’empêche pas d’être moderne sur le fond » – Laurent Tirard, réalisateur

Le Retour du héros (2018)

Réalisateur : Laurent Tirard
Acteurs : Jean Dujardin, Mélanie Laurent, Noémie Merlant, Christophe Montenez
Durée : 1h30
Distributeur : StudioCanal
Sortie en salles : 14 février 2018

Résumé : Elle est droite, sérieuse et honnête. Il est lâche, fourbe et sans scrupules. Elle le déteste. Il la méprise. Mais en faisant de lui un héros d’opérette, elle est devenue, malgré elle, responsable d’une imposture qui va très vite la dépasser…

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  • Avis express : La séquence d’ouverture démontre si besoin était que Laurent Tirard a parfaitement révisé ses classiques depuis Les Liaisons dangereuses (1988) jusqu’à Barry Lyndon (1975) en passant par cette variation du Retour de Martin Guerre (1982) sans oublier bien sûr les films de Jean-Paul Rappeneau et du regretté Philippe De Broca qu’il cite par ailleurs dans sa note d’intention ci-dessus. Pour Le Retour du héros, il retrouve donc Jean Dujardin deux ans après le sympathique Un homme à la hauteur qui endosse un costume qui lui va comme un gant : celui du héros malgré lui couard, amoral et queutard rappelant par bien des aspects un certain OSS 117. Pour lui donner la réplique, Mélanie Laurent s’essaye quant à elle pour la première fois à la comédie, elle qui déclare qu’elle « avait sans doute peur tout au long de ces années de cinéma de se frotter à ce registre ». Qu’elle soit rassurée, le duo comique qu’elle forme à l’écran avec Jean Dujardin fonctionne à merveille tandis que l’autre couple formé par Noémie Merlant dans le rôle de la gentille petite demoiselle qui cache bien son jeu et Christophe Montenez dans celui du mari aimant mais castré par sa femme ne manque pas de mordant lui aussi. Et Le Retour du héros d’enchaîner alors quasiment sans discontinuer et pour le plus grand bonheur de nos zygomatiques les séquences croquignolesques faites de bons mots et de situations hautes en couleur, s’inscrivant ainsi tantôt dans l’art épistolière du Frears tantôt dans le panache des œuvres de De Broca. À défaut d’égaler le brio de ses illustres prédécesseurs, Laurent Tirard, grand pourvoyeur depuis plus d’une décennie déjà de comédies populaires « légères » (point de connotation péjorative dans un tel qualificatif), aura parfaitement su une fois encore nous faire marrer durant 90 minutes. Que demande le peuple ? 3/5 – SA

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