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Fiche film : Tully

Le projet est né en 2015, peu de temps après que la scénariste Diablo Cody ait donné naissance à son troisième enfant. Déjà sollicitée par ses deux aînés, qui lui demandaient beaucoup de temps et d’énergie, elle ne se faisait guère d’illusion sur sa capacité à affronter les nuits sans sommeil qui l’attendaient. Elle a alors engagé une nounou de nuit qui arrivait chez elle à 22 heures et s’occupait du bébé jusqu’au petit matin. Les nounous de nuit connaissent un succès croissant depuis une dizaine d’années, surtout chez les femmes en profession libérale vivant dans de grandes métropoles. C’est cette expérience qui lui a donné l’idée d’un film autour d’une mère, qui souffre d’un baby-blues, et de la jeune nounou de nuit qui l’aide à reprendre sa vie en main.

Charlize Theron a pris 18 kilos pour les besoins du rôle. Une métamorphose qu’elle n’avait déjà pas hésité à faire en 2003 pour Monster et qui lui avait valu l’Oscar de la meilleure actrice.

Tully (2018)

Réalisateur(s) : Jason Reitman
Acteurs :  Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston, Mark Duplass
Durée : 1h36
Distributeur : Mars Films
Sortie en salles : 27 juin 2018

Résumé : Marlo, la petite quarantaine, vient d’avoir son troisième enfant. Entre son corps malmené par les grossesses qu’elle ne reconnaît plus, les nuits sans sommeil, les repas à préparer, les lessives incessantes et ses deux aînés qui ne lui laissent aucun répit, elle est au bout du rouleau.
Un soir, son frère lui propose de lui offrir, comme cadeau de naissance, une nounou de nuit. D’abord réticente, elle finit par accepter. Du jour au lendemain, sa vie va changer avec l’arrivée de Tully…

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  • Avis express : Jason Reitman n’a décidément pas son pareil pour croquer dans ses films des morceaux de vie ordinaire sans jamais les rendre extraordinaire ou les magnifier. Par contre, il est indéniable que son sens de la mise en scène, du cadre, du rythme et du choix de ses acteurs en font des morceaux de cinéma à part… sans pour autant jamais totalement nous convaincre. C’est qu’à trop se la jouer dépressif tendance cool on ne fait que décliner à l’envi une musicalité certes dissonante mais jamais prégnante alors que justement les sujets choisis se veulent ancrés dans une certaine réalité pugnace et peu reluisante.
    Il faut croire qu’avec Tully, le réalisateur du fallacieux Juno a muri. Ou mieux encore, que nous avons muri. Car il faut bien l’admettre, Reitman ne change pas d’un iota sa façon de présenter les choses. Sa caméra qui déclame en prose n’a jamais été aussi présente pour raconter ce baby blues. Ce moment où la maman comprend que son nouveau né a déjà commencé son voyage émancipatoire déclenché par un accouchement vécu souvent comme un traumatisme.
    Reitman scrute ce quotidien pas glam pour un sou porté par une Charlize Theron qu’il retrouve pour l’occasion après le très politiquement correct Young Adult. C’était d’ailleurs jusqu’ici le reproche majeur que l’on pouvait lui faire. Cette propension à choisir des sujets au potentiel incroyable, sans jamais réellement creuser du bon côté. Ce qui n’est absolument pas le cas de Tully qui même sous couvert d’un vernis lorgnant vers une forme d’apesanteur souvent lourdingue et récurrente chez le cinéaste, parvient à montrer sans fard mais avec une réelle poésie fantastique ici la lente descente aux enfers d’une maman qui ne contrôle plus rien à commencer par son corps qu’elle ne reconnaît plus.
    La caméra sonde et explore mais sans voyeurisme complaisant. Les enjeux sont à peine définis et pourtant on est happé dès le début par la dramaturgie évidente mais pas outrecuidante. Et puis la double lecture que Reitman impose avec son final osé et particulièrement savoureux permet à Tully d’aller bien au-delà du film uniquement compris par les mamans meurtries dans leur chair et dans leur tête. Et pour la première fois Reitman nous touche car il ne joue pas au plus malin pour enjoliver ou caricaturer une histoire en douce. Avec Tully il passe par la porte de devant, il toise enfin ses personnages et son audience. Il assume enfin son indéniable talent de conteur par l’image. Pourvu que ça dure. SG4/5
  • Box-office : 90 743 entrées sur 130 copies (146 en 3ème semaine) sur 6 semaines d’exploitation. On est très loin des 873 420 entrées de Juno mais au-dessus des 31 730 de Men, Women & Children, son catastrophique précédent long. Il n’en reste pas moins que Tully est sans conteste une véritable déception au box office pour son distributeur français Mars Films.

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