Par un beau matin d'été - Image une fiche film

Fiche film : Par un beau matin d’été

Par un beau matin d’été marque la première des quatre collaborations entre Jacques Deray et Jean-Paul Belmondo.

1964 est déjà une année exceptionnelle pour Belmondo qui aligne les films (L’Homme de Rio de Philippe de Broca / Cent mille dollars au soleil et Week-end à Zuydcoote d’Henri Verneuil / La Chasse à l’homme d’Édouard Molinaro…) dont beaucoup sont des succès.

Dès la fin du tournage de Week-end à Zuydcoote, Belmondo enchaîne dans la foulée celui de Par un beau matin d’été.

Par un beau matin d’été (1965)

Réalisateur(s) : Jacques Deray
Avec : Jean-Paul Belmondo, Sophie Daumier, Geraldine Chaplin, Gabriele Ferzetti, Georges Géret, Akim Tamiroff
Durée : 1h49
Distributeur : Prodis
Sortie en salles : 17 février 1965

Résumé : À la recherche d’un coup qui leur permettrait de prendre leur retraite, un couple d’escrocs de petite envergure projette d’enlever la fille d’un riche Américain.

Articles / Liens :

  • Avis express : Avant que Jacques Deray et Jean-Paul Belmondo décrochent la timbale avec en 1983 les 5M d’entrées du Marginal, les deux compères on déjà bossé ensemble à deux reprises avec à chaque fois un peu plus de monde dans les salles. Par un beau matin d’été était donc leur première virée en commun. Si elle a su attirer plus d’1,5M de spectateurs, elle peine encore aujourd’hui à convaincre totalement le béotien que nous sommes. C’est qu’au-delà du couple en devenir, il y a un troisième larron répondant au doux nom de Jacques Audiard qui brouille un peu les cartes. Audiard connaissait déjà un peu Belmondo surtout grâce à Verneuil qui avec Cent Milles dollars au soleil (1964) et surtout Un singe en hiver (1962) lui avait donné la possibilité de mieux comprendre les attentes de l’acteur. Le rythme, le phrasé et la diction des mots qu’il imagine, Audiard sait les adapter en fonction des particularités de chaque comédien. Son génie et sa longévité dans le métier tiennent aussi à cela. Mais des fois, cette vision des choses peut heurter l’univers ou les intentions d’un cinéaste. C’est ce qui est à l’évidence arrivé lors de l’élaboration de Par un beau matin d’été.
    C’est que chez Deray la mise en scène prime sur les dialogues. Chez Deray, la bonne tirade, le bon mot ou le cabotinage n’ont pas lieu d’être et auraient même tendance à parasiter ses intentions initiales. D’autant que le cinéma de Deray est souvent marqué par l’économie des mouvements de caméra dans une mise en scène limite janséniste. Un regard doit suffire pour comprendre les motivations qu’un effet de montage vient appuyer si besoin. Ce qui ne veut pas dire qu’au sein même d’un plan il ne se passe rien. Bien au contraire. Chaque séquence peut d’ailleurs s’analyser comme une cocotte minute permanente que seul le réalisateur doit pouvoir ou sait comment dépressuriser. Quand il ne s’agit pas de remettre un coup de pression. C’était le cas avec Symphonie pour un massacre (1963), jouissif film de gangsters naviguant entre faux semblants et réalité augmentée. Ce sera aussi et surtout le cas avec La Piscine (1969) qui clôturera en apothéose une première partie de carrière fascinante.
    Par un beau matin d’été a donc très clairement le cul entre deux chaises. Ce qui se matérialise à l’écran en deux parties distinctes. La première permet d’appréhender le Belmodo que l’on connait : primesautier, gouailleur, lyrique tout en occupant totalement l’écran à chacune de ses entrées de champ. La seconde est plus sombre, anxiogène pour ne pas dire étouffante avec un Bébel beaucoup moins sympathique pour ne pas dire détestable en petite frappe participant à un kidnapping censé rapporter gros. Et sans surprise, c’est ici que le cinéma de Deray s’exprime à plein. Regards en coin, prise de vues en contre-plongée, dialogues réduits à l’essentiel et cette photo bien plus dure, tranchée pour ne pas dire signifiante qui embrase la pelloche. Sans vraiment crier gare on a pénétré au plus intime du film noir avec pour cadre une maison perdue dans la campagne espagnole qui sert de camp de base à toute l’équipe. Mais pas que puisque le couple de propriétaires et leur enfant en bas âge complices par obligation, rajoutent à la tension dramatique de l’attente.
    C’est bien cette seconde partie qui a nos faveurs résumant parfaitement un cinéma se jouant des codes et des attendus du genre pour ne se focaliser que sur un traitement efficace de l’histoire qui n’en oublie pas pour autant d’approfondir la caractérisation de chaque personnage. Aux antipodes de ce que sera Borsalino en 1970 beaucoup plus expansif et démonstratif amorçant cette deuxième partie de carrière dont l’aboutissement sera donc Le Marginal où Deray collaborera d’ailleurs une deuxième fois avec Audiard. À la différence majeure qu’il s’agissait là d’un pur produit au service exclusif de la star où les dialogues le cantonnaient dans sa zone de confort et où la mise en scène ne faisait qu’enregistrer ses moindres faits et gestes. Cette seconde partie de Par un beau matin d’été ressemble donc à s’y méprendre à un acte manqué sans lendemain. La (re)découvrir à l’aune de ce constat n’en devient que plus fascinant. 3/5

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  • Box office : Avec 1 506 874 entrées, Par un beau matin d’été  est le premier film de Jacques Deray à atteindre et dépasser le million d’entrées. C’est cependant une petite déception pour Bébel qui avait déjà l’habitude de caracoler bien plus haut sur les cimes du box office. Il fallait en effet remonter à 1963 et L’Ainé des Ferchaux de Jean-Pierre Melville (soit 7 films en arrière) pour trouver un cumul de spectateurs moindre.
  • La chronique Blu-ray : Pathé a édité le 21 octobre 2020 un Blu-ray proposant une image au format 2.35 restaurée (2K ? 4K ?) de toute beauté qui retranscrit superbement la photo N&B à quatre mains signée Juan Julio Baena et Jean Charvein de Chaplin. La seule piste encodée en DTS HD MA 2.0 mono retranscrit tout aussi remarquablement la bande son ainsi que la musique de Michel Magne aux accents morriconniennes qui accentue significativement ce huit-clos agoraphobe. Et puis en guise de bonus on a droit à l’intervention de trois pointures dont l’incontournable François Guérif qui reviennent sur la tâche compliquée que fut l’adaptation du bouquin de James Hadley Chase nécessitant pas moins de sept personnes sans oublier les dialogues d’Audiard déjà mentionnés plus haut pour lesquels Deray finira par dire à la fin du tournage : « Je suis incapable de mettre en scène un dialogue d’Audiard ». Petite anecdote pour finir. On apprend en effet que papa Chaplin ne voulait pas que sa fille joue dans le film. Il finira par céder sur l’insistance de Deray. Ce sera le tout premier rôle de Géraldine Chaplin dont les talents d’actrice illuminent encore aujourd’hui le cinéma et la télévision.

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