Triple Cross - Image une fiche film

Fiche film : Triple Cross (La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman)

Triple Cross (La Fantastique Histoire Vraie d’Eddie Chapman) est un film qui s’inspire du livre The Eddie Chapman Story, co-écrit par Frank Owen et Eddie Chapman publié en 1953.

Eddie Chapman fut un gangster britannique et un espion durant la Seconde Guerre mondiale. Il proposa ses services à l’Allemagne nazie et devint ensuite un agent double britannique auprès du MI5. Son nom de code dans les services secrets anglais est « Zigzag » pour refléter son parcours personnel sinueux.

Terence Young connaissait Eddie Chapman avant guerre. Par la suite, il s’était montré très attentif quant à ses exploits guerriers permettant à la production franco-britannique qui voulait adapter le livre sur grand écran d’engager sans trop de difficultés le prestigieux réalisateur alors associé à la saga 007 naissante avec Dr No (1962), Bons Baisers de Russie (1963) et Opération Tonnerre  (1965).

Triple Cross (1966)

Réalisateur(s) : Terence Young
Avec : Christopher Plummer, Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Yul Brynner
Durée : 2h20
Distributeur : Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
Sortie en salle : 9 décembre 1966
Sortie Blu-ray :
3 février 2021 (Crome Films)

Résumé : Le cambrioleur Eddie Chapman est arrêté à Jersey par la police anglaise et jeté en prison. Quelques années plus tard, la guerre éclate et l’armée allemande envahit l’île. Décidé à sortir de prison, il propose ses services à l’Occupant et devient agent des services secrets allemands. Parachuté en Angleterre, il prend contact avec les services secrets britanniques. C’est le début de la formidable odyssée d’Eddie Chapman…

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  • Avis : On l’avoue bien volontiers, voici un film que l’on découvre et même dont on n’avait jamais entendu parlé nonobstant le pedigree de son réalisateur et de son impressionnant casting. Triple Cross fait en effet partie de ces films pas tout à fait d’exploitation (entendre par là qui surfaient sur une mode ambiante tels que les films d’espionnage à la James Bond) et encore moins de ces grosses productions qui phagocytaient les cinémas de l’époque ainsi que les statuettes en forme d’Oscar tels que West Side Story (1961) et La Mélodie du bonheur (1965) de Robert Wise, Lawrence d’Arabie (1962) de David Lean, My Fair Lady (1964) de George Cukor, etc. Par contre, il est certain que Triple Cross avait vocation, comme tous les exemples précédemment cités, à arracher le quidam de son living-room et de ses programmes TV pour lui proposer sinon une histoire hors du commun, du moins un spectacle qui explose le ratio image d’un tube cathodique. Et il faut bien être honnête. On est loin du compte dans les deux cas. Toute la question étant de savoir maintenant s’il faut apprécier Triple Cross selon ces standards de l’époque rapidement évoqués ou à l’aune de nos standards actuels (patine du temps associée au témoignage fascinant d’un cinéma qui n’existe plus…). Et bien ma bonne dame, merci de nous l’avoir posé (on est pas dans la m**** tiens maintenant).
    Triple Cross est de toute évidence ce film qui continue à naviguer entre-deux eaux justifiant donc sa notoriété pour le moins en retrait et en partie justifié. C’est qu’à vouloir quand même un peu surfer sur la mode James Bond (on n’a pas engagé le père-réalisateur de la franchise pour rien) sans que pour autant le spectateur y trouve son comptant, la pilule avait et continue à avoir du mal à passer. Tout ça manque en effet de souffle épique ou tout simplement d’une réalisation un tantinet inspiré. Au lieu de quoi Terence Young paresse à l’ombre d’une histoire d’agent triple qui navigue avec aisance dans les eaux saumâtres d’un second conflit mondial filmé en un arrière-plan quasi romanesque. Il faut voir comment est traité le personnage du colonel von Grunen, baron de son état, joué par un Yul Brynner affublé du monocle qui va bien pour commencer à comprendre où on met les pieds. Le deuxième taquet vient alors de Romy Schneider qui en espionne tombant amoureuse du « triple cross » Eddie Chapman ne convaincra personne. Et quant aux seconds couteaux tel que, au hasard, Gert Fröbe en colon de la Wehrmacht revenu d’entre les morts après son aspiration par le hublot de son jet privé dans Goldfinger, on est consterné par ses nombreux froncements de sourcils qui annoncent déjà ceux du Coup du Parapluie (1980) de Gérard Oury.
    Mais voilà, il y a Christopher Plummer dans le rôle titre de l’agent triple. À lui tout seul il emporte le morceau donnant au film sa véritable ADN certainement intentée dès l’écriture. Une fiction romanesque basée sur des faits réels forcément bien moins photogéniques. Son charme évident, son aisance en toutes circonstances, sa prestance incroyable ravivent l’intérêt des moindres enjeux de l’histoire. On pourra certes là aussi faire la fine bouche mais c’est alors qu’au moment de visionner le film vous êtes en descente de trip particulièrement rude ou que la digestion du diner se passe mal. Mais si on ne cherche pas plus que cela, le plaisir de la découverte ou de la redécouverte restera entier tout du long. Un peu comme si on lisait un bon petit roman de gare d’espionnage. Pas trop violent, pas trop sexe, pas trop polémique… Mais juste ce qu’il faut pour émoustiller le père de famille en mal de sensations autres que de se faire engueuler par sa bourgeoise parce qu’il a oublié d’acheter le pain (et non cela ne sent pas le vécu).
    Et pour répondre à la question du début on va dire que Triple Cross peut s’apprécier à l’aune d’un cinéma disparu mais dont on est plutôt heureux qu’il n’existe plus aujourd’hui. 2,5/5
  • Box office : 1 718 823 entrées pour une co-production franco-anglaise-allemande. C’est pour info un film initié par une société de production française (Europa Production) étant entendu que les exploits d’Eddie Chapman se sont d’abord très très bien vendus en librairie chez nous préparant donc le terreau pour une adaptation au cinéma. D’ailleurs, quelques années avant même la publication du livre, Chapman avait feuilletonnisé ses aventures dans un quotidien français. Les presque 2 millions de spectateurs se justifient donc aisément.
  • La chronique Blu-ray : Il y a beaucoup de choses qui fâchent à la découverte de l’image proposée. D’abord le ratio 1.78 (annoncé 1.77 au dos de la jaquette) qui diffère du 1.66 de tournage annoncé sur IMDB ou sur l’édition DVD Opening de 2008 mais aussi sur le DVD import US Warner Archives sorti en 2012 que malheureusement nous n’avons pas dans le cadre d’éventuelles comparaisons de captures. On présume que lorsqu’il a fallu numériser un nouveau master en HD pour les éventuelles diffusions TV ou mises à dispo sur les plateformes VOD, les ayants droits ont passé outre le format d’origine incompatible selon eux avec le standard 16/9. Ce qui fait montre du peu de considération des décideurs actuels quant au respect de l’œuvre, surtout quand celle-ci n’a pas le pedigree d’un film marqueur dans l’histoire du cinéma.
    Et puis que dire de l’encodage en 1080i ? Proposer un film en 25 images/s tel le défilement d’un DVD alors que pour rappel l’avantage du Blu-ray est, entre autres choses, de pouvoir le mater en 24 images/s comme au cinéma, n’est en effet plus acceptable aujourd’hui car il place l’œuvre au même niveau de qualité qu’une vulgaire diff TV. Ce vers quoi le master utilisé ici devait être d’ailleurs destiné. Repasser le défilement en 24p requiert en effet des coûts supplémentaires que ne pouvaient certainement pas supporter l’éditeur. Mais alors pourquoi le sortir en l’état ? En agissant ainsi on remet tout bonnement une grosse pelleté de terre dans le trou déjà bien rempli de l’enterrement du support.
    De plus, le master HD sur lequel s’appuie cet encodage et annoncé comme « nouveau » n’est à l’évidence pas de la dernière fraîcheur. Le problème ne vient pas tant d’éventuelles scories détectables à même la pellicule (il n’y a finalement que peu de rayures et autres points blancs visibles) mais plutôt du côté « fané » de l’ensemble. Comme si la pelloche avait été enfournée dans le tambour d’une machine à laver avec le constat in fine d’un manque patent de grain et de définition typiques d’une image passée par les fourches caudines d’un DNR puissant. Du coup, la photo pourtant signée Henri Alekan (pas connu pour ses palettes de couleurs timides), donne à voir des ambiances diaphanes (même au sein de la scène dans le cabaret-restaurant aux papiers peints et fauteuils de couleurs criardes. Cf. capture n°18 identifiable en passant votre souris sur la galerie ci-dessous) et des teintes de peau cireuses qui semblent être importées tout droit du Musée Grévin. Peu ou pas de remarques sur la partie sonore qui en VO délivre un mono somme toute équilibrée alors que la VF est très étouffée.
    Enfin on trouve aussi un entretien avec Frédéric Albert Levy dit FAL, ex starfixien émérite de son État, qui sur 30 minutes nous parle de Triple Cross. Initiative qui mérite avant même d’en parler plus longuement d’être chaudement saluée. FAL contextualise d’abord l’époque dominée par la guerre froide et ce sentiment d’espionnite aigu qui s’est traduit au cinéma par deux sous-genres : des films où l’espionnage est fantaisiste avec gadgets & Co façon James Bond donc mais aussi via une tripotée de films d’exploitation italiens et  des films d’espionnage plus réalistes comme L’Espion qui venait du froid (1965) de Martin Ritt adapté du célèbre roman de John le Carré. Du coup, il fallait trouver une troisième voie qu’emprunte Triple Cross selon FAL. Un mélange des deux sous-genres mais en menant leurs logiques intrinsèques jusqu’au-boutiste. Pourquoi pas. Mais pour nous cela ne donne aucune lettre de noblesse supplémentaire au film. FAL revient ensuite sur la personnalité réelle d’Eddie Chapman qui était un personnage plutôt antipathique et bien moins recommandable que le portrait qui est fait de lui dans le film. FAL fait aussi un focus sur le scénariste français qui en plus d’avoir fait partie du réseau de résistance de Jean Moulin aurait été celui qui l’aurait dénoncé alors qu’il avait été arrêté puis libéré par les services de Klaus Barbie. Un joli effet miroir au regard du sujet de Triple Cross. D’autres sujets sont abordés mais on vous laisse les découvrir par vous-mêmes. Mais attention avec le potard du son quasi au max (on exagère à peine) car sinon vous ne capterez rien tellement la prise de son lors de la rencontre filmée semble avoir été un tantinet foirée.

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Triple Cross - Jaquette Blu-raySpécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 1.78:1 encodée en AVC 1080/25i
  • Langue(s) : Anglais et Français DTS-HD MA 2.0 mono
  • Sous-titre(s) : Français débrayables
  • Durée : 2h11min 41s
  • 1 BD-50

Bonus :

  • Entretien avec Frédéric Albert Levy (historien du cinéma et journaliste (29min 05s – HD)

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