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Fiche film – La Nuée (2020)

La Nuée est né d’un appel à projets du CNC pour les films de genre. Pour le scénariste Jérôme Genevray, le point de départ a été de raconter une histoire en tant que parent, « à savoir comment arrive-t-on à arbitrer entre notre besoin de travailler pour nous accomplir et l’amour nécessaire et le temps que l’on doit à nos enfants ».

La question des sauterelles s’est ajoutée grâce à son partenaire d’écriture Franck Victor, qui est vegan. Ensemble, ils se sont interrogés sur l’alimentation de demain mais aussi sur l’obsession du travail et de la réussite dans notre société. Victor précise : « C’est extrêmement agréable et rare en France de dissocier le travail d’écriture et celui de la réalisation. La Nuée a vraiment été un travail collectif, où les gens des effets spéciaux au sens large ont également beaucoup contribué au processus d’écriture ».

La Nuée (2020)

Réalisateur(s) : Just Philippot
Avec : Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne, Raphaël Romand
Durée : 1h41
Distributeur :  The Jokers / Capricci
Sortie en salles : 16 juin 2021

Résumé : Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…

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  • Avis : Si vous avez l’habitude de nous lire, vous savez que nous n’aimons pas trop tirer sur une ambulance. En d’autres termes, les films qui ne nous ont pas plu et qui de surcroît ont besoin qu’on les découvre au cinéma ne serait-ce que pour valider leur ADN de production fragile ou atypique, on préfère passer notre chemin en espérant que les prochains qui suivront sur le même modèle sauront élever le niveau. Car c’est dans la quantité qu’émergera forcément les pépites. La Nuée s’inscrit à l’évidence dans le mouvement initié par Grave de Julia Ducournau. Soit la volonté de visiter à nouveau le film de genre (appellation fourre-tout s’il en est) tendance effroi / horreur / fantastique / SF… en y insufflant cette politique des auteurs si chère à notre cinéma depuis la Nouvelle Vague. Si la tentative de greffe n’est pas nouvelle de par chez nous, elle fut à l’évidence saluée par bon nombre d’observateurs avisés comme on dit et rencontra non pas le succès mais a minima son public (plus de 155 000 spectateurs). Suffisant en tout cas pour permettre à Ducournau de réaliser son deuxième long, Titane, qui se retrouve à Cannes cette année en sélection officielle.
    Suffisant aussi pour initier quelque part un mouvement et des envies de production à même de continuer à explorer la chose. On ne reviendra pas ici sur les différentes initiatives qui émergent en ce moment au sein de la production française dans ce domaine, un excellent papier signé Philippe Guedj dans Le Point Pop le fait admirablement bien, mais il est donc évident que l’on est face à une prise de conscience venant certainement de toute une nouvelle génération de cinéastes et de producteurs qui ne demandent qu’à régurgiter leur cinéphilie avec de surcroît l’intime conviction qu’ils sont en phase avec un public avide de ce genre d’expériences cinématographiques. On ne rentrera pas non plus ici sur le débat de la salle Vs les plateformes de streaming qui au passage participent à l’évidence à ce regain d’intérêt doublé d’une manne financière inédite pour ce genre de films en France. Non, nous allons juste nous contenter de voir comment La Nuée est une promesse absolument pas tenue à l’instar du Dernier Voyage de Romain Quirot sorti dès la réouverture des cinémas et moins récemment Revenge de Coralie Fargeat dont le second long se fait attendre, Dans la brume de Daniel Roby, La Nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher ou encore Hostile de Mathieu Turi (liste non exhaustive) pour lequel on précise au passage que nous n’avons pas encore vu son Méandre (le verrons-nous un jour ?).
    La Nuée se veut être pour son réalisateur Just Philippot une tentative de parler d’un certain quotidien avec ses enjeux de sociétés inhérents en utilisant le genre fantastique. Ce qui en soi est exactement ce pourquoi on utilise le genre. Aborder une réalité complexe / clivante ou polémique mais que tout le monde peut appréhender en utilisant des chemins de traverse qui s’ils sont bien amenés ou traités peuvent décupler le sens du message que l’on veut délivrer ou en tout cas d’une manière bien plus efficace que si on l’avait abordé plus frontalement. Avec La Nuée Just Philippot a pour ambition de nous parler de la famille avec cette mère agricultrice élevant seule ces deux enfants mais aussi de l’alimentation de demain et de sa confrontation avec le système économique actuel de la rentabilité maximale. Deux thématiques ambitieuses et excitantes dont les racines inspiratrices peuvent être multiples sans être étouffantes pour autant. Encore faut-il avoir su bien les digérer. Ce qui à l’évidence n’est absolument pas le cas ici.
    Voilà donc une mère de famille qui s’échine à développer son élevage de sauterelles comestibles jusqu’à se retrouver dans une impasse (ses sauterelles ont un coût trop élevé et sont invendables sinon à perte). Un banal accident va lui faire réaliser que les petites bêtes se développent bien plus vite et deviennent bien plus grosses en se nourrissant d’hémoglobine. De ce postulat a priori excitant, Just Philippot et ses scénaristes n’en font littéralement rien ou pas grand-chose. Pas de progression dramatique, une réalisation toute sauf inspirée, une interprétation générale anodine et des SFX risibles (ou presque). Le message que veut dès lors véhiculer La Nuée se fracasse sur le mur d’une réalité franco-française même pas capable de regarder dans les yeux la moindre production Jason Blum où chacun des films a au moins une qualité, d’être efficace et de contenter à minima le spectateur. Avec La Nuée il ne se passe rien jusqu’à une fin toute sauf surprenante. Quant aux soubresauts psychologiques censés amener une évolution dans la caractérisation des personnages, ils sont aussi volatiles et crédibles qu’un nuage de sauterelles dans la campagne française.
    Franchement on aurait aimé y croire. On aurait aimé croire à cette fable agricole teintée de cynisme et de réalisme noir. On aurait aimé applaudir à cette initiative d’un producteur / distributeur (The Jokers Films) qui a le vent en poupe depuis la Palme d’or cannoise de Parasite et qui a décidé de mettre les bouchées doubles avec très prochainement Teddy que nous ne verrons pas pour justement ne pas à avoir à enfoncer le clou mais aussi avec d’autres projets déjà actés comme le prochain film de Philippot qui sera la version longue de son court Acide déjà bien plus prometteur.
    Le mouvement étant donc lancé et le modèle économique semblant beaucoup plus solide, on se permet d’y adjoindre notre écot négatif d’autant que notre voix dissonante se perd déjà dans un flot de louanges non démentis depuis les premières avant-premières publiques du film et sa présentation (en ligne) au festival de Gérardmer 2021 où il a reçu le Prix du publique et de la critique. Si on ne demande qu’à avoir tort, on espère que dans le flot à venir, la pépite tant recherchée s’y nichera enfin. 1/5
  • Box office : Nous n’avons pas l’info quant au nombre de copies au moment où nous écrivons ces quelques lignes, mais il est à parier que compte tenu du buzz et de l’attente générée, on se situe au-delà des 500 copies. Ce qui en soit serait déjà une victoire pour ce pedigree de film. Edit 17/06 : Et bien on a tout faux puisque La Nuée est distribué sur 146 copies et a par ailleurs réalisé 3 991 entrées en 24h. Edit 21/06 : 17 809 entrées au sortir du 1er week-end. Le flop se confirme un peu plus… Edit 24/06 : 23 596 entrées sur une semaine. Flop it is ! Edit 31/10 : 44 193 entrées en trois semaines… Et puis s’en va. Déroute it is.

1ère Séance Les Halles - 16 juin 2021 - La NuéeLa Nuée est deuxième de ce classement 1ère séance de 9H à l’UGC des Halles (Sources Debriefilm)

  • La (future) chronique Blu-ray : Connaissant l’appétence de The Jokers dans le format vidéo physique, on pari notre chemise qu’un Blu-ray verra le jour. Edit 31/10 : Un Blu-ray est bien prévu pour le 2 novembre mais chez Capricci. On a beau ne pas aimer le film, on ne peut que saluer bien bas cette prise de risque maximale.

3 réflexions sur « Fiche film – La Nuée (2020) »

  1. Je me suis royalement ennuyé ! J’aimerai tant comprendre comment font certain(e)s critiques pour autant aimer ce film (qui a beaucoup de soucis)
    Mystère et boule de gomme !

  2. Il y’a une erreur d’orthographe dans la rubrique Box office, vous avez écrit faut au lieu de faux.
    Je ne pense pas que l’échec du film, dans les salles française, va plomber les comptes du distributeur. Ils ont vendu les droits à Netflix pour une diffusion à l’international.

  3. Merci, on a corrigé. Impardonnable 😉

    Et merci aussi pour l’info Netflix que nous n’avions pas forcément. Ceci dit quand nous écrivons flop, c’est une analyse qui ne vaut que pour l’aspect box office France et aucunement sur l’aspect rentabilité du film. En l’occurrence cela induit qu’à l’avenir ce genre de films risque plus de passer directement par la case Netflix sans passer par celle d’une sortie au cinéma de par chez nous. Nous on dit banco car cela veut aussi dire que la production de ce genre de films ne va pas s’arrêter et que dans le lot il y aura forcément des pépites. C’est mathématique.

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