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Fiche film – Les 2 Alfred (2020)

L’idée du film est née d’une envie assez ancienne de raconter l’histoire d’un homme obligé de cacher sa paternité pour trouver du travail. « À l’époque, j’étais moi-même père de deux enfants en bas âge et j’avais senti que ce pouvait être un ressort de comédie assez fort. J’imaginais cet homme en train d’extirper de sa poche un joujou de bébé en pleine réunion, de se mettre à fredonner machinalement une comptine… des situations très drôles… Et puis Denis Podalydès est devenu père à son tour et j’ai eu envie de reprendre cette idée avec lui. On a commencé à travailler ensemble, à improviser quelques scènes, et puis on a dévié vers une histoire qui ne nous correspondait plus. J’ai donc repris le scénario en me concentrant sur le monde de l’entreprise », confie Bruno Podalydès.

Les 2 Alfred (2020)

Réalisateur(s) : Bruno Podalydès
Avec : Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès, Yann Frisch, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté
Durée : 1h32
Distributeur :  UGC Distribution
Sortie en salles : 16 juin 2021

Résumé : Alexandre, chômeur déclassé, a deux mois pour prouver à sa femme qu’il peut s’occuper de ses deux jeunes enfants et être autonome financièrement. Problème: The Box, la start-up très friendly qui veut l’embaucher à l’essai a pour dogme : « Pas d’enfant ! », et Séverine, sa future supérieure, est une « tueuse » au caractère éruptif. Pour obtenir ce poste, Alexandre doit donc mentir… La rencontre avec Arcimboldo, « entrepreneur de lui-même » et roi des petits boulots sur applis, aidera-t-elle cet homme vaillant et déboussolé à surmonter tous ces défis ?

Articles / Liens :

  • Avis : Le regard que porte les frères Podalydès sur la société des hommes et leurs travers ont toujours été le moteur de leurs films : façon haute voltige avec Adieu Berthe – L’enterrement de mémé (2012) ou Versailles Rive-Gauche (1992), un ou deux trous d’air (on pense à Bancs publics – Versailles Rive-Droite en 2009) ou encore des entre-deux sacrément vivifiants (Comme un avion – 2014 / Dieu seul me voit (Versailles-chantiers) – 1977 / Liberté-Oléron – 2000). On pourrait mettre sciemment de côté les trois adaptations de romans et BD qui ont aussi jalonnées leurs filmos mais ce serait alors oblitérer cette faculté à creuser le même sillon tout en utilisant certes des sources en apparences étrangères à leur univers mais qui finissent par les définir dans leur entièreté.
    Oui car on ne peut décemment pas dissocier Bruno le réalisateur de Denis l’acteur tant leur image et même leur personnalité se confondent film après film. À tel point d’ailleurs que Bruno s’est toujours senti le besoin de faire aussi l’acteur histoire de brouiller encore un peu plus les cartes. Avec Les 2 Alfred on ne change donc pas une équipe qui gagne. Ce qui au passage ne sera pas du goût des plus grincheux qui s’empresseront de le souligner en mode « fuyons ce cinéma décatit et bourgeois ». Quant à nous, on préfère y voir un éternel renouvellement toujours aussi pétillant, onirique et emprunt surtout d’un humour qui fait toujours autant mouche.
    Les 2 Alfred c’est un peu Tintin au pays des start-ups en fait. C’est en effet l’histoire de Denis, la cinquantaine bien tassée, qui postule dans une de ces boîtes où personne n’a de bureaux à proprement parler, où tout le monde parle un langage instantanément désuet, où le babyfoot à l’entrée ne sert qu’aux visiteurs, que les espaces cocooning pour les micro siestes permettent de communiquer vers l’extérieur à l’abri des regards et que non cela ne sent pas le vécu… Les frères Podalydès y sont bien allés eux en repérage et ont bien assimilé tout le potentiel comique de cette mise en situation d’autant qu’ici on rajoute le fait qu’aucun des employés ne peut être parent ou en instance de l’être. Ceci afin d’être à 120% disponible et corvéable aux tâches d’une entreprise dont d’ailleurs on a bien du mal à comprendre les services qu’elle propose.
    Une façon comme une autre pour les deux frères de porter un regard mi-critique mi-amusé sur ce secteur 2.0 d’avant le Covid qui n’a certainement pas pris une ride à l’aune du soi-disant monde d’après. Mais tout le sel de ces 2 Alfred ne se situe pas tant à l’intérieur, mais bien à l’extérieur quand un à un tous les seconds rôles habituels issus de la « troupe Podalydès » pointent le bout de leur nez. Une répartie bien sentie ici, une saillie verbale là et nous voilà naviguant en des contrées jamais balisées et surtout toujours très drôles car toujours frappées du sceau de l’évidence. Ce qui permet au détour de chaque scène de lever les yeux au ciel en se disant « bien vu » avec en prime le sourire indéfectible aux lèvres. À ce bestiaire on rajoutera bien évidemment Sandrine Kiberlain que les deux frères retrouvent après Comme un avion avec une joie communicative non dissimulée. Ils lui offrent des répliques savoureuses et un personnage à la fois décalé et terriblement humain.
    Voir Les 2 Alfred fait tout simplement un bien fou car tout en arrivant à mettre le doigt sur certaines de nos vicissitudes au quotidien, il s’y emploie avec un talent et une finesse d’écriture à l’efficacité impressionnante. On est donc bien avec Les 2 Alfred dans l’entre-deux vivifiant décrit plus haut mais avec ce petit plus ici qui en fait cet objet filmique délicieusement militant. 3,5/5
  • Box office : 89 813 entrées au sortir du 1er weekend sur 360 copies. On devrait se situer au final entre les 229 777 entrées de Bécassine, leur précédent film, et les 502 306 entrées de Comme un avion sorti  en 2015.
  • La (future) chronique Blu-ray : Aucune info à date quant à une sortie Blu-ray d’autant qu’UGC semble avoir abandonné le support depuis juin 2020 avec Ducobu 3 et Une vie cachée de Terence Malick. On va espérer qu’il ne s’agissait que d’une pause Covid…

Les 2 Alfred - Affiche

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