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Fiche film : Annette (2020)

Leos Carax a rencontré les Sparks, un groupe pop-rock fondé en 1968 qui a influencé les groupes d’electro rock comme New Order ou Depeche Mode et dont il connaissait la musique depuis l’adolescence, deux ans après Holy Motors (2012). Dans celui-ci justement figure une scène dans laquelle Denis Lavant écoute un de leurs morceaux, How are you getting home ? Le duo savait donc que Leos Carax appréciait sa musique et l’a contacté pour un projet musical qui deviendra Annette.

Annette (2020)

Réalisateur(s) : Leos Carax
Avec : Adam Driver, Marion Cotillard, Simon Helberg, Devyn McDowell
Durée : 2h20
Distributeur : UGC Distribution
Sortie en salles : 6 juillet 2021

Résumé : Los Angeles, de nos jours. Henry est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann, une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie.

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  • Avis : On ne va pas se mentir. On attendait beaucoup d’Annette. Certainement beaucoup trop. C’est que Holy Motors, le précédent film de Leo Carax, avait mis la barre très haute. Tellement haute d’ailleurs qu’il lui aura donc fallu un bon paquet d’années pour enchaîner. La peur du vide certainement à l’image de son personnage principal joué par un Adam Driver au sommet de son art. Oui parce que si Annette n’est pas à la hauteur de nos attentes, il n’en demeure pas moins un film signé Leos Carax, et donc synonyme d’une expérience de cinéma proche du rollercoaster permanent.
    Annoncé comme une comédie musicale, Annette s’apparente en effet plus à une sorte d’opéra rock qui adopte le parti-pris de se déclamer quasi uniquement en chansons un peu à la manière d’un film de Jacques Demy époque Parapluies de Cherbourg ou Demoiselles de Rochefort. Au tout début il y a les Sparks, un groupe pop-rock (pour faire simple) créé en 1968 par les frères Mael qui constatent à la vision de Holy Motors que Carax est un fan absolu de leur travail et que surtout son univers onirique, décalé et passablement extravagant colle parfaitement au leur. Il faut dire que les deux compères, un brin excentriques et profondément géniaux, marquent depuis cinq décennies leur art et leurs contemporains. D’ailleurs, un excellent doc passé par le festival de Sundance cette année et en salle ce 28 juillet leur est consacré et devrait rassasier une légitime curiosité envers cet aréopage pas très connu du grand public.
    Ron & Russell Mael font donc parvenir à Leos Carax un projet de comédie musicale totalement délirant que le cinéaste refuse car ne correspondant aucunement à son univers et ses envies. Mais les Sparks ne se découragent pas et renvoient quelques mois plus tard une dizaine de chansons qui seront la base du scénario d’Annette. L’histoire d’un couple joué par Adam Driver donc et Marion Cotillard. L’un est un comédien de stand-up qui cartonne, l’autre est une cantatrice de renommée internationale. Ils sont éperdument amoureux, décident de fonder une famille (Annette) et c’est alors que les ennuis commencent. Ou plutôt, la tragédie musicale peut commencer. Il y a plusieurs morceaux de bravoure dans Annette. À commencer par les cinq premières minutes en un sublime plan séquence qui donne quelque peu le ton de ce qui va suivre. Ou encore cette séquence « lelouchienne » où la caméra tourne telle une valse autour d’un chef d’orchestre (Simon Helberg) qui nous raconte sa nouvelle vie alors qu’il est en pleine répétition. À ce dispositif visuel, Carax rajoute ici un mixage qui s’étalonne en fonction de l’interlocuteur choisit (le spectateur ou l’orchestre) tout en se conformant à la composition musicale. L’acteur n’hésitant pas ainsi à interrompre son monologue chanté pour se concentrer sur les passages requérants toute son attention de chef d’orchestre. Grandiose.
    Il y a aussi la séquence finale dont nous ne dévoilerons rien mais qui dans sa construction cette fois-ci ultra classique accentuera un climax qui laisse pantois. Entre ces points d’orgue, Annette délivre sa poésie visuelle et musicale qui ne laissera personne insensible mais qui a quand même bien du mal à planquer la platitude d’un récit dont la linéarité fait limite tâche dans la filmo de Carax. Non que l’on n’ait jamais été fan de ses premiers travaux à la narration pompeusement éclatée et derniers soubresauts d’une nouvelle vague agonisante, mais il est évident qu’Annette ne dispose pas vraiment d’une autre couche de lecture que celle proposée à la première vision. Il n’y a pas comme dans Holy Motors la délicieuse sensation que le film ne se donne jamais vraiment. Qu’il y a toujours quelques zones mystérieuses à découvrir ou à redécouvrir lorsque l’on a pris un peu plus de bouteille.
    Comme une fille ou un mec qui dirait je t’aime dès le premier soir, Annette ne garde rien pour lui (ou elle). On en ressort certes quelque peu repus et même ému mais sans avoir l’envie de rappeler sa conquête d’une nuit. Annette est un « one night stand » dont on s’en enorgueillira quelques jours auprès des copains et copines pour passer à autre chose dès le prochain film. Cela tombe bien, en ce qui nous concerne, il s’appelle Benedetta d’un certain Paul Verhoeven. 3/5
  • Box office : Entre les avant-premières de mardi soir et la séance 14h de ce mercredi sur 27 copies Annette réunit 4 873 spectateurs. C’est pour le moins un excellent départ. Edit 23 juillet : 258 937 entrées après 6 semaines et demi d’exploitation sur 243 copies (342 lors de la 3ème semaine). Pass sanitaire ou non, c’est déjà bien mieux que les 181 680 entrées de Holy Motors, son précédent film. Edit 28/09 : 282 836 entrées au cumul après 12 semaines passées dans les salles.
  • La (future) chronique Blu-ray : À l’instar d’un Malick avec Une vie cachée, UGC sait se fendre d’une édition Blu-ray pour les films prestigieux ayant fait un tour par la croisette. Annette rentre à l’évidence dans cette catégorie. Edit 27/09 : Un Blu-ray est bien annoncé pour le 17 novembre…

Annette - Affiche

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