Une histoire d'amour et de désir - Image une fiche film

Fiche film : Une histoire d’amour et de désir (2021)

La réalisatrice Leyla Bouzid grandit à Tunis où elle est née en 1984. En 2003, elle part à Paris étudier la littérature française à la Sorbonne puis intègre La Fémis en section réalisation. Après plusieurs courts-métrages multi primés, elle réalise en 2015 son premier long-métrage, À peine j’ouvre les yeux. Le film est présenté à la 72ème Mostra de Venise, avant de remporter plus de quarante prix internationaux et de connaître le succès lors de sa sortie en salles simultanée en France et en Tunisie. Une histoire d’amour et de désir est son deuxième long-métrage.

Avec Une histoire d’amour et de désir, Leyla Bouzid souhaitait filmer un jeune homme qui ne parvient pas à vivre pleinement son sentiment amoureux. Le film montre en effet la première expérience sexuelle d’un garçon, un sujet peu traité au cinéma contrairement à celle des jeunes filles.

Une histoire d’amour et de désir (2021)

Réalisateur(s) : Leyla Bouzid
Avec : Zbeida Belhajamor, Diong-Keba Tacu, Aurélia Petit
Durée : 1h42
Distributeur : Pyramide Distribution
Sortie en salles : 1er septembre 2021

Résumé : Ahmed, 18 ans, est français d’origine algérienne. Il a grandi en banlieue parisienne. Sur les bancs de la fac, il rencontre Farah, une jeune Tunisienne pleine d’énergie fraîchement débarquée de Tunis. Tout en découvrant un corpus de littérature arabe sensuelle et érotique dont il ne soupçonnait pas l’existence, Ahmed tombe très amoureux de cette fille, et bien que littéralement submergé par le désir, il va tenter d’y résister.

Articles / Liens :

  • Avis : Pour les plus au fait, le nom de Leyla Bouzid ne leur sera pas inconnu. C’est que la réalisatrice d’origine tunisienne n’en est pas à son coup d’essai. Une histoire d’amour et de désir pourrait même s’appréhender comme une suite officieuse de À peine j’ouvre les yeux qu’elle a réalisé en 2015. Dans ce premier long, il était en effet question d’une ado qui tout en passant son bac à Tunis était à la recherche de sensations, d’expérimentations et de rencontres propres aux attentes de son âge. Mais en 2010 et en Tunisie, ce genre d’attente peut très vite flirter avec certains interdits propres au pays. Dans Une histoire d’amour et de désir, la réalisatrice nous donne l’impression de retrouver Farah (le nom reste, l’actrice change) qui, le bac en poche, vient de s’inscrire à La Sorbonne. Là, elle tombe sur Ahmed, un français d’origine algérienne ayant grandi en banlieue parisienne.
    D’un côté une âme en quête d’émancipation dans la capitale de tous les possibles et de l’autre une autre volonté de s’extirper de sa condition mais en emmenant avec lui une partie des us et coutumes de sa cité. Entre les deux un choc des cultures capturé avec une violente douceur et littéralement filmé à fleur de peau. Une mise en scène à la fois naïve et lucide propre bien entendu à cette façon d’aborder les premiers émois amoureux mais profondément novatrice par rapport à l’angle adopté puisqu’il s’agit d’être au plus proche du jeune homme et non de la jeune femme. C’est en effet rare au cinéma de s’intéresser à ce passage à l’âge adulte, à cette perte de la virginité du côté masculin. Et puis quand c’est filmé par une femme comme ici, c’est doublement passionnant.
    D’autant que Leyla Bouzid rajoute une strate en actant la rencontre lors d’un cours de littérature arabe du XIIe siècle où tout au long de l’année seront abordés des auteurs qui lui permettront de tordre le cou aux clichés sur la culture arabe stigmatisée aujourd’hui comme moralisatrice et rétrograde. Pour Ahmed c’est aussi la découverte d’un nouveau monde qui ira jusqu’à la littérature érotique, celle des 1001 nuits par exemple mais pas que, lui ce jeune homme avec ses codes issus de la banlieue où on lui demande de recadrer sa sœur qui prend bien trop de liberté et où certains de ses amis finissent par se détourner de lui car devenu trop « parisien ». La caractérisation de tous les personnages est ainsi extraordinaire de rigueur et de véracité sans pour autant verser dans la démonstration ou l’anathème. Quant à la banlieue, elle n’a jamais été filmée avec autant d’aspérités, de finesse et de proximité. Très loin, au hasard, de l’image renvoyée par Les Misérables (2019) de Ladj Ly. Non que ce qui s’y passe dans Une histoire d’amour et de désir ne suscitera pas réflexions et/ou condamnations, mais on pourra y trouver aussi des personnes dignes d’amour et d’amitié pour le spectateur de province ou d’ailleurs. Entendre par là que l’image renvoyée et le message délivré ont des accents d’universalité propres à raccrocher les wagons d’une normalité sociétale bienvenue sans que pour autant le film verse dans le monde des bisounours.
    À partir du moment où la banlieue n’est plus un enjeu majeur décrite comme un zoo et un espace de non droit permanent, Leyla Bouzid peut dès lors s’intéresser à cette relation naissante par le prisme de la découverte de l’autre. Sa mise en scène s’articule alors du côté de la sensualité des corps répondant à celle des écrits qui traversent le film tels des manifestes de vie d’une modernité à couper le souffle. Le jeune Ahmed joué par le ténébreux Sami Outalbali que l’on avait pu remarquer dans la série Fiertés de Philippe Faucon, s’emploie durant tout le film à lutter contre ces découvertes « impures » (de l’esprit et des corps) alors que la belle et romantique Farah interprétée par la tunisienne Zbeida Belhajamor dont c’est la première apparition au cinéma, décortique comme elle le peut ces préjugés qu’elle ne pensait pas si vivace dans un pays qui fut le berceau des Lumières.
    Une histoire d’amour et de désir est un film magnifique d’élégance, d’équilibre et oui de désir. De cette soif de découvrir l’autre sans tabou et avec une curiosité insatiable. Le regard que porte ainsi Leyla Bouzid à ses personnages est d’une bienveillance rare et en tout cas peu commune dans notre cinéma. Il renvoie aussi une affirmation de notre société pleine d’espoir où rien ne semble perdu. Un optimisme que nous avons envie de croire et partager au moins le temps de ce film. 4/5
  • Box office : 12 444 entrées sur 111 copies après 5 jours d’exploitation. Edit 23/09 : 29 576 entrées en 3 semaines de présence dans les salles. Le film ayant perdu plus de 40% à chaque nouvelle semaine, on ne voit pas trop Une histoire d’amour et de désir aller bien au-delà du mois d’exploitation. Ce qui est bien dommage et certainement une déception pour tout le monde à commencer par sa réalisatrice qui avait engrangé 94 337 entrées avec son premier long en 2015. Edit 20/10 : 36 941 entrées en 7 semaines. Leyla Bouzid ne réitèrera donc pas les 94 337 entrées de À peine j’ouvre les yeux mais compte tenu de la conjoncture du moment (pass sanitaire / explosion d’offres de films chaque semaine), cela reste plus qu’honorable. Edit 3/12 : 38 191 entrées au final.
  • La (future) chronique Blu-ray : Au mieux il faut s’attendre à une édition DVD et une déclinaison VOD. Edit 20/10 : On n’en croyait pas nos yeux mais un Blu-ray en sus d’un DVD sont bien attendus chez Pyramide Vidéo pour le 7 décembre 2021.

Une histoire d'amour et de désir - Affiche

  Lâchez-vous !

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *