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Fiche film : La Fracture (2021)

Après La Belle saison et Un amour impossible, deux films d’époque, La Fracture est l’occasion pour Catherine Corsini de se frotter à une actualité brûlante, celle des manifestations des Gilets Jaunes : « Par quel récit, pouvais-je rendre compte de ce qui se passait et comment ? Est-ce que je saurais faire du cinéma politique sans faire un film militant ? D’où parler ? Et quelle forme choisir ? […] Je cherchais une situation au moment où le mouvement des Gilets jaunes a commencé. »

C’est après avoir passé la nuit du 1er décembre 2018 aux Urgences de l’hôpital Lariboisière suite à une chute que Catherine Corsini a eu l’idée de faire d’un hôpital la clé d’entrée du film, permettant de le faire résonner avec le climat social ambiant.

La Fracture (2021)

Réalisateur(s) : Catherine Corsini
Avec : Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai, Aïssatou Diallo Sagna
Durée : 1h38
Distributeur : Le Pacte
Sortie en salles : 27 octobre 2021

Résumé : Raf et Julie, un couple au bord de la rupture, se retrouvent dans un service d’Urgences proche de l’asphyxie le soir d’une manifestation parisienne des Gilets Jaunes. Leur rencontre avec Yann, un manifestant blessé et en colère, va faire voler en éclats les certitudes et les préjugés de chacun. À l’extérieur, la tension monte. L’hôpital, sous pression, doit fermer ses portes. Le personnel est débordé. La nuit va être longue…

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  • Notre avis : Cela fait un bail que l’on n’a pas mis le nez dans la filmo de Catherine Corsini. Et pour être honnête jusqu’au bout, on ne sait même plus ce qui nous a motivé d’y passer à nouveau une tête le temps de cette Fracture. Quoi qu’il en soit, bien nous en a pris tant il nous semble que voilà la première fiction qui a su ingérer et régurgiter à sa manière la période trouble vécue par la société française lors du mouvement des Gilets Jaunes. Une période dont il serait au demeurant fort peu judicieux de penser qu’elle se situe derrière nous. Pour s’en convaincre, il suffit d’isoler certains des dialogues assenés par les infirmières, infirmiers et autres aides soignant(e)s qui pour la plupart jouent d’ailleurs leurs propres rôles ici, pour réaliser que rien n’a bougé depuis l’écriture et la réalisation de La Fracture. À commencer par la lassitude et la perte de foi en leur hiérarchie de ces soignants en première ligne se traduisant ces dernières semaines par la fermeture de lits d’hôpital faute de personnel.
    La très bonne idée du film est de raconter tout cela par le biais d’une double fracture. Celle que se fait en tombant le personnage joué par Valeria Bruni Tedeschi l’obligeant à se rendre aux urgences de l’hôpital le plus proche et celle plus profonde qu’elle constate dans ce lieu où se côtoie un précipité de la société française alors qu’à l’extérieur gronde une manifestation de Gilets Jaunes. Catherine Corsini adopte dès lors l’unité de lieu (les urgences), de temps (une nuit) et de personnages (dont Pio Marmaï en camionneur Gilet Jaune blessé à la manif) ce qui lui permet de tenir sa mise en scène faite de caméras portés tout en prenant la peine d’en découdre avec son sujet jusqu’au bout. La Fracture est pourtant loin d’être un film militant. Corsini n’a pas cette ambition qui aurait été de toute façon intenable. Mais son propos en a in fine la saveur en usant surtout pour cela de ses personnages qu’elle a su caractériser aux petits oignons.
    Son couple de femmes d’abord qui s’entredéchire sans cesse (formidable Marina Foïs). Issues à l’évidence de la haute bourgeoisie parisienne, Corsini les a sciemment mélangés avec ce camionneur aux revendications un poil naïves (il est persuadé pouvoir se rendre à l’Élysée et qu’il sera reçu par le Président Macron dans la foulée), cette infirmière qui enchaîne sa sixième nuit de garde, ce personnage qui n’a plus toute sa tête… Énoncé ainsi, on se dit que voilà un bestiaire qui ne peut passer le rubicond de l’image. Et pourtant, c’est bien là l’un des tours de force de La Fracture. Avoir su orchestrer par une fiction naturaliste certains des maux actuels de nos fractures quotidiennes. À nous maintenant d’en tirer les conclusions qui s’imposent. Ou pas d’ailleurs ! 3,5/5
  • Box office : 731 entrées à la séance 14h sur les 24 copies parisiennes (347 copies France). La Fracture est la deuxième meilleure séance 14h de la semaine derrière l’intouchable Wes Anderson et The French Dispatch. C’est toutefois moins que les 917 entrées sur 21 copies qu’avait engrangées au même temps de passage Un ami impossible, son précédent film qui avait réuni au final 220 500 spectateurs (sur 199 copies). Rappelons enfin pour la bonne bouche que c’est Partir et ses 584 256 entrées réalisées en 2009 qui restent encore la meilleure marque au BO français pour un film signé Catherine Corsini. Edit 28/02/22 : 275 728 entrées en 13 semaines d’exploitation. Mais il y a fort à parier qu’avec le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Aissatou Diallo Sagna, quelques entrées supplémentaires vont venir étoffer ce cumul dans le cadre de reprises dans les cinémas.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : Connaissant Le Pacte, il est fort à parier qu’un DVD et un Blu-ray seront du voyage pour le passage de La Fracture en vidéo physique. Edit 28/02/22 : Un Blu-ray (et un DVD) sont bien prévus pour le 16 mars 2022. Il semble de surcroît bien ventru en guise de suppléments puisque sont annoncés un commentaire audio des scènes coupées par Catherine Corsini et Frédéric Baillehaiche ainsi qu’un doc intitulé « Paroles de soignants ».

La Fracture - Affiche

 

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