Madres paralelas - Image une fiche film

Fiche film : Madres paralelas (2021)

Pedro Almodóvar a évoqué l’idée de Madres paralelas à Penélope Cruz pour la première fois en 1999, lors de la tournée promotionnelle de Tout sur ma mère.

Madres paralelas est le septième long-métrage dans lequel Pedro Almodóvar dirige Penélope Cruz. À l’exception des Étreintes brisées ou dans Les Amants passagers où elle tient un petit rôle, Pedro Almodóvar a toujours confié à Penélope Cruz le rôle d’une femme enceinte (En chair et en os, Tout sur ma mère) ou d’une mère (Volver, Douleur et Gloire). Pour le réalisateur espagnol, l’actrice représente en effet l’image parfaite de la maternité dans la grande lignée des actrices italiennes telles que Anna Magnani ou Sophia Loren.

Madres paralelas (2021)

Réalisateur(s) : Pedro Almodóvar
Avec : Penélope Cruz, Milena Smit, Israel Elejalde, Aitana Sánchez-Gijón, Rossy de Palma
Durée : 2h00
Distributeur : Pathé
Sortie en salles : 1er décembre 2021

Résumé : Deux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d’hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d’âge mûr, n’a aucun regret et durant les heures qui précèdent l’accouchement, elle est folle de joie. Ana en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée. Janis essaie de lui remonter le moral alors qu’elles marchent telles des somnambules dans le couloir de l’hôpital. Les quelques mots qu’elles échangent pendant ces heures vont créer un lien très étroit entre elles, que le hasard se chargera de compliquer d’une manière qui changera leur vie à toutes les deux.

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  • Notre avis : Pour tout dire, cela faisait un moment qu’un film de Pedro Almodóvar ne nous avait pas renvoyé à ce point dans les cordes. Une belle petite mornifle à même de nous sortir de notre léthargie envers une filmographie de ces vingt dernières années où tout se mélange pour fusionner en un seul et même (très) long-métrage dont ne reste que quelques images aux couleurs forcément criardes. Il faut sans doute remonter à Tout sur ma mère en 1999 pour retrouver cette mise en scène sobre et punk à la fois en total adéquation avec les propos et les thèmes balancés à la gueule du spectateur. Depuis, le cinéma d’Almodóvar s’est en effet tellement embourgeoisé qu’on a l’impression qu’il veut imiter Woody Allen mais sans jamais avoir trouvé ce petit côté aérien et faussement primesautier que l’on perçoit chez le cinéaste new-yorkais même sur ses opus les plus faiblards. Et si Madres paralelas n’échappe pas toujours à ce constat tout en réussissant à en faire enfin un atout, il a surtout pour lui une double histoire qui tient formidablement la route et un discours qui renoue quelque part avec la dialectique profonde de ses premiers films dont Tout sur ma mère en était justement jusqu’à aujourd’hui le dernier écho.
    La maternité justement. Elle est une nouvelle fois traitée ici par le cinéaste espagnol un peu à la façon d’un Kore-eda dans Tel père, tel fils (2013). Mais heureusement, il n’en fait pas le sujet unique de Madres paralelas qui n’aurait été alors qu’un énième Almodóvar plus ou moins oubliable enclin à explorer certaines thématiques sociétales lui tenant à cœur sans que pour autant l’on puisse véritablement s’adosser à une histoire de toute façon déjà traitée (en mieux) ailleurs. Non, le véritable atout de Madres paralelas c’est cette prise de conscience envers l’Histoire de son pays et surtout sa façon de se le réapproprier. Madres paralelas peut en effet s’apparenter à une sorte de retour aux sources qui l’avait fait connaître dans les années 80 quand il défaisait l’ancien monde pour mieux reconstruire le nouvel Espagne. Aujourd’hui, cela prend la forme d’un devoir mémoriel envers un pays encore meurtri par la guerre civile qui l’a déchiré dans les années 30. Dans cette propension à vouloir retrouver un charnier aux abords d’un village afin de pouvoir rendre aux familles ces hommes qui avaient pour défaut de ne pas avoir « choisi » le camp des vainqueurs pour enfin les enterrer dignement.
    Ce qui est aussi magnifique dans Madres paralelas c’est que tout ceci n’est pas à charge. Il ne s’agit pas en effet de punir ou stigmatiser mais bien de réconcilier en apposant des pansements sur les plaies du passé. Magnifique car Almodóvar sait mieux que quiconque que nos sociétés actuelles sont de plus en plus divisées, communautarisées et sans doute au bord d’un précipice qui peut se traduire par de nouvelles guerres civiles. On exagère à peine. Madres paralelas peut donc se voir comme une thérapie. Celle d’un réalisateur s’adressant à ses « fans » mais aussi aux autres. Toujours dans un souci de communion et d’espoir envers le futur. Et si Almodóvar y croit, alors nous aussi. 4/5
  • Box office : Remarquable démarrage avec 43 527 entrées 1er jour sur 347 copies. En comparaison Douleur et gloire, son précédent film, réalisait 36 645 entrées sur 324 copies pour terminer sa carrière à 847 205 spectateurs. Il faut en fait remonter à 2009 et Étreintes brisées pour retrouver un aussi bon démarrage (41 941 entrées sur 288 copies en 24h et 924 644 spectateurs au cumul). Madres paralelas peut donc viser le million d’entrées. Remarquable encore une fois compte tenu de la période anxiogène relative à la cinquième vague Covid qui n’arrange pas (entre autres choses) la fréquentation des cinémas. Edit 02/04/22 : 624 861 entrées au cumul en 10 semaines de présence dans les salles. Très en deçà donc des espoirs que laissaient planer le chiffre 1er jour et qui place Madres paralelas à la 10ème position des entrées France pour un film d’Almodóvar entre Kika (606 697 en 1994) et La piel que habito (760 478 en 2011).
  • La chronique Blu-ray et/ou Blu-ray 4K : Les films signés Pedro Almodóvar non disponibles en Blu-ray se comptent sur les doigts d’une main. On parie que Madres paralelas ne devrait pas déroger à cette excellente règle perpétuée par Pathé depuis 2012 et La piel que habito (2011). Le Studio français ne s’est d’ailleurs pas arrêté en si bon chemin puisqu’en 2017 il a édité d’une manière exhaustive sur le support toute la filmographie du cinéaste espagnol jusqu’en 1999 et Tout sur ma mère, date à laquelle il a les droits des films d’Almodóvar en France. À quelques exceptions près et à titre d’info, c’est TF1 Studio qui détient les droits de ses premières réalisations. Ils sont là aussi dispos en Blu-ray. Edit 02/04/22 : Un Blu-ray est bien prévu chez Pathé le 6 avril 2022. Il est annoncé avec quelques petits films sur les coulisses du tournage (moins de 10 minutes). Le tout pour 20 euros dans une édition dite « Boîtier avec fourreau ». Pas de quoi se taper le c** par terre.

Madres paralelas - Affiche

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