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Fiche film : As bestas (2022)

L’intrigue de As bestas se déroule dans un village en déclin (comme il en existe beaucoup en Espagne) où les habitants se méfient des étrangers représentés ici par un couple de français venu s’installer dans une ferme pour y développer une agriculture bio.

« La patrie comme territoire de conflit. L’affrontement né de l’affirmation : je suis ici chez moi, mais pas toi. Une fois qu’on a identifié cette situation, il nous faut comprendre pourquoi Antoine et Olga risquent tout pour mettre en œuvre leur projet dans cette petite ville. » – Rodrigo Sorogoyen.

As bestas (2022)

Réalisateur(s) : Rodrigo Sorogoyen
Avec : Marina Foïs, Denis Ménochet, Luis Zahera, Diego Anido, Marie Colomb
Durée : 2h17
Distributeur :  Le Pacte
Sortie en salles : 20 juillet 2022

Résumé : Antoine et Olga, un couple de Français, sont installés depuis longtemps dans un petit village de Galice. Ils ont une ferme et restaurent des maisons abandonnées pour faciliter le repeuplement. Tout devrait être idyllique mais un grave conflit avec leurs voisins fait monter la tension jusqu’à l’irréparable…

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  • Notre avis : Les meilleures histoires au cinéma c’est souvent quand des gens ordinaires doivent faire face à des situations extraordinaires. On ne sait plus très bien qui a dit cela, mais voilà un mantra qui semble de plus en plus s’inviter au sein de la remarquable filmo de Rodrigo Sorogoyen. Le « virage » semble avoir été pris avec Madre et le deuil impossible de cette mère avec lequel le cinéaste espagnol nous avait littéralement séché. As bestas quant à lui raconte prosaïquement un problème de voisinage dans la Galice profonde. Quelque chose qui pourrait se résoudre (ou pas) avec l’intervention de Stéphane Courbet (on exagère à peine). Un couple de français s’est en effet installé dans un village espagnole reculé. Ils y pratiquent depuis plusieurs années une agriculture bio tout en offrant bénévolement leur service dans la rénovation de maisons pour essayer d’endiguer l’inexorable dépeuplement du hameau.
    Mais certains « natifs » ne voient pas cela d’un très bon œil d’autant que le couple interprété par Denis Ménochet et Marina Foïs s’invite dorénavant dans le débat public jusqu’à bloquer des initiatives municipales comme l’installation d’éoliennes et sa manne financière. La question qui taraude dès lors est pourquoi des « étrangers » ont voix au chapitre au même titre que ceux qui ont vécu toute leur vie ici. Elle en devient même séminale jusqu’au climax d’une première partie qui ne nous change pas vraiment de ce que l’on sait du cinéma de Sorogoyen. Des plans larges où la mise en scène se déploie imperturbable, implacable même. La parole s’y fait rare mais ce qui se dit est d’une importance capitale. La musique est sourde et lancinement rythmée par un tambour. Elle est signée Olivier Arson qui est déjà derrière les bandes originales des trois derniers films du réalisateur espagnol. La photo de Alejandro de Pablo (là aussi un compagnon de route de longue date du cinéma de Sorogoyen) est minérale mais non terreuse. Elle souligne parfaitement cette violence des échanges en milieu rural entre l’été et l’automne.
    Et puis la suite nous plonge dans quelque chose de totalement nouveau. Du thriller, du presque western, As bestas bascule dans une forme d’humanité tout aussi tragique mais qui se veut moins désespérée. Tout change. La mise en scène est façonnée de plans plus longs mais aussi plus resserrés sur les visages. La musique s’y fait plus douce, moins omniprésente. La photo fait la part belle à l’hiver où tout semble écrasé par l’absence de couleurs définis. Et la parole se libère (un peu) jusqu’à la toute fin du film où le quasi monologue du personnage joué par Marina Foïs à l’attention de sa fille vaut à lui seul tout le film. Ce qui nous permet au passage de mentionner la formidable alchimie qui rythme As bestas entre les deux comédiens français preuve s’il en est que Rodrigo Sorogoyen est un véritable manieur d’acteurs et ce quel que soit la langue.
    Au final As bestas nous parle de la justice des hommes opposée à celle du talion. Il nous parle du regard de la femme opposée à celui des hommes. Il nous parle de la foi in fine en l’espèce humaine opposée à celle qui veut que l’homme soit un loup pour l’homme. Le tout sans que pour autant Sorogoyen ne relâche jamais la pression pour nous emmener jusqu’au bout de sa démonstration. On en ressort littéralement essoré mais vivant. Ou plutôt avec cette sensation d’avoir vécu quelque chose d’assez unique au cinéma. Soit un véritable mélange des genres permettant de transcender cette histoire (co-écrite avec Isabel Peña, là aussi son alter ego depuis toujours) en une bouleversante épopée de l’âme humaine et de l’intime. 3,5/5
  • Box office : 11 375 entrées dès le 1er jour sur 200 copies. À comparer aux 9 716 entrées engrangés par El Reino sur 124 copies sur la même période. El Reino qui avec un cumul de 245 997 spectateurs est la meilleure marque au box office français pour un film signé Rodrigo Sorogoyen. Edit 1/11 : 327 125 entrées au final positionnant officiellement As bestas comme le film ayant engrangé le plus de sectateurs pour un film signé Rodrigo Sorogoyen.
  • La chronique Blu-ray : Connaissant Le Pacte, As bestas bénéficiera à n’en pas douter d’une édition Blu-ray. Edit 1/11 : Et celle-ci est annoncée pour le 23/11.

As bestas - Affiche

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