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Fiche film : The Innocents (2021)

« Je crois que les enfants vivent au-delà des notions de bien et de mal. Ou plutôt avant. Mais je ne pense pas que les enfants soient des petits anges, ou que nous naissions purs. Je crois que nous naissons sans aucune notion d’empathie ou de morale – cela doit nous être enseigné. » – Eskil Vogt (réalisateur) à propos de la signification du titre de son film The Innocents.

The Innocents (De uskyldige – 2021)

Réalisateur(s) : Eskil Vogt
Avec : Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Mina Yasmin Bremseth
Durée : 1h57
Distributeur : Kinovista / Les Bookmakers
Sortie en salles : 9 février 2022

Résumé : Un été, quatre enfants se découvrent d’étonnants pouvoirs et jouent à tester leurs limites, loin du regard des adultes. Mais ce qui semblait être un jeu d’enfants, prend peu à peu une tournure inquiétante…

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  • Notre avis : Les innocents du titre sont, pour le cinéaste d’origine norvégienne Eskil Vogt, les enfants. Ces êtres frêles, bien souvent sans défense mais avides de découvertes synonymes de sensations fortes et toujours prêts à repousser les limites instaurées par les adultes. Une fois énoncée tout cela qui au passage n’a aucune valeur définitive, Eskil Vogt (scénariste de tous les films de Joachim Trier) se pose la question suivante : que se passerait-il si quelques-uns d’entre eux se découvraient des pouvoirs suffisamment incroyables pour modifier radicalement la nature même de leurs jeux qui très vite n’auront plus rien d’enfants ? Vous nous direz alors spontanément que voilà un sujet maint et maint fois traité dans le cinéma d’hier (L’Autre de Robert Mulligan – 1972) et d’aujourd’hui (Chronicle de Josh Tank – 2012). Pour autant The Innocents n’est ni un film porté sur la psychanalyse enfantine, ni un film d’horreur façon Carrie au bal du diable (1976) et encore moins une énième variation du passage à l’âge adulte de l’ado se découvrant des super-pouvoirs (et accessoirement des poils au zgeg).
    Non, ce qui intéresse Eskil Vogt ici c’est plutôt la redécouverte du monde de l’enfance et son appropriation par le biais d’une expérimentation visuelle et narrative tous azimuts sans que pour autant une quelconque morale adulte vienne parasiter le propos et la démonstration. C’est que Eskil Vogt a bien compris qu’entre 7 et 11 ans (l’âge des enfants dans The Innocents) toutes les transgressions n’en sont finalement pas puisque presque rien n’est encore définitivement établi. S’ouvre dès lors pour le cinéaste tout un champ des possibles qu’il n’hésite pas à consigner par une mise en scène qui ne va jamais lâcher ses sujets. Il y a ainsi cette façon qu’à la caméra de filmer certains détails que seul l’enfant va prendre la peine de scruter ou remarquer (un ver de terre que l’on piétine, un ongle qui gratte une croûte…), ou bien ces angles et ces perspectives que lui seul encore une fois saura provoquer, maîtriser et finalement percevoir. Que dire ensuite de cette photo en apparence binaire qui joue à la fois sur les couleurs vives et contrastées propres à cet été nordique où le soleil ne se couche pas avant 22h mais qui sait aussi travailler le gris et le « délavé » afin de susciter chez un esprit neuf et bouillonnant la peur des ombres forcément menaçantes que des contrechamps véritablement anxiogènes accentuent à l’envie.
    C’est donc peu de dire que Eskil Vogt, tel un père un peu sadique, n’a qu’une seule envie c’est de nous prendre par la main pour mieux nous lâcher au sein de cette barre d’immeuble quelque peu léthargique où une famille décide d’emménager. Deux sœurs composent cette fratrie dont l’une est autiste. La plus jeune, en faisant le tour du proprio, tombe sur un voisin à peine plus vieux qu’elle qui va très vite lui révéler son secret. La suite on la devine et peut se concevoir telle une étonnante plongée dans un univers que nous avions oublié et que le cinéaste nous remémore avec une étonnante acuité. C’est bien là toute la force de The Innocents. Nous parler de notre enfance à tous sans jamais se départir de sa propre vision a priori fantastique mais ô combien tangible, naturaliste et crédible. Ce qui lui donne aussi les coudées franches pour exsuder ses propres peurs enfantines qu’il nous livre ainsi en pâture décuplant instantanément notre intérêt pour cette histoire qui n’en manquait déjà pas.
    The Innocents en devient un formidable précipité de film où chacun tirera ses propres vérités et conclusions. Eskil Vogt donne certes les siennes mais sa réalisation a tellement concassé son présupposé de départ qu’elles en deviennent anecdotiques pour notre plus grand plaisir et sans aucun doute pour le sien. Preuve que The Innocents convole déjà vers un statut flirtant avec une certaine idée de l’atemporalité qui n’est autre que l’antichambre d’un futur classique. 4/5

The Innocents - Affiche

  • The Innocents (2021) de Eskil Vogt - Packshot Blu-ray
  CommerçantPrixÉvolutionStockAchat 

The Innocents

Éditeur :Kinovista
Sortie le :07 septembre 2022  

  • La chronique Blu-ray : On appréciera la richesse éditoriale de ce Blu-ray, une denrée suffisamment rare aujourd’hui surtout quand il s’agit d’un film exploité au cinéma il y a de cela quelques mois avec moins de 24 000 spectateurs au compteur. Pour tout dire, on n’espérait même pas un DVD. Il faut croire que l’éditeur Kinovista (qui est aussi le distributeur cinéma) a de la suite dans les idées n’hésitant donc pas à reprendre des documents certainement produits pour le marché norvégien mais aussi nous proposer une master classe enregistrée à la FEMIS en compagnie d’Eskil Vogt qui revenait ainsi au sein de cette prestigieuse école de cinéma où il fut diplômé. Outre le constat qu’il parle le français aussi bien que vous et moi, il y aborde sur près d’une heure ses envies et ses motivations sur The Innocents. Il n’hésite pas à revenir sur les thèmes qu’il a voulu aborder mais aussi sur certains de ses collaborateurs comme le compositeur de la bande originale Pessi Levanto ou Sturla Brandth Grøvlen, sa directrice de la photo. C’est très riche et peut être vu en complément du commentaire audio où accompagné de sa directrice de la photo et en anglais, il arrive à nous distiller d’autres infos et d’autres axes de réflexion sur son film. Passionnant.
    On trouvera aussi un document de 10 minutes où Pessi Levanto nous explique, images à l’appui, ses recherches d’instruments et de rythmiques pour composer une BO à la fois disruptive et dans une remarquable continuité de ce que l’on découvre à l’écran allant même jusqu’à caractériser chaque enfant par une signature sonore un peu à la manière d’un Camille Saint-Saëns et son Carnaval des animaux. Enfin, un dernier petit trésor clôture cette belle interactivité. Ou plutôt une offrande du réalisateur puisqu’il nous permet de découvrir une sorte de court-métrage préparatoire au film. Eskil Vogt a pu en effet tourner in situ avec une partie de son casting (certains seront dans le film, d’autres non) ce qui deviendra un film d’une dizaine de minutes. On y retrouve certaines séquences du long mais surtout la petite Rakel Lenora Fløttum qui joue le rôle d’Ida la plus jeune des deux sœurs. Très clairement François Truffaut a trouvé son héritier en matière de représentation de l’enfance au cinéma.
    Ce sans faute éditorial s’accompagne de la même note maximale du côté de la technique avec un rendu parfait de cette photo si particulière que l’encodage en DTS-HD MA 5.1 tant en norvégien qu’en VF prolonge sans coup férir. On recommandera toutefois la VO ne serait-ce que pour rendre justice au jeu remarquable des enfants.

Spécifications techniques Blu-ray :

  • Image : 2.35:1 encodée en AVC 1080/24p
  • Langue(s) : Norvégien et Français en DTS-HD MA 5.1
  • Sous-titre(s) : Français et Français pour sourds et malentendants
  • Durée : 1h57min 32s
  • 1 BD-50

Cliquez sur les captures Blu-ray ci-dessous pour les visualiser au format HD natif 1920×1080

Bonus :

  • Commentaire audio de Eskil Vogt et Sturla Brandth Grøvlen (directrice de la photographie)
  • Masterclass d’Eskil Vogt à la Fémis animé par Nicolàs Lanisbat (55min 43s – HD – 2021)
  • Dans les coulisses du casting (9min 51s – HD – 2020)
  • Conception de la bande originale avec le compositeur Pessi Levanto (8min 04s – HD – VOST – 2020)
  • Bande-annonce (1min 47s – HD – VOST)
  • Scènes coupée:
    • Le Petit déjeuner (1min 25s – HD)
    • Le Sparadrap (2min 20s – HD – VOST)

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