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Fiche film : The Fabelmans (2022)

Avec The Fabelmans, Steven Spielberg livre un récit initiatique sur les origines de sa passion pour le cinéma inspiré de ses souvenirs d’enfance situé dans l’Amérique des années 1950.

The Fabelmans (2022)

Réalisateur(s) : Steven Spielberg
Avec : Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano, Seth Rogen, Judd Hirsch, David Lynch
Distributeur : Universal Pictures International France
Sortie en salles : 22 février 2023

Résumé : Passionné de cinéma, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé dans cette voie par sa mère Mitzi, dotée d’un tempérament artistique, son père Burt, scientifique accompli, considère que sa passion est surtout un passe-temps. Au fil des années, Sammy, à force de pointer sa caméra sur ses parents et ses sœurs, est devenu le documentariste de l’histoire familiale ! Il réalise même de petits films amateurs de plus en plus sophistiqués, interprétés par ses amis et ses sœurs. Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante sur sa mère qui bouscule ses rapports avec elle et fait basculer son avenir et celui de ses proches.

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  • Notre avis : Dans The Fabelmans Steven Spielberg se raconte une enfance pour le moins fantasmée. Non que cela oblitère les qualités indéniables de son film mais disons qu’il vaut mieux avoir ça en tête à sa vision non pour lui en tenir rigueur (pas le genre de la maison) mais au contraire pour apprécier à sa juste valeur cette véritable déclaration d’amour au cinéma. Ce qu’est d’abord et surtout The Fabelmans. Que Spielberg use de la chronique (auto)biographique pour y parvenir est une évidence mais qu’il n’en oublie jamais l’essence même du medium qu’il utilise (une fiction), en est bien entendu une autre.
    C’est que celles et ceux qui pensent que voilà un film qui nous raconterait la jeunesse du prodige ayant façonné le Hollywood tel que nous le connaissons encore aujourd’hui se mettent le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. Par contre, que Steven Spielberg en profite pour aborder une époque, nous parler de sa mère (avec un regard très contemporain), de sa famille (un peu à la façon d’un Brighton Beach Memoirs que réalisait Gene Saks en 1986 qui empruntait déjà beaucoup à la chronique façon Woody Allen) et de sa fascination de toujours pour l’image animée sur grand écran est là pour le coup patente. Et de fait sa première rencontre cinématographique se fait avec Sous le plus grand chapiteau du monde (Cecil B. DeMille – 1952), film qui a certes pas mal vieilli mais dont la scène du train venant percuter une voiture coincée sur les rails provoqua un choc sur le petit Spielberg aussi violent que L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat à l’égard des tous premiers spectateurs terrorisés par ce que les Frères Lumières leur fit découvrir en 1896. Le clin d’œil en forme d’hommage est plus qu’appuyé mais il a pour lui l’avantage d’annoncer la couleur et le fil rouge du reste du film. Point de cinéma vérité ici mais un rêve en continu et éveillé.
    C’est ainsi que Spielberg se met en scène en train de filmer ses premiers exploits avec la caméra offerte par son père. Spielberg précisant bien alors à qui veut l’interroger que les extraits que l’on voit alors dans The Fabelmans sont une réinterprétation de ses films de gosse. Comme le disait l’un des journalistes à la fin de L’Homme qui tua Liberty Valence (1962) : « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende. » Que le film soit réalisé par John Ford n’est pas anodin puisque c’est peu de dire que le cinéma de Spielberg rejoint en partie celui de Ford ne serait-ce que dans sa propension à prolonger le mythe hollywoodien. Un mythe auquel il y associe avec beaucoup de sensibilité sa mère en précisant le rôle ingrat de la femme de ces années-là qui devait suivre leur mari, éduquer les enfants, tenir leur maison alors que leurs aspirations à la fois de cœur et sociales pouvaient être très éloignées de tout cela. Pour Spielberg, sa mère est cette héroïne du quotidien qui finira d’ailleurs par s’émanciper au détour des années 70. Elle qui l’a toujours compris et poussé à réaliser ses rêves quand son père aurait préféré qu’il embrasse un métier plus « sûr ». Paul Dano campe ce père un peu perdu mais que son grand cœur invite toujours à la compréhension. Michelle Williams est cette mère tiraillée entre son métier de maman et son amour d’une autre vie.
    Entre les deux, Spielberg nous raconte donc aussi son rapport au cinéma qui lui permet de construire son enfance puis son adolescence à l’abri des regards, lui l’inquisiteur de ses contemporains où l’image était (et reste sans aucun doute) son quasi seul lien avec le monde. C’est ainsi qu’il remet en scène ici un héros de la guerre de Corée, là le lycéen le plus populaire de son école qui lors de la projection du film de fin d’année est le seul à avoir compris ce que le cinéaste a voulu montrer en creux. L’explication musclée dans les couloirs de l’école à l’abri des regards est certainement l’une des séquences les plus poignantes de The Fabelmans en ce sens que c’est là que Spielberg aura véritablement compris le pouvoir des images et du montage. L’autre séquence appelée elle à devenir culte est la toute dernière quand le jeune Spielberg rencontre son idole dans une arrière-cours presque désaffectées des Studios Universal. Nous sommes à la fin des années 60 et le cinéaste qui quelques années plus tard changera la face d’Hollywood avec Les Dents de la mer et la naissance du blockbuster a rendez-vous dans les bureaux de John Ford dont la carrière est définitivement derrière lui. La rencontre est savoureuse et celui qui joue le rôle d’un des derniers Moguls de l’âge d’or des Studios n’est autre que David Lynch qui a l’évidence a pris un pied extraordinaire à endosser le rôle et à asséner quelques vérités fordiennes (cache oeil et barreau de chaise aux lèvres) sur ce « regard cinéma » qui reste encore aujourd’hui le socle de chacun des films de Spielberg.
    On ne pourra alors que rapprocher les deux époques. C’est que le John Ford qu’il met en scène a alors l’âge qu’il a aujourd’hui et plus précisément lors du tournage de The Fabelmans. La boucle est-elle bouclée ? On espère que non d’autant que si Ford venait tout juste d’achever son dernier film (pas le meilleur loin de là) avec Frontière chinoise, The Fabelmans semble quant à lui annoncer une dernière partie de carrière placée certes sous le sceau du temps qui passe mais dont il faut plus que jamais donner du sens… par le regard (encore et toujours). On a connu des fins de filmographies bien moins excitantes. 3,5/5
  • Box office : 64 923 entrées en 24h sur 502 copies. C’est déjà le meilleur démarrage de la semaine et si l’on se plonge dans les sorties récentes du réalisateur, c’est déjà au-dessus de West Side Story (23 229 entrées sur 446 copies) et de Pentagon Paper (54 204 entrées sur 423 copies). Quant a Ready Player One qui engrangeait en 24h 85 156 entrées sur 719 copies pour finir sa carrière à 2 280 801 spectateurs, on peut déjà se dire que The Fabelmans devrait terminer la sienne pas très loin de ce score. Edit 27/02 : 297 969 entrées au terme du 1er week-end d’exploitation. À comparer avec les 139 749 entrées de West Side Story,  les 385 930 entrées de Pentagon Paper et les 660 056 entrées de Ready Player One. Edit 1/06 : 917 350 entrées au cumul ce qui met très à mal nos prédictions mais qui reste le meilleur score du film tout territoire confondu. Ce que Spielberg n’a pas manqué de pointer du doigt en remerciant la France, terre de cinéma.
  • La chronique Blu-ray et Blu-ray 4K : L’édition française est annoncée pour le 23 juillet 2023. Par contre pas d’édition UHD prévue à date alors que celle-ci est disponible avec le Blu-ray (et des sous-titres français) depuis le 14 février aux States. Edit 1/06 : Deux éditions distinctes sont finalement annoncées pour le 5 juillet et vous pouvez lire la chronique du 4K UHD (avec des captures du Blu-ray) en cliquant ici.

The Fabelmans - Affiche France

 

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